Ces « zones libres » en Europe qui privilégient les alternatives locales face au néolibéralisme global

 

Des élus volontaristes pourront-ils, demain, soutenir la relocalisation de l’économie, favoriser les aliments bios et locaux dans les cantines scolaires ou reprendre la main sur la gestion de l’eau ou de l’énergie ? L’accord de libre-échange signé entre l’Union européenne et le Canada – le Ceta – va leur compliquer la tâche en multipliant les contraintes légales. Face à cette menace, des centaines de collectivités locales, communes ou régions dans toute l’Europe, se sont déclarées « zones libres ». Leur résistance s’organise avec l’appui de citoyens et de mouvements.

De nouvelles règles de libre-échange entreront en vigueur dans les prochains jours, suite à la ratification le 15 février dernier de l’accord Ceta entre l’Union européenne et le Canada [1]. Les collectivités locales et leurs habitants sont en première ligne. Celles qui favorisent une relocalisation de l’économie, développent l’approvisionnement de leurs cantines avec des aliments biologiques et locaux ou remunicipalisent des biens communs comme l’eau ou l’énergie, redoutent que cet accord vienne entraver leurs choix politiques, en accélérant la libéralisation des services, l’industrialisation de l’agriculture et la déstructuration des filières locales. « L’essentiel des compétences concernant la transition écologique et sociale relèvent du niveau local, souligne Amélie Canonne de l’association Aitec et membre du collectif Stop Tafta-Ceta. Quand il s’agit de soutenir l’économie locale, d’assurer la restauration collective, d’organiser les transports, ce sont les collectivités locales qui le gèrent. »

Le Ceta vient ajouter une nouvelle couche de contraintes juridiques et pourrait compliquer davantage la mise en œuvre de politiques favorisant l’économie locale des deux côtés de l’Atlantique. Le chapitre 19 du Ceta prévoit notamment de nouvelles obligations et procédures dans la passation des marchés publics [2]. . « Dans les faits, celles-ci conduiront à un accroissement des publications légales et des dossiers techniques à produire, ce qui freinera l’accès des PME locales », craint Amélie Canonne. Les principes de non-discrimination et de transparence pourraient encourager encore un peu plus qu’aujourd’hui les acteurs publics à retenir le prix comme critère essentiel de sélection des offres, et à reléguer au second plan la plus-value sociale et environnementale. Face à ces menaces, de quelles manières les communes peuvent-elles résister ?

1er acte : se déclarer « communes libres »

Environ 2100 collectivités territoriales – de la commune rurale à des régions entières – en Europe se sont déjà déclarées « hors-Tafta », « hors-Ceta » ou « hors-Tisa » [3]. Une partie de ces collectivités, soucieuses de ne pas en rester à de simples déclarations, se sont réunies les 17 et 18 février à Grenoble, dans le cadre des deuxième rencontres paneuropéennes des villes contre les nouveaux traités de libre échange et pour des alternatives locales [4]. Une dynamique qui se révèle relativement forte en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en France.

 

En France, des régions, des conseils généraux, et des centaines de communes se sont déclarées « libres » de ces accord commerciaux contraignants [5]. C’est le cas du 14e arrondissement de Paris où la maire, Carine Petit, « socialiste frondeuse », assume cette position, même si le Ceta divise le PS. « Nous avons toujours ouvert les portes de la mairie pour que les rencontres et les débats puissent se tenir. Nous devons réaffirmer dans chacune des collectivités locales ce droit à l’accès à l’information des citoyens », précise Carine Petit.

2e acte : continuer à favoriser les produits biologiques et locaux

Olivier Deleuze est maire écologiste de la commune bruxelloise de Watermael-Boitsfort en Belgique. « Les gens nous demandent avant tout que leurs enfants mangent bien à l’école, qu’il n’y ait pas de pesticides dans les espaces publics ou que des peintures sans métaux lourds soient appliquées sur les bâtiments publics », énonce t-il. Mais il constate la difficulté d’établir le lien entre ces politiques locales et les accords de libre-échange. « En déclarant notre municipalité « hors-Ceta », on tente de sensibiliser les citoyens sur le fait que ce type de traité peut empêcher nos communes de se fournir en produits bio et locaux dans les prix moyens », souligne t-il [6]. Comment un accord global de libre-échange peut-il remettre en cause un approvisionnement biologique et local ? Par les systèmes d’appels d’offre qui devront désormais s’ouvrir aux entreprises canadiennes au-dessus d’un certain montant. « Les règles de cette libéralisation ne s’appliquent pas en-dessous d’un plancher de 252 000 euros et ne devraient donc pas concerner les petites communes françaises. C’est surtout un changement majeur pour les petites collectivités du côté canadien où le plancher était plus haut », explique Amélie Canonne. Le nouvel accord pourrait cependant inciter les petites communes à constituer des appels d’offre communs afin d’atteindre ce plancher.

La directive européenne sur les marchés publics excluait déjà la mention de circuits courts dans les appels d’offres en raison de leur caractère jugé discriminatoire. Avec le Ceta, l’introduction dans l’appel d’offres d’un critère « issu de l’agriculture biologique » demeurera possible mais sans préciser la provenance, ce qui peut favoriser une agriculture industrielle éloignée des lieux de consommation. De nombreux élus ont trouvé des solutions pour contourner ces contraintes en fractionnant, par exemple, leurs commandes pour permettre aux petits producteurs de candidater à l’appel d’offre. Ou en utilisant le critère de « performance en matière d’approvisionnement direct des produits de l’agriculture » (lire notre enquête sur les cantines scolaires avec des repas 100% bio et locaux). L’État lui-même pousse les maires à développer les circuits courts en jouant avec les règles européennes [7].

3e acte : relocaliser l’économie

Le principe du « traitement national » prévu par le Ceta implique que les investisseurs étrangers doivent bénéficier au minimum des mêmes droits que les investisseurs locaux. « Les règles qui incitent à la discrimination positive au bénéfice d’entreprises locales sont interdites à tous les niveaux », précise Amélie Canonne. « Il en est de même pour les taxes à l’importation ou les subventions. » Certaines communes ont donc décidé d’agir en amont des appels d’offres en réalisant des consultations préalables afin de connaître les entreprises locales. Le 19 janvier dernier, Grenoble a ainsi organisé la première action de « sourçage » [8]. La municipalité a identifié les fournisseurs potentiels de la ville sur les travaux de maintenance des bâtiments municipaux – 665 biens soit environ 750 000 m2 nécessitant 8 millions d’euros de travaux par an. 49 entreprises ont été identifiées, autant de filières locales à structurer en ajustant la commande publique pour leur permettre d’y répondre. « Le premier levier est de relocaliser l’économie. Nous y parvenons grâce à la commande publique », assure Anne-Sophie Olmos, conseillère municipale de Grenoble et déléguée au contrôle de gestion externe.

A une vingtaine de kilomètres de Grenoble, la commune de La Buisse (3200 habitants) s’est aussi déclarée « zone hors-Tafta et hors-Ceta ». Le maire, Patrick Cholat, reconnaît volontiers que les débats sur les traités de libre-échange ne sont pas prioritaires dans les campagnes. Avec les autres élus municipaux, tous issus de la société civile, ils ont donc décidé d’être plus concrets en développant deux axes : l’autonomie énergétique et l’autonomie alimentaire. Pour impulser la dynamique en termes de production électrique, le conseil municipal a mis à disposition le toit d’un bâtiment public pour l’installation de panneaux photovoltaïques. « Suite à une réunion sur ce sujet, un groupe de citoyens a monté une société par actions simplifiée. Deux centrales citoyennes photovoltaïques fonctionnent aujourd’hui sur la commune », se réjouit le maire qui voit le projet essaimer dans les villes voisines. Sur le volet alimentaire, La Buisse est en train d’acquérir des terrains pour les allouer à des habitants ou des associations souhaitant développer la production locale et biologique.

4e acte : les services publics locaux sous « contrôle populaire direct »

Une clause du Ceta prévoit qu’en cas de litiges commerciaux, les différends entre les parties signataires soient jugés par la Cour internationale d’investissement, une sorte de tribunal d’arbitrage permanent qui risque de compliquer davantage la remunicipalisation des services publics [9]. Des villes envisageant par exemple de remunicipaliser leur gestion d’eau pourraient être poursuivies par les prestataires privés, comme ce fut le cas en Argentine [10].

En dépit des risques de lourdes indemnités à payer, de plus en plus de villes et de territoires s’engagent dans un processus de remunicipalisation de l’eau, de l’énergie, des cantines ou bien encore des transports en commun, pour résister à la dérégulation du commerce et de l’investissement. Lavinia Steinfort de l’organisation néerlandaise Transnational Institute a recensé plus de 800 cas dans le monde. En France, une centaine de communes, dont Paris, Rennes, Montpellier et Grenoble, ont lancé un processus de remunicipalisation de l’eau. Bastion de la multinationale Suez, Barcelone tente depuis quelques mois de reprendre la main sur son eau. Les élus de la coalition citoyenne Barcelona En Comú (« Barcelone en commun »), emmenée par Ada Colau élue maire en 2015, estiment que la remunicipalisation permettra de réduire le prix de l’eau, d’accroître les investissements et de lutter plus efficacement contre les fuites (notre article).

« Quatre mairies ont réussi pour le moment à remunicipaliser le service de l’eau, confirme Isabel Vallet Sanchez, députée au Parlement de Barcelone du parti indépendantiste catalan Candidature d’unité populaire. Mais notre bataille porte aussi sur la remunicipalisation des écoles, des crèches, des déchets et des centres de santé. Face au Ceta, il ne faut pas simplement lutter contre la privatisation en remunicipalisant, mais créer des espaces de contrôle populaire direct des services. Il faut que les citoyens aient conscience de leurs droits sur les services publics. » C’est aussi la conviction de la grenobloise Anne-Sophie Olmos qui aspire à « démocratiser les biens communs ». « Les habitants pourraient par exemple rentrer dans la gestion des services publics via des Scic (sociétés coopératives d’intérêt collectif) », illustre t-elle. (Lire à ce sujet l’entretien avec le chercheur David Bollier, militant infatigable des biens communs).

5e acte : créer des lieux de contre-pouvoirs citoyens

Nathalie Perrin-Gilbert est maire du 1er arrondissement de Lyon. Réélue en 2014 sur une liste citoyenne, clairement revendiquée à gauche, elle considère que « pour être fort, il faut partager le pouvoir et la responsabilité avec les citoyens et associations ». Bien que son arrondissement dépende des services de Lyon et de la métropole, elle dispose de marges de manœuvre via les équipements de proximité. « Nous avons dédié une maison à des associations travaillant sur l’économie circulaire, en clair à un autre modèle économique : développement de monnaie locale, repair café, conseils de quartier, paniers bio… On veut en faire un lieu de contre pouvoir citoyen et permettre à des associations de se regrouper pour être plus fortes et agir. »

Une dynamique similaire est à l’œuvre dans la commune de Parla au sud de Madrid. Beatriz Arceredillo est élue municipale pour le mouvement citoyen Mover Parla. Bien que la ville se soit déclarée « hors Tafta » en août 2015, l’élue constate deux difficultés majeures. D’un côté, le gouvernement dirigé par le Parti Populaire (droite conservatrice) tend à la centralisation et à nier toutes voix dissidentes issues de l’administration locale. De l’autre, une grande partie de la population, très préoccupée par la crise économique et sociale du pays, peine à se mobiliser sur le front des traités de libre-échange. « Notre stratégie est de se centrer sur les plus jeunes et les femmes, souligne Beatriz Arceredillo. Nous tentons d’établir un centre autogéré, avec l’idée que ce soit un centre de culture, d’éducation, de formation où l’on puisse voir les effets négatifs des traités internationaux. »

6e acte : se regrouper et développer des échanges entre « zones libres »

Résister aux traités de libre-échange implique d’affronter l’influence de lobbies et de grandes entreprises privées. « L’enjeu, c’est de se grouper pour renverser la donne », affirme Carine Petit, la maire socialiste du 14e arrondissement. Elle propose de s’inspirer du Cities Climate Leadership Group (C40), un réseau mondial de 90 grandes villes – présidé depuis 2016 par Anne Hidalgo, la maire de Paris – qui vise à accélérer la mutation écologique de leur territoire. Se réunissant plusieurs fois dans l’année, ces élus des grandes métropoles mettent en commun leurs expériences pour résoudre des problèmes relatifs au trafic automobile, à l’efficience énergétique des bâtiments ou à la gestion des déchets. « Réaliser des groupements d’achat avec plusieurs métropoles pour des véhicules propres, cela fait partie des marges de manœuvre que les collectivités se redonnent de manière concrète », souligne Carine Petit.

En parallèle, Barcelone est en train de constituer un réseau mondial des villes « municipalistes » [11]. Un accord de collaboration a d’ores et déjà été signé entre Barcelone et Paris sur la question du tourisme, de la gestion de l’eau et de la mémoire historique. « Il s’agit maintenant de développer des échanges d’expériences et des projets en commun entre zones libres », appuie Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon. Elle invite à réfléchir à plusieurs sur les questions foncières, sur l’eau mais aussi sur la culture comme bien commun. L’élue propose notamment d’ « adopter des clauses de réciprocité, en prêtant par exemple de l’ingénierie sur quelques jours, et réciproquement ».

« Le 14e arrondissement de Paris a fait le choix d’aider financièrement les coopératives d’agriculteurs bio d’Ile-de-France pour qu’elles puissent s’équiper en légumerie et répondre ainsi aux marchés publics », renchérit Carine Petit. Cette démarche volontariste aboutit aujourd’hui à 50 % de produits bio dans les cantines de l’arrondissement qui fournissent 7500 repas par jour. « Depuis les cuisines, on peut aussi changer les choses petit à petit. Échanger nos idées et bonnes pratiques est essentiel face aux risques de régressions spectaculaires pour l’environnement, la justice sociale et la citoyenneté que font peser le Ceta. Nous sommes dans une démarche où l’on montre que c’est possible. »

 

par Sophie Chapelle 16 mars 2017

Merci à http://www.bastamag.net/


Les lobbyistes pèsent de tout leur poids sur le TiSA

Selon un rapport de LobbyControl, les entreprises influencent énormément les négociations de l’accord sur le commerce des services et ont l’oreille de la Commission.

Qu’il s’agisse d’éducation, d’énergie, de santé ou de médias, le marché des services représente environ 75 % du rendement économique et des emplois dans l’UE. En Europe, la balance commerciale internationale des services a ainsi enregistré un excédent de 162,9 milliards d’euros en 2014.

L’accord sur le commerce des services (ACS, ou TiSA), en préparation depuis 2013, offre donc des bénéfices potentiellement gigantesques aux grandes corporations. Négocié entre l’UE et 22 gouvernements dans le monde, il couvrirait en effet environ 70 % du commerce international de services.

Les défenseurs de l’accord soutiennent qu’il permettra d’engranger des bénéfices importants et tentent d’influencer les parties aux négociations, sous la surveillance de l’UE. Un nouveau rapport de LobbyControl, une initiative de la société civile allemande, montre l’impact de cette influence. Selon ces observateurs, personne n’offre aucune résistance aux lobbys.


Dans 89 % des rencontres réalisées pour les négociations, des membres de la DG commerce se sont entretenus avec des représentants de l’industrie, qui veulent moins de règles et moins d’obstacles aux services à l’étranger. « Notre analyse des rencontres avec les lobbys dans le cadre du TiSA montre que les intérêts des entreprises sont une priorité essentielle pour la Commission européenne », explique Max Bank, le spécialiste des politiques commerciales de LobbyControl.

Si la Commission a lancé des consultations publiques, l’organisme insiste que celles-ci sont également dominée par les entreprises. Entamé en décembre 2014, les six « dialogues avec la société civile » qui ont eu lieu à ce jour impliquaient en réalité au moins 63 % de lobbyistes des entreprises.

En haut de cette liste de lobbys se trouve DigitalEurope, l’association de l’industrie. Rien qu’en 2015, l’association a dédié 1,85 million d’euros au lobbying, selon Lobbyfacts, et neuf lobbyistes à plein temps ont été déployés à Bruxelles. Les membres des secteurs des médias audiovisuels et de la télécommunication sont également très impliqués sur le sujet. Le secteur financier a également tenté d’influencer la DG Commerce et ses lobbyistes ont rencontré des représentants européens à neuf occasions.

En revanche, il n’y a encore eu aucune réunion avec les syndicats des fournisseurs de services UNI Europe ou son équivalent allemand, ver.di. Un déséquilibre dénoncé par LobbyControl.

Il y a plus d’un an, l’organisation a demandé à Cecilia Malmström, la commissaire au commerce, de rendre les négociations du TiSA plus transparentes. L’exécutif européen a rétorqué que les négociations de cette importance, comme le TTIP, n’étaient pas secrètes.

Quand Wikileaks a publié des documents confidentiels liés au TiSA, en mai, leur contenu n’est cependant pas passé inaperçu. « Les règles de l’accord ont été rédigées en faveur des plus grosses entreprises », a dénoncé Philip Jennings, secrétaire général du syndicat mondial UNI. « S’il est appliqué, le TiSA limiterait la capacité des gouvernements à protéger la stabilité des marchés financiers, les droits des travailleurs et l’environnement. »

« Il est important que le futur accord n’empêche pas l’UE ou les États membres de faire appliquer ou de renforcer les normes existantes quant au travail. La Commission doit respecter cette position lors des négociations avec nos partenaires internationaux », a renchéri l’eurodéputé David Martin, porte-parole du S&D pour le commerce international, il y a plusieurs mois.

Théoriquement, les négociations de l’accord devraient se terminer ce mois-ci. La victoire de Donald Trump aux élections américaine a cependant mis un coup d’arrêt aux travaux. LobbyControl estime pourtant que l’accord pourrait être conclu début 2017. L’organisation souligne également que Donald Trump ne s’est jamais opposé à l’accord pendant la campagne présidentielle, et qu’il pourrait donc ne pas influencer sa conclusion.

Par : Nicole Sagener | EurActiv.de | Traduit par: Manon Flausch

14 déc. 2016


Manifestation à Genève contre l’accord TISA

Capture d'écran.

Capture d’écran. Image: Twitter – Hadrien Buclin

Environ 600 manifestants ont défilé dimanche après-midi dans les rues de Genève pour protester contre l’Accord sur le commerce des services (TISA en anglais). Ils ont dénoncé un traité «destructeur et inique».

TISA est une attaque contre le bien commun, a déclaré un membre de SolidaritéS. Le député socialiste Roger Deneys a mis en garde contre un démantèlement des acquis sociaux qu’il faut «combattre jour après jour».

Clés du pouvoir

Plusieurs orateurs ont aussi critiqué l’opacité des négociations en marge de cet accord. Cinquante Etats, dont la Suisse, souhaitent aboutir à un accord rapidement. Les ONG ont, dès le début des négociations en 2013, dénoncé une grave atteinte des droits démocratiques.

Le Comité Stop TISA Genève a demandé l’arrêt immédiat des négociations et l’abandon définitif du projet TISA. Selon cet organisme, ce traité dit de libre-échange donne aux multinationales les clés du pouvoir et soumet les services publics ou privés à la concurrence.

Des fumigènes

Sur appel des ONG, des syndicats et de l’ensemble de la gauche, les manifestants se sont rassemblés dans le froid près de la gare Cornavin. Le cortège a défilé sur le Pont du Mont-Blanc, dans la rue du Rhône, aux Pâquis pour terminer devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout près de l’ONU.

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Les protestataires étaient encadrés par des forces de l’ordre bien visibles. La police avait à l’œil une vingtaine de jeunes dont certains avaient le visage dissimulé. Quelques fumigènes ont été allumés dans la rue du Rhône. Aucun autre incident n’a perturbé la manifestation. De nombreux chants contre les multinationales ont réchauffé l’ambiance.

(ats/nxp)


Libre-échange : L’accord mondial sur les services retardé / TiSA

Les négociateurs du « Tisa »  ont annoncé le report de l’ultime round de négociation.

Le dernier venu des traités de libre-échange vient de subir un important contretemps. L’accord de libéralisation des services, baptisé « Tisa » selon l’acronyme anglais, est négocié en toute opacité depuis 2013 entre 50 pays, dont l’Union européenne, les États-Unis et le Japon. Les négociateurs ont annoncé le 18 novembre le report de l’ultime round de négociation, prévu les 5 et 6 décembre à Genève en présence des ministres des pays concernés. Les discussions se poursuivent néanmoins, avec désormais une inconnue de taille : la position de Donald Trump, qui compte par ailleurs balayer l’accord transpacifique, un autre accord majeur de libre-échange.

Le Tisa vise à ouvrir les marchés de service à la concurrence internationale. Les secteurs des transports, du conseil ou des services à la personne seront par exemple autorisés aux entreprises étrangères. Seules les missions régaliennes (police, justice, armée) ainsi que l’éducation, l’eau et les industries culturelles devraient en être exclues. À en croire les documents qui ont fuité, via Wikileaks, sur les négociations tenues secrètes, l’accord reprend quelques grands principes libéraux : dérégulation du marché du travail, interdiction des mesures protectionnistes, droit de regard donné aux lobbys sur le travail législatif des États.

Après la mise sous cloche du Tafta, qui doit lier l’UE et les États-Unis, et les remous causés en Europe par la ratification du Ceta, qui engage l’Europe et le Canada, le libre-échange fait décidément face à de violents vents contraires.


Manifestation STOP TISA 4 décembre à Genève

 

STOP TISA

MANIFESTATION INTERNATIONALE
Dimanche 4 Décembre 2016

14H · Zone piétonne du Mont-Blanc
Sortie de la Gare Cornavin – Genève

TISA menace les services publics et porte gravement atteinte à la démocratie et aux droits populaires !

TISA confie les pleins pouvoirs aux multinationales

C’est contre cette escroquerie qu’il est indispensable de se mobiliser.

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Après l’abandon (provisoire) des TAFTA et CETA, faisons capoter le TiSA!

TAFTA et CETA sont mal en point. Mais les milieux d’affaire et leurs serviteurs à la Commission européenne et dans les gouvernements ont d’autres fers au feu, et tout d’abord le TiSA (Trade in Services Agreement).

Le Conseil européen du 18 octobre à Luxembourg a finalement renoncé à se prononcer sur le traité de libre-échange euro-canadien – le CETA.

Ce report ou cet abandon fait suite à la suspension des négociations de son grand frère euro-étasunien – le TAFTA. Les peuples, grossièrement écartés de ces négociations, ont donc remporté deux batailles contre la prise de pouvoir des multinationales, aidées par la Commission européenne et la plupart des gouvernements nationaux, le nôtre en premier. C’est donc une victoire de la démocratie, ce processus « qui sans cesse arrache aux gouvernements oligarchiques le monopole de la vie publique et à la richesse la toute-puissance sur les vies » comme le dit Jacques Rancière.

Ces deux projets de traités longuement préparés par les milieux d’affaire font partie d’une longue suite de traités de libre-échange qui sont en fait des traités d’allégeance aux multinationales ou des traités de liberté des affaires. Sans revenir sur les plus de 3000 traités bilatéraux, notons les grands traités multilatéraux : le traité nord-américain ALÉNA en vigueur depuis 1994, l’Organisation mondiale du commerce ou OMC depuis 1995, l’Accord multilatéral sur l’investissement ou Ami et la Zone de libre-échange des Amériques ou ZLÉA, tous deux abandonnés en 1998, puis l’Accord commercial anti-contrefaçon dit Acta abandonné en 2010, enfin l’Accord de partenariat transpacifique signé en février de cette année mais pas encore ratifié. Des 3 projets de traités euro-africains avec l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, seul ce dernier a été signé récemment bien que les négociations soient terminées depuis plus de 2 ans ; quant à la ratification…

Avec le report ou l’abandon des traités transatlantiques, on voit que la bataille est rude au niveau mondial entre les peuples et les oligarchies sous prétexte de commerce.

La prochaine bataille : faire capoter le projet d’Accord sur le commerce des services (ACS ou TiSA pour Trade in Services Agreement en anglais) dont les négociations ont débuté en février 2012 et pourraient se terminer en décembre de cette année.

Cinquante pays sont concernés dont l’Union européenne et les États-Unis, représentant les deux tiers du commerce mondial, en écartant soigneusement tous les grands pays émergents.

Objectif : ouvrir totalement les activités tertiaires à la concurrence internationale et empêcher toute intervention publique ; plus précisément :

  • programmer la fin des services publics par leur privatisation à terme,
  • mettre en place une institution, appelée « forum de coopération réglementaire », donnant un large pouvoir aux multinationales pour freiner les réglementations qui leurs déplaisent et pousser celles qui augmentent leurs bénéfices, et enfin donner aux multinationales étrangères l’accès exclusif à une ‘justice’ privée pour arbitrer leurs différends envers les États, en fait une pseudo-justice qui bafoue les principes fondamentaux d’un droit juste et équitable.

Et tout ceci pour quel bénéfice socio-économique ? Aucune étude d’impact prospective n’a été publiée, mais les études d’impact menées pour les autres grands traités de libre-échange montrent au plus des impacts positifs dérisoires, au pire des impacts très négatifs en termes d’emplois, de PIB, et de répartition des richesses.

Santé, environnement, climat, transports, droit du travail, culture, finances – qui dépendent largement des services – sont les cibles de cet Accord sur le commerce des services ou Tisa : dans tous ces domaines, les citoyens en pâtiront. Tous ? non, car l’infime minorité des actionnaires des multinationales verra ses revenus bondir et surtout son pouvoir encore s’étendre, au détriment de la démocratie.

Le secret des négociations est absolu et on comprend pourquoi au vu du contenu et des conséquence de ce traité. Le silence des médias sur l’un des plus importants traités de libre-échange en discussion est impressionnant, malgré les fuites dues à WikiLeaks. C’est aux citoyens d’agir : comme ils ont pu faire reculer l’AMI, la ZLÉA, l’ACTA et maintenant le TAFTA et le CETA,

c’est maintenant au TiSA qu’il nous faut nous attaquer jusqu’à son abandon.

 


La Ville de Lausanne condamnée à payer 55 millions ?????

De gauche à droite: Lionel Simonin, de Solidarités (avocat de Kids Food Inc.), David Raedler, des Verts (juge/arbitre), et Andrea Eggli, d’Acidus (avocate de la Ville de Lausanne). JMR

Les militants de Stop Tisa Vaud ont mis en scène un tribunal arbitral fictif pour dénoncer les effets possibles de l’accord TiSA et la possibilité donnée aux entreprises d’attaquer les collectivités publiques

«Je vous passe la parole, Maître…». Avocat de la défense, avocat de l’accusation et juge en robes. Comme dans un vrai tribunal, tout y est ou presque, sauf le décor, sur la bruissante place de la Palud, en plein jour de marché ce samedi à Lausanne. Entre stands alimentaires et politiques, un  attroupement s’est formé. «Les principes de TiSA sont ­gravement violés par la Ville de Lausanne. Mon client, Kids Food Inc, est totalement lésé. Nous demandons 84 millions de dommages et intérêts!» clame l’accusation.

Interdit de ne pas privatiser
Basée à Minneapolis, aux États-Unis, Kids Food Inc. fait dans l’alimentation pour les cantines scolaires, avec des produits OGM et «seulement pour les enfants qui ont de quoi payer leur repas», apprend-on. Aujourd’hui, l’entreprise attaque la Ville de Lausanne devant un tribunal arbitral, car cette dernière fausserait la concurrence en assurant, dans les cantines, un accès à tous les enfants à une alimentation saine et respectueuse des minimas environnementaux. «La Ville n’a pas le droit de ne pas privatiser les cantines», argumente encore l’accusation. En définitive, c’est à 55 millions de dollars de dommages et intérêts que Lausanne sera condamnée, décision du tribunal «sans possibilité de recours ou presque», précise le juge.
Une petite mise en scène élaborée par les militants de Stop Tisa Vaud, coalition qui regroupe les partis de gauche ainsi que plusieurs syndicats et associations, pour dénoncer les effets possibles de l’accord TiSA. Discuté à ­Genève entre une cinquantaine de pays dans le plus grand secret, il devrait aboutir à la fin de ­l’année.

274 plaintes en 2013
«Un procès arbitral contre la commune de Lausanne tel qu’il vient de se dérouler n’est malheureusement pas irréaliste», explique un flyer distribué aux curieux et aux passants qui font leur marché. TiSA prévoit en effet une libéralisation totale du marché des services (avec des exceptions, selon la Confédération, ce que les opposants à l’accord contestent) et pourrait instaurer une procédure de règlement des différends qui permettrait aux entreprises s’estimant lésées par des réglementations étatiques d’attaquer les États.
«De tels tribunaux arbitraux privés existent déjà dans le cadre d’autres accords», explique Andrea Eggli, d’Acidus (Association citoyenne pour la défense des usagers du service public), organisation membre de Stop Tisa Vaud. Et de donner l’exemple du cigarettier Philip Morris, qui avait déposé plainte contre l’Uruguay après que ce pays a décidé d’introduire une interdiction de fumer dans les bâtiments publics et prescrit des avertissements de plus grande taille sur les paquets de cigarettes. «Heureusement, Philip Morris a perdu, mais il y a d’autres cas», commente la militante. Selon le Syndicat des services publics, également membre de la coalition, «en 2013, 274 procédures ont été rendues possibles par le truchement de tels mécanismes. (…) Pour plus de deux tiers des ­procédures, les multinationales plaignantes ont obtenu des ­versements.»
Pour la coalition, les choses sont claires: la Suisse doit rejeter l’accord commercial et se retirer totalement des négociations. Afin de sensibiliser la population et faire pression en ce sens, elle organise  une table-ronde le 27 septembre à 18h30 à l’Espace Dickens, à Lausanne.

Une manifestation nationale est également prévue le 8 octobre à Berne.

http://www.lecourrier.ch/


2000 Collectivités territoriales hors TAFTA et CETA en Europe

Aujourd’hui la Ville de Karnobat en Bulgarie est devenue la 2000è collectivité hors TAFTA et/ou CETA et rejoint ainsi le mouvement d’opposition à ces traités de libre-échange.

Dans toute l’Europe, des villes et des régions telles qu’Amsterdam, Cologne, Édimbourg, Grenoble, Barcelone, Milan, Vienne, Thessalonique entre autres, ont manifesté leur refus de voir ces traités être appliqués. Elles dénoncent le manque criant de transparence des négociations et demandent que les collectivités territoriales puissent y avoir une place aux côtés des États. En déclarant leurs communes, départements et régions hors CETA et TAFTA, les élus locaux affirment leur résolution à porter la voix des citoyens qui les ont élus auprès de la Commission européenne et de leurs gouvernements. Ces prises de positions matérialisent la volonté des élus locaux de défendre les citoyens de leur territoire et les institutions démocratiques comme des espaces de débat et de prise de décision en faveur de l’intérêt général. [1]

« 75 millions de citoyens européens vivent désormais dans une zone hors TAFTA et/ou CETA », déclare Amélie Canonne, Présidente de l’Aitec et une des animatrices du Collectif Stop TAFTA.« Il apparaît clairement que, partout à travers l’Europe, les citoyens et leurs élus locaux refusent catégoriquement ces traités injustes. Les gouvernements ne peuvent plus l’ignorer. »

S’ajoutant aux critiques exprimées par les élus locaux, ces dernières semaines les deux traités ont été remis en cause par des personnalités politiques majeures dans plusieurs pays d’Europe. Le Secrétaire d’État au Commerce Extérieur Matthias Fekl et le Vice-Chancelier allemand Sigmar Gabriel ont exprimé des réticences au sujet du TAFTA [2], le Chancelier autrichien Christian Kern a émis des inquiétudes au sujet du CETA et a demandé sa renégociation. [3] Malgré ces déclarations, Jean-Claude Juncker a confirmé la semaine dernière au G20 que la Commission européenne poursuivrait les négociations du TAFTA [4]. Des manifestions contre le CETA et le TAFTA auront lieu partout à travers l’Europe cet automne, dont le 15 Octobre en France.

S’inscrivant dans cet automne de mobilisation [5], les maires et élus locaux opposés au CETA et au TAFTA se réuniront à Bruxelles le 20 Octobre prochain lors d’un Sommet Citoyen sur le CETA.

***
Notes

[1] Près de 60 maires à travers l’Europe ont signé une déclaration conjointe appelant à la fin des négociations du TAFTA et à la non signature du CETA. Celle-ci note que le CETA « mettra en péril notre capacité à légiférer et à employer les fonds publics » et conclu que : « Pour toutes ces raisons, nous demandons que les négociations en cours sur le TTIP et le TISA soient suspendues et qu’un nouveau mandat soit construit, recueillant les demandes de tous ceux et toutes celles qui n’ont pas été consultés ou consultées. Nous appelons le Parlement européen, le Conseil européen et les gouvernements nationaux à ne pas ratifier le CETA. » Le texte complet est disponible ici : https://www.ttip-free-zones.eu/node/70
La carte des collectivités territoriales européenne hors CETA et TAFTA est disponible à cette adresse : https://www.ttip-free-zones.eu
La liste des collectivités française peut également être consultée à cette adresse : https://www.collectifstoptafta.org/collectivites/

[2] https://www.theguardian.com/business/2016/aug/30/france-demands-end-to-ttip-trade-talks-matthias-fekl
http://www.independent.co.uk/news/world/europe/ttip-trade-deal-agreement-failed-brexit-latest-news-eu-us-germany-vice-chancellor-a7213876.html

[3] http://www.reuters.com/article/us-europe-trade-canada-austria-idUSKCN1173Q4?il=0

[4] https://www.neweurope.eu/article/eu-commission-will-continue-negotiating-ttip-juncker/

[5] http://stopceta.net/fr/


ALENA, TAFTA, CETA, TiSA, APE … en 12 petites vidéos

1- ALENA ET CETA, TAFTA

2 – CETA et TAFTA : Impacts sur l’agriculture

3 – CETA et TAFTA – Le principe de base : pas de distorsion au commerce

4 – Mécanisme de règlement des différends investisseurs/Etats

5 – CETA : Système de Cour d’Investissement

6 – CETA et perte du droit pour les Etats de réguler

7 – Mécanisme d’harmonisation réglementaire

8 – Mécanisme d’harmonisation réglementaire

9 – Empêcher ces accords

10 –  TISA – Accord de libéralisation des services

11 – A.P.E Accords de Partenariats Economiques : Le scandale

12 – Le libre-échange en question

 

1- ALENA ET CETA, TAFTA

 

 

2 – CETA et TAFTA : Impacts sur l’agriculture

 

3 – CETA et TAFTA – Le principe de base : pas de distorsion au commerce

 

4 – Mécanisme de règlement des différends investisseurs/Etats

 

5 – CETA : Système de Cour d’Investissement

 

6 – CETA et perte du droit pour les Etats de réguler

 

 

7 – Mécanisme d’harmonisation réglementaire

 

8 – Mécanisme d’harmonisation réglementaire

 

9 – Empêcher ces accords

 

10 –  TISA – Accord de libéralisation des services

 

11 – A.P.E Accords de Partenariats Economiques : Le scandale

 

12 – Le libre-échange en question

 

 

Merci à Frédéric Viale et Julia B


TTIP / TAFTA, le traité qui fait aussi peur en Suisse


Par Armando Mombelli

Bientôt des champs de maïs transgéniques en Suisse aussi? Avec le TTIP, les pays européens pourraient être contraints d'adopter les standards américains.  (Reuters)
Bientôt des champs de maïs transgéniques en Suisse aussi ?

Avec le TTIP, les pays européens pourraient être contraints d’adopter les standards américains.

Les négociations pour la conclusion d’un Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) entrent dans une phase décisive. L’accord suscite des protestations sans précédent en Europe mais également en Suisse, un pays qui ne participe pourtant pas aux négociations.

En règle générale, les grands traités internationaux sont conçus dans le but de régler des problèmes et d’atténuer les craintes qui y sont liées. C’est le cas par exemple des accords sur le désarmement ou le changement climatique. Le TTIP, qui devrait être conclu d’ici la fin de l’année, provoque un effet diamétralement opposé.

Depuis le début des négociations, plus de 500 organisations issues de la société civile, des partis politiques et des syndicats ont adhéré à une campagne d’actions et de manifestations contre le traité au niveau européen. La manifestation la plus importante a réuni plus de 150’000 personnes au mois d’octobre 2015 à Berlin. L’Initiative européenne contre le TTIP, lancée par cette coalition sans précédent, a récolté plus de 3,2 millions de signatures en l’espace d’un an. Une coalition semblable a vu le jour en juin en Suisse, en dépit du fait que la Confédération n’est pas directement touchée par cet accord.

Le TTIP, quésaco?

En négociations depuis 2013, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) a pour objectif de réduire ou d’éliminer les droits de douane, de réduire la charge administrative pour les entreprises exportatrices et de définir des règles communes afin de faciliter le commerce et les investissements.

L’accord de libre-échange entre l’UE et le Etats-Unis devrait aider à stimuler la croissance économique, créer des emplois, faire baisser les prix des biens et services, offrir un plus grand choix de produits aux consommateurs et influencer les règles du commerce mondial.

Le traité est divisé en trois parties: les mesures destinées à ouvrir les marchés respectifs, la coopération entre les autorités pour fixer de nouvelles réglementations et les nouvelles normes communes.

Les gouvernements et les négociateurs assurent pourtant que le TTIP aura un effet bénéfique sur la croissance et l’emploi. Et pas seulement aux Etats-Unis et au sein de l’UE: c’est toute l’économie mondiale qui devrait à leurs yeux en profiter. Le traité commercial vise en effet à réduire les barrières douanières, la bureaucratie et les restrictions aux investissements, qui entravent les exportations et les échanges entre ces deux zones économiques qui génèrent près de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial.

Négociations secrètes

Les craintes s’expliquent principalement par le secret qui entoure l’accord. Les négociations ont été menées derrière des portes closes, sans même que ne soient révélés le mandat des négociateurs et la composition des délégations respectives. Pourtant, les enjeux dépassent les simples questions économiques. Le TTIP aura un impact énorme sur près de 800 millions de personnes des deux côtés de l’Atlantique. Des domaines aussi importants que la protection des consommateurs, la santé, la protection de l’environnement, les services publics ou encore le droit du travail figurent au cœur des négociations.

«Il est inadmissible que les parlements des pays de l’UE soient exclus du processus de négociation d’un traité de cette ampleur», souligne ainsi Harald Ebner, un député écologiste allemand que swissinfo.ch a rencontré lors d’une récente visite en Suisse. Les parlementaires allemands ont été les premiers à réclamer et à obtenir le droit de pouvoir au minimum consulter les documents des négociations. «Aujourd’hui encore, nous n’avons accès à ces textes juridiques extrêmement complexes, rédigés en anglais sur des centaines de pages, que dans une salle de lecture spéciale où les smartphones sont interdits. Nous avons par ailleurs l’interdiction d’en faire connaître le contenu à l’opinion publique», explique Harald Ebner.

A la suite de la vague de protestations, la Commission européenne a fait il y a deux ans un petit pas vers plus de transparence, en présentant sur son site Internet des fiches d’information et des synthèses sur les thématiques traitées. Reste que le contenu des négociations n’est apparu à la lumière du jour qu’au mois de mai de cette année, lorsque Greenpeace a publié 240 pages de documents secrets relatifs à cet accord. Selon l’organisation de défense de l’environnement, les «TTIP-leaks» montrent clairement que les grandes sociétés transnationales sont associées à un certain nombre de décisions importantes, alors même que la société civile est exclue des négociations.

Normes américaines en Europe?

En Europe, les principales réserves concernent l’harmonisation des normes sur les biens et services, qui a pour but d’éliminer les obstacles au libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis. Malgré les assurances de la Commission européenne et de plusieurs pays, dont l’Allemagne et la France, les opposants au TTIP craignent que ces normes européennes n’affaiblissent les standards européens – généralement plus élevés que ceux des Etats-Unis -, en particulier dans les domaines de l’alimentation, de la protection des consommateurs ou de l’environnement. Du côté des opposants, on brandit déjà le spectre de poulets traités au chlore, de viande aux hormones, d’organismes génétiquement modifiées, de pesticides ou encore de fracturation hydraulique (fracking).

Des préoccupations qui sont également partagées en Suisse. Le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, a déjà annoncé que le gouvernement se préparait à s’associer rapidement au TTIP, de telle sorte que les entreprises helvétiques ne soient pas exclues de cette grande zone de libre-échange. Les règles du TTIP toucheraient ainsi de plein fouet les consommateurs suisses.

Les pays avec lesquels la Suisse a conclu un accord de libre-échange.  (swissinfo.ch)
Les pays avec lesquels la Suisse a conclu un accord de libre-échange. 

(swissinfo.ch)

«Les Etats-Unis ont un grand intérêt à imposer leurs normes et leurs produits agro-alimentaires. Ces craintes sont donc fondées», estime Sara Stalder, directrice de la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS). A ses yeux, un ajustement aux standards américains aurait toutefois un impact bien plus grand sur les consommateurs des autres pays européens, étant donné que la législation suisse est moins sévère que celle de l’UE. «Par exemple, la viande traitée aux hormones – une méthode largement employée aux Etats-Unis – est autorisée en Suisse, alors même qu’elle est interdite au sein de l’UE».

Pas seulement le TTIP

Deux autres traités suscitent depuis des années des oppositions dans les pays concernés.

L’Accord économique et commercial global (AECG) entre l’UE et le Canada, qui a pour but d’éliminer les droits de douane, faciliter l’accès aux marchés publics et ouvrir le marché aux services et aux investissements. Ce traité, déjà conclu, doit maintenant être ratifié par les Etats concernés.

L’Accord sur le commerce des services (TiSA), négocié par une cinquantaine de pays, parmi lesquels la Suisse, l’UE et les Etats-Unis, en marge de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cet accord vise à libéraliser le commerce des services, notamment financiers, et prévoit la privatisation de différents services gérés jusqu’à maintenant par le secteur public.

Menaces sur le secteur agricole

«Nous sommes en faveur du libre-échange avec l’UE et les Etats-Unis puisque nous dépendons clairement de nos deux plus grands partenaires économiques. Mais on ne peut pas mettre au même niveau des produits agro-alimentaires et des composants automobiles ou des appareils électriques. Notre alimentation est liée à notre santé, au bien-être des animaux, à l’environnement, aux ressources disponibles. Nous demandons donc que ces produits soient exclus d’un nouvel accord», affirme de son côté Maya Graf, députée du Parti écologiste suisse, qui fait partie de la coalition anti-TTIP.

L’adhésion de la Suisse au TTIP inquiète également les paysans écologistes, qui craignent de voir le marché suisse envahi par des produits agro-alimentaires américains bon marché. Il y a dix ans, c’est précisément en raison de la pression du secteur agricole que le gouvernement avait été contraint d’abandonner les négociations alors en cours avec les Etats-Unis pour la conclusion d’un accord de libre-échange.

«Nous sommes clairement inquiets car nous ne boxons pas dans la même catégorie que les Etats-Unis. Notre agriculture ne peut pas rivaliser avec les grandes exploitations américaines à plus de mille bovins. L’accord conclu en 2013 avec la Chine démontre toutefois qu’il est possible de signer des accords de libre-échange prévoyant des taxes dissuasives à partir de contingents déterminés de produits agricoles importés», affirme Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans.

Accord fondamental

Les milieux économiques nourrissent quant à eux des craintes bien différentes. Ils redoutent que les entreprises helvétiques ne soient considérablement pénalisées si la Suisse ne réussissait pas à s’associer rapidement au TTIP. «Cet accord est d’une importance cruciale pour notre économie, en particulier pour le secteur industriel, qui doit déjà faire face au franc fort et à des coûts de production très élevés. A cela s’ajoutent également des désavantages douaniers à l’exportation. Les entreprises suisses rencontrent de grandes difficultés par rapport à leurs concurrents allemands par exemple», explique Stefan Vannoni, économiste en chef adjoint chez economiesuisse.

L’UE et les Etats-Unis absorbent trois-quarts des exportations suisses, rappelle l’expert, pour qui le secteur agricole devra tôt ou tard s’ouvrir au marché.

«Notre marché est trop petit et nous sommes donc forcés de devenir compétitifs au niveau international. Malgré un environnement difficile, l’industrie a accepté ce défi et a réussi à devenir concurrentielle sans exiger des mesures protectionnistes et l’aide de l’Etat. Le secteur agricole doit lui aussi apprendre à devenir compétitif, en s’adaptant au marché et en se concentrant encore davantage sur des produits de niche et de plus haute valeur ajoutée», souligne Stefan Vannoni.


Comment l’approvisionnement en eau serait affecté en Allemagne par CETA, TTIP, TiSA

Traduction par l’European Water Movement du résumé d’une étude par le stadtwerke de Karlsruhe

Note: ce résumé concerne les impacts potentiels des accords sur le commerce et les investissements en préparation à l’UE, soit l’Accord économique et commercial global (plus connu sous l’acronyme anglais CETA), le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (plus connu sous l’acronyme anglais TTIP) et l’Accord sur le commerce des services (plus connu sous l’acronyme anglais TiSA) sur les services publics d’approvisionnement en eau. Il présente les résultats d’une étude sur les dispositions prises dans ces accords pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’élimination des eaux usées. L’étude est basée sur des documents officiels publiés par la Commission européenne, de même que sur une enquête approfondie menée en continu depuis 2013. L’étude est complétée par cinq pages sur les éléments techniques de base avec des aides pour la lecture des textes et des annexes des accords. Pendant l’étude, des échanges étroits et permanents ont eu lieu avec des experts académiques et institutionnels, dont le BDEW, Association allemande des industries de l’énergie et de l’eau. Notre résumé se focalise entièrement sur l’approvisionnement en eau, laissant de côté l’assainissement et l’élimination des eaux usées. On trouve l’explication des termes techniques dans l’étude, qui du fait de sa longueur n’est disponible qu’en allemand sur le site web du stadtwerke de Karlsruhe. Ce qui suit représente le point de vue du stadtwerke et des erreurs ne peuvent pas être exclues. Le but du résumé est de contribuer à un débat objectif et d’améliorer la compréhension des accords en matière d’approvisionnement en eau. Pour ce qui est de l’accord TiSA, aucune conclusion ne peut être tirée, aucune information n’étant actuellement disponible. L’utilisation à des fins non commerciales de ce résumé est autorisée pour autant que la source soit citée et une copie envoyée au stadtwerke de Karlsruhe.

0. Contexte

Le texte définitif du CETA, accord sur le libre-échange et les investissements entre l’Union Européenne et le Canada a été publié le 29 février 2016. On estime que le vote du Conseil européen et ensuite du Parlement européen sur cet accord aura lieu en automne 2016. Le TTIP, accord sur le libre-échange et les investissements entre l’UE et les Etats-Unis, est en cours de négociation, de même que le TiSA, accord plurilatéral sur les services, négocié par les 23 membres de l’OMC, l’UE étant l’un d’entre eux.

Dans ces accords, les négociations concernant les services sont basées sur l’AGCS de 1994. En ce qui concerne la passation des marchés publics, les accords sont basés respectivement sur la législation européenne sur les marchés publics, modifiée en 2013/2014 et l’accord plurilatéral de l’OMC « Accord sur les marchés publics » (AGP, 2012). Pour protéger absolument l’approvisionnement en eau des accords en cours de préparation, il faudrait qu’aucun nouvel engagement ne soit pris. L’UE a déclaré que l’approvisionnement en eau n’était pas concerné par les négociations TTIP (information uniquement disponible en allemand).

Le 8 septembre 2015, le Parlement européen a approuvé une résolution qui inclut également les revendications de la très réussie Initiative Citoyenne Européenne Right2Water (No. 22), qui : « […] en appelle à la Commission européenne pour qu’elle exclue définitivement l’approvisionnement de l’eau, l’assainissement et l’élimination des eaux usées des règlements sur les marchés internes et de tout accord commercial, […] ».

Egalement en 2013, l’Initiative Citoyenne Européenne Right2Water a entraîné l’exclusion de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’élimination des eaux usées de la directive européenne sur les concessions. En tant qu’opérateur d’eau potentiellement concerné, le stadtwerke de Karlsruhe s’est prononcé avec vigueur pour cette exclusion, qui néanmoins reste sujette à révision par la Commission européenne jusqu’au 18 avril 2019.

1. Protection des investissements dans le cadre du CETA: un désavantage pour le stadtwerke de Karlsruhe

En Allemagne, l’eau est considérée comme un bien commun parce que la Loi sur la ressource en eau (Wasserhaushaltsgesetz, WHG) définit une « interdiction sauf autorisation » d’utilisation de cette ressource. De ce fait, tout prélèvement ou utilisation d’eau exige un permis (« Droit d’eau ») qu’il faut demander aux autorités en charge du secteur dans le cadre d’une procédure d’autorisation. Dans cette procédure, les autorités ont un pouvoir juridique discrétionnaire. Pour chaque permis, elles peuvent imposer des limites de durée, des limites de volume, des contraintes et, dans certaines circonstances, le refuser ; elles peuvent également annuler des permis accordés dans le passé. L’approvisionnement en eau au service du public a un statut privilégié dans ce contexte car il fait partie du « Daseinsvorsorge » allemand (missions d’intérêt public / services d’intérêt (économique) généraux, voir WHG, chapitres 2 and 3).

Dans le CETA, les droits d’eau sont généralement traités comme des « investissements » (p. 39 : « concession ») et bénéficieraient de ce fait de la protection des investissements prévue par l’accord. La protection des investissements prévue par le CETA donne des droits supplémentaires aux investisseurs étrangers[1] (à savoir les investisseurs canadiens ou des investisseurs multinationaux ayant des succursales au Canada) et non aux investisseurs qui opèrent au niveau local, comme le stadtwerke de Karlsruhe. Par rapport à la législation allemande, ceci amènerait également une extension de la protection de la propriété pour les investisseurs étrangers et permettrait l’inclusion de futurs manques à gagner ce qui, en général, pourrait permettre d’allouer des montants compensatoires plus élevés en cas « d’expropriation ».

Indépendamment de quelques restrictions[2] il n’y a aucune bonne raison de supposer que ces droits supplémentaires ne risquent pas d’avoir des répercussions sur le pouvoir discrétionnaire des autorités responsables de l’eau et sur la procédure pour accorder des droits d’eau. Un exemple d’un différend touchant à l’investissement et concernant la procédure d’attribution de droits d’eau est le cas Vattenfall contre l’Allemagne (2009-2011, montant réclamé EUR 1.4 milliards). Le différend portait sur des contraintes associées au droit d’eau et était basé sur des standards de protection des investissements comparables du Traité sur les énergies (pp. 36-39). Il en a résulté un règlement en faveur de Vattenfall (voir le documentaire de la TV allemande « Die Story im Ersten: les entreprises de plaignent – nous payons », du 19 octobre 2015, 31 min, en allemand seulement). On trouve également des standards de protection comparables dans l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) qui ont débouché sur le paiement compensatoire le plus élevé à ce jour, également concernant un droit d’eau (AbitibiBowater vs. Canada, 2010, CAN $130 millions). Par cette porte dérobée, le CETA pourrait introduire en Allemagne une nouvelle direction vers des ressources en eau étant de facto dans des mains et des structures privées au lieu d’être un bien public.

Du point de vue du stadtwerke de Karlsruhe en tant qu’opérateur public d’eau, ces privilèges accordés aux investisseurs étrangers ne vont pas d’emblée affecter ses propres intérêts. Néanmoins, la situation pourrait changer aussitôt qu’un investisseur commercial étranger déjà implanté commencerait à entrer en compétition pour une source d’eau souterraine spécifique déjà exploitée par le stadtwerke – un scénario des plus réalistes. Il existe bien d’autres scénarios sur les effets néfastes pour le stadtwerke de Karlsruhe de ces privilèges accordés aux investisseurs étrangers. Par exemple, la désignation de zones de protection de captage d’eau, la procédure de protection est aujourd’hui déjà un sujet délicat, avec plus de zones de protection abolies que de zones créées. Le stadtwerke de Karlsruhe ne peut pas espérer que la désignation de zones de protection puisse continuer à être applicable dans les mêmes conditions si un investisseur étranger trouvait moins rentables ses propres investissements dans cette zone et amorçait une procédure de litige.

De plus, le stadtwerke de Karlsruhe doit suivre le droit des marchés européen pour ses propres activités d’approvisionnement. Les soumissionnaires écartés peuvent avoir recours à des solutions juridiques, dont la réclamation de compensations. La protection des investissements du CETA leur permettrait d’invoquer les règles supplémentaires de protection des investissements. Les décisions du stadtwerke de Karlsruhe seraient de ce fait menacées par de nouvelles formes de recours en justice.

L’élargissement de la protection des investissements pour les seuls investisseurs étrangers par le CETA entrainerait des désavantages potentiellement importants pour le stadtwerke de Karlsruhe en tant qu’opérateur d’eau. Il n’y a aucune nécessité d’introduire ces droits supplémentaires (voir la déclaration de l’Association européenne des magistrats du 9 novembre 2015 sur le système de règlement des conflits sur l’investissement du TTIP, qui a également été inclu dans le CETA).

Enfin, la protection des investissements dans le CETA pourrait avoir des implications pour les processus de remunicipalisation et les rendre plus difficiles. Pour le TTIP, l’UE a publié une offre pour la protection des investissements le 12 novembre 2015 qui est pour une large part comparable aux provisions pour investissements du CETA.

2. Protection insuffisante de l’approvisionnement en eau dans le TTIP et le CETA

Dans son offre au TTIP pour les services et les investissements du 31 juillet 2015, l’UE a placé l’approvisionnement en eau dans la liste positive pour l’accès au marché des services transfrontaliers (annexe III/ liste positive, planification dans le secteur des services de l’énergie, « D. Collection, purification et distribution de l’eau (ISIC rev 3.1: 410) », p. 126). Bien que cela ne permette pas la présence commerciale d’entreprises étrangères à l’intérieur de l’UE (à savoir des entreprises états-uniennes ou des multinationales ayant des succursales aux Etats-Unis), cela crée de nouveaux engagements concernant l’approvisionnement en eau par comparaison avec l’AGCS (Accord global sur le commerce et les services) de 1994.

Par ailleurs, l’approvisionnement en eau est placé deux fois dans l’annexe II aussi bien dans la rubrique « services liés à l’environnement » (p. 87) que dans la rubrique « services liés à l’énergie » (p. 111) – associé avec différents engagements: il manque des réserves dans la programmation « services liés à l’énergie » pour la « clause de la nation la plus favorisée », les « exigences de performance » et « cadres supérieurs et conseils d’administration ». De plus, aucune réserve n’est émise pour les standards de protection des investissements « traitement juste et équitable » et « expropriation » (voir No. 1 ci-dessus).

Seules des listes négatives sont prévues dans le CETA, ce qui représente avant tout une obligation de libéralisation générale. Pour ce qui est de l’approvisionnement en eau, il y a une réserve pour l’accès au marché et le traitement national (p. 1297) mais toujours pas de réserve pour la clause de « nation la plus favorisée » et la protection des investissements. Ceci est démontré dans une étude sur le CETA menée par l’Etat fédéral de Baden-Württemberg sur les implications du CETA sur le droit de réglementer des états fédéraux et des autorités locales (Prof. Nettesheim, 8 janvier 2016, p. 27, seulement en allemand). Les mesures existantes de protection des réseaux publics de distribution d’eau à différents niveaux de gouvernance doivent également être programmées dans l’annexe I du CETA, mais cela n’est fait, ni dans la Directive Cadre sur l’Eau de l’UE, ni dans la législation de l’UE sur les ressources en eau, ni dans cette même législation au niveau des états fédéraux allemands.

3. Incertitude en ce qui concerne l’attribution de concessions

Dans la majorité des grandes villes allemandes, comme à Karlsruhe, les réseaux publics de distribution d’eau sont confiés à des entreprises municipales par l’attribution de concessions de services. Lorsque ces entreprises municipales n’appartiennent pas entièrement à ces communes, mais sont uniquement contrôlées par elles, on peut actuellement se trouver devant une grande incertitude juridique. La directive européenne sur les concessions (2013, voir No 0 ci-dessus) tendait à accroître cette incertitude juridique au détriment des communes, mais après les fortes protestations des communes allemandes et de la population, l’eau a été exclue du champ d’application de cette directive européenne sur les concessions. Toutefois, la Commission européenne est appelée à reconsidérer cette exclusion et à donner son avis jusqu’au 18 avril 2019. Il faut examiner attentivement si les accords sur le libre-échange et les investissements actuellement en préparation vont à nouveau accroître cette incertitude juridique au détriment de l’autonomie des communes, du principe de subsidiarité et des opérateurs d’eau contrôlés par les communes. Ceci pourrait principalement être la conséquence de règles inscrits dans les chapitres sur les marchés publics[3] du CETA et du TTIP. Dans son étude « Impact des accords de libre-échange sur l’autonomie des autorités locales – L’approvisionnement en eau potable par des services municipaux en Allemagne comme étude de cas » (pp. 351-370, in: Krajewski, 2015) Britta Kynast soulève la possibilité que des règles détaillées sur l’attribution de concessions de services dans le chapitre du TTIP sur les marchés publics risqueraient de devoir être appliquées même si une réserve correspondante existait dans le chapitre sur les services et les investissements.

Il n’existe pas d’exception distincte dans le CETA pour les concessions de services de l’UE dans son chapitre sur les marchés publics[4] alors qu’il y en a une du côté canadien (note 1.(g), p. 413, voir aussi pdf-page 36 d’une étude autrichienne sur le CETA de juillet 2015, seulement en allemand). L’UE se montre prête à aller ensuite plus loin que cela (note 3, p. 506): « Si la révision actuelle de la législation sur les marchés publics devait résulter en un élargissement du champ d’application des services et des concessions de services couverts par cette législation, l’UE est prête à entrer en négociations avec le Canada pour étendre la couverture mutuelle des services et des concessions de services de ce Chapitre. » Cependant, dans le programme d’accès aux marchés des services de l’UE dans le chapitre « marchés publics », un listing positif exhaustif est utilisé qui ne comprend pas les services d’approvisionnement en eau. Par conséquent, il est peu probable que les concessions de services pour l’approvisionnement en eau soient couvertes par les marchés publics du CETA – du moins aussi longtemps qu’il existe une exclusion pour l’approvisionnement en eau dans la directive européenne sur les concessions.

Pendant les négociations en cours sur le TTIP, la volonté de l’UE d’inclure les concessions de services est apparue de manière répétée. Lors du 6ème round, on a parlé de concessions et de PPP (Partenariat Privé Public), Lors du 9ème round, il était question de concessions de services. Lors du 12ème round en février 2016, un échange d’offres d’accès aux marchés a été proposé pour les marchés publics, et depuis un texte définitif est en préparation. L’offre de l’UE sur les marchés publics n’a pas encore été publiée. Il est indispensable, en particulier pour les opérateurs d’eau contrôlés par les communes, de suivre d’aussi près que possible les négociations du TTIP dans le domaine des marchés publics. C’est aussi ce que recommande le Prof. Krajewski dans son étude pour l’association allemande des entreprises municipales (VKU, 18 novembre 2013, dernier point du résumé final, seulement en allemand).

De nouvelles raisons d’inquiétude ont vu le jour après un discours du Ministre des affaires économiques allemand au parlement allemand remettant en question l’autonomie communale en matière d’approvisionnement en eau (27 novembre 2014, pp. 6622-6625, seulement en allemand).

4. Protection insuffisante du principe de précaution de l’UE

En mars 2015, l’Agence fédérale allemande pour l’environnement a publié l’explication suivante au sujet du principe de précaution de l’UE, dans une prise de position intitulée « La protection de l’environnement et le TTIP » (pp. 4-5) :

Il existe de nombreuses zones dans le domaine de la protection de l’environnement sur lesquelles les normes de l’UE et des Etats-Unis diffèrent. Dans certains secteurs, les normes des Etats-Unis sont plus exigeantes, par exemple en matière d’efficacité énergétique pour les moteurs électriques, certaines normes sur la qualité de l’air et les normes d’émissions qui s’y rattachent. Dans beaucoup d’autres domaines, cependant, les normes de l’UE sont plus exigeantes, comme le démontrent les exemples suivants :

  • Pesticides et biocides: contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, aussi bien les substances persistantes, bio-accumulatives et toxiques (PBT) que carcinogènes, mutagènes et tératogènes (CMT) ne sont plus autorisées dans l’UE ; […]

L’application de normes différentes est souvent due à une manière fondamentalement différente d’aborder les risques pour l’environnement et la santé. Dans l’UE, la réglementation des risques est basée sur le principe de précaution, qui demande qu’on démontre pour chaque substance qu’elle ne présente aucun danger avant qu’elle puisse être approuvée. Aux Etats-Unis, l’approche est exactement à l’opposé: selon le principe « basé sur le risque », l’utilisation d’une substance est autorisée tant qu’un danger considérable n’a pas été détecté. Il en résulte qu’un nombre important de matériaux et de substances sont interdits dans l’UE alors qu’ils sont autorisés aux Etats-Unis. Ceci ne concerne pas seulement l’approbation de produits chimiques, de pesticides et de biocides faisant l’objet du règlement REACH de l’UE sur les produits chimiques, mais également, par exemple, l’établissement de limites d’émissions maximales pour les industries et les usines de traitement des déchets.

Ainsi, le pesticide atrazine est interdit dans l’UE, mais toujours en vente aux Etats-Unis (en 2013, 33 millions de kilos ont été utilisés dans l’agriculture aux Etats-Unis[5]). Dans de nombreuses usines de potabilisation en Allemagne, l’élimination de l’atrazine est une opération coûteuse. Au Canada également, le principe de précaution n’a pas la même portée que dans l’UE ou en Allemagne. S’assurer que le principe de précaution soit pris en compte par le CETA et le TTIP représente donc un défi majeur. Dans la perspective d’une protection des ressources en eau progressiste, le renforcement du principe de précaution comme principe directeur pour l’avenir est d’une importance capitale.

Karlsruhe, le 1er juin 2016.

[1] Alors que le « traitement local » standard en matière d’investissements du CETA garantit déjà aux investisseurs étrangers des droits équivalents à ceux des investisseurs locaux (art. 8.6, p. 45) le nouvel accord CETA irait bien au-delà de ces standards et en attribuerait deux de plus aux investisseurs étrangers: le standard de « traitement juste et équitable » (art. 8.10, p. 47 et la protection contre les expropriations (directes ou « indirectes ) (art. 8.12, pp. 48-49 avec annexe 8-A à la p. 331) (voir Krajewski | Hoffmann, 2016, p. 5 et pp. 11-12,seulement en allemand).Il n’y a pas de protection dans le CETA pour l’approvisionnement en eau concernant ces deux standards supplémentaires de protection des investissements.

[2] Art. 1.9, chapitre 1, « dispositions initiales » concernant les « Droits et obligations en matière d’eau » (p. 8); art. 8.9, protections des investissements (pp. 46-47); annexe 8-A no. 3 concernant les expropriation (p. 331).

[3] Appelés « Government Procurement », marchés gouvernementaux, dans le CETA

[4] Chapitre 19, pp. 127-149, et annexe 19-1 à annexe 19-8 « Agenda pour l’accès aux marchés de l’UE », pp. 429-515

[5] Voir reportage à la radio allemande Deutschlandfunk, 2 août 2015 (seulement en allemand)

merci à http://europeanwater.org/fr/actions/focus-par-pays-et-ville/658-comment-l-approvisionnement-en-eau-serait-affecte-en-allemagne-par-ceta-ttip-tisa


TTIP/TAFTA, CETA, TISA… Comment je suis devenu pauvre et malade dans un monde de merde


Tisa : Une directive Bolkestein puissance 10 !

Emmanuel Maurel, député européen, alerte sur cet autre traité commercial en cours de négociation dont l’objectif est de libéraliser les services.

Après le projet de Tafta (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), traité de libre-échange transatlantique, vous vous opposez au «Tisa», de quoi s’agit-il ?

D’un nouveau projet de traité commercial international («Trade In Services Agreement») qui concerne 50 pays, dont les 28 de l’Union européenne, les Etats-Unis, l’Australie… Le but de cet accord est de libéraliser l’ensemble des services pour cadrer avec le contexte actuel de la révolution numérique. C’est une directive Bolkestein puissance 10 !

Quels services seraient libéralisés ?

Tous ! Y compris les services publics – transports, hôpitaux, écoles… Par ailleurs, comme pour le Tafta, les négociations ont été lancées dans une opacité totale, en Suisse en mars 2010. Il a fallu des fuites sur WikiLeaks en 2014 pour que la Commission européenne soit obligée de rendre publics quelques éléments. Mais nous en sommes au 17e cycle de négociation et personne n’en parle.

Pourquoi la France réagit-elle sur le Tafta et pas sur le Tisa ?

C’est une négociation qui se tient hors cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et ce n’est pas la France en tant que telle qui négocie mais l’UE.

Comme pour le Tafta. Comment expliquer que le gouvernement français ne s’alarme-t-il pas dès aujourd’hui ?

Parce que la négociation sur le Tisa est plus opaque, il y a moins d’intérêt immédiat. Le Tafta est plus compréhensible, plus visible. En face, ce sont les Etats-Unis et le modèle américain. Les Français comprennent les enjeux qui concernent notamment l’alimentation (poulet javellisé, bœuf aux hormones…). Pour le Tisa, il y a un travail pédagogique à faire, comme à l’époque de la directive Bolkestein, en 2005.

Que demandez-vous ?

D’abord, une révolution méthodologique : une transparence absolue. Ces sujets concernent la vie quotidienne des citoyens. On ne peut pas négocier comme ça dans leur dos. Ensuite, il faut garantir la protection des données personnelles, or nous n’avons aucune garantie sur le sujet. Il s’agit également de préserver les droits des Etats à légiférer. Par exemple, il existe dans cet accord des clauses qui rendraient irréversibles ces décisions de libéralisation : si un gouvernement libéralise le secteur de l’eau, un autre gouvernement élu ne pourrait pas revenir dessus. Je demande aussi à ce que les services publics soient exclus du champ de la négociation. Enfin, certains pays qui participent à ces négociations n’ont pas ratifié les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT). Tout le monde doit être à armes égales. Le Tisa est une bombe à retardement.

Lilian Alemagna
http://www.liberation.fr/france/2016/04/27/apres-le-tafta-tisa-une-directive-bolkestein-puissance-10_1448995

La Hongrie refuse que l’Union européenne décide à sa place pour des traités comme le TAFTA

Hongrie, Budapest – Le Parlement hongrois a voté une motion visant à contrer le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ; TTIP en anglais) aussi connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais) et l’accord économique et commercial global (AECG ; CETA en anglais), mais aussi l’Accord sur le Commerce des Services (ACS / TiSA).

Proposé par le député vert Schiffer, du parti LMP (La politique peut être différente), cette motion vise à pousser le gouvernement à, tout d’abord, tirer des lignes rouges ne pouvant pas être franchies, en particulier dans des domaines tels que les normes environnementales et sanitaires , les réglementations sociales et démocratiques, les droits des consommateurs, ou même le droit. Le deuxième point visé par cette motion est de pousser le gouvernement à changer le mode de ratification de ces traités.

Depuis le traité de Lisbonne de 2007, ces traités sont négociés par la Commission européenne uniquement, et ratifiés par l’Union européenne, tant qu’ils ne comprennent pas les dispositions légales « non commerciales ». Avec cette motion, les députés hongrois veulent classer ces traités commerciaux comme « accord mixte », considérant que ce traité est bien plus qu’un simple traité commercial. La Commission européenne aurait alors à faire signer le document par chaque État membre avant la mise en vigueur du traité.

La motion a été acceptée par 178 oui, 5 abstentions et 2 non (le Parlement hongrois a 199 sièges).


Etats-Unis et Europe s’attaquent au secteur public local pour conclure le « Tafta »

 

Pressés de boucler les négociations du traité transatlantique d’ici la fin de l’année 2016, la Commission européenne et la Maison-Blanche sont désormais contraints d’aborder les sujets qui fâchent. Le degré d’ouverture des marchés publics ou la protection des services publics devraient bientôt être au menu des discussions. De fait, cet accord global pourrait ne pas être sans conséquences pour les collectivités territoriales. Si accord il y a.

Le treizième round des négociations du traité transatlantique (TTIP ou Tafta selon ses adversaires) – un accord de libre-échange de nouvelle génération, à l’instar de l’accord CETA récemment signé avec le Canada  s’est ouvert lundi 25 avril à New York. Désireux d’accélérer la cadence dans l’espoir de conclure leurs travaux avant le départ de Barack Obama de la Maison Blanche, les négociateurs doivent y aborder des sujets conflictuels… jusqu’ici soigneusement évités.

C’est le cas de la libéralisation des services  du transport maritime et aérien jusqu’aux télécoms, qu’ils soient publics ou non –, de la coopération réglementaire, de la reconnaissance des indications géographiques protégées (IGP) ou bien encore de l’élargissement de l’accès aux marchés, et plus particulièrement aux marchés publics. Autant d’intérêts offensifs du camp européen, représentant de potentiels contentieux. Par la voix de son secrétaire d’État au commerce extérieur, Matthias Fekl, quand ce n’est pas le président François Hollande lui-même, la France menace déjà de ne pas ratifier un accord a minima qui ferait l’impasse sur ces différents chapitres.

« L’idée est effectivement de signer un accord avant la fin de l’année 2016, mais pas à n’importe quel prix : il n’y a pas de garanties. Nous ne bâclerons pas les négociations ! Nous ne braderons pas nos intérêts », tient à faire savoir Edouard Bourcieu, conseiller commercial de la Commission européenne. Un moyen de pousser les États-Unis à réaliser des concessions supplémentaires en matière d’ouverture à la concurrence internationale, par exemple, alors qu’ils disposent pour l’heure d’une panoplie de dispositifs protectionnistes restreignant l’accès à plus de la moitié de ses marchés publics.

Depuis 1933, le législateur américain encourage, en effet, la préférence nationale et réduit les possibilités de recours à l’export grâce au Buy American Act ; une « barrière non-tarifaire » à laquelle est venu s’ajouter, à partir de 1953, le Small Business Act  dispositif qui impose, pour sa part, aux administrations de réserver une partie des commandes publiques aux PME américaines. Objectif ? Défendre leurs entreprises et sauvegarder leurs emplois.
Afin de favoriser la relance en pleine crise économique, le degré d’ouverture de leurs marchés publics a encore été réduit en 2009 à travers certaines dispositions normatives du Recovery and Reinvestment Act.

Une réciprocité attendue… ou pas

De fait, qu’il s’agisse de construction d’infrastructures de transports ou bien des marchés des États fédérés américains ainsi que des comtés et des districts locaux, les entreprises extra-américaines ont actuellement peu de chances de remporter des appels d’offres outre-Atlantique. « Et encore moins les petites et moyennes entreprises (PME) européennes, qui n’ont pas les moyens financiers et juridiques des grandes entreprises, pourtant nécessaires pour contourner les réglementations actuelles et de jongler avec les différentes normes », décrypte ce conseiller de la commissaire européenne au commerce, Cécilia Malmström.

Avec sa promesse d’assurer une mise en concurrence effective des candidats, en instaurant une non-discrimination entre les fournisseurs de services quel que soit leur pays d’origine, le TTIP a donc de quoi séduire Bruxelles. Et par-là même les Etats-membres de l’UE encore sceptiques, les entreprises, voire même indirectement, les collectivités où ces dernières sont implantées. D’où la volonté du camp européen de faire de la réciprocité et de la dérèglementation des marchés publics américains une condition sine qua non d’un accord.

Encore faudra-t-il se montrer suffisamment offrant pour convaincre les acheteurs publics américains d’accorder aux entreprises non américaines un traitement « pas moins favorable » que celui dont bénéficie aujourd’hui leurs acteurs nationaux… Si bien que sur le Vieux continent, aussi, la signature du TTIP pourrait donc chambouler l’ouverture des marchés publics  tant bien même celle-ci semble déjà d’actualité, du fait de la politique plus libérale menée par l’Union européenne.

Des secteurs gagnants mais aussi des perdants

Les opposants au libre-échange pointent notamment du doigt une éventuelle interdiction indirecte d’aide publique aux petites structures du territoire. Dans un rapport critique élaboré en octobre 2015, sept associations et syndicats européens affirment que « les entreprises locales ne pourraient plus, en vertu d’une future règle de non-discrimination, obtenir de subventions ».

Par ailleurs, un certain nombre d’élus locaux craignent que le TTIP signe l’abandon du critère de préférence locale qu’utilisent certains décideurs. En cause : l’obligation d’égalité de traitement entre les fournisseurs de services qu’un tel traité induirait. Or, sans cet outil politique, comment les petites structures répondant aux appels d’offres rivaliseront-elles avec les géants américains – plus compétitifs ?
« En étant prête à consentir une ouverture généralisée de ses marchés, afin d’aider les multinationales du BTP, de gestion des déchets ou de traitement de l’eau ayant des vues sur des partenariats publics-privés ou des délégations de service public aux Etats-Unis, la France semble faire le choix de sacrifier, entre autres, son modèle agricole », souligne Lora Verheecke, du Corporate Europe Observatory (CEO).

Enfin, un abaissement des seuils des marchés publics à partir desquels des entreprises américaines seraient autorisées à postuler pourrait figurer dans le futur traité, croient savoir les opposants. Une mesure là aussi porteuse de conséquences indirectes sur la libre gestion des services publics par les élus locaux, à commencer par le niveau de régulation, explique cette ONG.

Ainsi, « un prestataire américain pourrait facilement remporter le contrat de gestion d’une résidence pour personnes âgées. Le maire, qui souhaiterait ensuite y insérer une condition l’obligeant à fournir un nombre minimal d’infirmières par patients, pourrait alors être traîné devant un tribunal d’arbitrage privé », illustre Lora Verheecke, chargée de recherche et de plaidoyer au CEO.
Une menace judiciaire et financière réfutée par la Commission européenne, pas peu fière d’avoir proposé une réforme à ce système d’arbitrage (ISDS) où « le droit souverain des Etats à réglementer dans l’intérêt public est à nouveau garanti ».

Droit à réglementer

L’autonomie des autorités publiques, leur droit à légiférer et leur capacité à édicter de nouvelles normes dans l’intérêt général représentent également l’un des principaux enjeux de la discussion sur les services. Après deux échanges d’offres respectives, la Commission européenne et la Maison Blanche doivent encore s’accorder sur une position commune sur ce chapitre. Dans cet exercice vaste et périlleux, le sort des services publics ne devrait officiellement pas être source de discorde, chaque camp ayant évoqué son souhait de les protéger.

« La libéralisation des services publics n’est même pas un sujet des négociations transatlantiques », confirme Pascal Kerneis, directeur général du cabinet de lobbying Forum européen des services, basé à Bruxelles. « Du moins, ce sous-chapitre a été clos par Cécilia Malmström et Mike Froman en mars 2015. Tant bien même ils le voudraient, les négociateurs ne peuvent pas enfreindre le traité sur le fonctionnement de l’UE ni le protocole 26 sur les services d’intérêt général. »

Cependant, en l’absence de texte consolidé, le secrétaire général de l’Association des maires de France, Philippe Laurent ainsi qu’une partie des élus locaux ont encore du mal à croire les négociateurs comme les lobbystes. L’approche en « liste négative » – privilégiée par la Commission européenne  oblige à indiquer noir sur blanc, dans une annexe d’exclusion, les activités que les négociateurs se refusent à libéraliser. Attention donc à ne rien oublier et à se montrer suffisamment précis…

« L’externalisation de certains services publics  et des emplois qui s’y rattachent  fragiliserait les conditions de travail des agents. Surtout, les principes de qualité et d’équité  se concrétisant à travers l’accès des classes populaires, à un coût raisonnable, aux prestations de base  font rarement partie de la réflexion des acteurs privés », s’alarme Lora Verheecke.

Enjeu de transparence

« Je peux comprendre que le jargon juridique utilisé par les négociateurs puisse gêner des acteurs peu aguerris aux négociations d’accords de libre-échange. Mais je ne peux m’empêcher d’y voir aussi beaucoup de mauvaise foi : il y a une volonté manifeste de ne pas comprendre que ce sujet n’est plus discuté », peste Pascal Kerneis, qui représente les intérêts de Business Europe, du Medef, de Véolia, d’Orange.
« La politique européenne en la matière n’a pas évolué depuis des dizaines d’années. La liste négative a été utilisée dans les accords commerciaux avec le Canada ou le Japon sans que personne ne pipe mot (lire l’encadré ci-dessous). Et les discussions autour du TTIP sont bien plus transparentes que celles avec le Canada ou le Japon », argue le directeur du Forum européen des services, un brin provocateur.

S’ils reconnaissent un ajustement technique, les négociateurs européens répètent, eux aussi, ne pas avoir changé de point de vue sur le sujet. « Le mandat du Conseil, ainsi que les résolutions du Parlement européen, de plusieurs parlements nationaux, mais aussi d’associations d’élus et de collectivités ont offert un cadrage politique clair des négociations. Et c’est tant mieux ! Que les acteurs locaux se rassurent : en matière de protection des services publics, la Commission n’a pas oublié ce qu’en disent déjà les traités de l’Union européenne », assure Edouard Bourcieu, qui tiendra un stand au prochain Congrès des maires.

En dépit de ces discours rassurants, les opposants continuent de s’inquiéter. Notamment en raison de l’existence des clauses dites de « cliquet » et de « statu quo », vues comme des moyens d’empêcher les décideurs politiques de revenir sur la libéralisation de certaines activités préalablement ouvertes à la concurrence. « Ces clauses s’appliqueront à tous les services… sur lesquels nous prendrons des engagements. Ce qui n’est pas le cas, encore une fois, des services publics », leur répond Edouard Bourcieu. « Je conçois qu’il y ait des critiques sur l’importation de bœufs élevés aux hormones, de poulets lavés au chlore ou sur le mécanisme d’arbitrage privé, mais là, franchement… », finit-il par se lasser.

A l’heure où les discussions menacent de s’enliser, il demeure encore complexe de s’y retrouver. Mais, n’en déplaise à la Commission européenne, les négociations de ces traités commerciaux de seconde génération  tels que le traité transatlantique mais aussi du CETA ou du TISA  sont aujourd’hui commentées sur la place publique. Pour la simple et bonne raison qu’ils ne se réduisent pas à la réduction de droits de douanes déjà faibles (de l’ordre de 3 à 5%), mais revêtent, en bien des cas, un caractère éminemment politique au-delà de leurs aspects techniques.

Focus

Le TTIP empêchera-t-il une collectivité de re-municipaliser un service public délégué à un prestataire privé ?

« Une fois externalisés, les services d’eau, de gestion des déchets, de restauration collective, de transports urbains ou bien encore de nettoyage des bâtiments municipaux ne pourront plus être réinternalisés. Du moins, faire marche arrière après que ce traité transatlantique aura été ratifié, coûtera très cher. L’exécutif municipal ou intercommunal sera en effet susceptible d’être poursuivi devant un tribunal d’arbitrage privé par l’entreprise qui bénéficiait jusqu’alors de la délégation » assure Lora Verheecke, du Corporate Europe Observatory.
Un point de vue que ne partage pas Pascal Kerneis, directeur général de l’European Services Forum. « Rien n’empêchera un nouveau maire de « re-municipaliser » un service public délégué par son prédécesseur. En cas d’interruption en cours de contrat, sa collectivité sera, au pire, condamnée à verser des droits de compensation à l’entreprise prestataire, en application du droit français et européen, et non des dispositions d’un futur traité transatlantique. En vertu des règles internationales, seul l’Etat et non la collectivité, pourrait d’ailleurs être poursuivi devant le tribunal d’arbitrage privé. »

Focus

Un traité peut en cacher un autre

Mars 2013 : Ouverture des négociations du TISA, entre 52 pays  dont ceux de l’Union européenne  assurant 70 % du commerce mondial des services. Objectif ? Poursuivre la libéralisation des services, engagée en 1994 par l’AGCS.
Juillet 2013 : Ouverture des négociations du TAFTA, après que les Etats membres de l’Union européenne aient donné mandat à la Commission de négocier un accord de commerce et d’investissement avec les Etats-Unis.
Septembre 2015 : Fin des négociations de l’accord CETA. Cet accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada pourrait entrer en vigueur avant son éventuelle ratification par les Parlements nationaux.
Février 2016 : Signature de l’accord partenariat transpacifique (TPP) entre l’Amérique (USA, Mexique, Canada) et sept pays de l’Asie et du Pacifique, sur lequel s’est longtemps concentré la Maison-Blanche.
Avril 2016 : la Commission européenne continue à négocier des dizaines d’accords de libre-échange, avec des dizaines de pays africains, le Japon, l’Inde, le Vietnam, le Brésil, l’Argentine ou encore le Paraguay et la Colombie.


La Hongrie refuse que l’Union européenne décide à sa place pour des traités comme le TAFTA

Hongrie, Budapest – Le Parlement hongrois a voté une motion visant à contrer le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ; TTIP en anglais) aussi connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais) et l’accord économique et commercial global (AECG ; CETA en anglais), mais aussi l’Accord sur le Commerce des Services (ACS / TiSA).

Proposé par le député vert Schiffer, du parti LMP (La politique peut être différente), cette motion vise à pousser le gouvernement à, tout d’abord, tirer des lignes rouges ne pouvant pas être franchies, en particulier dans des domaines tels que les normes environnementales et sanitaires , les réglementations sociales et démocratiques, les droits des consommateurs, ou même le droit. Le deuxième point visé par cette motion est de pousser le gouvernement à changer le mode de ratification de ces traités.

Depuis le traité de Lisbonne de 2007, ces traités sont négociés par la Commission européenne uniquement, et ratifiés par l’Union européenne, tant qu’ils ne comprennent pas les dispositions légales « non commerciales ». Avec cette motion, les députés hongrois veulent classer ces traités commerciaux comme « accord mixte », considérant que ce traité est bien plus qu’un simple traité commercial. La Commission européenne aurait alors à faire signer le document par chaque État membre avant la mise en vigueur du traité.

La motion a été acceptée par 178 oui, 5 abstentions et 2 non (le Parlement hongrois a 199 sièges).


WikiLeaks lève un voile sur la dérégulation des services

L’accord Tisa vise des domaines comme la santé, l’environnement, les télécoms… L’organisation d’Assange livre, notamment avec «Libération», de nouveaux documents sur les négociations en cours.

Il y a le Tafta, le traité de libre-échange transatlantique, auquel la France menace – tardivement – de dire «non». Il y a aussi le Ceta, conclu entre l’Europe et le Canada, et que le Parlement wallon ne veut pas ratifier (lire pages 14 et 15). Et puis il y a le Tisa, l’accord sur le commerce des services. Moins connu, il réunit 23 parties, dont les Etats-Unis, le Canada, le Japon ou l’UE au nom de ses 28 Etats membres. Les négociations ont commencé en mars 2013. Depuis, elles se déroulent dans l’opacité totale. Ou presque.

En juillet 2014, WikiLeaks levait un coin du voile en publiant une première annexe au Tisa, celle consacrée aux services financiers. Depuis, l’organisation de Julian Assange et ses partenaires, médias et ONG, ont révélé diverses versions de travail relatives au texte cadre de l’accord comme nombre de ses annexes (commerce électronique, énergie, services environnementaux, télécoms…). Alors que s’ouvre ce jeudi un 18e round de négociations (lire ci-contre), de nouveaux documents permettent d’en savoir un peu plus, sur l’évolution du contenu du projet d’accord et sur la manière dont il se construit.

A quoi sert le Tisa ?

L’objectif de l’accord sur le commerce des services est limpide : réduire autant que possible, au nom des opportunités (théoriques) de croissance et d’emploi, les barrières à la concurrence. Et ce, via à la fois «des dispositions sur l’accès au marché, avec plus de secteurs ouverts à des opérateurs étrangers, et des dispositions de « traitement national », c’est-à-dire des engagements à traiter les opérateurs domestiques et les opérateurs étrangers de la même façon», résume à Libération Amélie Canonne, coprésidente de l’Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (Aitec) et l’une des animatrices du collectif Stop Tafta/Ceta. Cette volonté de «libéralisation progressive» figurait dans l’accord général sur le commerce des services (AGCS), une des annexes à l’accord de Marrakech qui, en 1994, a créé l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais son cycle de Doha sur la libéralisation des échanges, lancé en 2001, n’a jamais abouti et son échec a laissé le champ libre à la multiplication d’accords commerciaux bilatéraux et régionaux.

Ce n’est pas un hasard si le Tisa se négocie à Genève, à l’OMC. «L’ouverture totale des marchés, le libre-échangisme sans limites censé être bénéfique à tous, selon ses promoteurs, est en panne, diagnostique Frédéric Farah, professeur d’économie à Paris. Mais il faut comprendre que le Tisa, comme le Tafta, vise à contrer la puissance de la Chine sur la scène économique internationale. Il faut envisager l’hypothèse selon laquelle une fois acté l’accord Tisa, ses protagonistes exigent qu’il soit adopté par les membres de l’OMC, dont la Chine fait partie. Il s’agit de donner le « la », de former une masse critique qui s’imposera au reste du monde.»

Que contiennent les nouveaux documents ?

Les documents rendus publics mercredi par WikiLeaks et ses partenaires – dont Libération et Mediapart en France, L’Espresso en Italie et Público en Espagne – sont de deux ordres. D’abord, neuf annexes au Tisa, dans des versions datées de juillet à octobre 2015, et des analyses d’experts. Sept de ces annexes avaient déjà été révélées par WikiLeaks dans des versions antérieures. On peut ainsi suivre les évolutions des textes, sans que la logique générale en soit bousculée. Ainsi de l’annexe «réglementation nationale», qui concerne les conditions réglementaires entourant l’activité d’une entreprise de services sur un marché domestique – licences, autorisations, statut légal… – et vise à limiter les contraintes imposées par les Etats aux opérateurs étrangers. «Ce type de disposition a une portée très importante dans des secteurs comme les mines, l’énergie, la santé, les grandes infrastructures, avertit Amélie Canonne. On parle de secteurs stratégiques, dont le contrôle devrait relever du débat public et de choix démocratiques.»

L’annexe intitulée «Nouvelles dispositions applicables à tous les services» est, elle, une version remaniée d’une proposition américaine dévoilée en décembre 2014 par l’Associated Whistleblowing Press. Il s’agit des conditions de «localisation» que pourraient exiger les parties à l’accord. Là encore, l’idée est de les limiter. «Cette proposition empêcherait un pays partie prenante à Tisa d’exiger d’une entreprise d’une autre partie qu’elle ait un bureau ou une filiale locale pour fournir un service», détaille Sanya Reid Smith, juriste pour l’ONG Third World Network. A moins que le pays en question n’ait explicitement prévu une exception avant l’entrée en vigueur de l’accord… De quoi rendre bien plus difficile l’application d’un droit national – ou des règles européennes – en matière de droit du travail, de protection des données personnelles ou de fiscalité.

Quant à l’annexe concernant les entreprises publiques, elle était jusqu’ici inédite. Le texte prévoit que ces dernières agissent «sur la base de considérations purement commerciales, quand elles achètent ou vendent des services», résume dans son commentaire la Néo-Zélandaise Jane Kelsey, professeure de droit à Auckland. Et notamment qu’elles appliquent un «traitement non discriminatoire» dans leurs activités commerciales : «pas de préférence en faveur de fournisseurs locaux ou de clients locaux, par exemple pour donner une priorité d’approvisionnement à des entreprises locales ou nationales», poursuit Amélie Canonne. La fin du texte prévoit en outre que si les entreprises publiques d’un Etat partie au Tisa, ou candidat pour le rejoindre, pèsent pour plus de 30 % dans son économie, un autre pays peut demander aux parties à l’accord de ne pas fournir auxdites entreprises publiques une «aide non commerciale» – en clair, une annulation de dette, un don, un prêt préférentiel… – susceptible d’avoir des «effets négatifs» sur ses propres intérêts. Difficile de ne pas y voir, comme Jane Kelsey, une «munition anti-Chine des Etats-Unis» au cas où cette dernière rejoindrait l’accord.

L’autre catégorie de documents éclaire, elle, les coulisses des négociations : il s’agit de calendriers, d’agendas détaillés, de compositions des délégations, qui courent de novembre 2013 à 2016. On y repère, à partir de septembre 2014, les discussions sur les services de santé, dont un document préparatoire a été divulgué en février 2015 par l’Associated Whistleblowing Press. Enfin, un courrier, non daté, de l’ambassadeur américain à l’OMC, Michael Punke, détaille aux négociateurs en chef une proposition sur les «procédures pour le traitement des documents échangés». Procédures qui doivent garantir la confidentialité des informations, réservées aux responsables gouvernementaux ou aux personnes «ayant à en connaître», jusqu’à quatre ans après l’entrée en vigueur de l’accord, ou après le dernier round de négociations en cas d’échec.

Faut-il avoir peur du Tisa ?

Si, depuis le début des négociations, les promoteurs du Tisa insistent sur ses bienfaits supposés, syndicats et ONG ne l’entendent pas de cette oreille. Et des parlementaires européens ont commencé à demander des comptes. Suffisamment pour que la Commission européenne déclassifie, en mars 2015, son mandat de négociation. La proposition initiale de l’Union européenne prévoit des exceptions pour l’audiovisuel, le transport aérien, ou une «exception horizontale» pour les services publics. Suffisant ? Loin de là, juge Amélie Canonne : «Beaucoup de services publics ne sont pas financés à 100 % par le secteur public. Or la règle, que l’on retrouve dans le Ceta ou le Tafta, c’est qu’au-delà d’un minimum de financement privé, un service est considéré comme fourni sur une base concurrentielle et échappe à la protection de la terminologie « service public » de l’accord.»

Parmi d’autres, l’ONG les Amis de la Terre ou l’Internationale des services publics, une coalition regroupant plus de 650 syndicats dans 154 pays, ont dénoncé à plusieurs reprises un accord taillé pour faire la part belle aux multinationales du secteur des services, et lourd de menaces de dumping social. Sans parler du processus de discussion, qui n’offre même pas les maigres règles de transparence des négociations menées par l’OMC…


Tafta, TISA, Ceta… Quèsaco ?

Le Tafta (Trans Atlantic Free Trade Agreement, aussi connu sous le nom de TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership ) est un projet d’accord qui vise à libéraliser davantage les échanges et les investissements entre les Etats-Unis et l’UE en démantelant les droits de douane et en s’attaquant à la plupart des normes.

Le Tisa (Trade in Services Agreement), lancé en 2013, vise à réduire au maximum les barrières empêchant les entreprises d’un pays de mener leurs activités de service dans un autre pays.

Le Ceta (Canada-EU Trade Agreement) est un accord de libre-échange qui déjà été négocié entre l’UE et le Canada.

Amaelle Guiton


Libre-échange: avec TISA, les multinationales réclament un droit de veto sur les Etats

25 mai 2016 | Par martine orange et Julian Assange (WikiLeaks)

WikiLeaks rend publics de nouveaux documents sur les négociations secrètes d’un accord sur les services (TISA). Ils révèlent comment les grands groupes cherchent à organiser leur irresponsabilité juridique et financière. Ils font pression pour obtenir la suppression de toute réglementation contraignante et avoir un droit de veto à l’avenir sur toutes les lois nationales.

Moins connues que les négociations sur le traité commercial transatlantique (TAFTA), les discussions sur l’accord sur les services (TISA) n’en sont pas moins lourdes de conséquences. TISA, pour Trade in services agreement, est négocié dans un secret bien gardé par les pays de l’Union européenne, les États-Unis et une vingtaine d’États . Il s’agit d’organiser une nouvelle libéralisation, celle des services, et de passer outre les blocages de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour aller plus loin dans la dérégulation.

Les dernières révélations de WikiLeaks, publiées ce 24 mai avec ses partenaires (Mediapart et Libération en France, l’Espresso en Italie et Público en Espagne), mettent une fois de plus en lumière ce qui se trame lors de ces pourparlers. Ce qui en ressort est effrayant : un désarmement démocratique face aux puissances de l’argent.

De nombreux documents révélés par WikiLeaks datent d’octobre ou novembre 2015, quelques mois à peine donc. À leur lecture, souvent très fastidieuse, une question s’impose : mais qui sont ces négociateurs, qui progressent dans l’ombre, cherchant à imposer des bouleversements considérables derrière un langage d’une sécheresse technique et juridique à toute épreuve ? Sont-ils à ce point insensibles à ce qui les entoure ? Dans leurs débats, ils semblent ignorer les angoisses et les attentes des opinions publiques, comme les promesses faites par les gouvernements, répétées de sommets internationaux en sommets internationaux, tant sur la protection de l’environnement que sur l’évasion fiscale.

Les documents de WikiLeaks montrent bien combien, dans l’esprit des négociateurs, il ne s’agit plus d’obtenir un nouvel abaissement de barrières douanières ou une entente sur des normes, mais de bâtir un monde uniforme, où la liberté de faire du profit serait sans entraves, face à des États – désignés dans tous les textes par le seul mot de “partie”, comme dans un vulgaire contrat commercial –, renonçant à tout pouvoir d’imposer et de réguler.

Avec TISA, les grands groupes ne seraient plus seulement des intaxables mais des irresponsables au sens propre du terme. Tout est pensé dans ces textes pour les dégager de toute obligation sociale, environnementale, et même prudentielle, pour leur permettre de réécrire la loi selon leurs intérêts, pour éviter la moindre poursuite judiciaire.

En guise de préambule à toutes ces discussions, les États-Unis ont déposé en octobre 2015 des propositions sur « les nouvelles disciplines et leurs améliorations » censées poser un cadre général à cet accord sur les services. Ces propositions, s’inspirant de l’accord sur le traité transpacifique, visent à libéraliser encore un peu plus tous les secteurs, à supprimer les contraintes qui pourraient peser sur les groupes.

Les États-Unis proposent ainsi d’en finir avec toutes les obligations locales. Dans le cadre de TISA, les pays devraient renoncer à toute législation imposant une implantation locale, liant les contrats à des emplois locaux, à des transferts de technologies, à des efforts de recherche et développement sur place, à l’utilisation de produits industriels nationaux.

« Les dispositions de ce texte restreignent la possibilité pour les pays en développement d’emprunter les mêmes chemins de développement que de nombreux pays développés », mettent en garde les auteurs d’une longue note d’explication diffusée par WikiLeaks (lire ci-dessous). Tous les pays développés, à commencer par les États-Unis, rappellent-ils, ont pris des dispositions pour protéger leurs industries locales, pour leur donner le temps de se développer à l’abri d’une concurrence mondiale.

C’est encore vrai dans de nombreux pays développés. Nombre d’entre eux lient les contrats publics, donc payés avec l’argent des citoyens, à des obligations de recourir à des PME, à des emplois locaux, voire à des associations. Toutes ces dispositions, inscrites souvent dans des cadres législatifs, devraient être supprimées dans le cadre de TISA. Cela vaudrait aussi pour les obligations de programmes audiovisuels ou radiophoniques locaux, imposés dans de nombreux pays pour protéger ou diffuser leur langue, leur culture nationale ou régionale.

Alors qu’Internet a déjà fait exploser les limites géographiques nationales, cette absence de tout ancrage local, exigée par TISA, risque de mettre à bas toutes les tentatives de régulation prises après la crise financière de 2008, notamment dans les services financiers. La note rappelle opportunément le cas de la banque IceSave en Islande. Cette entité bancaire britannique s’y était développée sans filiale, par le seul biais d’Internet. En 2008, elle s’était écroulée en quelques semaines, laissant derrière elle un imbroglio juridique et diplomatique entre la Grande-Bretagne et l’Islande et des clients ruinés, sans possibilité de réclamer devant une juridiction la réparation de leurs préjudices.

Que se passera-t-il à l’avenir si une assurance suisse ou américaine, sans aucune filiale dans le pays, vend des contrats au Pakistan et qu’à la suite d’un désastre – un tremblement de terre par exemple –, elle ne veut ou ne peut payer ? s’interrogent les auteurs de la note. Auparavant, on pouvait encore saisir des actifs dans une filiale. Demain, il n’y aura rien, concluent-ils.

« Cette absence de présence locale pourrait avoir de lourdes implications pour les lois sociales mais aussi pour toutes les régulations gouvernementales. Car pour que les lois soient effectives, elles doivent être appliquées », insiste la note. En effet, sans ancrage local, les gouvernements risquent de se retrouver sans aucun moyen de pression, sans aucune possibilité de négocier. Bien sûr, il existe des coopérations judiciaires entre les pays, des traités d’extradition. Mais ceux-ci ne s’appliquent que pour les crimes, pas pour les délits civils, encore moins pour les fraudes ou les préjudices causés à des clients. Ainsi, par le biais de TISA, les multinationales sont en voie d’organiser leur irresponsabilité juridique.

« Modifier ou éliminer les réglementations »

Une fois tracé ce cadre général – dont on ne sait, faute de documents, s’il prête à discussion parmi les pays négociateurs du traité –, les négociateurs sont en train de passer en revue les domaines où TISA devrait s’appliquer. Ils ont des vues sur tout : les services financiers, les télécommunications, les services publics – à libéraliser naturellement –, les transports, mais aussi certaines professions comme les experts-comptables, les médecins, les infirmières, les architectes et autres. Pour ces secteurs, les négociateurs demandent la suppression de toute réglementation contraignante, de reconnaissance de diplôme ou de travailler sur place. Ils ont même des idées précises sur la politique des visas qui doit être appliquée par les pays qui seront signataires de TISA !

Parmi les différents points abordés, il en est un qui retient particulièrement l’attention : celui sur les « réglementations domestiques », en d’autres termes les lois de chaque pays, rassemblé dans un document intitulé « Transparence » (voir document en fin d’article). Un lobbying actif des représentants des services s’est mis en place auprès des négociateurs de TISA sur cette question. Aux États-Unis, il a pignon sur rue. Mais il est certainement tout aussi actif, même si plus discret, en Europe. Son but affiché est de « modifier ou d’éliminer les réglementations ».

Le texte en négociation préconise ainsi de supprimer toutes les règles « plus contraignantes que nécessaires pour assurer la qualité du service », laissant la possibilité aux groupes de se retourner contre les États, s’ils s’estiment entravés dans leur quête aux profits. Qu’est-ce qui définit la réglementation nécessaire ? Mystère. Les enquêtes d’utilité publique pour des projets urbanistiques ou industriels pourraient ainsi à l’avenir être remises en cause, car beaucoup trop longues et contraignantes. Les obligations environnementales, les autorisations d’exploitation, les licences seraient aussi susceptibles d’être attaquées en justice, car bridant l’initiative privée.

La fédération américaine du commerce ne prend même plus la peine de cacher ses arrière-pensées. Devant le congrès américain, elle a expliqué qu’elle souhaitait que TISA permette d’ouvrir des marchés internationaux à ses membres, mais aussi fasse tomber les réglementations. « Y compris les restrictions sur la taille des magasins et les heures d’ouverture, qui ne sont pas nécessairement discriminatoires, mais gênent les grandes enseignes pour atteindre leur pleine efficacité économique », a-t-elle expliqué. L’objectif étant, pour elles, de travailler « relativement libre de toute réglementation gouvernementale ». Tout est dans le « relativement ».

Non seulement les grands groupes entendent attaquer les réglementations existantes, mais ils entendent avoir un droit de veto sur les dispositions légales prises dans le futur par les États. Le projet TISA sur la « transparence » précise ainsi les procédures que les gouvernements devront suivre, s’ils veulent prendre de nouvelles réglementations, afin que les intérêts étrangers puissent faire entendre leur voix dans les décisions.

Tout nouveau projet de réglementation et autres mesures devrait être ainsi publié suffisamment longtemps à l’avance et avec des détails suffisants, de telle sorte que les gouvernements étrangers et les grands groupes soient informés que leurs intérêts commerciaux peuvent en être affectés. « Les intérêts étrangers devraient se voir accorder un temps suffisant et des moyens raisonnables pour réagir aux réglementations prévues », est-il dit. Les gouvernements se devraient de tenir compte des commentaires qui leur sont adressés par ces intérêts étrangers. Enfin, un délai suffisant devrait être pris entre l’annonce de cette réglementation nouvelle et sa mise en application. Naturellement, toute nouvelle disposition législative ou réglementaire pourrait être attaquée par un groupe, s’il s’estime lésé.

Comment des gouvernements dits démocratiques peuvent-ils accepter de discuter de tels textes ? Qui leur a donné mandat de renoncer à leur pouvoir législatif, à consentir des droits de veto au pouvoir économique ? On comprend mieux, à la lecture des documents révélés par WikiLeaks, pourquoi les États veulent absolument garder ces négociations secrètes.


TiSA est plus dangereux que TTIP et CETA

Interview de Jürgen Buxbaum de l’Internationale des Services publics

Heike Langenberg – On parle beaucoup de TTIP et de CETA, les traités sur le commerce que l’UE aimerait conclure avec les USA, éventuellement avec le Canada. Mais qu’est-ce que TiSA ?

Jürgen Buxbaum – À la différence des traités précités, TiSA (Accord sur le Commerce des Services = ACS en français) n’est pas un accord régional, mais un accord global, qui – de notre point de vue – est bien plus dangereux que ceux-ci pour les droits civiques, les services publics et la démocratie. Il s’agit de bien plus que de services.

H.L. – Quels pays négocient sur TiSA ?
J.B. – Les négociations ont lieu en-dehors de l’OMC entre une coalition des Volontaires, 51 Etats, qui contrôlent aujourd’hui déjà plus des deux tiers du commerce mondial des services. Les plus importants sont les USA, l’UE et le Japon, qui ont invité à la table des négociations quelques moyens et petits pays. Sont exclus, les pays émergents les plus importants, tels que la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, l’Afrique du Sud (les BRICS), ce qui selon toute vraisemblance suscitera la formation de nouveaux blocs dans le monde.

H.L. – De quoi s’agit-il ?
J.B. – Outre les services transfrontaliers, le point central est la suppression des “obstacles” aux investissements étrangers dans les services (banque, eau, énergie, transports, formation, santé, culture et bien d’autres).

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Les collectivités européennes s’opposent aux TAFTA, CETA et TiSA les 21/22 avril à Barcelone

 

Des maires et conseillers municipaux de toute l’Europe se réunissent à Barcelone les 21 et 22 avril à l’invitation de la Maire Ada Colau pour exprimer leur opposition aux traités transatlantiques de commerce et d’investissement qui menacent directement les compétences des collectivités territoriales.

Réunis à Barcelone le 21 et le 22 avril prochains, les élus et représentants locaux inaugureront le réseau international de résistance des collectivités locales à la nouvelle génération de « traités commerciaux toxiques » : TAFTA, CETA et TiSA.
Plus de 1 500 municipalités, villes, arrondissement et régions d’Europe ont d’ores et déjà adopté des résolutions soulignant leurs inquiétudes à l’égard du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (communément désigné en France par le signe anglophone TAFTA), de l’accord UE-Canada qui devrait être discuté à Bruxelles à l’automne, ou de la négociation plurilatérale sur les services (TiSA).

Plus de trois millions de citoyennes et de citoyens à travers l’Europe ont signé l’Initiative citoyenne européenne auto-organisée contre le TAFTA et les traités semblables, dont ils estiment qu’ils menacent le droit du travail, les services publics et la protection des consommateurs. En plus de ces préoccupations, les élus locaux s’inquiètent du fait que ces traités pourraient :

  • Remettre en cause leurs politiques de marchés publics, souvent conçues pour soutenir les PME et l’économie locale ;
  • Bloquer toute possibilité d’évolution législative qui permettrait aux collectivités territoriales de mener des politiques « d’achat local » ;
  • Limiter leur capacité à interdire des pratiques telles que la fracturation hydraulique (utilisée dans l’extraction de gaz de schistes) ou encore l’utilisation de fertilisants, de désherbants et de pesticides nocifs ;
  • Accroître le contrôle et l’influence du pouvoir national sur les pratiques et politiques des collectivités locales.

« Le CETA sur lequel l’UE et le Canada se sont accordés a été publié récemment. Ce traité rendra beaucoup plus difficile les politiques de remunicipalisation de la fourniture d’eau, d’énergie ou d’autres services publics, explique Amélie Canonne, Présidente de l’AITEC et animatrice de la Campagne Stop TAFTA en France. Les villes et collectivités seront poussées à basculer une plus grande part de leurs services publics dans le domaine marchand. »

La ville de Barcelone accueille l’événement, qui rassemblera des maires, des conseillers, des représentants de la société civile engagés dans des campagnes pour la justice économique, sociale et environnementale, des parlementaires européens et des experts du commerce international. Ce nouveau réseau s’efforcera de peser auprès des gouvernements nationaux et des instances communautaires. Il se donne également pour tâche de promouvoir, auprès des élus locaux d’Europe, les politiques locales alternatives à la libéralisation du commerce et de l’investissement, qui sont à même de favoriser l’emploi, les droits sociaux et la justice écologique dans les territoires.

Pour Gerardo Pisarello, Premier adjoint à la maire de Barcelone, en charge de l’économie, du travail et de la planification stratégique, « Beaucoup de villes et de régions ont adopté des résolutions critiques à l’égard du TAFTA et du CETA. C’est plus que bienvenu. Cette démarche soutient la protestation contre les accords de libéralisation du commerce et des services que sont le CETA, le TAFTA et le TiSA. La fondation du nouveau réseau européen de municipalités à Barcelone vient démontrer aux gouvernements et à la Commission européenne le sérieux des revendications portées par les collectivités lorsqu’elles défendent leur droits politiques légitimes à être consultées dans le cadre de l’élaboration de ces nouveaux accords de libre-échange ».

La campagne européenne Hors TAFTA

Contact :
Nils Loret
Coordinateur européen du réseau des collectivités Hors TAFTA
01 43 71 22 22 / 06 67 11 71 93
nils.aitec@reseau-ipam.org

Pour en savoir plus :
- La carte européenne des collectivités Hors TAFTA : https://map.ttip-free-zones.eu/
- Présentation de la rencontre sur le site de la campagne Stop TAFTA espagnole :
http://www.noalttip.org/encuentro-pan-europeo-de-municipios-libres-de-ttipcetatisa/
- L’infographie : Territoire TAFTA ou Territoire d’alternatives
- TAFTA, CETA et marchés publics : Un cadeau empoisonné pour les collectivités locales et les PME

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vendredi 15 avril 2016, par AITEC


Romania will veto the EU-Canada trade deal

 EXCLUSIVE / Romania will not ratify the Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) between the EU and Canada which was concluded in 2014, as an angry reaction to the refusal by Ottawa to lift the visa requirement of its nationals, but also for the lack of EU solidarity for solving the issue.

The Romanian Ministry of Foreign Affairs has published a position regarding Canada maintaining the visa requirement for Romanian citizens, expressing disappointment that Ottawa had not delivered on its promise to solve the issue, contained in the Statement of the 2014 EU-Canada summit.

Canada has a visa-free regime with all EU countries except Romania and Bulgaria.

“In this situation the Romanian authorities will reassess, at EU level, the approach to the relationship between the EU and Canada so as to secure the goal of having obligatory visas for Romanian citizens eliminated”, the Position of the Romanian foreign ministry reads.

Asked to explain this text, a Romanian high official who asked not to be named said that Romania would “veto” the CETA ratification.

Normally the ratification of CETA should conclude by the end of 2016 or 2017. Romania however will not ratify the agreement, EurActiv was told.

Commission blamed

The official also expressed anger at the way the European Commission had handled the issue.

On 12 April, the College of Commissioners met exceptionally on a Tuesday, not on a Wednesday. This is because 12 April was the deadline for the Commission to propose how EU countries should “react in common”, as an EU regulation requires, in cases where foreign countries “subjects [EU] citizens to differing treatment”.

Based on an in-house made assessment, the Commissioners decided that the consequences of the EU imposing visas to Canada and the USA would be so dire, that the EU legislation requiring reciprocity was impossible to be applied.

“According to the assessment, it is highly unlikely that member states would be able to process the increased number of visa applications in accordance with the Visa Code within 90 days following the entry into force of such visa requirement decision and moreover such visa requirement could result in a decrease in the number of travellers from Canada and the US,”  the Commission stated.

“The Commission therefore recommends to the Council and the Parliament not to apply the EU legislation,” the Romanian official said, adding that this amounted to “treachery”.

EurActiv contacted the Bulgarian authorities for their position on the issue. It appears that Sofia has not yet decided what position to take.

More work to do

There is still more work to be done before the visa dispute between Canada and the European Union can be resolved, Canada’s Immigration Minister John McCallum was quoted as saying by the Toronto Sun.

“We have not offered full visa lift but we have offered something called Canada plus, which is easier access for regular travellers,” McCallum said.

The minister also said he’s not concerned how the dispute might affect CETA, adding that it was a separate issue.

According to the Canadian press, the authorities in Ottawa have been aware that the unsolved visa issue may inspire unspecified member states to block the ratification of CETA.


Doit-on autoriser les multinationales américaines à traduire les États européens devant des tribunaux supra nationaux ?

Même amendé, le mécanisme qui permettrait aux entreprises étrangères de porter plainte contre un État quand elles estiment qu’il a failli aux engagements pris dans un traité d’investissement est illégitime, estime le collectif de juristes qui signe ce texte.

« RDIE », pour règlement des différends entre investisseurs et États : derrière ce nom barbare, propre à décourager tout débat citoyen, se cache un mécanisme qui permet aux entreprises étrangères de porter plainte contre un État quand elles estiment qu’il a failli aux engagements pris dans un traité d’investissement. Le RDIE s’est fait connaître peu à peu du grand public en raison des excès récents commis par certains investisseurs.

Une proposition qui ne lève pas les inquiétudes

Le projet d’inclure un RDIE dans le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’investissement, en négociation depuis 2013 entre l’Union européenne et les États-Unis (appelé TTIP, TAFTA en anglais), a suscité une mobilisation telle, que la Commission Européenne a été contrainte de mettre sur la table une proposition révisée en novembre 2015 : le système juridictionnel des investissements.

Cette réforme est-elle suffisante pour répondre aux inquiétudes ? Certainement pas. Même si elle a perdu de son tranchant, une épée de Damoclès reste suspendue au-dessus de nos démocraties. Jugeons-en plutôt.

Les améliorations institutionnelles et l’instauration bienvenue d’un tribunal d’appel, ne modifient pas l’équilibre général du dispositif qui offre une voie de recours privilégiée pour les investisseurs étrangers pour contester une décision de politique publique. Ces derniers disposeraient ainsi de la liberté de choisir entre l’arbitrage ou les tribunaux nationaux et par conséquent le droit applicable qui leur est le plus favorable, contrairement aux entreprises domestiques, rompant ainsi avec le principe d’égalité devant la loi. Un dispositif, parallèle aux systèmes judiciaires existants, dont la compatibilité même avec le droit européen et les règles du marché unique n’est pas garantie et sur lequel la Cour de Justice de l’Union européenne devrait être invitée à se prononcer avant d’entamer des discussions plus approfondies avec les États-Unis.

Des garde-fous insuffisants

Quant aux garde-fous proposés pour assurer le respect du droit des États à instaurer des règles sociales, environnementales, financières ou fiscales, ou pour prévenir les conflits d’intérêts des arbitres et pour encadrer les recours, ils sont encore largement insuffisants pour mettre un terme aux dérives observées au cours de ces dix dernières années. Entre 2005 et 2015, ce sont plus de 400 plaintes qui ont été déposées dans le monde par des investisseurs étrangers touchant à des domaines de plus en plus sensibles des politiques publiques. L’énergéticien suédois Vattenfall réclamerait ainsi 4,7 milliards d’euros à l’Allemagne, suite à sa décision de sortie du nucléaire. Le cigarettier Philip Morris a attaqué l’Uruguay et l’Australie, s’estimant lésé par les effets des politiques de prévention du tabagisme et exige des compensations dont le montant n’est pas connu. Si la requête n’a pas abouti contre l’Australie, le pays aurait déboursé quelque 50 millions d’euros d’argent public dans la procédure. Quant au pétrolier américain Lone Pine, il demande 250 millions de dollars au Canada, suite au moratoire sur la fracturation hydraulique. Et en janvier, c’est l’entreprise TransCanada qui a annoncé qu’elle poursuivait les États-Unis et exigeait 15 milliards de dollars de compensations après le rejet du projet de pipeline Keystone XL. De l’aveu de certains lobbyistes, la seule évocation de poursuites peut permettre de décourager les États de renforcer des législations visant à protéger l’environnement, respecter les droits humains ou préserver la stabilité financière.

La capacité d’attirer des capitaux pas démontrée

Ce RDIE est-il même vraiment nécessaire ? La corrélation entre l’instauration d’un tel dispositif de protection des investissements et la capacité d’attirer des capitaux n’est pas démontrée. Et l’existence de systèmes juridiques performants aux États-Unis et dans l’Union européenne rend d’autant plus perplexe face au besoin prétendu d’un tel mécanisme supra juridictionnel. Insensible à cet argument, Bruxelles cherche à tout prix à faire accepter le principe. L’adoption d’un RDIE reformé dans l’accord négocié avec le Canada ouvrirait, s’il était ratifié, la possibilité à environ 80 % des entreprises américaines opérant dans l’Union Européenne de porter plainte à l’égard des États membres via leurs filiales canadiennes.

L’action de la France en faveur de la réforme du dispositif de RDIE dans les négociations du Traité transatlantique a certes permis d’ouvrir le débat mais seules des améliorations cosmétiques ont été proposées pour le moment. Et à ce stade, la solution la plus sage pour préserver le droit des États à adopter des règles démocratiques reste sans conteste celle proposée à plusieurs reprises par l’Assemblée Nationale et le Sénat de l’élimination pure et simple de ce mécanisme illégitime dans les négociations.

Signataires :

Rainer Geiger, avocat, anc. Professeur associé de droit public, Université de Paris I

William Bourdon, Avocat et Président de Sherpa

Maître Tessonnière et Maître Lafforgue, du Cabinet TTLA, avocats au barreau de Paris

Eric Alt, Magistrat, vice président d’Anticor

Paul Allies, Professeur émérite à l’Université de Montpellier-Faculté de Droit et science politique

Emmanuel Daoud, Avocat au barreau de Paris, membre du Conseil de l’Ordre, cabinet VIGO, membre du Groupe d’action judiciaire de la FIDH.

Bertand Warusfel, Professeur à l’Université Lille 2, avocat au barreau de Paris

Antoine Comte, Avocat au barreau de Paris

Jean-Pierre Dubois, Professeur de droit public à l’Université de Paris-Sud

Chantal Cutajar, Directrice du GRASCO – Université de Strasbourg

Alexandre Faro, avocat au Barreau de Paris, Cabinet Faro & Gozlan

Source : http://www.la-croix.com/


L’Uruguay fait l’impensable et rejette le TISA, équivalent du Tafta

Cette décision historique n’a rencontré aucun écho dans les médias.

Souvent désigné comme la Suisse de l’Amérique du Sud, l’Uruguay a, de longue date, l’habitude de faire les choses à sa façon. Il a été le premier état-providence d’Amérique latine. Il dispose également d’une importante classe moyenne, ce qui est inhabituel dans cette partie du monde ; et on y trouve pas d’importantes inégalités de revenu, contrairement à ses très grands voisins du nord et de l’ouest : le Brésil et l’Argentine.

Il y a deux ans, durant le mandat du président José Mujica, l’Uruguay a été le premier pays à légaliser la marijuana en Amérique latine, un continent déchiré par le trafic de drogue qui engendre violence et corruption de l’État.

Aujourd’hui, l’Uruguay a fait quelque chose qu’aucun autre pays neutre de cette planète n’avait osé faire : il a rejeté les avances de la corporatocratie mondiale.

Le traité dont on ne prononce pas le nom

Au début de ce mois, le gouvernement de l’Uruguay a décidé de mettre fin à sa participation aux négociations secrètes relatives à l’accord sur le commerce des services (TISA pour Trade In Service Agreement). Après plusieurs mois de pression exercée par les syndicats et d’autres mouvements populaires, avec un point d’orgue lors de la grève générale sur ce sujet, la première de ce genre au monde, le président uruguayen Tabare Vazquez s’est incliné face à l’opinion publique et a abandonné l’accord commercial voulu par les États-Unis.

Bien qu’elle soit, ou plutôt parce qu’elle est symboliquement importante, la décision historique de l’Uruguay a été accueillie par un silence assourdissant. Au-delà des frontières du pays, les grands médias ont refusé d’évoquer ce sujet.

Ce n’est pas vraiment une surprise étant donné que le commun des mortels n’est même pas supposé connaître l’existence du TISA ; bien qu’il soit, ou plutôt, une fois encore, parce qu’il est sans doute le plus important volet de la nouvelle vague d’accords commerciaux internationaux. Selon Wikileaks, il s’agit « de la plus grande composante du trio de traités “commerciaux” stratégiques des États-Unis », trio qui inclut également le Partenariat TransPacifique (Trans Pacific Partnership ou TPP) et le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TransAtlantic Trade and Investment Pact (TTIP).

Le TiSA concerne plus de pays que le TTIP et le TPP réunis : les États-Unis et les 28 pays membres de l’Union Européenne, l’Australie, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa-Rica, Hong-Kong, l’Islande, Israël, le Japon, le Liechtenstein, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la Corée du Sud, la Suisse, Taiwan et la Turquie.

Ensemble, ces 52 pays forment le groupe joliment nommé des “Très Bons Amis de l’accord sur les Services” qui représente quasiment 70% du commerce mondial des services. Jusqu’à sa récente volte-face, l’Uruguay était censé être le 53e “Bon Ami”.


Les traités de libre-échange sont des armes de destruction massive

« Le commerce, c’est la guerre. » Telle est la conclusion sans fioritures à laquelle en est arrivé Yash Tandon après avoir participé de près, pendant plusieurs décennies, aux négociations commerciales internationales aux côtés des pays du sud. Dans un livre paru il y a quelques mois, il montre combien l’histoire du libre-échange, bien loin des beaux discours sur le développement et la croissance, se réduit à une domination continue des pays pauvres par les pays occidentaux et leurs multinationales. Aujourd’hui, avec le débat sur le traité de libre-échange transatlantique, les Européens commencent à faire l’expérience de ce qui fait, depuis toujours, la réalité de l’autre côté de la planète.

Et si le commerce international et les traités de libre-échange n’étaient finalement qu’une arme au service des puissances occidentales et leurs entreprises pour exploiter et maintenir sous leur domination les populations de l’hémisphère sud et leurs gouvernements ? Nous sommes accoutumés à considérer l’arène commerciale internationale sous un jour sinon positif, du moins neutre. Les populations pauvres des pays du sud n’ont-elles pas tout à gagner à commercer et exporter leurs productions ? Et après tout, le domaine des règles – même lorsqu’il s’agit de règles commerciales – ne s’oppose-t-il pas par définition à celui de la contrainte et de la force brute ? Certes, fera-t-on valoir, il y a lieu d’améliorer le cadre des échanges mondiaux en renforçant les normes sociales et environnementales, mais même le statu quo ne reste-t-il pas préférable à ce qui serait la seule autre alternative possible : l’absence totale de règles ?

Ces douces certitudes, partagées par de nombreux citoyens européens, commencent à se trouver quelque peu ébranlées avec l’émergence du débat sur le projet de traité de libre-échange entre Union européenne et États-Unis (dit Tafta ou TTIP). Un traité commercial négocié dans le plus grand secret, menaçant de réduire les régulations sociales et environnementales au plus petit dénominateur commun, et de donner le droit aux multinationales de poursuivre les gouvernements qui mettraient en place des politiques nuisibles à leur taux de profit ? Pas de quoi rassurer sur les vertus du « doux commerce »… Il s’avère que parfois les « règles » commerciales peuvent être utilisées non pas pour renforcer l’état de droit, mais pour construire un état de non-droit et d’impunité, au profit des plus puissants.

Pour Yash Tandon, il s’agit là de la réalité fondamentale qui se cache derrière tous les beaux discours sur la contribution du libre-échange au développement et à la croissance. Et ce depuis le début, bien avant qu’il soit question du Tafta, dès la décolonisation, les négociations du GATT et la naissance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Comme il l’explique dans un livre dont le titre résume on ne peut mieux le propos – Le commerce, c’est la guerre [1] – l’histoire du libre-échange et des négociations commerciales internationales est avant tout l’histoire de la domination continue des populations du sud par l’Europe et les États-Unis – d’abord dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation (qui reste un point de contentieux majeur à l’OMC jusqu’à aujourd’hui), puis dans le secteur industriel, et aujourd’hui de plus en plus dans le domaine de la propriété intellectuelle ou des services.

Une histoire écrite « dans le sang et la violence »

Une histoire qui reste avant tout, selon Yash Tandon, écrite « dans le sang et la violence » : « Si l’on restreint la définition de la guerre à la violence organisée impliquant des armes à feu, alors bien entendu, il y a des différences cruciales, aussi bien dans la réalité que dans le droit, entre la guerre et le commerce. Mais en réalité le commerce tue de la même manière que les armes de destruction massive [2]. » Il peut tuer de manière très directe, en privant les pauvres de l’accès à certains médicaments essentiels sous prétexte de protéger la propriété intellectuelle, en ruinant l’agriculture vivrière et les politiques d’autosuffisance alimentaire pour favoriser les exportations de matières premières, ou bien encore en cas d’imposition de sanctions commerciales qui privent les populations d’accès aux produits de première nécessité. Et il entraîne aussi, selon Yash Tandon, des effets dramatiques de manière indirecte, en entravant le développement industriel de l’Afrique et en dépossédant les habitants du continent de leur accès aux ressources naturelles. « Des milliers d’Africains tentent de s’échapper vers l’Europe au risque de leur vie, mais à l’intérieur même de l’Afrique il y en a littéralement des millions d’autres qui sont des réfugiés intérieurs, privés de terres et des autres ressources nécessaires à leur survie par des firmes globales qui les écrasent grâce au pouvoir du capital et de la technologie. »

Ce diagnostic n’émane pas d’un militant peu averti ou à l’indignation trop facile. Yash Tandon a suivi de près les discussions commerciales internationales durant des décennies, en tant que négociateur pour son Ouganda natal puis pour le Kenya, en tant que fondateur et président du SEATINI [3], puis en tant que directeur du Centre Sud, un think tank des pays du sud basé à Genève.

La meilleure preuve des liens étroits entre le commerce et les rapports de force géopolitiques ? « L’Organisation mondiale du commerce est la seule entité internationale avec le Conseil de sécurité des Nations unies à avoir un pouvoir réel – le pouvoir d’imposer des sanctions commerciales. Or les sanctions sont un acte de guerre. » Et les sanctions prononcées par l’OMC ou dans d’autres cadres multilatéraux ont toujours tendu à s’aligner de près sur les options géopolitiques des grandes puissances, à commencer par les États-Unis et l’Europe.

Impérialisme

C’est dire que le livre de Yash Tandon est aussi un vibrant plaidoyer pour la pertinence de la notion d’« impérialisme », quelque peu passée de mode, pour analyser les relations internationales. « L’occident voudrait croire que l’impérialisme a cessé avec la fin de la colonisation. Mais non. Le colonialisme bilatéral s’est simplement transformé en impérialisme multilatéral. Au lieu de la Grande-Bretagne gouvernant l’Ouganda ou la France gouvernant l’Algérie, c’est aujourd’hui l’Europe qui domine l’Afrique, aux côtés des États-Unis et du Japon. Ils gouvernent collectivement à travers les institutions de gouvernance mondiale comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l’OMC et l’Union européenne. » L’ascension de ces institutions internationales ainsi que de puissantes firmes multinationales aux intérêts propres, partiellement distincts de ceux de leurs pays d’origine, ne représente qu’un nouvel avatar du même système mondial de domination. Pour Yash Tandon – mais c’est un point sur lequel il paraît plus difficile de le suivre -, l’émergence de la Chine et des autres BRICS (Brésil, Russie, Inde et Afrique du sud) n’y change pas grand chose : même si les BRICS sont « de grands pays », « dans l’arène du commerce international, de la technologie, de la propriété intellectuelle et de la finance internationale, ils sont relativement faibles ».

Si l’Union européenne aime, par comparaison avec son partenaire américain, se donner des airs de vertu en matière de normes commerciales et de relations internationales, cette posture ne résiste pas à l’épreuve des faits. Contrairement à ses prétentions, l’Europe « ne recherche pas un système global plus équilibré, bien au contraire ». Et c’est devenu bien pire avec l’adoption en 2006 de la stratégie « Global Europe », fortement influencée par les milieux économiques. Le vieux continent utilise l’arme de l’OMC de manière plus agressive encore que les États-Unis pour protéger ses intérêts et ceux des ses multinationales. Sous couvert de favoriser le commerce avec les pays les plus pauvres (dits « pays ACP » pour Afrique, Caraïbes et Pacifique), l’Union cherche aussi et surtout, et de plus en plus, à favoriser ses propres intérêts, en leur imposant des « Accords de partenariat économique » supprimant toute forme de protection de leurs marchés intérieurs.

Une façade d’état de droit

Si les règles du commerce international sont ainsi biaisées en faveur des intérêts économiques occidentaux, comment expliquer alors que les dirigeants des pays du sud continuent à acquiescer aux conditions imposées par l’Europe et les États-Unis et aux traités qui leur sont proposés ? « En théorie, les gouvernements sont ‘libres’ d’accepter ou de rejeter les dispositions contenues dans les accords commerciaux. En pratique, les gouvernements du sud sont otages de l’aide internationale, des capitaux et de la technologie des occidentaux. Les pays du sud ne peuvent se protéger qu’en érigeant des barrières commerciales, mais ils ne sont pas autorisés à le faire par les règles de l’Organisation mondiale du commerce. »

Les négociations commerciales internationales n’offriraient ainsi que l’apparence du droit, masquant une réalité de contrainte, comme l’illustre le double visage de l’OMC : « Certes, l’OMC constitue une plateforme de négociation multilatérale (du moins à [son siège à] Genève. Les accords régionaux comme le Tafta ou le TransPacific Partnership (TPP) sont des traités plurilatéraux, qui ne sont régis pas aucune norme. En un sens, ils sont donc plus dangereux. Néanmoins, il faut préciser une chose : l’OMC n’est régulée qu’à Genève. Lorsqu’elle tient ses Conférences ministérielles en dehors de Genève – comme à Nairobi en décembre 2015 – l’OMC se transforme en monstre tyrannique. Toutes les règles sont oubliées, et l’Empire exerce son pouvoir nu pour mettre au pas les pays du sud. J’ai participé à presque toutes les conférences ministérielles de l’OMC, et je décris dans mon livre comment les choses se passent réellement. » Textes signés sans avoir été lus, décisions prises par un petit groupe de pays (pays occidentaux et quelques pays du sud triés sur le volet) dans les « salons verts » devenant contraignantes pour les absents, interprétation du droit à l’avantage des plus puissants… telle est la triste réalité de cette institution. Et quand bien même les pays du sud réussissent parfois à faire front à l’OMC, les pays occidentaux peuvent toujours contourner l’obstacle en privilégiant les traités bilatéraux ou d’autres forums de négociation commerciale.

C’est pourquoi Yash Tandon estime, malgré ce qu’en espèrent certaines ONG, que « l’OMC n’est pas réformable ». La dissymétrie de rapport de forces entre les puissances occidentales et les autres lui est trop consubstantielle. Il mise avant tout sur l’unité des pays du sud (qui peut toutefois paraître de plus en plus problématique) et surtout sur les alliances entre la société civile et les gouvernements du sud les plus volontaristes, qui ont permis quelques succès partiels dans le domaine de l’agriculture ou de l’accès aux médicaments.

Tafta, ou l’occident soumis à sa propre médecine

Peut-on considérer qu’avec le projet d’accord de libre-échange transatlantique Tafta, c’est un peu comme si les intérêts économiques occidentaux, et en particulier les multinationales, s’apprêtaient à faire subir aux nations européennes et nord-américaines le traitement qu’ils réservent ainsi depuis des décennies aux pays de l’hémisphère sud ? Fort de son expérience, Yash Tandon juge les mobilisation actuelles en Europe contre Tafta d’un œil favorable, mais sans trop d’illusions.

« Les multinationales occidentales ont commencé à se tourner contre leurs propres populations dès l’intensification de la mondialisation dans les années 1980. Ce qui est nouveau est la régionalisation de cette mondialisation néolibérale. Le débat actuel sur le Tafta et le TPP [Trans Pacific Partnership, projet de traité de libre-échange entre les États-Unis et une quinzaine de pays du pourtour Pacifique] est bienvenu, mais je pense qu’en Europe, il reste trop focalisé sur l’aspect économique et juridique. La dimension militaire du Tafta et du TPP demeure largement ignorée, alors qu’ils ne constituent qu’une autre facette de l’Otan. C’est la raison pour laquelle les États-Unis parviennent à convaincre les gouvernements européens de signer le Tafta. »

« Nous, en Afrique, nous avons subi les conséquences de notre propre Tafta imposé par l’Union européenne : les Accords de partenariat économique. Toutes ces années, il y a eu très peu de débats en Europe, même au sein de la gauche, sur la situation qui nous était faite, et encore moins de solidarité concrète. Maintenant que la gauche s’est engagée de manière déterminée dans la bataille contre Tafta, je suggère qu’elle inclue les APE, la version impérialiste nord-sud du Tafta, dans ses discours et dans sa lutte. »

Le livre de Yash Tandon interpelle à double titre. D’abord comme antidote à la naïveté, et en tant que rappel salutaire sur la réalité des rapports de force en matière de commerce international. Son rejet total de la possibilité de réformer et améliorer l’OMC et les règles commerciales actuelles – et a fortiori le Tafta – peut paraître radical, mais il indique bien quel est le véritable standard auxquels ces accords devraient être soumis pour être démocratiquement légitimes. Ensuite, parce qu’il suggère que la contestation citoyenne actuelle du projet de traité transatlantique ne deviendra véritablement pertinente et efficace que si elle s’inscrit aussi dans une démarche globale de remise en cause du système commercial mondial actuel.

Olivier Petitjean

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Photo : Gerald Ford @ flickr CC

[1Yash Tandon, Le commerce c’est la guerre, préface de Jean Ziegler et traduction de Julie Duchatel, CETIM, Genève, 2015, 224 pages. À commander ici.

[2Propos recueillis par courriel, le 24 septembre 2015.

[3Institut d’information et de négociations commerciales de l’Afrique australe et orientale, une structure vouée à soutenir les pays africains dans les négociations commerciales.


Le Parlement européen veut reprendre la main sur le TiSA, l’autre grand traité qui effraie

La députée européenne conservatrice Viviane Reding, auteure d'un rapport sur le TiSA. (Parlement européen)

La députée européenne conservatrice Viviane Reding, auteure d’un rapport sur le TiSA. (Parlement européen)

Dans l’univers très anxiogène des grands accords commerciaux négociés derrière des portes closes, le traité transatlantique Tafta/TTIP en préparation entre l’Europe et les Etats-Unis occupe depuis bientôt trois ans le devant de la scène de notre côté de l’Atlantique – quand les Américains s’intéressent davantage au traité transpacifique, officiellement signé le 4 février 2016.

Il existe pourtant un troisième grand accord en négociation qui, bien que moins connu, charrie son lot de craintes : l’Accord sur le commerce des services, souvent désigné par son acronyme anglais TiSA (Trade in Services Agreement). Ce qui a filtré des 15 cycles de discussion qui ont déjà rassemblé depuis 2013 l’Union européenne et les 22 autres pays à la table des négociations a inquiété de nombreux acteurs de la société civile, qui pointent du doigt le risque de signer des engagements irréversibles sur le chemin de la libéralisation, mettant en danger les services publics et les régulations protectrices de l’Union européenne.

Lire : Accord TiSA : quand le libéralisme revient par la porte de derrière

Profitant d’un timing favorable, en plein 16e cycle de négociation, avant l’entrée dans la dernière ligne droite des discussions, le Parlement européen a voté le 3 février à une très large majorité une série de recommandations à destination de la Commission européenne, qui négocie TiSA au nom des Vingt-Huit Etats membres.

L’exercice était périlleux pour les députés européens, qui s’étaient déchirés à l’occasion d’un exercice similaire sur le traité transatlantique à l’été 2015 pour des questions de formulation, brouillant le message général envoyé par l’assemblée. Cette fois, la résolution préparée par la députée conservatrice luxembourgeoise Viviane Reding a recueilli un large consensus de la droite et de la gauche pour réclamer un changement de direction assez radical des négociations (seuls l’extrême-droite, les écologistes et la gauche radicale ne l’ont pas votée).

Quelques unes des propositions des députés

  • Supprimer du texte les clauses dites de “cliquet” de et “statu quo”, qui visent à verrouiller toute libéralisation des services, empêchant de futurs gouvernements de faire marche arrière.
  • Exclure les services audiovisuels du champ de l’accord
  • Empêcher que les Etats européens soient contrains de libéraliser leurs services publics (la définition du “service public” étant très floue, les députés proposent précisément d’exclure les “services d’intérêt général actuels et à venir” et les “services d’intérêt économique général” ; en outre, ils suggèrent l’introduction dans tous les accords commerciaux, dont le TiSA, d’une “règle d’or” qui garantirait une définition et une protection suffisamment large des services publics)
  • Exiger une plus grande réciprocité dans l’ouverture des marchés (forte en Europe, moins chez ses partenaires)
  • Protéger les données personnelles numériques (alors que les Etats-Unis aimeraient contourner avec TiSA la règlementation européenne)

Si les principales récriminations des opposants ont été prises en compte, les parlementaires ont renoncé à réclamer le retrait d’une autre disposition très controversée : l’utilisation de listes négatives, une méthode qui protège moins les secteurs de la libéralisation, en contraignant les Etats signataires à lister exhaustivement les secteurs qu’ils souhaitent protéger – au risque d’en oublier.

Au-delà de ces garde-fous censés rassurer les sceptiques, le Parlement européen veut que la Commission européenne négocie des avancées concrètes qui pourraient faire prendre conscience aux citoyens européens de l’intérêt d’un tel accord, au-delà des opportunités économiques ouvertes pour les multinationales. Sont cités pêle-mêle une réduction des frais d’itinérance (“roaming”) pour les télécommunications et des frais bancaires à l’étranger, une meilleure reconnaissance des diplômes ou encore une mobilité facilitée pour les professionnels hautement qualifiés au sein de la future “zone TiSA”.

Reste à savoir si la commissaire au commerce Cecilia Malmström sera sensible aux doléances des députés européens, qui n’ont pas de valeur contraignante. Mais, comme l’a rappelé Vivane Reding, “si nos recommandations ne se trouvent pas dans l’accord final, le Parlement pourra exercer son veto”. Or, un “non” de l’assemblée de Strasbourg porterait un coup fatal au TiSA, comme lors du rejet du traité anti-contrefaçon ACTA, en 2012.


Un accord de commerce menace les services publics en Europe

A l’occasion de la présentation devant le Parlement européen des négociations de l’accord sur le commerce des services ( TISA ), de nombreux députés ont dénoncé le danger que cet accord faisait courir aux services publics dans les pays européens.

Viviane Reding, la rapporteure du rapport exposant les recommandations du Parlement européen  pour les négociations de TISA, a bien été obligée de le rappeler : l’accord sur le commerce des services, actuellement en cours de discussion, est absolument inconnu du grand public. C’est dommage, parce des pans entiers de leur vie de tous les jours vont bientôt en dépendre. Mais c’est compréhensible puisque, dès le départ, le plus grand secret entoure les négociations, c’est même obligatoire, comme pour toutes les négociations commerciales. On ne voit donc pas comment les citoyens pourraient être au courant, à moins de commettre une effraction permettant de forcer les portes secrètes derrières lesquelles se déroulent les discussions entre les représentants de l’Europe et ceux des multinationales, car c’est bien pour elles que cet accord est dans les tuyaux. Et si le site Wikileaks n’avait pas divulgué en juin 2014 l’annexe de l’accord  qu’il avait réussi à se procurer, en le publiant sur Internet, on n’en saurait certainement pas grand’chose . Il y a donc une légère tartuferie à déplorer le peu de popularité d’un débat sur lequel il est interdit, par ses promoteurs et par ceux qui y participent, de dire quoi que ce soit.
Pour mieux comprendre l’enjeu des débats actuels au Parlement européen, rappelons ce qu’est ce TISA, objet de tant de mystères et de toutes les craintes.
L’accord sur le commerce des services (ACS, qu’on appelle TISA en anglais pour : Trade in Services Agreement ), est un accord commercial négocié actuellement par 23 membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont l’Union européenne (UE). Ces pays représentent 70 % du commerce mondial des services, c’est dire l’importance des décisions qui vont être prises, très spécialement pour l’Europe, puisque les services constituent un élément fondamental de l’économie des pays de l’UE. L’Europe est le premier exportateur mondial de services, des dizaines de millions de personnes occupent un emploi dans ce secteur.
Pour les Américains et les Australiens, à l’origine des négociations du TISA en 2013, l’objectif est clair : il s’agit de poursuivre la libéralisation des services commencée dès le début des années 90, de combattre le protectionnisme des états, et d’ouvrir à la concurrence tous les secteurs qui en étaient jusqu’alors protégés. En bref, de démanteler les barrières aux échanges dans tous les services, qu’il s’agisse des transports, des télécommunications, des services financiers, mais aussi de l’eau ou de l’éducation. Professionnels et ONG ont également dénoncé dès le début des négociations, les risques que le TISA faisait courir à la santé, puisque selon les critères de l’OMC, ce secteur, comme celui de l’éducation ou de l’eau, sont des services économiques, et donc ouverts au marché.
En résumé, en dehors de la justice, de l’armée, de la police et de la diplomatie, tous les autres services peuvent être libéralisés, c’est-à-dire, ouverts à la concurrence.
Dès le début des négociations, le TISA a fait l’objet d’un tir croisé de nombreuses ONG et de responsables politiques qui pointaient, outre le déroulement opaque et antidémocratique de la négociation, l’ultralibéralisme de ce traité qui empêcherait toute régulation de la part des États dans des secteurs relevant jusqu’à présent des services publics. Une autre critique forte concerne la pression exercée par les membres de la négociation sur les pays les plus faibles, notamment ceux en voie de développement, contraints de rejoindre le traité alors qu’il les défavorise largement. De nombreuses professions réglementées, comme les médecins, les pharmaciens, les notaires, les experts-comptables, les dentistes, les avocats, etc… verraient également leur métiers, considérés comme une simple activité commerciale, perdre leurs protections et s’ouvrir à la
concurrence.
Le voile que vient de lever la Commission européenne sur les négociations en cours, et les préconisations de Viviane Reding ( PPE ) pour la suite, n’ont pas rassuré de nombreux députés, même si les conservateurs ont massivement apporté leur soutien à leur représentante.
«  C’est une sorte de chirurgie esthétique pour rendre le TISA plus agréable à regarder « , déplore Stélios Kouloglou ( GUE/GVN ), «  d’ailleurs malgré les nombreuses réticences exprimées par le Parlement, la commissaire Cecilia Malmström a dit qu’elle continuerait à négocier sans apporter plus de précisions. C’est business as usual. »
José Bové ( Verts/ ALE ) explique de son côté : «  ça fait 30 ans qu’on essaie de nous imposer ces accords de libéralisation.. personne dans le monde n’en veut, l’Uruguay vient de sortir des négociations, nous devrions faire pareil. Le TISA va à l’encontre de l’intérêt général, ce n’est pas vrai que nous allons être protégés ! »
Cette déréglementation promise par le TISA, Thomas Händel ( GUE/GVN ) n’en veut pas non plus. Rappelant que cet accord est un projet des multinationales contre l’état, contre les PME, contre le droit des électeurs et des citoyens, il précise : «  l’Union européenne attend des profits exorbitants de cet accord. On ne doit pas saper les droits des citoyens et les services publics au nom d’un commerce juteux… L’éducation, la santé, la prévoyance doivent être exclues de cet accord de libre échange, nous ne voulons pas que la cantine de l’école soir gérée par Mc Do . » D’autant qu’au terme des négociations en cours, tout ce qui aura été privatisé dans l’accord ne pourra plus être renationalisé. «  Il ne faut pas de privatisation irréversible », insiste Thomas Händel.
Pour Stélios Kouloglou, cet accord est inutile, «  il aurait suffi d’actualiser le GATT « ( Accord Général sur les tarifs douaniers et le Commerce NDLR ).
Laura Sanchez, elle aussi député GUE/GVN, voit dans le TISA un risque majeur pour les économies européennes, «  un accord sans transparence «,  et elle se pose la question : «  comment construire un rapport de force pour s’opposer à la droite libérale et aux multinationales ? »
On l’a vu, une grande partie de leur force souterraine, les négociations l’ont tirée de leur opacité et du silence qui les a entourées. Les lanceurs d’alerte de Wikileaks, en révélant le contenu des discussions en cours, ont été les premiers à permettre l’ouverture d’un débat public sur le TISA. Des élus ont pris le relais, et c’est sans doute l’élargissement du débat public qui permettra de construire ce rapport de force contre un accord commercial qui, en l’état, ne bénéficierait qu’aux multinationales, et certainement pas aux citoyens.

Le partenariat transatlantique et la justice privée

L’article 23 du mandat donné par les gouvernements, de l’Union européenne à la Commission de Bruxelles pour négocier un grand marché transatlantique  (GMT) avec les USA précise « (…) L’Accord devrait viser à inclure un mécanisme de règlement des différends investisseur-Etat efficace et des plus modernes, garantissant la transparence, l’indépendance des arbitres et ce qui est prévu par l’Accord, y compris à travers la possibilité pour les Parties d’appliquer une interprétation contraignante de l’Accord. (…). » L’article 32 étend la compétence d’un tel mécanisme aux matières sociales et environnementales et l’article 45 à l’ensemble des matières couvertes par le mandat. En outre, l’article 27 précise que « L’Accord sera obligatoire pour toutes les institutions ayant un pouvoir de régulation et les autres autorités compétentes des deux Parties ». Ce qui signifie qu’un tel RDIE pourra être aussi utilisé contre des décisions des Communes, des Départements et des Régions, dont le pouvoir de régulation est garanti par l’article 72 de la Constitution de la République.

Ainsi formulées, les dispositions du mandat européen sont susceptibles de trouver les mêmes applications que celles prévues par l’ALENA. Elles sont d’ailleurs semblables à celles qu’on trouve dans certains traités de libre-échange passés par l’UE avec des pays du Sud comme avec le traité signé – mais pas encore ratifié – avec le Canada.

Le GMT a suscité une opposition qui ne cesse de croître. Des centaines de collectivités territoriales ont demandé l’arrêt des négociations. Des syndicats ouvriers et agricoles, des organisations de défense des droits humains, des consommateurs ou de l’environnement, et plus de trois millions de signatures collectées dans toute l’UE ont fait de même. Si d’autres aspects de ce projet mobilisent des secteurs particuliers, le RDIE est un des dangers majeurs retenus par les critiques de ce projet de traité, même parmi ceux qui en acceptent le principe. Dans plusieurs pays, des résolutions parlementaires – sans effets de droit – ont demandé son retrait de la négociation. Le rejet est tel, y compris au sein de gouvernements qui avaient pourtant approuvé le mandat de négociation, que la Commission européenne, qui redoute le refus des parlements de le ratifier, vient de proposer un nouveau système juridictionnel pour les conflits entre investisseurs et pouvoirs publics.

Ce système serait composé d’un tribunal de première instance et d’une cour d’appel ; les arrêts seraient rendus par des juges « hautement qualifiés » à l’image des magistrats de la Cour internationale de Justice ; la capacité des investisseurs à saisir cette juridiction ferait l’objet de définitions précises et le droit des Etats de réglementer serait consacré et protégé. Un tel projet, qui a le mérite de rencontrer plusieurs des objections formulées à l’encontre de l’arbitrage, appelle une véritable refonte de tout le système d’arbitrage élaboré depuis 1923 et réclame non seulement l’adhésion des Etats-Unis, ce qui est très loin d’être acquis, mais surtout celle de toutes les organisations privées qui participent de ce système. Pour que la proposition de la Commission européenne soit autre chose que de la poudre aux yeux destinée à calmer les inquiétudes, il faudrait que le RDIE soit retiré du GMT et que soit convoquée une conférence internationale réunissant tous les acteurs de l’actuel système d’arbitrage. Seule une telle initiative offrirait une perspective crédible d’un vrai changement. Dans les deux cas, on est loin du compte.

Ce qui justifie tous les doutes sur la volonté réelle de modifier vraiment le RDIE dans le cadre du GMT. D’autant que c’est la Commission elle-même qui a proposé les articles qui le concernent dans le mandat européen. Et l’on sait depuis peu que dans la négociation du traité de libre-échange avec le Canada, c’est la Commission européenne qui l’a introduit alors qu’il ne s’y trouvait pas au départ et qu’elle a fait de même pour le projet d’Accord sur le Commerce des Services, une négociation totalement secrète qui a pour objet d’amplifier et de rendre irréversibles les effets de l’Accord Général sur le Commerce des Services i.

Quand la Commission invoque son souci de transparence pour justifier une telle réforme de l’arbitrage, comment la croire alors qu’elle pratique l’opacité dans toutes les négociations qu’elle conduit ou auxquelles elle participe ? Quand la Commission, qui est à l’origine de tant de propositions qui toutes concourent à la dérégulation et au dépérissement des Etats au profit des firmes privées, devient soudainement le défenseur du droit des Etats à réglementer, comment la prendre au sérieux ?

i Raoul Marc Jennar, « Cinquante Etats négocient en secret la libéralisation des services », Le Monde diplomatique, septembre 2014.


L’ACCORD SUR LE COMMERCE DES SERVICES ou TiSA


L’ACS poursuit 2 objectifs : a) faire en sorte que l’état d’avancement actuel de la libéralisation des activités de service qui résulte d’une application de l’AGCS ne puisse pas être remis en question ; b) provoquer de nouvelles avancées dans le processus de libéralisation qui doivent, elles aussi, être définitives.

Parlement de Wallonie – Commission en charge des questions européennes – Séance du 11 janvier 2016

Audition de Raoul Marc Jennar, essayiste, sur L’ACCORD SUR LE COMMERCE DES SERVICES (ACS ou TISA)

Je remercie votre Commission pour m’avoir invité à cette audition.  Je suis, vous le savez peut-être, le co-auteur d’une étude approfondie sur le contenu et l’impact de l’Accord Général sur le Commerce des Services [1], cet AGCS qui est en quelque sorte la matrice d’où est né le projet qui fait l’objet de la réunion de ce jour. J’ai également publié un article sur l’ACS dans Le Monde diplomatique.[2] Et je vais m’efforcer de démontrer en quoi, l’ACS est plus dangereux encore que l’AGCS pour la démocratie et les choix de société dont nous entendons garder la maîtrise.

Mais auparavant, je souhaite inscrire ce projet dans un ensemble plus large que je désigne comme les accords de libre-échange de la nouvelle génération, accords qui ont profondément modifié le sens de termes comme « commerce » ou « libre-échange » puisqu’ils dépassent et de très loin la seule volonté de réduire ces obstacles au commerce que sont les droits de douane et les réglementations douanières.

Le premier de ces accords de nouvelle génération est l’ALENA, accord de libre échange nord-américain entre le Canada, les USA et le Mexique qui inspire à beaucoup d’égards trois accords du même genre auxquels nous sommes confrontés directement  aujourd’hui : l’accord UE-Canada, dont la négociation est terminée, l’accord UE-USA en cours de négociation ainsi que l’ACS également en cours de négociation. Indirectement, la négociation du PTCI (ou TTIP) est impactée par l’accord de Partenariat transpacifique dont la négociation est également terminée.

Toutes ces négociations ont en commun

–   l’élimination des droits de douane ; une suppression particulièrement problématique pour les paysans européens, mais aussi pour les pays en développement,

–   la réécriture des règlements, des normes et des lois par et pour les multinationales, au sein de traités et par le biais de forums technocratiques de coopération réglementaire,

–   la mise en place d’une justice privée des multinationales contre les décisions des gouvernements et des collectivités locales ou régionales

–   des garanties et des avantages socio-économiques dérisoires,

–   la langue de bois des textes et le langage piégé des promoteurs de ces traités,

–   l’opacité des négociations pour les citoyens et leurs élus qui contraste avec la part essentielle qu’y prennent les grandes multinationales.

A propos de cette dernière caractéristique, je voudrais souligner que le mandat européen de négociation de ces traités est préparé par la Commission et cela se fait toujours en étroite coordination avec des acteurs privés comme l’American Chamber of Commerce et BusinessEurope, le puissant lobby patronal européen. Même Pierre Defraigne, ancien directeur de cabinet de Pascal Lamy quand il était Commissaire européen admet, je cite, « une collusion systématique entre la Commission et les cercles d’affaires. » Pour la préparation du mandat pour le PTCI/TTIP, la Commission a reconnu avoir tenu 119 réunions sur 130 avec les représentants de ces intérêts très privés. Les résolutions que vote le Parlement européen sur ces questions sont sans effets de droit. Par contre, une fois le mandat adopté par le Conseil des Ministres de l’UE – dont chacun sait que, comme collège, il n’est en rien responsable devant une instance démocratiquement élue – ce texte devient la politique de l’Union européenne. Le silence qui accompagne le plus souvent l’adoption de ce mandat et qui caractérise ensuite le déroulement de négociations qui concernent pourtant des choix de société fondamentaux constitue un véritable déni de démocratie.

Ainsi que je l’indiquais d’emblée, l’ACS se présente comme un prolongement, comme une aggravation de l’AGCS. Il s’agit en fait, dans un cadre plurilatéral limité à 50 Etats[3], de tenter d’obtenir ce qui n’a pu l’être dans le cadre multilatéral des négociations du cycle de Doha de l’OMC. Avec comme intention, avouée aux articles 5 et 9 du mandat européen, de l’imposer ensuite aux partenaires réticents de l’OMC.

Je ne ferai pas l’injure aux membres de cette Commission de rappeler le contenu de l’AGCS entré en vigueur le 1 janvier 1995. Je vais donc m’employer à souligner en quoi, on se trouve, avec l’ACS, en présence d’un AGCS aggravé.

C’est le 18 mars 2013 que le Conseil des Ministres de l’UE a donné à la Commission européenne mandat de négocier l’ACS. Comme pour le PTCI/TTIP dont le mandat de négociation ne sera rendu public que 16 mois après son adoption, celui concernant l’ACS ne sera publié par la Commission que deux ans après son approbation par le Conseil des Ministres de l’UE.  La volonté de maintenir le secret est manifeste jusqu’au jour où les fuites étant à ce point nombreuses, le secret sur le mandat devient dérisoire. Mais le black out est total sur le déroulement des négociations.

Comme vous le savez, les négociations en cours se déroulent dans le plus grand secret dans les locaux de l’Ambassade d’Australie, à Genève. Et contrairement aux vœux lénifiants du Parlement européen, répétés à satiété mais sans le moindre effet, la Commission européenne se garde bien de « tenir le Parlement immédiatement et pleinement informé à toutes les étapes des négociations. » (Résolution du 4 juillet 2013).

Ce mandat, qui s’en étonnera, s’inscrit parfaitement dans les attentes exprimées le 5 juillet 2012 par le groupe qui s’autoproclame très abusivement « très bons amis des services », attentes exprimées directement lors de réunions à la Commission européenne avec The European Services Forum, le lobby patronal du secteur des services.

La philosophie à la base de l’AGCS comme de l’ACS, c’est de considérer toutes les activités de services comme des produits à consommer (commodities, en anglais) en ignorant totalement leurs fonctions dans la société, qu’il s’agisse de services comme la santé, l’enseignement, les services sociaux, culturels ou environnementaux, par exemple. Les bénéficiaires de ces services ne sont pas considérés comme des citoyens ou comme des usagers ayant des droits, mais comme des consommateurs, des clients.

Rappelons, quand on parle de services, de ce dont il s’agit. Selon la définition de l’OMC, il s’agit « de tous les services de tous les secteurs ».  Et la nomenclature qu’on peut retrouver sur le site de l’OMC concerne 12 secteurs subdivisés en 160 sous-secteurs. La volonté qu’aucune activité de service ne puisse échapper à l’objectif poursuivi est illustrée par le fait que le douzième secteur s’intitule « divers » et que chaque sous-secteur comporte également une rubrique « divers ». Quelques exemples : les services financiers, le commerce de détail, les services de conseil, les services de santé, l’éducation, la formation, la communication, la poste, les transports, l’eau, l’énergie, les déchets, les services sociaux, les assurances sociales, la sécurité, l’exécution des peines pénales et bien  d’autres activités.

Le statut du fournisseur de service n’est pas pris en compte, qu’il soit public ou privé. Ce qui est appréhendé, ce sont les obstacles à la concurrence qu’il faut éliminer. L’objet de l’ACS, c’est d’aller encore plus loin que l’AGCS dans le domaine de la dérégulation afin d’éliminer tous les obstacles à la concurrence et de soumettre aux logiques du marché les activités de service, y compris celles qui sont gérées par les pouvoirs publics. La négociation en cours veut éliminer les flexibilités que laissait encore l’AGCS dans la mise en œuvre de cet accord par chacun des Etats, une flexibilité dénoncée par les lobbies des entreprises de service, ce dont même le Parlement européen s’est fait l’écho.

L’ACS poursuit un double objectif. D’une part, faire en sorte que l’état d’avancement actuel de la libéralisation des activités de service qui résulte d’une application de l’AGCS ne puisse pas être remis en question et, d’autre part, provoquer de nouvelles avancées qui doivent, elles aussi, être définitives.

Pour réaliser le premier objectif, le mandat européen prévoit de créer une clause de statu quo qui doit figer le niveau actuel de libéralisation et empêcher, dans un secteur actuellement ouvert à la concurrence, le retour au statut de service public et encore moins au statut de monopole de service public. Il s’agit de verrouiller les libéralisations et privatisations déjà réalisées.

Pour atteindre le second objectif, le mandat européen de négociation prévoit une série de nouveautés par rapport à l’AGCS :

1) L’introduction d’une clause dite de l’effet de cliquet qui rendra impossible à l’avenir toute marche arrière. Très concrètement et à titre d’exemple, il sera impossible dans le domaine des marchés publics, de revenir à une gestion publique de la distribution d’eau lorsque celle-ci aura été confiée à une firme privée ; d’une manière générale, il sera impossible de donner le statut de service public à toute fourniture de service qui, dans le futur, aura été privatisée. Il s’agit de verrouiller les libéralisations et privatisations à venir.

2) L’intention est d’appliquer, dans l’énumération des listes d’activités de services concernées, la méthode dite de la liste négative (articles 2 et 6 du mandat européen). C’est-à-dire que chaque Etat signataire de l’accord établira une liste des services auxquels l’accord ne s’appliquera pas (tout en respectant la clause de statu quo), tous les autres services, quel que soit leur degré actuel de libéralisation, pourront faire l’objet d’une libéralisation et d’une privatisation accrues avec application automatique de l’effet de cliquet et application désormais intégrale du principe de l’OMC dit du traitement national ( = les fournisseurs étrangers doivent être traités de la même manière que les fournisseurs locaux, y compris les fournisseurs publics).

3) Le mandat européen pour l’ACS (article 7), comme celui pour le PTCI/TTIP (article 15), instaure des « disciplines réglementaires » définies par l’OMC comme étant des listes de dispositions normatives considérées comme constituant des « obstacles inutiles à la concurrence » parce que contenant des dispositions « plus rigoureuses que nécessaires à la qualité du service ». On se trouve bien devant l’intention de niveler par le bas les réglementations relatives aux activités de service en vigueur dans chaque Etat relatives aux activités de service.

4) Le mandat européen pour l’ACS (article 8) comme celui pour le PTCI/TTIP (articles 23, 32, 45) introduit une privatisation de la justice par le recours au mécanisme privé d’arbitrage chaque fois qu’un conflit se présentera entre une firme privée et un pouvoir public.

5) Il est prévu, comme dans l’AGCS, que l’accord ne s’appliquera pas aux services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental, mais il faut se rappeler la définition de l’OMC à l’article 1, 3, c de l’AGCS : “service fourni dans l’exercice du pouvoir gouvernemental s’entend de tout service qui n’est fourni ni sur une base commerciale (donc gratuit), ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs de services (donc en monopole). » Il s’agit essentiellement des services régaliens de l’Etat : administrations publiques, armée, police, justice. Il ne s’agit absolument pas de ce que nous avons l’habitude d’entendre par « services publics » et encore moins par « entreprises publiques ».

6) Dans l’ACS, comme dans le PTCI/TTIP, des garanties sont annoncées concernant le droit des Etats à réguler certains secteurs ; mais ces garanties sont assorties de telles obligations de les justifier scientifiquement que les garanties deviennent inopérantes. Il en va ainsi, par exemple, de certains aspects des normes sanitaires ou alimentaires, mais aussi des normes techniques. Dans ce registre, il faut souligner que l’ACS comme le PTCI permettront de remettre en cause la protection des données de la vie privée telle que pratiquée en Europe.

7) Il est prévu, comme dans l’AGCS et comme dans le PTCI/TTIP, que l’accord ne concernera pas les services audiovisuels, ce qui signifie qu’il affectera les autres secteurs culturels  qu’on retrouve d’ailleurs dans la nomenclature de l’OMC ; des services auxquels devra s’appliquer l’ACS : théâtres, opéras, musées, archives, bibliothèques, patrimoine.

8) Comme lors de l’ouverture des négociations du PTCI/TTIP, la délégation américaine a tenu à indiquer lors de l’ouverture des négociations de l’ACS, que les mesures de libéralisation des services financiers prévues dans les deux projets « ne peuvent en aucun cas affecter le statut international du dollar ». La plus totale liberté de circulation des capitaux est prévue dans les deux accords en négociation.

Pour conclure

Ce qui est en jeu, c’est le droit des peuples à décider de la manière dont ils entendent organiser leur vie collective et à le décider démocratiquement. Chaque peuple doit préserver son droit de déterminer lui-même, à l’un ou l’autre moment de son existence, quels services la collectivité doit mettre à la disposition des citoyens. L’accès à la santé, à l’éducation, à la sécurité sociale, au logement, à la culture, aux biens de première nécessité comme l’eau, à un environnement viable est-il un droit pour tous où une faveur réservée à ceux qui peuvent se la payer ?

Telle est la question à laquelle il vous appartient de répondre tout en sachant que ce sont nos gouvernements qui ont donné le feu vert à ces négociations et aux objectifs qu’elles poursuivent.


[1] Raoul Marc JENNAR & Laurence KALAFATIDES, L’AGCS. Quand les Etats abdiquent face aux multinationales, Paris, Raisons d’Agir, 2007.

[2] Raoul Marc JENNAR, « Cinquante Etats négocient en secret la libéralisation des services », Le Monde diplomatique, n° 726, septembre 2014, pp. 12-13.

[3] Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée, Costa Rica, Etats-Unis, Hong Kong, Islande, Israël, Japon, Liechtenstein, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Suisse, Taïwan, Turquie et le 28 Etats de l’UE.

 


Où est passé TISA ?

 Pendant que les négociations mondiales sur le climat battaient leur plein à Paris dans le cadre de la COP21, d’autres discussions, bien plus discrètes et très opaques, se tenaient en parallèle à Genève.

48 pays participant à la négociation TISA se sont réunis en Suisse pour établir en secret un projet de commerce en convention de services (TISA, « Trade in Services Agreement »). Le but paradoxal est d’encadrer les entreprises et les états signataires par des « règles libérales de déréglementation » afin d’assurer plus de profit aux groupes transnationaux, au détriment des salariés, des artisans, des agriculteurs, des utilisateurs de services et de l’environnement.

TISA est conçu pour remplacer l’accord général sur le commerce des services (AGCS) et l’accord de libre-échange (ALE), et à restreindre le droit des gouvernements à réglementer et à investir pour le bien commun dans leur propre pays.

A l’occasion de cette dernière réunion, la Secrétaire Générale Internationale des Services Publics Rosa Pavanelli a déclaré : « Nous demandons à nos organisations affiliées d’exhorter leurs gouvernements nationaux de se retirer de discussions sur ce projet de convention de services de commerce, et de mobiliser les salariés et les populations contre cet accord qui est une atteinte à l’intérêt public. Nous sommes convaincus que le but est le transfert de services publics dans les mains de sociétés privées et étrangères motivées uniquement par le profit. Cela va leur permettre de saper les droits des personnes et l’accès abordable à des services publics essentiels tels que la santé, l’eau et l’assainissement, l’énergie, l’éducation, les services sociaux et les pensions, ainsi que d’exploiter les biens collectifs et les ressources naturelles « .

Les pays concernés qui se présentent eux-mêmes comme « très bons amis en matière de services » sont tous membres de l’organisation mondiale du commerce (OMC), et représentent la plupart des membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en plus de huit pays en développement. L’accord proposé vise à libéraliser la quasi-totalité du commerce et des services, incluant le bâtiment, les services financiers, les services publics ainsi que les entreprises et les services professionnels.

Madame Pavanelli a ajouté : « Si les gouvernements sont tellement convaincus qu’ils travaillent dans l’intérêt du peuple qu’ils représentent, pourquoi continuent-ils à mener ces négociations secrètes et non démocratiques ? Cet accord est pourri sous bien des aspects. Il est inacceptable que nos propres gouvernements nous excluent de la discussion des lois et des politiques qui auront un impact sur la justice sociale et économique, l’égalité et la condition de vie de milliards de personnes. En outre, il apparaît que les chefs de gouvernements n’ont rien appris de la crise financière : au lieu d’adopter une réglementation financière plus stricte et de soutenir l’investissement public, ils se aux intérêts et des marchés des entreprises par la vente de nos communautés. »

TISA favorise également la libéralisation de ce qu’on appelle le mouvement temporaire des personnes physiques, qui sont en fait des travailleurs migrants, sans garantir la protection juridique de leurs droits humains. Les travailleurs sont considérés comme une marchandise alors que la question de la migration est en dehors de la compétence des accords de commerce et doit être traitée par le cadre tripartite de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Depuis, silence radio ! Où est passé TISA ?

L’Internationale des services publics n’est pas la seule organisation à exiger que les pays qui négocient excluent tous les services publics du champ d’application d’un tel accord. La Confédération syndicale internationale (CSI), la Confédération européenne des syndicats (CES) soutiennent la demande et plus de 340 grandes organisations de la société civile se sont réunis pour dénoncer l’accord. Les groupes, représentant des dizaines de millions de personnes dans les pays à travers le monde, ont signé une lettre commune appelant les gouvernements et l’Organisation mondiale du commerce à abandonner les pourparlers.

« Il est temps d’appeler à la transparence. Il est temps pour les médias de mettre en évidence ce qui se passe en secret. Il est temps pour les gens de décider ce qui est bien pour eux-mêmes », a conclu Madame Pavanelli.


WikiLeaks : transport, énergie et environnement au menu de l’accord sur le commerce des services (TISA)

Pendant que les négociations mondiales sur le climat battent leur plein à Paris dans le cadre de la COP 21, d’autres discussions, bien plus discrètes et très opaques, se tiennent en parallèle à Genève. Nom de code Tisa : pour Trade in Services Agreement, l’accord sur le commerce des services. Une cinquantaine d’Etats (1) – dont les 28 de l’Union européenne, mais ni le Brésil, ni la Chine, ni l’Inde – en sont parties prenantes. Ils s’appellent, entre eux, les «très bons amis des services». Objectif : mettre sur pied un accord multilatéral qui réduise au minimum les barrières à la concurrence. Puis tenter de l’étendre plus largement dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La «libéralisation progressive» des activités de services figurait déjà dans un texte bien antérieur, l’accord général sur le commerce des services (AGCS), une annexe à l’accord de Marrakech qui, en 1994, créait l’OMC. Mais les «négociations successives» prévues pour «élever progressivement le niveau de libéralisation» n’ont pas abouti comme prévu. Après l’échec du cycle de Doha, les «très bons amis des services», Etats-Unis et Australie en tête, ont initié en 2012 des discussions multilatérales. Les négociations sur le Tisa ont officiellement commencé en 2013. En juillet 2015, 13 rounds de négociations s’étaient déjà tenus, indique le site du ministère des Affaires étrangères.

«Limiter les réglementations gouvernementales»

Du contenu même de ces discussions, rien n’avait filtré jusqu’à l’an dernier, si ce n’est les propositions initiales d’une poignée de parties prenantes. Et pour cause, les documents de travail étaient censés rester secrets pendant cinq ans après l’entrée en vigueur de l’accord final qui, seul, aurait été rendu public… En juillet 2014, WikiLeaks en révèle l’un des chapitres, celui consacré aux services financiers, dans une version datée d’avril. Depuis, l’organisation de Julian Assange a publié, en juin et juillet 2015, diverses versions de travail concernant une dizaine d’annexes au Tisa – commerce électronique, transport maritime, télécommunications, transport aérien… –, ainsi que le texte-cadre, dans son état d’avancement d’avril 2015.

Les promoteurs de l’accord insistent évidemment sur les opportunités en matière de croissance et d’emplois, comme en témoigne l’argumentaire publié sur le site de la Commission européenne. La société civile, elle, ne l’entend pas de cette oreille. Syndicats et associations, déjà mobilisés sur d’autres projets d’accords – tels le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) négocié entre l’Europe et les Etats-Unis et son équivalent transpacifique (TPP) –, dénoncent aussi bien l’opacité des discussions que leur teneur dérégulatoire. En Europe, des parlementaires commencent à demander des comptes. Au point que la Commission a déclassifié, en mars, son mandat de négociation, comme elle l’avait fait cinq mois plus tôt pour le TTIP.

Ainsi l’Internationale des services publics (ISP), une coalition syndicale qui regroupe 20 millions de travailleurs dans 154 pays, écrivait-elle en juillet que «cet accord viendrait interdire ou limiter les réglementations gouvernementales qui entravent les activités et les bénéfices des principales multinationales du secteur», et exprimait ses «craintes que les négociations n’aient d’autre objectif que d’imposer une libéralisation extrême des services publics». Ce dont la Commission européenne, notamment, se défend, arguant qu’elle exclut du périmètre les services régaliens, la santé et l’éducation publiques, l’audiovisuel et les services liés à l’eau. Loin d’être suffisant pour les opposants, d’autant que le Tisa prévoit une clause à «effet cliquet» (ratchet clause) en matière de traitement des fournisseurs de services, qui rendrait irréversible toute nouvelle libéralisation.

Harmonisation à la baisse

Les nouveaux documents publiés ce jeudi par WikiLeaks, en partenariat avec plusieurs médias européens (dont Libération), qui concernent le transport routier, l’énergie et les services environnementaux et datent de décembre 2014 et juillet 2015, ne seront pas de nature à rassurer ceux qui s’inquiètent des effets possibles du Tisa. D’ores et déjà, la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) dénonce le risque de dumping social, ses conséquences sur les conditions de travail des employés du secteur et sur la sécurité des routes. «Au prétexte de faciliter le commerce, les régulations environnementales risquent d’être « harmonisées à la baisse » pour s’aligner sur le plus petit dénominateur commun, et les services publics écologiquement sensibles courent le danger d’être privatisés», dénonce de son côté l’ONG les Amis de la Terre.

Et si la proposition de l’Islande et de la Norvège sur les services énergétiques réaffirme que chaque Etat partie prenante de l’accord doit conserver «le droit de réguler et d’introduire ou de maintenir des mesures ayant un impact sur le commerce des services liés à l’énergie, afin d’atteindre les objectifs légitimes de politique nationale», il s’agit bien, in fine, de «limiter les distorsions de marché et les barrières à la compétition», y compris celles «provenant de la position dominante des entreprises nationales du secteur de l’énergie». Au terme du texte, aucune différence n’est faite entre les énergies elles-mêmes – du fossile au renouvelable. Pour Rosa Pavanelli, la secrétaire générale de l’ISP, la publication de ces nouveaux documents met en lumière le double discours des «très bons amis des services» : «Tandis que des objectifs ambitieux sont discutés à Paris, à Genève, on renonce aux moyens d’y parvenir pour préserver les intérêts des plus grandes entreprises de la planète», a-t-elle déclaré. Et d’en appeler, de nouveau, à plus de transparence sur le contenu des négociations.

Voir l’ensemble des documents sur le site de WikiLeaks.

(1) Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée du Sud, Costa Rica, Hongkong, île Maurice, Islande, Israël, Japon, Liechtenstein, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Panama, Pérou, Suisse, Taiwan, Turquie, Etats-Unis et les Etats de l’Union européenne.

Amaelle Guiton avec Julian Assange


TISA : on ne parle plus d’État dans les textes d’étude

Rien ne change ! En dépit des crises financière et environnementale, illustrant des échecs patents, malgré les critiques venues aussi bien de personnalités politiques, d’associations, de la société civile, ils n’en démordent pas : la déréglementation de tout reste leur horizon indépassable. C’est ce qui transparaît des nouveaux documents révélés par WikiLeaks sur l’accord en cours de négociation sur les services (Trade in services agreement ou Tisa) publiés en partenariat par Mediapart et 12 autres médias et organisations internationaux. Les « très bons amis des services », comme ils se surnomment entre eux, continuent leurs discussions souterraines pour pousser toujours plus loin l’abaissement des normes et des droits sociaux et environnementaux, l’affaiblissement des États, face à la puissance de l’argent.

Sans WikiLeaks, Tisa serait resté un nom inconnu. Personne n’aurait rien su des négociations souterraines de ce traité qui se veut le pendant du traité commercial transatlantique (Tafta ou Ttip), discuté dans les mêmes conditions d’opacité. Les parlementaires auraient découvert un jour un traité qu’ils sont censés approuver d’un bloc, sans possibilité d’amendement ou de discussion. Ils n’auraient même pas pu avoir accès aux travaux et documents de travail qui sont en train de servir à l’élaboration du texte : tout est censé rester classé « secret défense » ou plus exactement « secret affaires » pendant cinq ans après l’adoption du traité.


La Norvège et l’Islande ne s’y sont pas trompées. Les deux pays, très impliqués dans l’énergie et la transition énergétiques, ont fait une proposition commune dans le cadre de ces négociations secrètes. Publiée par WikiLeaks, celle-ci révèle en creux le projet général des négociations :un abandon total de la souveraineté des États en matière d’énergie pour laisser la place aux « spécialistes », les géants du secteur.

Tout en plaidant pour la levée des barrières s’opposant à une plus grande compétition dans les services, les deux pays insistent sur le fait« que chaque partie [on ne parle plus d’État dans les textes d’étude de Tisa – ndlr] conserve le droit de réguler et d’introduire ou de maintenir des mesures concernant les services à l’énergie afin de répondre aux objectifs légitimes de politique nationale ». Une limitation des pouvoirs des États en ce domaine aurait-elle donc été envisagée, pour que les deux États éprouvent le besoin de rappeler ces droits ?  L’explication fournie par les deux pays dans un argumentaire venant compléter leur projet et publié aussi par WikiLeaks laisse soupçonner le pire : « Le droit des parties de réguler les services et d’introduire de nouvelles régulations pour répondre à des objectifs politiques nationaux est particulièrement pertinent en matière de services à l’énergie », expliquent les deux pays.


Les multinationales ne cachent plus leur volonté de se débarrasserde toutes les contraintes environnementales et réglementaires imposées par les Etats, qui font obstacle, expliquent-elles, au développement et à l’exploitation des ressources énergétiques et minières.Le gouvernement français lui-même semble sensible à leurs arguments, et prendre la voie tracée dans le cadre des négociations de Tisa.


Bienvenue dans le monde des services mondialisés, des travailleurs détachés, sans droit, sans loi. « Si ce projet de Tisa est instauré, nous assisterons dans le transport routier à ce qui s’est passé dans d’autres secteurs : cela va servir à consolider le pouvoir des multinationales », préviennent Mac Urata et Sarah Finke, responsables de la Fédération internationale des salariés du transports (ITF) dans une réponse elle aussi révélée par Wikileaks (lire ci-dessous). « ITF croit qu’il est important pour les gouvernements de développer une politique de transports correspondant au niveau de développement des pays. En principe, chaque pays devrait fonder sa politique sur des objectifs et des programmes sociaux et économiques (…) Ce n’est pas la façon dont les champions de Tisa veulent organiser le monde. Les conséquences combinées des propositions de Tisa constitueraient d’importants obstacles pour n’importe quel Etat désireux d’investir et de gérer ses infrastructures nationales, de planifier leur développement ou de défendre des normes sociales et de santé dans l’industrie du transport elle-même », dénoncent-ils, avant de rappeler les dégâts causés dans ce milieu par les chauffeurs envoyés de l’Europe de l’Est, exploités et sous-payés. « Et bien sûr, ce texte a été négocié en secret, sans discussion significative, sans possibilité d’inclure des clauses environnementales ou sociales », ne peuvent-ils s’empêcher de relever.

Ainsi va le monde des « très bons amis des services ». Et tous les dirigeants politiques nationaux comme européens se taisent, gardant le silence sur ces négociations aussi opaques que le traité transatlantique. Pendant combien de temps encore vont-ils continuer à cacher leur jeu?

Voir —>  https://wikileaks.org/tisa/


TISA : un clone de l’AGCS pour privatiser les services de santé

Les négociations secrètes autour d’un accord sur le commerce des services (ACS, TISA en anglais) porte sur la marchandisation des services de soins et de santé, révèle un document de travail divulgué récemment. Dans le même esprit, le mouvement de privatisation des services de santé et de sécurité sociale en Europe est en marche, ce que révèle aussi un article de la loi Macron.

Les services publics de soins et de santé ainsi que les systèmes de sécurité sociale obligatoire sont dans le collimateur de plusieurs traités désireux de libéraliser le commerce mondial des services. A quelques variantes près, les mêmes chapitres jalonnent le projet de Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (PTCI, TTIP en anglais) entre les États-Unis et l’Union européenne, popularisé sous le sigle TAFTA par les ONG opposées à ces traités néolibéraux. Il en est de même pour l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais) entre le Canada et l’Union européenne, et l’Accord sur le commerce des services (ACS, TISA en anglais), un accord commercial plurilatéral dont les négociations sont secrètes. Ce dernier est un clone de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), inscrit dans les statuts de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Cette impressionnante liste de traités en projet ou quasi prêts à être adoptés n’existerait pas sans la volonté de la Commission européenne et du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernements d’avancer sur la discrète et controversée mise sur le marché de services publics de santé et de sécurité sociale obligatoire. En témoigne en France l’absence de débat parlementaire sur ce sujet majeur qui est pourtant inscrit dans le projet de loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’Économie Emmanuel Macron.

La santé dans la loi Macron

Il n’a pas échappé aux cabinets juridiques privés et publics que le projet de loi Macron contient un court article, peu compréhensible pour les néophytes, mais d’un grand intérêt pour les entreprises transnationales. Le gouvernement de Manuel Valls, soucieux de ne pas indisposer sa gauche, a été d’une discrétion de violette sur cet article 57 qui réformera la commande publique et les services publics. En clair, il s’agit de transposer par ordonnances, avant avril 2016, un « paquet » de trois directives européennes adoptées en 2014, qui concernent les contrats de concession, la passation des marchés publics dans les « secteurs classiques » et la passation des marchés publics dans les « secteurs spéciaux » (eau, énergie, transports et services postaux)

Les services de santé dans la loi Macron

Les directives européennes sur les contrats de concessions et la passation des marchés publics adoptées le 26 février 2014, qui doivent être transposées avant avril 2016 dans le cadre de la loi Macron, contiennent les mêmes dispositions concernant les services de santé et de sécurité sociale obligatoire. Il s’agit de l’article 19 (concessions) et de l’article 74 (marchés publics). Il y est clairement indiqué que des marchés peuvent être attribués par les États membres « pour des services sociaux et d’autres services spécifiques » énumérés dans les annexes IV et XIV. Les annexes des directives concessions et marchés publics listent la nomenclature des services « visés » : Les services sanitaires, sociaux et connexes ; les services administratifs, sociaux, éducatifs et culturels et soins de santé (dans lequel sont inclus des services de la sécurité sociale) ; des services de sécurité sociale obligatoire. Ces derniers services comportent une note, qui a été ajoutée pour obtenir un compromis entre le Parlement européen et la Commission européenne. Elle mentionne dans une première phrase que « ces services ne relèvent pas de la présente directive lorsqu’ils sont organisés comme des services non économiques d’intérêt général ». Une deuxième phrase a été ajoutée : « Les États membres ont la faculté d’organiser la fourniture de services sociaux obligatoires ou d’autres services tels que des services d’intérêt général (SIG) ou des services non économiques d’intérêt général (SNEIG) ». Cette disposition confirme que les États membres peuvent attribuer s’ils le souhaitent des marchés de services de sécurité sociale obligatoire, sachant que les SIG sont intégrés dans le marché européen des services et donc soumis à « la concurrence libre et non faussée ». Le législateur n’a pas explicitement exclu la sécurité sociale obligatoire du champ de ces directives. Ainsi, les directives ouvrent la porte à la privatisation de services publics de santé obligatoire. C’est pourquoi les articles 19 et 74 existent. Les considérants des directives ne font que préciser : « la présente directive ne devrait pas affecter la législation des États membres en matière de sécurité sociale ». Voilà pourquoi c’est écrit au conditionnel…

Ces directives élargissent le périmètre des services relevant des procédures de partenariat public-privé, de délégation de services publics (DSP) ou de concession. L’attribution de contrats de concession ou de DSP, et donc l’application des règles de concurrence et de libre jeu du marché, s’applique à une longue liste de services sanitaires et sociaux, notamment des services hospitaliers, des services médicaux réalisés par des médecins spécialistes, infirmiers, ambulanciers, des services de crèches et garderies d’enfants, des services sociaux pour les personnes âgées, etc. Il apparaît aussi que des États de l’Union européenne pourront organiser leurs services de sécurité sociale obligatoire à travers des contractants privés (voir encadré).

On trouve dans les pays membres de l’UE la même volonté d’appliquer les principes et obligations de l’AGCS dans des programmes d’austérité qui s’en réfèrent au travers des traités européens. La divulgation, le 3 février, par l’Internationale des services publics (ISP), d’un document de réflexion dans le cadre des négociations secrètes autour de l’ACS vient ainsi conforter ce choix néolibéral aux conséquences désastreuses pour les peuples.

La santé dans l’ACS, clone de l’AGCS

L’ISP révèle le contenu d’une proposition, intitulée « Document de réflexion sur les services de soins de santé dans le cadre des négociations sur l’ACS » (voir le document en anglais), dans laquelle il est écrit qu’il existe « un incroyable potentiel inexploité en matière de mondialisation des services de soins de santé », résultant en grande partie du fait que les « services de soins de santé sont financés et fournis par l’État ou par des associations d’aide sociale, et qu’ils ne présentent, pour ainsi dire, aucun intérêt pour les concurrents étrangers, étant donné le manque d’opportunités pour développer des activités axées sur le marché ».

Selon l’ISP, « cette proposition, qui aurait été mise sur la table par le gouvernement turc, a été discutée en septembre dernier par les États membres de l’UE, lors des négociations sur l’ACS organisées à Genève. Elle prévoit une annexe sur les services de soins de santé dans le cadre de l’ACS, qui permettrait aux patients de se déplacer plus facilement à l’étranger pour bénéficier de services de santé. Le document explique ensuite que le commerce des services de santé peut créer de nouvelles opportunités et présenter de nombreux avantages pour les partenaires commerciaux ».

voir —> https://stoptafta.files.wordpress.com/2015/10/tisa_health.pdf

« Cette proposition conduirait à une hausse des coûts des soins de santé dans les pays en développement et entraînerait une baisse de la qualité dans les pays développés en Europe, en Amérique du Nord, en Australie, comme ailleurs », explique Odile Frank, qui s’est penchée sur ce document pour l’ISP. Une telle proposition viendrait non seulement accroître les coûts pour les gouvernements, mais également les primes des assurances santé. « Il est scandaleux que les propositions visant à démanteler le système de santé publique soient négociées dans le plus grand secret, et que les citoyen(ne)s doivent s’en remettre à des fuites d’informations pour découvrir ce que leurs gouvernements négocient en leur nom », déplore la secrétaire générale de l’ISP, Rosa Pavanelli.

La santé convoité par les transnationales

Selon l’ISP, l’ACS est défendu par certaines des plus grandes entreprises américaines du secteur des services et leurs groupes de pression, notamment l’American Insurance Association, des compagnies d’assurance américaines, telles que AIG et Prudential, ou encore des compagnies d’assurance-santé et invalidité, à l’instar de Liberty Mutual et de Metlife. On peut sans risque affirmer ici que les grandes entreprises européennes soutiennent également l’ACS au travers de l’European Services Forum (ESF), qui souhaite la conclusion d’un accord ambitieux « en 2015 » et que de « nouveaux services » soient couverts par le futur traité. Rappelons que l’ESF est membre de Global Services Coalitions avec la coalition américaine des industries de service (CSI).

Ce n’est un mystère pour personne que la Commission européenne pousse fortement à la libéralisation tous azimuts des services. Dans un communiqué de presse de la Commission européenne, daté du 15 février 2013, demandant le feu vert du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernements pour l’ouverture de négociations concernant l’ACS, on peut ainsi lire que « l’accord sera ouvert à tous les autres membres de l’OMC désireux de libéraliser le commerce international des services, dans l’espoir qu’il puisse, à terme, être intégré dans le système de l’OMC. Lors des entretiens préliminaires au lancement des négociations, l’UE a préconisé de façonner le futur accord de telle sorte à le rendre compatible avec l’accord général sur le commerce des services (AGCS) de l’OMC ».

Il est regrettable que ces orientations soient décidées en petit comité et ne fassent l’objet d’aucun débat démocratique.


Communiqué du Collectif Stop-Tafta de la Réunion

Après le succès de la pétition européenne contre les accords de partenariat et d’investissement transatlantique (TAFTA, CETA) qui a recueillie plus de 3 millions de signatures et dont 23 pays de l’Union Européenne ont atteint le quorum, une semaine d’action est organisée dans toute l’Europe contre ces accords qui menacent à la fois notre démocratie, notre mode de vie et le droit du travail.

Le Collectif Stop Tafta de la Réunion s’associe à cette action.

Nous rappelons que la libéralisation totale des échanges va se traduire par, à la fois une destruction des normes sanitaires et sociales mais aussi par la possibilité par des multinationales d’attaquer devant des tribunaux privés toutes les instances démocratiques, du plus haut de l’État , aux régions et aux municipalités.

Leurs décisions touchent entre autres, le droit du travail, le droit de légiférer, et la fin du principe de précaution.
Or l’actualité, de ces dernières années, nous a démontré quelle pouvait être la valeur de la preuve scientifique fournie par les laboratoires.

Comme le dit très justement le professeur Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie: « Imaginez ce qui se serait passé si de telles mesures avaient été en place quant les effets mortels de l’amiante ont été découverts. Plutôt que de fermer les usines et d’obliger les groupes à dédommager les victimes, selon cet accord, les gouvernements auraient dû payer les entreprises pour ne pas tuer leurs citoyens. »

Rejoignez les collectifs et apportez vos compétences dans tous les domaines, rien ne peut se faire sans les citoyens.

—-
Ces traités, Tafta, Ceta, Tisa poursuivent 5 objectifs :
– Appliquer les accords destructeurs de l’OMC. Déréguler, et ouvrir tous les marchés au secteur privé et détruire tous les services publics. Les ambitions de cette institution sont en effet de soumettre sans limite aux règles de la concurrence (santé, d’éducation, d’environnement, d’énergie, de transport, d’alimentation …)
– Aligner les normes européennes sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales et techniques en vigueur dans chacun des pays de l’Union Européenne sur les normes américaines qui favoriseront les intérêts privés (multinationales) qui iront à l’encontre de l’intérêt général.
Mettre en place des tribunaux privés qui permettrons aux multinationales d’attaquer les états les régions et les municipalité pour faire disparaître toute forme de protection sociale (fin d’un salaire minimun, fin de la gratuité de la santé, fin des minima sociaux, privatisation des services publiques (éducation)

– Ouvrir les marchés en Supprimant toutes les barrières douanières entre les USA et U.E et ainsi permettre l’inondation des marchés européens et locaux par les produits américains aux normes  discutables.
Rendre ce texte inattaquable une fois signée. permettre, aux lobby privés via une structure supra- nationale de continuer à faire évoluer le texte selon leurs intérêts sans recours possible des peuples concernés.

Quel danger pour la Réunion :

– L’exploitant d’ananas Victoria se verra concurrencer par l’ananas des EU…

– La « Vanille bourbon » sera laminée par la vanille agro-industrielle.

– L’importation massive de viande américaine de piètre qualité pourra faire chuter la production de viande locale.
– Les services de santé réunionnais se verront concurrencer par les multinationales de la santé, financées par les assurances privées (santé à plusieurs vitesses : de la qualité pour les riches et la santé publique appauvrie pour le reste de la population.)
– Les cantines, un marché essentiel pour le développement de l’agriculture locale et biologique, pourrait être déclarées hors-la-loi par un tribunal arbitral au motif du non-respect de la libre concurrence.
– La privatisation annoncée de la gestion de l’eau et de l’énergie coûtera très cher aux réunionnais. (hausse des tarif pour remplir les poches des actionnaires.)
En conséquence, le TAFTA transformera toute notion de service public en service rendu commercial et payant.
En conséquence, nous demandons à l’Élu-e de :

  • manifester son opposition à ces deux traités (CETA et TAFTA) dont l’objectif vise la dérégulation, la marchandisation et la libre concurrence
  • dénoncer également la négociation des accords sur les services (TISA)
  • demander un moratoire sur les négociations de ces traités
  • demander la diffusion immédiate des éléments de la négociation
  • refuser toute tentative d’affaiblir le cadre réglementaire national ou européen en matière d’environnement, de santé, d’agriculture, de protection des travailleurs et des consommateurs
  • de se déclarer hors zone d’application du Grand Marché Transatlantique

Le Collectif Stop Tafta de la Réunion

Mercredi 14 Octobre 2015 – 16:06

Opération 15.15.15


La Ville de Genève se déclare «zone hors TiSA»

Une majorité des élus a accepté une résolution hostile à une négociation entre Etats qui menacerait les services publics.

Image d'illustration

Image d’illustration Image: DR

 La gauche, le MCG et l’UDC du Conseil municipal de la Ville de Genève ne veulent pas que des entreprises puissent saisir des tribunaux pour casser le monopole de certains services publics. Mercredi, ces élus ont adopté une résolution dénonçant les négociations qui se tiennent en catimini à Genève en vue d’aboutir à un accord sur le commerce des services (TiSA en est l’acronyme anglais).

Seuls le PLR et le PDC ont combattu ce texte, contestant principalement que la Ville de Genève puisse avoir la moindre influence sur un sujet traité au niveau des Etats. «Nous aimerions pouvoir nous occuper davantage de dossiers qui touchent directement les Genevois», a plaidé le PDC Jean-Charles Lathion.

«Aux villes d’agir!»

Pour le Vert Jean Rossiaud, la Ville de Genève a au contraire un rôle à jouer, tout comme les autres communes. «Les Etats sont empêtrés dans leurs liens diplomatiques, estime-t-il. C’est aux villes et aux communes d’agir et de promouvoir l’opposition à TiSA.»

Le PLR Adrien Genecand a choisi l’ironie, conseillant aux élus de gauche de signer l’initiative de l’UDC prônant la primauté du droit national sur le droit international. Plus sérieusement, il a aussi déploré les attaques contre la Genève internationale.

Culte du secret dénoncé

Mais pour la majorité, cela n’a rien à voir. «Cet accord est une bombe à retardement, a averti le Vert Alfonso Gomez. S’il est conclu, il donnera la possibilité à des entreprises d’attaquer des Etats dans le but de démanteler leurs services publics afin de s’emparer de ces marchés. Voilà pourquoi nous vous demandons de déclarer la Ville de Genève zone hors TiSA.»

Au-delà de l’objectif des négociations qui se déroulent depuis trois ans à l’ambassade d’Australie à Genève, c’est leur caractère secret que dénonce la résolution. «Nous exigeons la publication immédiate du contenu de ces négociations», a rappelé Pierre Gauthier (Ensemble à Gauche). La résolution a été acceptée par 51 oui contre 21 non et 1 abstention. (TDG)

(Créé: 07.10.2015, 22h24)


Les 3 T ( TTIP, TiSA, TPP ) qui est concernés ?


« Commerce des services (TiSA) » : Ce que l’Uruguay peut, d’autres le pourraient…

C’est avec une immense satisfaction que le Collectif Stop TiSA ! a pris acte de la décision du gouvernement de l’Uruguay de se retirer de la négociation actuellement en cours à Genève de l’ Accord sur le commerce des services, plus connu sous son acronyme anglais TiSA (Trade in Services Agreement).

C’est parce que l’objectif primordial de TiSA – l’ouverture au marché privé de l’ensemble du commerce des services menace directement l’accès de l’ensemble de la population aux services essentiels, en particulier à l’eau potable, aux semences saines, aux soins de santé – que le gouvernement uruguayen a pris cette décision.

C’est sous la pression des organisations syndicales et des mouvements populaires opposés à la mainmise des multinationales sur la satisfaction des besoins essentiels de la population que le gouvernement de l’Uruguay a pris cette décision que nous saluons.

Mais, si la libéralisation du commerce des services aurait des conséquences délétères sur les populations du Tiers monde, ses effets se feraient sentir aussi pour les populations des pays dits développés.

La mise en concurrence avec le secteur privé de l’enseignement ou des systèmes de soins publics aurait en effet des effets néfastes pour la majorité des usagers/ères tout comme pour les employé.e.s de ces services, les standards du privé s’imposant, par le « jeu de la concurrence » sur ceux du service public.

D’autre part, la volonté affichée des pays qui négocient TiSA de supprimer tous les obstacles à l’enrichissement sans limites des entreprises pourvoyeuses de services ne peut qu’entraîner des dégâts majeurs, tant en matière de contrôle des activités bancaires et financières que de protection de l’environnement ou de la qualité alimentaire.

C’est pourquoi nous considérons que ce que l’Uruguay peut, d’autres aussi le peuvent ; à ce titre, nous exigeons que, dans l’intérêt de la population de la Suisse et de celles des pays pauvres, le Conseil fédéral se retire aussi des négociations en cours à Genève.

Comme ce fut le cas pour le gouvernement uruguayen, en Suisse aussi, c’est grâce à la pression d’un vaste mouvement populaire que le Conseil fédéral pourra être amené à prendre une telle mesure.

Les décisions récentes de plusieurs villes –Lausanne, Renens, Meyrin, Carouge…- de se déclarer « zone hors TiSA » constituent un premier pas en ce sens, mais encore insuffisant.

C’est pourquoi le Collectif Stop TiSA appelle les partis et syndicats, les mouvements et associations, les hommes et les femmes de ce pays qui n’acceptent pas que nos vies soient sources de juteux profits pour les multinationales, à construire, ensemble, un vaste front pour que, à l’instar du gouvernement uruguayen, la Suisse se retire de la négociation de TiSA.

source : http://www.cgas.ch/SPIP/spip.php?article2977


10 raisons de craindre le TTIP / TAFTA

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ICE auto-organisée : 2 600 000 signatures !!!

ICE 2 600 000

L’objectif est de 3 000 000pour le 6 octobre 2015 !!!

participez à l’assaut final !!!

—> https://stop-ttip.org/fr/promesses-de-signatures/?noredirect=fr_FR 

—> https://stop-ttip.org/fr/signer/.   


10 au 17 octobre 2015 : mobilisation internationale contre le TTIP/Tafta (UE-USA), CETA (UE-Canada), TPP (trans-pacifique) et TiSA (services).

La semaine du 10 au 17 octobre 2015 est la semaine de mobilisation internationale contre les traités de libre-échange TTIP/Tafta (UE-USA), CETA (UE-Canada), TPP (trans-pacifique) et TiSA (services).

Le 10 octobre prochain des manifestations auront lieu partout en Europe et en Amérique du Nord, similaires aux 700 actions qui ont été répertoriées pour la dernière journée de mobilisation du 18 avril 2015. Certains pays comme l’Allemagne et Les Pays-Bas organisent également des événements centralisés. A Bruxelles, le 15 Octobre, une action d`encerclement du sommet Européen aura lieu pour demander une autre Europe, sans austérité et sans traités de libre échange. S`en suivra le 16 Octobre un contre-sommet Européen avec beaucoup d`événements d`information et une grande manifestation européenne le 17 Octobre.

Vous trouverez les manifestations qui auront lieu près de chez vous sur le site internet dédiée à cette semaine de mobilisation (10 – 17 octobre). Et s’il n’y a rien n’est annoncé dans votre région, pourquoi ne pas créer un événement et l’inscrire sur la carte !

Des actions sont prévues à Bruxelles pour bloquer la tenue du conseil européen des 15 et 16 octobre et perturber le bon fonctionnement de la machine capitaliste.
Le 17 octobre se déroulera un
e manifestation internationale. 

Afin d’accueillir les militants, un camp libre à proximité des institutions européennes sera mis en place. Ce sera l’occasion de renforcer nos liens et notre unité par le partage d’informations, de moyens d’action et par la solidarité concrète dans la lutte. Nous y préparerons les actions qui perturberont au maximum ce conseil européen et le monde qui va avec !
 

La plateforme luxembourgeoise Stop TTIP appelle le gouvernement et le parlement luxembourgeois à s’opposer clairement au (TTIP), lors d’une manifestation devant la Chambre des députés

Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, devant la Chambre des députés où la plateforme Stop TTIP a organisé une manifestation contre le TTIP (Source : Plateforme Stop TTIP)

Le 28 avril 2015, une entrevue a eu lieu à la chambre des députés du Luxembourg sur l’Accord sur le commerce des services (TiSA) et le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE ou ISDS) entre Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et trois commissions parlementaires (Finances et Budget, Affaires étrangères et européennes ainsi que Economie). L’eurodéputée luxembourgeoise et ancienne commissaire européenne Viviane Reding, qui plaide pour une Cour internationale d’arbitrage, y a également participé.

Cette entrevue était l’occasion pour la plateforme luxembourgeoise Stop TTIP, composée d’ONG et de syndicats luxembourgeois, d’organiser une manifestation devant la Chambre de députés lors de laquelle les organisateurs ont appelé le gouvernement et le parlement luxembourgeois à s’opposer clairement au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).

Il est « inacceptable » que le gouvernement et le parlement luxembourgeois ne prennent pas de position, et cela depuis des mois, alors que la résistance de la société civile ne cesse de croître, écrivent les organisateurs dans un communiqué. Pour la plateforme Stop TTIP, le TTIP, le TiSA et l’accord de libre-échange avec la Canada (CETA) constituent un « danger pour la démocratie et l’Etat de droit ainsi que la protection de l’environnement, des travailleurs et des consommateurs ».

Quant au TiSA, la plateforme met en garde contre une « fin des services publics » en Europe, car une libéralisation des services serait irréversible. Elle critique le fait que seulement des services énumérés sur une « liste négative » peuvent être exclus d’une libéralisation, ce qui augmenterait le risque de libéralisation pour de nouvelles branches.

La plateforme appelle le gouvernement et le parlement luxembourgeois à prendre position contre l’ISDS, en rappelant que plusieurs commissions du Parlement européen se sont exprimées contre l’ISDS. La plateforme appelle également les six eurodéputés luxembourgeois de s’engager pour une suspension des négociations du TiSA et du TTIP et contre le CETA. Pour rappel, la commission « au fond » au Parlement européen, celle du commerce international (INTA), doit voter un rapport sur le TTIP le 28 mai 2015, en tenant compte des avis des autres 13 commissions parlementaires.

La plateforme rappelle encore que l’initiative européenne citoyenne (ICE) pour un arrêt des négociations sur le TTIP, lancée par l’initiative « Stop TTIP » et rejetée par la Commission européenne, a récolté jusqu’à présent plus de 1,7 million de signatures, dont 6 300 proviennent du Luxembourg.

L’eurodéputée luxembourgeoise et ancienne commissaire européenne Viviane Reding a plaidé pour une Cour internationale d’arbitrage, d’autant plus que « le Luxembourg a conclu 1400 accords bilatéraux » dans ce sens. Elle a insisté sur le fait que seulement les grandes entreprises seraient à même de payer les frais d’un tel procès, selon ses propos retransmis sur les ondes de 100,7.

Le député luxembourgeois Justin Turpel s’est félicité du fait que le rôle des ONG et de la société civile et les ONG ait été « reconnu » lors de cette entrevue. Ceux-ci pointent du doigt les vrais problèmes du TTIP alors que les négociations se dérouleraient « en secret »,


Les Syndicats uruguayens rejettent TISA

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Syndicalistes défendent leurs emplois

Dans les rues de Montevideo, Urugauy, les protestations des travailleurs intesifican après l’annonce de l’adhésion éventuelle de son pays au Traité international sur le commerce des services (TISA), parce qu’ils se sentent en danger la souveraineté nationale et l’économie, étant placé dans les mains des grandes entreprises capitalistes.

Ils avertissent que ne se arrêtera pas les manifestations contre le TISA

Les plus de 10 syndicats coordonnés par le centre PIT-CNT ont fermé les rues pendant plus de quatre heures exigeant que la décision d’entrer dans le TISA, devrait être discuté démocratiquement et non pas en secret, pour trouver des solutions ensemble, sur la base des avis de les travailleurs.Les syndicats ne se arrêteront pas leur lutte pour rejeter la TISA

À cet égard, Fernando Pereira, l’un des coordinateurs du mouvement syndical croit que cette union représente un retard pour l’économie de l’Uruguay, qui suggère de renforcer les liens avec les blocs régionaux comme le Mercosur, par des accords bilatéraux pour promouvoir le libre-échange services, sans compromettre l’autonomie de la nation.

Pendant les manifestations, ont profité de l’occasion pour exiger la réduction des heures de travail, le soutien aux petits entrepreneurs, augmentation des salaires et un ajustement approprié dans le paiement de l’impôt sur le revenu des particuliers (impôt sur le revenu).Dans la vidéo: protestations des travailleurs de l’Union de l’Uruguay à TISA

Pour la prochaine 1er mai la Journée internationale des travailleurs, est prévue une autre grande mobilisation syndicale contre le syndicat de l’Uruguay à TISA.

Jusqu’à présent, il ya 24 participants TISA: Australie, Canada, Chili, du Taipei chinois, Colombie, Costa Rica, l’Union européenne, Hong Kong (Chine), l’Islande, Israël, Japon, Liechtenstein, Nouvelle-Zélande, Norvège, Mexique, Pakistan, Panama, le Paraguay, le Pérou, la Corée du Sud, Suisse, Turquie, États-Unis et, plus récemment, l’Uruguay.


La Ville de Genève organise une séance d’information sur l’accord Tisa

La Ville de Genève organise une séance d‘information sur l’accord Tisa
Les intervenants de cette soirée seront les suivants :
  • Isolda Agazzi, responsable de politique de développement chez  Alliance sud,
  • Stefan Giger, secrétaire général du Syndicat des services publics (SSP-VPOD),
  • Monsieur l’Ambassadeur Winzap, représentant du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO),
  • avec la participation de Mme Sandrine Salerno, conseillère administrative de la Ville de Genève, comme modératrice.

le mardi 26 mai dès 18h00 au Palais Eynard.


NOS ETATS SE FONT ATTAQUER ! la vidéo

le 18 avril à Bruxelles et partout en France —> https://stoptafta.wordpress.com/2015/03/15/journee-mondiale-daction-18-avril-2015-les-peuples-et-la-planete-avant-les-profits/


LE TAFTA NE PASSERA PAS : la vidéo

merci au Collectif StopTafta 49 Angers


Journée mondiale STOPTAFTA : les affiches

autocol 1 des fermes pas des usines Capture

autocol 2 sauvons le climat pas le tafta

autocol 3 des hackers pas des traders

autocol 4 des hopitaux pas des tribunaux arbitraux

autocol 5 des fromages pas des forages

autocol 6 de la solidarites pas de la competivite

autocol 7 des apiculteurs pas des agromanageurs

autocol 8 du social pas du commercial


Campagne participative : Appel pour la mobilisation du 18 avril

Nous pouvons contribuer chacune, chacun pour appeler à la mobilisation du 18 avril, pour la journée internationale d’actions contre le TAFTA !

Allez, faites marcher votre imagination, vos appareils photos, vos webcams…

Prenez des photos de portraits en tenant une pancarte avec un slogan anti TAFTA. Et pourquoi pas avec une grimace, qui représente ce que ce traité et ses conséquences éveillent en vous ?
Dégoutés, en colère, atterrés, révoltés ?
Montrez-nous vos plus belles grimaces anti-TAFTA !

tafta-appel-18-avril-groupe

Vous pouvez envoyer vos clichés au stoptaftaangers@free.fr

Ne vous inquiétez pas, même si vos photos ont des imperfections, elles seront améliorées. Elles seront publiées sur notre site et notre Twitter. Soyez en sûrEs, elles seront bien accueillies et redifusées…

Si on peut avoir un nombre suffisant de photos on peut fera un petit clip.

IMPORTANT : Pour une meilleure visibilité sur les réseaux, prenez vos photos en format « paysage » (format couché) et non en format « portrait » comme le cas des photos ci-dessus. Et la vidéo nécessite également le format « paysage ».


TAFTA : TOUT CE DONT NOUS NE VOULONS PAS !

Pour l’agriculture paysanne : Stop TAFTA !

Alors que l’agriculture à taille humaine et respectueuse de l’environnement étouffe déjà sous le rouleau compresseur de l’industrialisation, TAFTA déversera un déluge de produits agricoles à bas coût qui détruiront les filières agricoles, dérèglementera l’utilisation de pesticides, renforcera les droits de propriété intellectuelle qui bénéficieront aux multinationales semencières et chimiques, facilitera l’utilisation des OGM et mettra à terre le système AOC [2] / IGP [3] . Il poussera les paysans à la faillite, accélèrera le dépeuplement des campagnes, la transformation de nos fermes en usines, et installera encore plus profondément la malbouffe au cœur de nos vies.

Pour la santé : Stop TAFTA !

Alors que les systèmes de santé européens sont sous la pression constante des politiques d’austérité, le TAFTA vise à ouvrir des pans entiers de la protection sociale, de nos systèmes médicaux et hospitaliers aux intérêts des multinationales, et à faire primer ceux-ci sur l’intérêt général. Brevets sur les médicaments renforcés ; attaques contre la transparence des essais cliniques ; nouvelles armes données aux multinationales, y compris du tabac, pour attaquer les législations sur la santé publique ; abaissement des normes sanitaires et phytosanitaires : le TAFTA nuit gravement à la santé.

Pour le climat : Stop TAFTA !

Alors que la crise climatique est le plus grand défi du XXIe siècle, le TAFTA va à l’encontre de la transition énergétique et écologique dont nous avons besoin pour éviter le désastre. Le TAFTA donnera de nouvelles armes aux pétroliers pour tuer les initiatives et le développement des technologies de la transition et empêchera d’interdire les méthodes d’extraction climaticides (gaz de schistes, sables bitumineux, etc.). De plus, l’augmentation des flux de marchandises de part et d’autre de l’Atlantique va à contre courant de la nécessaire relocalisation de nos économies. L’adoption du TAFTA enverrait un message clair : Game Over pour le climat.

Pour l’emploi : Stop TAFTA !

Alors que les travailleurs américains souffrent du refus de leur pays de ratifier les conventions internationales les plus basiques en matière de droits sociaux, le TAFTA vise à renforcer la concurrence entre les travailleurs des deux côtés de l’Atlantique. L’accord facilitera la course aux bas salaires et au droit du travail dérégulé. Il permettra aux multinationales d’accroître les pressions à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. Les effets de la compétitivité par le bas ne s’arrêtent pas là : des études tirent la sonnette d’alarme et prédisent jusqu’à 600 000 pertes d’emplois en Europe dans la première décennie de l’accord. Pour les travailleurs européens et américains, c’est un système perdant-perdant, où seuls les actionnaires gagneront. Pour l’emploi local et durable, le TAFTA ne passera pas !

Pour la démocratie : Stop TAFTA !

Alors que le pouvoir du politique est de plus en plus faible, le TAFTA, en créant des règles supérieures aux lois, renforcera l’impuissance des décideurs élus. L’accord créera une nouvelle institution euro-américaine qui affaiblira les parlements et les collectivités. Enfin, il mettra en place des tribunaux privés au service des multinationales, qui pourront contourner la justice, attaquer les lois qui les dérangent et obtenir des milliards de compensation. Le message du TAFTA est clair : la démocratie n’est pas compétitive !


Le crayon StopTTIP / TAFTA va faire le tour de l’Europe

Le crayon StopTTIP / TAFTA va faire le tour de l’Europe

Le Crayon Géant

Participez à la Journée Mondiale d’action contre les traités de libre échange le 18 avril prochain*

Ensemble, avec des milliers d’activistes, l’alliance européenne Stop TTIP sortira dans les rues pour collecter un maximum de signatures pour l’Initiative Citoyenne Européenne auto-organisée (ICE) qui compte au jour d’aujourd’hui plus de 1.600.000 signatures! Ce nombre est déjà fantastique mais nous ne pouvons pas encore nous endormir sur nos lauriers.

Devenez acteurs en collectant encore plus de signatures lors de la Journée Mondiale d’action.

Parlez aux gens autour de vous des dangers du TTIP et CETA sur la démocratie, l’environnement et le droit du travail.

Le Crayon Géant Stop TTIP sera en voyage dans toute l’Europe à partir d’avril et tout au long du printemps et de l’été. Il sera présent dans diverses villes, participera au meilleurs festivals de l’été pour aider à collecter le maximum de soutien pour l’ICE Stop TTIP!

Nous publierons prochainement un calendrier des étapes du Crayon Géant pour que vous puissiez nous y rejoindre.

***

* La liste des animations du 18 avril —> https://stoptafta.wordpress.com/2015/03/15/journee-mondiale-daction-18-avril-2015-les-peuples-et-la-planete-avant-les-profits/


JOURNÉE MONDIALE le 18 avril 2015 * Stop TAFTA, CETA, TiSA* et tous les autres

Le 18 avril 2015 est la journée mondiale contre les traités des multinationales [1].

À Paris et partout en France, les citoyens et citoyennes marcheront, danseront, et agiront de 1000 et une manières pour dire non à TAFTA, CETA, TiSA, aux APE (accords de « Partenariat Économique », qui devraient plutôt s’appeler accords d’ oPpression Économique) avec l’Afrique de l’Ouest, et à tous les autres traités de commerce et d’investissement.

Citoyen(ne)s, parlez-en tout autour de vous : voisins, amis, associations, contactez un Collectif local StopTAFTA ( —> https://stoptafta.wordpress.com/les-collectifs-locaux/ )

Le 18 avril, rejoignez la lutte partout en France et dans le monde !

En attendant l’appel français, voici l’appel international, écrit avec nos camarades européens, nord et sud américains, asiatiques, africains et australiens.

***

Appel international à une journée d’action pour mettre en échec les traités de libre-échange et d’investissement

Les peuples et la planète avant les profits !

Nous, mouvements sociaux et écologistes, syndicats, paysans, jeunes, femmes, mouvements indigènes, militantes et militants des quatre coins du monde, appelons à une Journée d’action Internationale le samedi 18 avril 2015 pour mettre en échec les traités des multinationales et promouvoir une économie qui soit au service des peuples et de la planète.

Depuis des décennies, les gouvernements et les multinationales poussent à la négociation en secret d’accords de libre-échange et d’investissement qui sapent nos droits et détruisent l’environnement.

Depuis des décennies, nous luttons pour la souveraineté alimentaire, les biens communs, l’emploi, pour défendre nos terres, les libertés numériques, et pour reconquérir la démocratie. En chemin, notre mouvement a grandi, nous avons fait entendre nos voix et nous avons remporté des victoires.

Ensemble, nous pouvons arrêter les accords en cours de négociation et renverser les effets néfastes des accords passés. Nous pouvons faire avancer nos alternatives, qui placent les droits humains avant les profits des multinationales.

Nous appelons les organisations, collectifs et citoyen-nes à rejoindre cette mobilisation en organisant des actions décentralisées sur les cinq continents, dans le respect de notre diversité. Nous invitons à multiplier les actions à travers le monde, en solidarité, afin de faire connaître nos campagnes, d’impliquer et de mobiliser plus largement les populations sur tous les territoires, pour un nouveau modèle économique et commercial qui serve les droits des peuples et respecte l’environnement.

***

*** 03 – GANNAT

9g00 à 11h00

un point info anti-traité transatlantique sur le marché de Gannat avec un chamboule tout .

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*** 04 – MANOSQUE :

10h00 – rond-point du supermarché Leclerc : « filtrage-tractage »

+ des quiz-débats dans les communes du département

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*** 05 – BRIANCON

le matin : information et signature de l’ICE auto-organisée à Briançon (rue centrale)

et à Villeneuve la Salle (bas de la Casse du Boeuf) à l’occasion du Challenge des Moniteurs

de 20 à 23h : soirée informative et festive à Briançon, salle du Prorel, av. Froger :

Projections de vidéos suivies d’un débat : 2 généralistes (celle du CADTM belge et Abdel) avec un premier débat
puis une vidéo sur l’ISDS et celle de Fakir sur les bénéfices promis par la Commission Européenne avec un 2ème débat
Une partie informative suivra sur le TISA, le Traité UE-Afrique de l’Ouest, l’état des négociations et la lutte (10 mns par thème)
un moment gourmand et convivial avec Artisans du Monde
une fin de soirée en swing et en chansons
collectif citoyen stop tafta 05
18 avril briançon
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*** 06 – NICE

15h00

place Garibaldi

une action de rue dénonçant les dangers que ces traités font peser sur notre alimentation. Les citoyens tenteront d’empêcher les vaches de se faire piquer aux hormones et les poulets d’être lavés à l’eau chlorée.

La journée se conclura par une soirée débat à Grasse.

Collectif StopTafta 06

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*** 06 – GRACE

19h00

Soirée Débat  » Tafta, Ceta, Tisa… et les autres « 
Espace Evaléco – Z.A St Marc – 127 chemin de Saint-Marc – GRASSE (La Paoute, à côté de Pôle Emploi)
Prix Libre et collation partagée
Voir l’affiche
Espace évaléco – Z.A St Marc – 127 chemin de Saint-Marc – GRASSE (La Paoute, à côté de Pôle Emploi)

18 avril grace

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*** 07 – AUBENAS

10h00

Place de la Rotonde

Stand sur le marché d’Aubenas pour informer les citoyens, avec banderoles, projections vidéo, distribution de tracts.  Des équipes vont également tracter dans le marché,

Collectif StopTafta Ardèche méridionale

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*** 07 – VILLENEUVE DE BERG

14h00

Rue Principale

Stand d’information avec diffusion de tracts et de matériel

Collectif StopTafta Ardèche méridionale

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*** 07 – LES VANS

10h00

Stand d’information avec diffusion de tracts et de matériel

Collectif StopTafta Ardèche méridionale

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*** 07 – SAINT MAURICE D’IBIE.

10h00

Stand d’information avec diffusion de tracts et de matériel

Collectif StopTafta Ardèche méridionale

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*** 08 – CHARLEVILLE MÉZIÈRES

14h30

Place Ducale

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*** 09 – SAINT GIRONS

10h00

POUR LA CÉRÉMONIE DE NON MARIAGE ENTRE MISS UE ET ONCLE SAM !

Le collectif Stop TAFTA 09 appelle à un rassemblement d’information et d’action pour mettre en échec les traités des multinationales et promouvoir une économie au service des peuples et de la planète le 18 avril à partir de 10H sur le marché de Saint-Girons.

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*** 10 – BOURGES 16 avril à 20h00

 Maison des syndicats, Bd Clémenceau

Le tribunal du Grand Marché transatlantique : un danger pour la démocratie

Conférence sur le tribunal arbitral prévu dans le Traité transatlantique, animée par Jan Robert Suesser (LDH)

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*** 10 – TROYES

10h00

Criée et Concert de rue contre TAFTA

Grand rassemblement des sympathisants du collectif Stop Tafta Aube samedi 18 avril à 10h à la Brasserie des Halles (derrière le marché des Halles de Troyes) pour un défilé avec banderolle et musique sur le marché et dans les rues, ponctué de criées et de distribution de tracts dénonçant le Grand Marché Transatlantique.

Voir en ligne : http://stop-tafta-aube.over-blog.co…

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*** 11 – CASTELNAUDARY

10 heures

sur le cours de la République. Le collectif Stop GMT Lauragais  L’objectif du collectif est d’interpeller les élus et d’informer le public des négociations en cours sur le TAFTA

collectif Stop GMT Lauragais

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*** 12 – MILLAU

10h00

Table d’informations, la distribution de tracts et des échanges avec les passants intéressés par le sujet.

Collectif StopTafta Sud Aveyron

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*** 13 – AIX EN PROVENCE : 

15h00 (allées provençales – Darius) :

départ d’une déambulation festive, prise de parole, tractage, musique et citoyenne dans les rues contre les traités de libre échange concoctés par les multinationales pour nous appauvrir et faire le max de profits.

Le mariage union européenne et usa sera célébré (peut être? ) place de la mairie.

18 avril aix

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*** 13 – MARSEILLE

15h00
place du Général de gaulle devant la Chambre de Commerce.

Grand rassemblement
Ici une flashmob et une prise de parole + table avec matériel et tracts .
16h00 –  déambulation avec batukada banderolles et panneaux divers en direction du vieux port puis de la mairie de Marseille.
16h30, – devant la Mairie nouvelle flashmob (célébration du mariage UE/EU sous l’égide des grandes multinationales les 28 Etats étant témoins.
Puis 5 brèves prises de paroles sur les conséquences sectorielles des ALE (TAFTA, CETA and co)

RDV entre 13h45 et 14h sous les arcades de la Canebière, face à la rue St Ferréol (face à la Cure Gourmande), avec distribution d’accessoires pour ceux qui le souhaitent!

collectif StopTafta de Marseille

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*** 13 – MARTIGUES

18h00 – JEUDI 16 AVRIL

18 avril martigues

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*** 14 – BURCY (les 11 et 12 avril)

Biopôle en fête à Burcy
Stand stop TAFTA, Marché local bio et artisanal

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*** 15 – AURILLAC

8h30

place des Droits de l’Homme.

Le collectif local Stop TAFTA 15 qui prend part à la mobilisation mondiale contre le traité de libre-échange du Grand marché transatlantique (TAFTA), tiendra un stand d’information

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*** 17 – LA ROCHELLE

15h00

StopTafta sur le Vieux Port de LA ROCHELLE.

Rassemblement sur la place de la Motte Rouge devant l’Office du Tourisme pour former en direction du vieux port une sorte de chaîne humaine puis se poser en 4 endroits pour discuter avec pancartes et affiches : soyez créatifs pour vos dossards, baudriers en carton ou autres signes visuels improvisés Stop Tafta. Des bateaux « militants et décorés » tourneront  dans le vieux port dès que la marée sera favorable (haute à 17h30, donc à hauteur des parapets de 16 à 18 h30 !) avec banderoles et cartons visuels Bienvenue à tous pour participer y compris aux marins volontaires  pour se  relayer sur les bateaux ! Deux grandes banderoles seront installées, peut être de la musique aussi….l’objectif étant d’attirer l’attention du public pour informer sur TAFTA

Collectif StopTafta La Rochelle

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*** 17 – SAINTES

Votation citoyenne sur le TAFTA

Un stand consacré au TAFTA – sur le marché Saint Pierre le matin, rue Alsace-Lorraine l’après-midi – permettra aux Saintais-es d’être enfin informé-e-s sur ces tractations peu médiatisées entre Washington et Bruxelles, dont l’objectif est l’accroissement dérégulé des profits des grandes entreprises transnationales. Les passant-e-s seront ensuite invité-e-s à voter pour ou contre le TAFTA en déposant leur bulletin dans une urne. Le dépouillement public et la proclamation des résultats auront lieu à 17h30, sur le stand, au croisement de la rue Alsace-Lorraine et de la place de l’Échevinage. L’ensemble de la presse est cordialement invité à venir assister à ces opérations.

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*** 22 -LANNION

1hh0

devant la mairie

13 h à 17h

Les membres des collectifs proposent un stand d’information aux citoyen-nes devant la mairie.

18 avril lannion

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*** 24 – PERIGUEUX

10h00

Devant l’ancienne mairie de Périgueux

INVITATION au mariage entre Mme « l’Union Européenne » et Mr « les Etats Unis »

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*** 25 – MONTBELIARD

11h00

Boutique Artisans du Monde 18 Grande rue 25400 Audincourt

Le collectif STOP TAFTA et la boutique Artisans du Monde à Audincourt vous invitent à participer à un évènement unique et effroyable ! –  Le mariage entre la nymphe Europe et l’oncle Sam

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*** 25 – BESANÇON

14h30 place de la Révolution Défilé carnavalesque, 10931414_785114784918577_2279040295912664146_n.jpg Collectif StopTAFTA Besançon

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*** 29 – BREST 14h30 – place de la Liberté Rassemblement et manifestation en musique, en chanson et en ballon … Nous appelons les organisations,collectifs et citoyen-nes à rejoindre cette mobilisation en organisant des actions décentralisées sur les cinq continents, dans le respect de notre diversité. Nous invitons à multiplier les actions à travers le monde, en solidarité, afin de faire connaître nos campagnes, d’impliquer et de mobiliser plus largement les populations sur tous les territoires, pour un nouveau modèle économique et commercial qui serve les droits des peuples et respecte l’environnement. Tafta-brest Brest : Journée d action Stop-Tafta samedi 18 avril Collectif Stop TAFTA du pays de Brest
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*** 29 – MORLAIX 10h00 à 13h00 sur le Marché Place Allendé
Table d’information, avec documentation et explication sur les traités, signature pétition, déambulation avec distribution de tracts, Jeux avec carte du Monde,
Boissons chaudes offertes pour un moment de convivialité en discutant ! Collectif SoptTafta  morlaisien
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*** 29 – QUIMPER 11h00, place Terre au Duc à Quimper. Prises de parole, diffusion d’un tract, chanson… Pour le collectif STOP TAFTA Collectif StopTafta Quimper
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*** 30 – LE VIGAN 09h00 – 12h00 manifestation contre TAFTA – Le stand : Contre la Maison de Pays ou Syndicat d’initiatives, il y a des arcades, l’une de ses extrémités, un panneau électique où se branchent les forains. Le BUT : Faire signer par internet la pétition. Une liaison WI-FI existe. Si l’un de vous désire amener un ordi portable, très bien.
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*** 31 – TOULOUSE 09h30 au matin, une manifestation à vélo, et plus largement, avec tout ce qui roule. Le parcours pourrait être le suivant : rassemblement aux Arènes avec départ vers 10h puis passage par Patte d’Oie pour aller vers Roguet/Saint Cyprien (marché). Puis départ vers Héracklès pour rejoindre Jeanne d’Arc en passant par Arnaud Bernard. Arrivée vers 11h45. -Camion, avec animation musicale, prises de parole et distribution de tracts, tout au long du parcours, avec des arrêts, en particulier aux marchés de St Cyprien et de Jeanne d’Arc.
La visibilité de l’initiative sera assurée également par un cortège à vélo qui suivra le camion.
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*** 31 – SAINT GAUDENS 10h00 place Jean Jaurès Tenue d’un stand , distribution de tracts , panneaux… Participent à cette matinée le collectif des Résistances en Comminges, Attac Comminges, CGT Comminges, Sud Solidaires *** 33 – BORDEAUX

Les membres du collectif Stop TAFTA 33 participent à la journée internationale d’action et propose des stands d’information

le matin au marché des Capucins

l’après-midi place Saint-Projet et Utopia

On lâche rien ; ça avance….

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*** 34 – POUSSAN

vendredi 17 avril à 19h00 à la MJC de Poussan 1, rue des Horts Rencontre débat autour du film  »  TRANSATLANTIQUE ARNAQUE :  LE CASSE DU SIECLE » -entrée libre- (boissons et restauration sur place) collectif Pays de Thau Hors TAFTA

.*** 34 – MEZE

10h00 à 11h00

Distribution de tracts et rencontre avec la population sur le premier rond-point en entrant dans la ville depuis Sète, Manifestation déclarée en préfecture. Se munir si possible d’un gilet jaune fluo de sécurité et rendez-vous à partir de 9h45 sur place.

collectif Pays de Thau Hors TAFTA

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*** 34 – SETE

15h00 à 17h00

Distribution de tracts et rencontre avec la population au carrefour piétonnier des rues De Gaulle et Gambetta (aux abords de l’esplanade Aristide Briand à quelques pas du cinéma le Comoedia) .

collectif Pays de Thau Hors TAFTA

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*** 34 – MONTPELLIER

14h00 – Place de la Comédie

— Un groupe est investi sur le thème  » Pour l’agriculture paysanne  » animation, dégustation … table – tracts — Une table pour l’ICE auto-organisée avec signature de la pétition européenne (déjà 1 650 000 signatures en ligne) — Déambulation : de la Comédie à la préfectures et retour … etc : des tracts et des affiches seront à disposition — Une animation musicale a été proposée et sera la bienvenue pour animer l’après-midi STOPTAFTA

.*** RENNES

10h30

Marchés des Lices et du Blosne

le collectif citoyen STOP TAFTA de Rennes denoncera les accords de libre-échange et leurs négociations secrètes, répondra aux questions des citoyens, et se livrera à une distribution de tracts

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*** 38 – BOURGOIN JALLIEU

14h00

Halle au bord de la rue piétonne

Manifestationn avec le char qui sert d’estrade et de support pour les décorations, affiches, caricatures, drapeau…des porteurs de parole pour accoster les passants et la distribution de tracts
18h00 Nous inviterons les citoyens à nous rejoindre à 18h dans une salle pour la projection du film de M M Robin « les déportés du libre-échange » complété par un diaporama et un débat Collectif Stop^Tafta Nord Isère

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*** 39 – LONS LE SAULNIER VENDREDI 17 AVRIL 20h30 centre social Lons-le-Saunier (2 rue Pavigny ): nous passerons certaines vidéos courtes du collectif « stop TAFTA » avec des pauses entre chaque vidéo pour pouvoir échanger avec les personnes présentes SAMEDI 18 AVRIL 15h00 étant la journée mondiale d’action contre le grand marché transatlantique, nous proposons une mise en scène, place de la liberté, à Lons  pour informer un public plus large : l’idée est que nous allons tous être condamnés par le TAFTA – nous serons une dizaine de bagnards en procession avec une pancarte autours du cou, avec écrit dessus « condamné par le TAFTA » (les costumes de bagnards ont été commandés à ATTAC France)
 – il y aura une personne déguisée en poulet au chlore, une autre déguisée en boeuf aux hormones
 – il pourrait également y avoir des guichets en carton représentant les services publics qui vont se trouver en danger
– les bagnards avanceront sur un rythme scandé par un tambour
la procession des bagnards sera emmenée par un « aboyeur »-garde-champêtre » qui lira un texte s’adressant aux citoyens sur les conséquences concrètes du tafta

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*** 40 – MONT de MARSAN

a partir de 10h00 : « action-statues » a) On investit la rue principale ( Gambetta) aux pieds de 4 statues, chacune sur un thème : 1. santé-environnement – 2. services publics – 3. normes du travail et droits sociaux – 4. agriculture. Thèmes déclinés par chaque groupe, habillage des statues, animation. b) « cohorte itinérante: thème « démocratie », qui passe de statue en statue, et déambule au centre ville ( place St-roch notamment), avec slogans et chansons animation parallèle par les jeunes de l’ecolieu jeanot place St Roch avec interpellation des passants sur le TAFTA c) table de presse et animation place de la mairie ou place St-Roch d) rassemblement général ( st-Roch ou mairie) vers 12 h. avec chaîne humaine aux lettres de « Non au grand marché transatlantique » + chansons, + « j’accuse » qq phrases lancées par chacun des signataires du collectif+ apéro populaire NB possible participation de collectifs voisins

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*** 42 – SAINT ETIENNE 14h00 Bourse du Travail à l’Hôtel de Ville
« Concert de Casseroles » – N’oubliez pas vos ustensiles sonores et gilets fluo !
Grand vote populaire avec collecte des ’cartes électorales stop TAFTA’ devant la mairie Collectif StopTAFTA Saint Etienne / CAC 42 18 avril saint etienne
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*** 43 – LE PUT EN VELAY 12h00 Le collectif StopTafta 43 appelle à un grand pique-nique samedi sur la place du Breuil, . Nous serons accompagnés de quelques musiciens et artistes pour rendre l’évènement festif. En cas de mauvais temps un repli est prévu à la Maison de la Citoyenneté, rue des Chevaliers St Jean. Une distribution de tracts se déroulera le matin sur le marché.
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*** 44 – SAINT-NAZAIRE 15h00 à 17h00 en bord de mer à Saint- Nazaire  Boulevard Albert 1er face à l’avenue Ferdinand Lesseps (quartier Sautron) pour informer les promeneurs et promeneuses sur le TAFTA , sur la conférence du 23 avril avec Frédéric Viale à l’Immaculée et faire signer la pétition. Nous tiendrons un stand avec panneaux explicatifs sur les enjeux du TAFTA et distribuerons des tracts. Collectif StopTafta 44 Saint-Nazaire
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*** 45 – ORLEANS 15h00, place de la République – Stand d’information  – banderole – farandole – signature de la pétition et tractage sur le Tafta et les traités de libre-échange 18h30, Maison Bourgogne (108 rue de Bourgogne)

« Mais où est passé Robin des Bois?« , spectacle et « conférence désarticulée » de Fred DUBONNET (entrée gratuite, participation libre aux frais)
Mais où est passé Robin des bois ? On nous parle toujours du moral des ménages, mais le moral des méninges, il en est où ? Les pauvres s’appauvrissent et se multiplient, la crise n’en finit plus de faire des ravages, mais où est Robin des bois ? En le cherchant, un personnage, un peu déluré, va décortiquer les discours économiques et politiques. Ce n’est pas comique et pourtant… Il va arbitrer, caricaturer les débats actuels dans un dialogue où les points de vues vont se confronter. Le chômage, l’impôt, le TAFTA, comment vont-ils se sortir de cette crise ? Aurons-nous du beurre dans les épinards surgelés ? Vous le saurez en assistant à ce spectacle…
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*** 45 MONTARGIS
action  » diffusion de tracts « 
– place Mirabeau de diffusion de tracts le samedi 11 avril
– une action de tractage est envisagée vendredi 17 avril prochain en gare de Montargis
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*** 46 – BRETENOUX
09h00
Marché – Place des consuls
Tenue d’un stand d’information, rencontre avec les citoyens et signature de la pétition.
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*** 49 – ANGERS

Place du ralliement

Houla, marins d’eau douce ! Rendez-vous à bord pour une seconde croisière. Nous larguerons une nouvelle fois les amarres. Il vous reste un peu de temps, moussaillons pour apprendre les paroles de la chanson et préparer vos marinières, vos bottes, vos cirés et vos seaux… Embarquez compagnons ! Le TAFTA, on en a ras l’pompon !

A l’appel du Collectif StopTafta 49 – action de sensibilisation et d’information auprès du grand public à la problématique de ce nouvel accord de libre échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Union européenne : banderole, affichages, prises de parole, distribution de tracts et animation musicale.

Si l’aventure vous tente, une tenue « façon marin » ( marinière, casquette, ciré, bottes, seau… ) fera très bien l’affaire. La petite saynète que nous jouerons ensemble est visible sur C’est à la baille qu’on met l’TAFTA ! A bord moussaillons, le TAFTA on en a ras l’pompon !

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*** 50 – AVRANCHES 11h00 place d’Estouteville Avranches (50) pour la déambulation festive après avoir traversée le marché Lobby et Multi introniseront la« Reine Tafta » le tout en musique (sous réserve de musicien ;)
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*** 51 – REIMS 15h00 place d’Erlon, autour de la fontaine de la solidarité. Informations, animations et échanges autour du TAFTA sont prévus.
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*** 54 – THIONVILLE

Départ du Pays-Haut (54) pour aller à la manifestation de Bruxelles
Pour les habitants du Pays-Haut, on a choisi d’aller à Bruxelles avec nos camarades Belges du Sud, par le train au départ d’Arlon. Coût du voyage 15,20€ aller-retour. - Départ du train à Arlon le samedi à 7h32 , soit RV pour le covoiturage à 6h45 sur le parking du Vauban à Longwy-Haut - retour en soirée
Au programme : des ateliers le matin, et grande manif l’a-midi
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*** 57 – METZ

09h00 – 18h00 Stand d’information Place Saint-Louis
14h00 Cortège
Place Saint-Louis
Place d’Armes
Place de Chambre
Rue des Clercs
Rue Serpenoise
Place Saint-Louis
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*** 58 – ROUY 12h30 Table d’information sur le marché du Ciolibri dans le village de Rouy
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*** 59 – LILLE 14h30,-  Grand’Place  ( Place Charles de Gaulle) Convergence des organisations et des citoyen.ne.s du Nord et du Pas de Calais
Marche ludique, parodique et militante au travers des rues de Lille, à la rencontre des sièges des multinationales et des lieux de pouvoir. Chacun de nos arrêts sera le prétexte pour rappeler la puissance de ces multinationales, leurs intérêts cachés pour ce Grand Marché Transatlantique mais aussi l’impact très négatif sur la population.
Les lieux de pouvoir ne seront pas oubliés qu’ils soient publics ou privés. Collectif StopTafta Nord
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*** 59 – DUNKERQUE 10h00 Parc de la Marine
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*** 62 – BOULOGNE SUR MER 11h00 à 13h00 rassemblement avec distribution de tracts est prévu à l’angle rue Thiers et Grande Rue Collectif StopTafta  Opale62
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*** 64 – BAYONNE 14h00 Place de la Liberté Rassemblement citoyen, pour démontrer joyeusement que le monde prévu pour les peuples, en catimini, par les gouvernements et les multinationales, ne leur convient pas..
Point d’information – Studio photos pour création d’un « mur » militant sur les réseaux sociaux – Jeux à thème
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*** 66 – PY

manifestation antique TAFTA
Retrouvons nous sur la place pour débattre et refuser avec tout le monde le TAFTA.
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*** 69 – LYON 10h00 à 18h00 Animations participatives  place Sathonay, Lyon 1er, programme d’actions envisagées : – Occuper une place devant la mairie du 1er, qui vient de voter le vœu de zone hors tafta. – Organisation de conférences l’après-midi (dans une salle prêtée par la mairie d’arrondissements – Mise en scène de saynètes de rue, notamment sous la forme de porteurs de parole sur la question « qui décide de ce que vous aurez dans votre assiette ce soir? » – Repas partagé et vente de boissons – Vente de livres de Raoul Marc Jennar, autocollants, badges et mise à disposition de prospectus – Atelier de sérigraphie (pour t shirt/ sac en toile avec logo « citoyen hors tafta » ) Collectif StopTafta Lyon

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*** 71 – VILLEFRANCHE SUR SAÔNE 10:30 à 12h -Marché couvert Le collectif Beaujolais Stop TAFTA édifiera « Le mur du silence » à Villefranche sur Saône en dénonçant ce qui nous attend avec le TAFTA et ainsi manifester lors de la journée d’action internationale contre le projet TAFTA Collectif Beaujolais Stop TAFTA
puis l’après-midi en soutien au Collectif de Mâcon – Médiathèque de Mâcon.
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*** 71 – MACON 10h30 Marché quai Lamartine – 14h00 Médiathèque Saynète sur le tafta et explication, distribution de tracts, pétition ICE
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*** 73 – CHAMBERY 15h00 place Saint Léger Concert de casseroles contre le Grand Marché Transatlantique (GMT/TAFTA) et tous les traités du même type… à l’initiative du collectif STOP-GMT73
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*** 74 – ANNECY 10h00 – salle Pierre Lamy

Conférence de Thomas Porcher et Frédéric Farah, économistes, auteurs de « TAFTA, l’accord du plus fort »
14h00 –
Manifestation de rue festive au départ de la Préfecture – Instruments de musique et déguisements bienvenus
!
Collectif StopTafta 74

18 avril annecy

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*** 75 – PARIS :

14h00-17h00 : Conférence et tables rondes « Du commerce à la Cop21 : TAFTA ou climat, il faut choisir ! » Marie de Montreuil avec Emmanuel Aze (Confédération Paysanne), Christophe Bonneuil (historien des sciences, chargé de recherche au CNRS), Hélène Cabioc’h (Aitec), Amélie Canonne (Aitec), Maxime Combes (Attac), Susan George (Attac), Alix Mazounie (Réseau Action Climat), Clara Paillard (syndicaliste, campagne One million climate jobs), Yash Tandon (ex-directeur du South Center, auteur de Trade is War), Jean Ziegler (auteur, ex-rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation) 18h00 : Manifestation Stop TAFTA et CETA – départ Place de la République 19h00 : Pic-Nique le TAFTA sur la place Stalingrad Repas partagé, auberge espagnole Stands « TAFTA, tout ce que nous ne voulons pas » et stands sur les autres accords de libre échange et d’investissement : accords avec l’Afrique de l’Ouest, avec la Colombie et le Pérou.. 20h30 : Grand bal des vampires – soirée festive ! « Le TAFTA et les autres traités de libre-échange ne prospèrent que grâce à l’opacité qui les entoure. C’est en exposant ces vampires à la lumière que nous les ferons disparaître. Le 18 avril, faisons jouer l ‘« effet Dracula », braquons nos projecteurs sur ces accords ! »

à 20h30 – Place Stalingrad,

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*** 76 – ROUEN
17h00
place de la basse vieille tour, La Halle
Discussion débat : Renverser le capitalisme pour sauver notre environnement
Dans le cadre d’une journée de débats politiques, nous aborderons le thèmes des luttes pour l’environnement. La TAFTA illustre une fois encore la barbarie du système capitalistes qui modèlent les voies légales pour satisfaire la soif de profit d’une minorité au détriment de la majorité de la population et de notre environnement. Venez nombreux discuter avec nous des moyens de lutte à développer pour qu’on puisse enfin vivre en réelle démocratie, dans un monde tolérant où la nature et le bien des hommes seront à al portée de tous !
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*** 83 – LA FARLEDE
14h00
Le groupe stop tafta Toulon et environs jouera des saynètes contre le Tafta et les autres traités transatlantiques lors de la foire bio de La Farlède (à côté de Toulon) qui se tient les 18 et 19 avril. Les saynètes seront jouées les 2 jours. des distributions de tracts auront lieu ainsi que des signatures de pétitions..
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*** 83 – DRAGUIGNAN
10h00
La Chorale va distribuer des tracts stop Tafta et sensibliser les passants . De plus nous allons chanter des chansons anti Tafta durant 1h/1h30 sur la place René Cassin à Draguignan.
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*** 84 – AVIGNON

Manifestons à vélo dans les rues d’Avignon !

Retrouvons-nous et investissons les rues d’Avignon pour mettre en échec les traités de libre-échange et d’investissement et promouvoir une économie au service des peuples et de la planète !

Depuis juin 2013, l’Union européenne et les Etats-Unis négocient en sous-main la mise en place d’un Grand Marché Transatlantique : le fameux TAFTA ! Ensemble, par une vaste mobilisation citoyenne, nous pouvons arrêter les accords en cours de négociation (TAFTA) ou de ratification (CETA : traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada). Le collectif départemental Stop Tafta 84 appelle les citoyens et citoyennes à rejoindre la manifestation cycliste dans les rues d’Avignon. Rendez-vous à 14h au Parking des Italiens. Le collectif prépare des panneaux-sandwichs pour colorer cette manifestation.

Contacter le collectif à l’adresse suivante pour nous prévenir de votre participation, ainsi nous préparerons au mieux le nombre de panneaux : stoptaftavaucluse@gmail.

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*** 85 – LA ROCHE SUR YON

14h30

Le collectif Stop Tafta de Vendée organise une manifestation/interpellation des citoyens  place Napoléon à la Roche-sur-Yon.
Au programme : « chamboule tout » des multinationales et de la finance dans les services publics, les normes sanitaires et environnementales.
Défilé au ralenti avec les pancartes et les slogans des affiches du collectif Stop Tafta. Signatures de la pétition.

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*** 86 – POITIERS

10h00 – 12h30

action au marché Notre-Dame sur le thème de l’alimentation et des modèles agricoles qui en découlent, ou inversement ;-) ; distribution de tracts, saynètes et démonstrations .. Il y aura des porcelets (bio et sur paille) pour faire de l’animation auprès du public (et du « visuel » pour les médias).
• Covoiturage vers Poitiers : Covoiturage prévu à 8 h 45 sur le parking de Bocapole à Bressuire, à 9 h sur le parking du Super U, avenue de Paris à Niort, à 9 h 45 devant la gare de Parthenay. Pour d’autres lieux de départs, voir aussi avec la Confédération Paysanne 79.

Voir en ligne : http://stoptafta79.org/Action-anti-…

A l’appel du Collectif StopTafta Poitiers
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*** 87 – LIMOGES
14h30
place d’Aine à Limoges
contre les projets de traités TAFTA, CETA, TISA… Elle s’inscrit dans le cadre d’une journée mondiale de mobilisation et de nombreuses actions sont également prévues partout en France
Collectif StopTafta 87
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*** 88 – RELANGES
( près de Vittel) dans le cadre de la 10 ème rencontre de l’agriculture bio, des alternatives et de la solidarité ( = RELANGES BIO) les 18 et 19 avril. Signature de pétitions ( Hors TAFTA  – ICE) Conférence débat: Souveraineté des peuples en regard des accords de libre échange Installation de plaques commémoratives des acquis supprimés par une ratification du TAFTA et expression libre pour éviter celà par les visiteurs.

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BRUXELLES
SAMEDI 18 AVRIL
Rue Plétinckx 19, 1000 Bruxelles + Garderie sur demande
10h-12h30
Débats/ateliers
Quel serait l’impact des accords de libre-échange ?
Quelles pistes d’action ? (français, néerlandais)
Agriculture et alimentation (MIG, Via Campesina)
Démocratie versus multinationales et enjeux du numérique(No Transat, CEO)
Dette publique et régulation bancaire (ATTAC, CADTM, CEO, Fairfin)
Développement local  (Acteurs de Temps Présents)
Développement et alternatives (11 11 11 et CNCD-11 11 11)
Emploi et conditions de travail  (les syndicats)
Enseignement, recherche et culture  (TAC, HbH, Hors champ)
Environnement (Greenpeace, Association 21)
Femmes intraitables (Vie Féminine Bruxelles)
Santé et protection sociale (Réseau européen contre la privatisation de la santé, M3M, Plate forme d’action santé et
solidarité)
Services publics (CGSP, CSC Services publics, EPSU)
Souveraineté et aspects juridiques (Constituante, Intal)
12h30-13h30
Assemblée :
Quelles stratégies pour stopper les accords de libre-échange et construire des alternatives ?

14h00

GRANDE MANIFESTATION POPULAIRE