Publié : 09/07/2017| Auteur :Non merci|Classé dans :*.Accord UE/USA / TAFTA / TTIP|Commentaires fermés sur Accord de libre-échange TTIP : les Etats-Unis « ouverts à la discussion » avec l’UE
Les discussions entre les Etats-Unis et l’Union européenne concernant l’accord de libre-échange TTIP étaient au point mort depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche.
D’après le secrétaire américain au Commerce, les Etats-Unis seraient « ouverts » à une reprise des négociations avec l’Union européenne sur l’accord de libre-échange TTIP. Sur la chaîne télévisée CNBC, Wilbur Ross a déclaré:
« Il est judicieux de continuer les négociations sur le TTIP et de travailler à une solution qui augmente nos échanges de manière générale tout en réduisant notre déficit commercial. »
La nouvelle intervient alors que les relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne se sont durcies, notamment après les déclarations de Donald Trump sur la diplomatie et le commerce. Le chef d’Etat américain avait affirmé, dans un tweet, mardi 30 mai:
Face au déséquilibre avec l’UE, Trump a changé d’avis
Les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique TTIP, qui vise à établir une large zone de part et d’autre de l’Atlantique, avaient été lancées en 2013 mais avaient connu un arrêt brutal avec l’élection de Trump et sa politique protectionniste. Le chef d’Etat avait d’ailleurs pris la décision d’acter le retrait américain d’un autre accord de libre-échange, le TPP qui avait été signé par 11 pays de la région Asie-Pacifique dont le Japon et l’Australie.
Jusqu’alors, l’administration américaine s’était très peu exprimée au sujet du TPP, qui a suscité un mouvement important de protestation en Europe, sur fond de crainte de déréglementation généralisée. Elle s’est également réfugiée derrière la Commission européenne puisque l’administration Trump avait indiqué que « le statut des négociations » était à l’étude mais que seule l’institution européenne était habilitée à négocier des accords commerciaux au nom des Etats membres.
Partie en guerre contre les déficits commerciaux, l’administration Trump semble avoir changer d’avis et pense désormais qu’un accord permettrait de réduire le déséquilibre avec l’UE, notamment avec l’Allemagne, en ouvrant davantage ces marchés aux entreprises américaines.
En 2016, les Etats-Unis avaient accusé un déficit de 146,3 milliards de dollars avec l’UE sur les seuls échanges de marchandises, dont 64,8 milliards vis-à-vis de l’Allemagne. Sur les échanges de services en revanche, les Etats-Unis sont traditionnellement excédentaires.
Retoquée par Bruxelles faute de base juridique, l’initiative citoyenne européenne demandant l’arrêt des négociations transatlantiques a eu gain de cause devant la justice européenne.
Bruxelles n’avait pas le droit de s’opposer à l’initiative « Stop-TTIP », a tranché le tribunal de l’Union européenne. Dans un jugement rendu le 10 mai, les juges ont donné raison aux défenseurs de l’initiative citoyenne européenne « Stop-TTIP » face à la Commission européenne.
Cette initiative appelait les institutions européennes et les États membres à arrêter les négociations avec les États-Unis sur le partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP) et à ne pas ratifier l’accord économique et commercial global (CETA) avec le Canada.
Mais la Commission avait fait barrage au projet déposé par ATTAC en Allemagne et soutenu par les écologistes sur la base d’arguments institutionnels. Une décision que les porteurs de l’initiative avaient dénoncée avant d’introduire un recours devant le Tribunal de l’Union européenne pour obtenir l’annulation de la décision de la Commission.
Un million de signatures
Si elle récolte un million de signatures de sept États membres différents, l’initiative citoyenne européenne permet d’exiger de la Commission qu’elle se saisisse d’un dossier. L’initiative « Stop-TTIP » avait recueilli un poids démocratique particulier en rassemblant 3 millions de signatures, soit trois fois plus que nécessaire.
Selon les juges européens, les arguments juridiques de la Commission ne tiennent pas face à l’objectif général de l’ICE, qui vise à « améliorer le fonctionnement démocratique de l’Union en conférant à tout citoyen un droit général de participer à la vie démocratique ».
« Contrairement aux allégations de la Commission, rien n’empêcherait […] les institutions de l’Union de négocier et de conclure de nouveaux projets d’accords transatlantiques de libre-échange à la suite de l’adoption par le Conseil des actes qui font l’objet de cette proposition » précise le communiqué de presse du tribunal.
La décision a été saluée dans un tweet par le groupe des Verts au Parlement européen, qui se sont félicité d’une « bonne nouvelle pour la démocratie européenne ».
« Le verdict a mis en évidence le fait que l’utilisation d’arguments d’ordre juridique […] était une violation des droits démocratiques des citoyens. Nous espérons que Frans Timmermans […] respectera le jugement de la Cour, […]. Nous le devons aux plus de 3 millions de citoyens qui ont signé l’ICE pour faire de cette initiative un instrument de démocratie directe pleinement fonctionnel en Europe. » a également réagi l’eurodéputé écologiste Josep Maria Terricabras.
Réforme à venir
L’initiative citoyenne européenne, un instrument visant à renforcer la participation citoyenne et la démocratie européenne, n’a pas tenu ses promesses depuis son lancement en 2012.
Mais en cinq ans d’existence, seules trois ICE ont dépassé le million de signatures sur la quarantaine qui a été déposée. Une situation qui a poussé la Commission à promettre une révision du dispositif en 2017.
Contexte
L’initiative citoyenne européenne (ICE) a été instaurée par le traité de Lisbonne et lancée le 1er avril 2012.
Elle permet aux citoyens de demander une nouvelle loi européenne à la Commission européenne dès lors qu’un million de signatures provenant d’un nombre significatif d’États membres ont été collectées.
Des élus volontaristes pourront-ils, demain, soutenir la relocalisation de l’économie, favoriser les aliments bios et locaux dans les cantines scolaires ou reprendre la main sur la gestion de l’eau ou de l’énergie ? L’accord de libre-échange signé entre l’Union européenne et le Canada – le Ceta – va leur compliquer la tâche en multipliant les contraintes légales. Face à cette menace, des centaines de collectivités locales, communes ou régions dans toute l’Europe, se sont déclarées « zones libres ». Leur résistance s’organise avec l’appui de citoyens et de mouvements.
De nouvelles règles de libre-échange entreront en vigueur dans les prochains jours, suite à la ratification le 15 février dernier de l’accord Ceta entre l’Union européenne et le Canada [1]. Les collectivités locales et leurs habitants sont en première ligne. Celles qui favorisent une relocalisation de l’économie, développent l’approvisionnement de leurs cantines avec des aliments biologiques et locaux ou remunicipalisent des biens communs comme l’eau ou l’énergie, redoutent que cet accord vienne entraver leurs choix politiques, en accélérant la libéralisation des services, l’industrialisation de l’agriculture et la déstructuration des filières locales. « L’essentiel des compétences concernant la transition écologique et sociale relèvent du niveau local, souligne Amélie Canonne de l’association Aitec et membre du collectif Stop Tafta-Ceta. Quand il s’agit de soutenir l’économie locale, d’assurer la restauration collective, d’organiser les transports, ce sont les collectivités locales qui le gèrent. »
Le Ceta vient ajouter une nouvelle couche de contraintes juridiques et pourrait compliquer davantage la mise en œuvre de politiques favorisant l’économie locale des deux côtés de l’Atlantique. Le chapitre 19 du Ceta prévoit notamment de nouvelles obligations et procédures dans la passation des marchés publics [2]. . « Dans les faits, celles-ci conduiront à un accroissement des publications légales et des dossiers techniques à produire, ce qui freinera l’accès des PME locales », craint Amélie Canonne. Les principes de non-discrimination et de transparence pourraient encourager encore un peu plus qu’aujourd’hui les acteurs publics à retenir le prix comme critère essentiel de sélection des offres, et à reléguer au second plan la plus-value sociale et environnementale. Face à ces menaces, de quelles manières les communes peuvent-elles résister ?
1er acte : se déclarer « communes libres »
Environ 2100 collectivités territoriales – de la commune rurale à des régions entières – en Europe se sont déjà déclarées « hors-Tafta », « hors-Ceta » ou « hors-Tisa » [3]. Une partie de ces collectivités, soucieuses de ne pas en rester à de simples déclarations, se sont réunies les 17 et 18 février à Grenoble, dans le cadre des deuxième rencontres paneuropéennes des villes contre les nouveaux traités de libre échange et pour des alternatives locales [4]. Une dynamique qui se révèle relativement forte en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en France.
En France, des régions, des conseils généraux, et des centaines de communes se sont déclarées « libres » de ces accord commerciaux contraignants [5]. C’est le cas du 14e arrondissement de Paris où la maire, Carine Petit, « socialiste frondeuse », assume cette position, même si le Ceta divise le PS. « Nous avons toujours ouvert les portes de la mairie pour que les rencontres et les débats puissent se tenir. Nous devons réaffirmer dans chacune des collectivités locales ce droit à l’accès à l’information des citoyens », précise Carine Petit.
2e acte : continuer à favoriser les produits biologiques et locaux
Olivier Deleuze est maire écologiste de la commune bruxelloise de Watermael-Boitsfort en Belgique. « Les gens nous demandent avant tout que leurs enfants mangent bien à l’école, qu’il n’y ait pas de pesticides dans les espaces publics ou que des peintures sans métaux lourds soient appliquées sur les bâtiments publics », énonce t-il. Mais il constate la difficulté d’établir le lien entre ces politiques locales et les accords de libre-échange. « En déclarant notre municipalité « hors-Ceta », on tente de sensibiliser les citoyens sur le fait que ce type de traité peut empêcher nos communes de se fournir en produits bio et locaux dans les prix moyens », souligne t-il [6]. Comment un accord global de libre-échange peut-il remettre en cause un approvisionnement biologique et local ? Par les systèmes d’appels d’offre qui devront désormais s’ouvrir aux entreprises canadiennes au-dessus d’un certain montant. « Les règles de cette libéralisation ne s’appliquent pas en-dessous d’un plancher de 252 000 euros et ne devraient donc pas concerner les petites communes françaises. C’est surtout un changement majeur pour les petites collectivités du côté canadien où le plancher était plus haut », explique Amélie Canonne. Le nouvel accord pourrait cependant inciter les petites communes à constituer des appels d’offre communs afin d’atteindre ce plancher.
La directive européenne sur les marchés publics excluait déjà la mention de circuits courts dans les appels d’offres en raison de leur caractère jugé discriminatoire. Avec le Ceta, l’introduction dans l’appel d’offres d’un critère « issu de l’agriculture biologique » demeurera possible mais sans préciser la provenance, ce qui peut favoriser une agriculture industrielle éloignée des lieux de consommation. De nombreux élus ont trouvé des solutions pour contourner ces contraintes en fractionnant, par exemple, leurs commandes pour permettre aux petits producteurs de candidater à l’appel d’offre. Ou en utilisant le critère de « performance en matière d’approvisionnement direct des produits de l’agriculture » (lire notre enquête sur les cantines scolaires avec des repas 100% bio et locaux). L’État lui-même pousse les maires à développer les circuits courts en jouant avec les règles européennes [7].
3e acte : relocaliser l’économie
Le principe du « traitement national » prévu par le Ceta implique que les investisseurs étrangers doivent bénéficier au minimum des mêmes droits que les investisseurs locaux. « Les règles qui incitent à la discrimination positive au bénéfice d’entreprises locales sont interdites à tous les niveaux », précise Amélie Canonne. « Il en est de même pour les taxes à l’importation ou les subventions. » Certaines communes ont donc décidé d’agir en amont des appels d’offres en réalisant des consultations préalables afin de connaître les entreprises locales. Le 19 janvier dernier, Grenoble a ainsi organisé la première action de « sourçage » [8]. La municipalité a identifié les fournisseurs potentiels de la ville sur les travaux de maintenance des bâtiments municipaux – 665 biens soit environ 750 000 m2 nécessitant 8 millions d’euros de travaux par an. 49 entreprises ont été identifiées, autant de filières locales à structurer en ajustant la commande publique pour leur permettre d’y répondre. « Le premier levier est de relocaliser l’économie. Nous y parvenons grâce à la commande publique », assure Anne-Sophie Olmos, conseillère municipale de Grenoble et déléguée au contrôle de gestion externe.
A une vingtaine de kilomètres de Grenoble, la commune de La Buisse (3200 habitants) s’est aussi déclarée « zone hors-Tafta et hors-Ceta ». Le maire, Patrick Cholat, reconnaît volontiers que les débats sur les traités de libre-échange ne sont pas prioritaires dans les campagnes. Avec les autres élus municipaux, tous issus de la société civile, ils ont donc décidé d’être plus concrets en développant deux axes : l’autonomie énergétique et l’autonomie alimentaire. Pour impulser la dynamique en termes de production électrique, le conseil municipal a mis à disposition le toit d’un bâtiment public pour l’installation de panneaux photovoltaïques. « Suite à une réunion sur ce sujet, un groupe de citoyens a monté une société par actions simplifiée. Deux centrales citoyennes photovoltaïques fonctionnent aujourd’hui sur la commune », se réjouit le maire qui voit le projet essaimer dans les villes voisines. Sur le volet alimentaire, La Buisse est en train d’acquérir des terrains pour les allouer à des habitants ou des associations souhaitant développer la production locale et biologique.
4e acte : les services publics locaux sous « contrôle populaire direct »
Une clause du Ceta prévoit qu’en cas de litiges commerciaux, les différends entre les parties signataires soient jugés par la Cour internationale d’investissement, une sorte de tribunal d’arbitrage permanent qui risque de compliquer davantage la remunicipalisation des services publics [9]. Des villes envisageant par exemple de remunicipaliser leur gestion d’eau pourraient être poursuivies par les prestataires privés, comme ce fut le cas en Argentine [10].
En dépit des risques de lourdes indemnités à payer, de plus en plus de villes et de territoires s’engagent dans un processus de remunicipalisation de l’eau, de l’énergie, des cantines ou bien encore des transports en commun, pour résister à la dérégulation du commerce et de l’investissement. Lavinia Steinfort de l’organisation néerlandaise Transnational Institute a recensé plus de 800 cas dans le monde. En France, une centaine de communes, dont Paris, Rennes, Montpellier et Grenoble, ont lancé un processus de remunicipalisation de l’eau. Bastion de la multinationale Suez, Barcelone tente depuis quelques mois de reprendre la main sur son eau. Les élus de la coalition citoyenne Barcelona En Comú (« Barcelone en commun »), emmenée par Ada Colau élue maire en 2015, estiment que la remunicipalisation permettra de réduire le prix de l’eau, d’accroître les investissements et de lutter plus efficacement contre les fuites (notre article).
« Quatre mairies ont réussi pour le moment à remunicipaliser le service de l’eau, confirme Isabel Vallet Sanchez, députée au Parlement de Barcelone du parti indépendantiste catalan Candidature d’unité populaire. Mais notre bataille porte aussi sur la remunicipalisation des écoles, des crèches, des déchets et des centres de santé. Face au Ceta, il ne faut pas simplement lutter contre la privatisation en remunicipalisant, mais créer des espaces de contrôle populaire direct des services. Il faut que les citoyens aient conscience de leurs droits sur les services publics. » C’est aussi la conviction de la grenobloise Anne-Sophie Olmos qui aspire à « démocratiser les biens communs ». « Les habitants pourraient par exemple rentrer dans la gestion des services publics via des Scic (sociétés coopératives d’intérêt collectif) », illustre t-elle. (Lire à ce sujet l’entretien avec le chercheur David Bollier, militant infatigable des biens communs).
5e acte : créer des lieux de contre-pouvoirs citoyens
Nathalie Perrin-Gilbert est maire du 1er arrondissement de Lyon. Réélue en 2014 sur une liste citoyenne, clairement revendiquée à gauche, elle considère que « pour être fort, il faut partager le pouvoir et la responsabilité avec les citoyens et associations ». Bien que son arrondissement dépende des services de Lyon et de la métropole, elle dispose de marges de manœuvre via les équipements de proximité. « Nous avons dédié une maison à des associations travaillant sur l’économie circulaire, en clair à un autre modèle économique : développement de monnaie locale, repair café, conseils de quartier, paniers bio… On veut en faire un lieu de contre pouvoir citoyen et permettre à des associations de se regrouper pour être plus fortes et agir. »
Une dynamique similaire est à l’œuvre dans la commune de Parla au sud de Madrid. Beatriz Arceredillo est élue municipale pour le mouvement citoyen Mover Parla. Bien que la ville se soit déclarée « hors Tafta » en août 2015, l’élue constate deux difficultés majeures. D’un côté, le gouvernement dirigé par le Parti Populaire (droite conservatrice) tend à la centralisation et à nier toutes voix dissidentes issues de l’administration locale. De l’autre, une grande partie de la population, très préoccupée par la crise économique et sociale du pays, peine à se mobiliser sur le front des traités de libre-échange. « Notre stratégie est de se centrer sur les plus jeunes et les femmes, souligne Beatriz Arceredillo. Nous tentons d’établir un centre autogéré, avec l’idée que ce soit un centre de culture, d’éducation, de formation où l’on puisse voir les effets négatifs des traités internationaux. »
6e acte : se regrouper et développer des échanges entre « zones libres »
Résister aux traités de libre-échange implique d’affronter l’influence de lobbies et de grandes entreprises privées. « L’enjeu, c’est de se grouper pour renverser la donne », affirme Carine Petit, la maire socialiste du 14e arrondissement. Elle propose de s’inspirer du Cities Climate Leadership Group (C40), un réseau mondial de 90 grandes villes – présidé depuis 2016 par Anne Hidalgo, la maire de Paris – qui vise à accélérer la mutation écologique de leur territoire. Se réunissant plusieurs fois dans l’année, ces élus des grandes métropoles mettent en commun leurs expériences pour résoudre des problèmes relatifs au trafic automobile, à l’efficience énergétique des bâtiments ou à la gestion des déchets. « Réaliser des groupements d’achat avec plusieurs métropoles pour des véhicules propres, cela fait partie des marges de manœuvre que les collectivités se redonnent de manière concrète », souligne Carine Petit.
En parallèle, Barcelone est en train de constituer un réseau mondial des villes « municipalistes » [11]. Un accord de collaboration a d’ores et déjà été signé entre Barcelone et Paris sur la question du tourisme, de la gestion de l’eau et de la mémoire historique. « Il s’agit maintenant de développer des échanges d’expériences et des projets en commun entre zones libres », appuie Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon. Elle invite à réfléchir à plusieurs sur les questions foncières, sur l’eau mais aussi sur la culture comme bien commun. L’élue propose notamment d’ « adopter des clauses de réciprocité, en prêtant par exemple de l’ingénierie sur quelques jours, et réciproquement ».
« Le 14e arrondissement de Paris a fait le choix d’aider financièrement les coopératives d’agriculteurs bio d’Ile-de-France pour qu’elles puissent s’équiper en légumerie et répondre ainsi aux marchés publics », renchérit Carine Petit. Cette démarche volontariste aboutit aujourd’hui à 50 % de produits bio dans les cantines de l’arrondissement qui fournissent 7500 repas par jour. « Depuis les cuisines, on peut aussi changer les choses petit à petit. Échanger nos idées et bonnes pratiques est essentiel face aux risques de régressions spectaculaires pour l’environnement, la justice sociale et la citoyenneté que font peser le Ceta. Nous sommes dans une démarche où l’on montre que c’est possible. »
Les fameux tribunaux d’arbitrage établis par les traités internationaux d’investissement concentrent une forte opposition, comme l’ont montré les mobilisations contre cette partie des négociations entre l’Union européenne et le Canada (Ceta) ou les Etats-Unis (Tafta). Le petit livre précis, informé et critique de la journaliste Haley Sweetland Edwards vient à point nommé pour expliquer les enjeux de cette contestation.
Au milieu du XVIIIe siècle, on trouve l’idée, émise par le pasteur et juriste suisse Emmerich de Vattel, qu’un commerçant doit pouvoir bénéficier de la protection des lois de son pays même lorsqu’il travaille à l’étranger. Un demi-siècle plus tard naissent les premières commissions permettant à des individus de se faire indemniser lorsque leurs biens ont été saisis ou détruits lors d’un conflit. On en en trouve un exemple en 1794 après la guerre d’indépendance américaine.
Au milieu du XIXe siècle des commissions permettent de se faire indemniser lorsque ses biens ont été saisis ou détruits lors d’un conflit
Au cours du XIXe siècle, les pouvoirs impériaux poussent à la reconnaissance internationale de « leurs droits » dans les pays colonisés. Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que commence à être offerte la possibilité pour les firmes de bénéficier de tribunaux ad hoc pour résoudre leurs conflits avec les Etats. La pratique démarre doucement dans les années 1970 et jusqu’à la fin des années 1990 on note qu’un nombre minime de cas. Avant l’explosion.
La décision de 2000
En 1996, le projet d’installation d’une décharge au Mexique par l’entreprise américaine Metalclad fait l’objet d’une forte contestation. Ses dirigeants décident de porter le cas devant le tribunal arbitral de l’Alena, l’accord de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. En 2000, le tribunal rend une décision stipulant que n’importe quelle politique publique remettant en cause les profits raisonnablement escomptés par une entreprise doit donner lieu à compensation.
Une décision de 2000 en faveur d’une entreprise américaine va inciter à la multiplication des cas
C’est le début d’une multiplication des cas, portée par la forte progression du nombre de traités internationaux instaurant ce type de tribunal. Des quelques cas du XXe siècle, on passe à plus de 650 affaires connues depuis le début des années 2000.
Far West légal
Les cabinets d’avocats développent de nouveaux départements afin d’aider les entreprises à élargir le plus possible les interprétations des traités d’investissement. On entre alors dans un «casino arbitral » où les firmes paient de l’ordre de 4 millions pour tenter le coup d’un arbitrage qui peut leur rapporter des centaines de millions, voire des milliards.
2 plaintes identiques vont conduire à un arbitrage différent !
C’est le grand n’importe quoi. Les juges sont en plein conflits d’intérêt, avocats un jour, arbitres le lendemain. En 2003, une même plainte portée par deux entreprises contre la République tchèque donne une relaxe dans un cas et une condamnation dans l’autre !
La bonne nouvelle, c’est que cette justice opaque et partiale est désormais sous le regard des opinions publiques.
Après Barcelone, Grenoble accueille la 2ème Rencontre « Les autorités locales et la nouvelle génération de traités de libre échange » les 17 et 18 février 2017.
En avril 2016, la Ville de Grenoble a participé au premier sommet paneuropéen «Les autorités locales et la nouvelle génération de traités de libre échange », à Barcelone. L’idée était de rassembler les autorités locales et la société civile autour du CETA (Accord Économique et Commercial Global entre l’UE et le Canada) et du TTIP (Traité transatlantique) afin de porter une position claire contre la mise en place et la ratification de ces traités. Ce sommet a réuni un réseau de quarante élus européens et a permis la rédaction et l’adoption d’une déclaration commune par les collectivités territoriales.
Cette deuxième rencontre grenobloise se veut la continuité de celle qui s’est tenue à Barcelone, avec l’objectif de d’enrichir un réseau actif dans l’information et l’action autour de ces traités, et surtout pour mettre en place une vraie coopération entre collectivités afin de valoriser les initiatives locales et citoyennes.
La manifestation s’organisera sur deux jours, avec un premier jour réservé aux élus locaux et un deuxième jour pour la société civile.
Le programme
Vendredi 17 février – Journée réservée aux collectivités territoriales
Maison de l’international – 1 rue Hector Berlioz
En présence des villes de Maastricht (Pays-Bas), Lyon 1er, Watermael-Boisfort (Belgique), La Buisse, Crolles, Pont de Claix, Région de l’Attique (Grèce), Ametlla-del Vallès (Espagne)…
Au programme, une plénière sur la thématique « Contre les traités de libre-échange, pour les alternatives locales », des ateliers « Services publics locaux », « Alimentation saine et locale », « Urbanisme durable en ville ».
Samedi 18 février – Journée ouverte au grand public
La Plateforme – 9 Place de Verdun
9h30 – 10h : café d’accueil
10h – 12h30 : Plénière : Quelles règles de commerce et d’investissement pour une transition juste et durable au plan local ? Quelles initiatives et alliances pour y parvenir ?
12h30 – 14h : Distribution de « la soupe anti-traités de libre échange » avec des légumes locaux récupérés auprès de producteurs – Jardin de Ville (Organisé par AITEC)
14h – 15h30 : Spectacle conférence gesticulée « Mais où est passé Robin des bois ? » réalisé par Fred Bubonnet.
Humaniste et pleine d’espoir, une farce contemporaine où pouvoir et contre-pouvoir s’affronte dans un champ d’humour incessant (Organisé par Alternatiba Grenoble)
15h30 – 17h30 : Conférence : Transition Energétique et traité de libre-échange sont-ils compatibles ?
Présentation du nouveau scénario Négawatt 2017-2015 et des impacts prévisibles sur les accords de libre-échange par Thomas Letz (Négawatt) et Maxime Combes (ATTAC France). Conférence qui sera suivie d’un débat avec la salle.
Organisée par Alternatiba Grenoble (Organisé par ATTAC Isère)
17h30 – 18h30 : Plénière de clôture
18h30 – 21h : Déambulation festive de la Plateforme à la Maison de l’International par la Batuka VI suivi d’un temps convivial à la Maison de l’international
Un sondage multi-pays réalisé par l’Institut Motivaction auprès de 1762 petites et moyennes entreprises sur les effets attendus des accords transatlantiques de commerce et d’investissement révèle un accueil très mitigé et de fortes réticences. Dans la continuité de deux enquêtes publiées en 2016 en Allemagne et au Royaume-Uni, ce sondage commandité par la Fondation Schöpflin, a été réalisé simultanément en France, en Belgique, aux Pays Bas, en Lituanie et en Slovénie. Lire et téléchargez l’étude.
Selon l’avocat général, la nature de l’accord est mixte.
La question est fondamentale tant d’un point de vue juridique que plus largement.
La nature mixte d’un accord international justifie que chaque parlement national soit sollicité pour approbation en plus de celle du Parlement européen quand la nature exclusive d’un accord ne requiert que le seul acquiescement de ce dernier.
L’avenir du libre-échange entre les mains de la CJUE
L’accord avec Singapour pourrait néanmoins avoir une importance capitale pour l’avenir des relations commerciales de l’UE.
La Commission ne pourra pas finaliser son accord commercial avec Singapour sans l’accord des pays membres. Une décision de l’avocate générale qui pourrait faire évoluer le processus menant aux accords.
Dans un avis publié le 21 décembre, l’avocate générale de l’UE, Eleanor Sharpston estime que certaines parties de l’accord conclu entre Singapour et l’Europe ne tombent pas sous la compétence exclusive de l’UE et devront donc être ratifiées par les parlements nationaux, un processus qui a failli faire capoter le CETA, l’accord de libre-échange avec le Canada.
L’avis juridique n’est pas légalement contraignant, mais la Cour de justice européenne (CJUE) contredit rarement les conclusions des avocats-généraux. Un verdict complet est attendu au début de l’année prochaine.
Sans un communiqué, la CJUE indique qu’Eleanor Sharpston « considère que l’accord de libre-échange avec Singapour ne peut être conclu que par l’Union et les États membres agissant de concert ».
La justice européenne a été saisie par la Commission elle-même, qui voulait confirmer qu’elle avait toute l’autorité nécessaire pour négocier des accords de libre-échange quand ils n’incluent aucun facteur dont sont uniquement responsables les États membres.
Zones grises
En ce qui concerne l’accord avec Singapour, plusieurs sujets font cependant débat, comme le transport maritime et aérien, ou encore les normes environnementales et le droit du travail. Ces questions tombent en effet dans la zone grise des compétences qui ne sont pas clairement attribuées à l’UE ou à ses membres.
Eleanor Sharpston a également souligné que l’UE n’avait pas le droit de négocier de nouvel accord qui affecterait les traités bilatéraux déjà conclus entre les États membres et les cités-États d’Asie du Sud-Est.
L’avocate générale s’est donc rangée du côté des États, bien qu’elle admette qu’« une procédure de ratification impliquant tous les États membres et l’Union peut soulever certaines difficultés ». Elle considère toutefois que « cet inconvénient ne saurait avoir une incidence sur la réponse à donner à la question de savoir qui est compétent pour conclure cet accord ».
Elle n’a pas remis en question le droit exclusif de négocier et de conclure des accords de libre-échange au nom des Vingt-huit dont jouit Bruxelles, au contraire, mais précise que tout accord concernant les services de transport, les marchés publics et tout ce qui a trait au travail et aux politiques environnementales devra être approuvé par les États membres.
L’exécutif européen a salué l’avis légal, un « élément important » pour l’établissement d’une décision par la CJUE, mais insiste sur le fait qu’« aucune conclusion définitive » ne pourrait être prise avant le verdict final.
L’accord de 38 parlements nécessaire
Les accords commerciaux qui tombent uniquement sous la responsabilité de la Commission sont en général appliqués très rapidement, puisqu’ils ne nécessitent que l’approbation du Parlement et du Conseil. Les accords mixtes doivent quant à eux obtenir le feu vert des parlements nationaux, et, dans certains cas, régionaux, comme c’est le cas avec le CETA. Un processus qui peut ajouter plusieurs années aux négociations.
Cela pourrait signifier que les accords commerciaux nécessiteront l’approbation d’un total de 38 parlements et chambres hautes. Étant donné l’opposition croissante au libre-échange, ce processus de consultation pourrait sonner le glas des grands accords favorisés par l’UE ces dernières années.
Shira Stanton, conseillère de Greenpeace sur la politique commerciale européenne, s’est réjouie de l’avis de l’avocate générale et a appelé le Parlement et la Commission a attendre la décision de la CJUE avant d’aller plus avant avec le CETA. « Le Parlement européen devrait à présent demander l’avis de la Cour sur le mécanisme de protection de l’investissement prévu par le CETA », assure-t-elle.
Une leçon pour le Brexit ?
L’avis d’Eleanor Sharpston n’a probablement pas été du goût du gouvernement britannique, qui comptait conclure un accord de libre-échange avec l’UE après sa sortie du bloc. Theresa May et son équipe ont en effet mentionné à de nombreuses reprises la possibilité d’un accord complet avec l’UE. Si la CJUE décide de suivre l’avis de son avocate générale, le Royaume-Uni pourrait devoir attendre un bon moment avant de voir ses relations commerciales avec ses anciens partenaires facilitées…. Sans avoir la certitude qu’un parlement national ne mettra pas son veto au dernier moment.
C’est ce qui aurait pu se passer lors de la finalisation des négociations du CETA, quand la Région wallonne a décidé de bloquer l’accord pendant quelques jours, au grand désarroi des responsables européens et canadiens, dont Chrystia Freeland, la ministre au Commerce.
Dans le cas d’un verdict contraire à l’accord, l’UE se verra probablement forcée de modifier en profondeur sa manière de négocier ses accords. Au lieu des accords transversaux du type du TTIP et du CETA, qui ont mobilisé une opposition importante au sein de la société civile, Bruxelles pourrait à l’avenir se tourner vers des accords de moindre envergure, spécifiques à des secteurs précis.
L’accord avec Singapour, qui est loin d’être le plus visible, rentable ou ambitieux, pourrait donc néanmoins avoir une importance capitale pour l’avenir des relations commerciales de l’UE.
L’UE avait accepté en 2009 d’importer davantage de viande américaine de «haute qualité», tout en maintenant son veto sur le boeuf aux hormones.
Agence France-Presse
BRUXELLES
Les bonnes relations commerciales avec les États-Unis pourraient virer à l’aigre, a prévenu vendredi l’Union européenne, après la relance par Washington de la bataille devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre l’UE pour son refus d’importer le boeuf américain aux hormones.
Accusant les Européens de ne pas respecter les engagements pris lors d’un compromis de 2009, les autorités américaines ont menacé jeudi de rétablir les droits de douane qu’elles avaient imposés sur différents produits comme le roquefort, la moutarde et les truffes, relançant une dispute engagée il y a plus de 20 ans.
Cette salve, qui a surpris Bruxelles, intervient alors que les négociations sur un ambitieux accord commercial transatlantique, le TTIP, sont en état de mort clinique depuis la victoire le 8 novembre de Donald Trump, qui s’oppose aux grands traités commerciaux internationaux.
Aux termes du compromis de 2009, les États-Unis avaient levé leurs sanctions et l’UE avait accepté d’importer davantage de viande américaine de «haute qualité», tout en maintenant son veto sur le boeuf aux hormones.
Aujourd’hui, l’administration Obama assure que les Européens n’ont pas tenu leurs engagements en important majoritairement de la viande venant d’autres pays que les États-Unis.
«L’UE a entièrement rempli ses obligations, tant dans la lettre que dans l’esprit,» a répondu vendredi, dans un communiqué, la Commission européenne.
«La fin de cet accord et l’éventuelle application de droits de douane sur les exportations européennes aux États-Unis représenteraient un recul regrettable pour les fortes relations commerciales UE/États unis», poursuit le communiqué.
Tout en affirmant qu’elle «continuera à appliquer» l’accord de 2009, la Commission, qui coordonne la politique commerciale des 28 États membres de l’UE, se dit «prête à écouter l’administration américaine sur les sujets d’inquiétude qu’elle voudrait soulever».
Les Européens espéraient que la dispute sur ce sujet particulièrement sensible en France disparaîtrait une bonne fois pour toutes grâce au TTIP.
Mais avec les discussions sur ce traité au point mort, Washington estime qu’il est temps de reprendre ses actions en matière de commerce.
Pendant les discussions sur le TTIP, les négociateurs européens avaient plusieurs fois martelé que le boeuf américain aux hormones ne bénéficierait pas d’un accès accru au marché de l’UE en cas d’accord.
De même que CETA ou TAFTA ne sont pas que de simples réglementations permettant les échanges commerciaux, le code minier n’est pas un simple catalogue des bonnes pratiques juridiques établies entre les industriels et l’État. Il s’agit d’un nouvel emballage pour conserver de très vieilles pratiques d’exploitation des ressources du sous-sol tout en favorisant un peu plus la financiarisation et le libéralisme.
2011, on découvre, partout en France, que des entreprises pétrolières s’apprêtent à fracturer le sous-sol en toute légalité pour aller y récupérer du pétrole et du gaz de schiste. Ces permis ont été signés en toute opacité mais aussi en toute légalité par Jean Louis Borloo, ancien ministre de l’Ecologie et de l’Energie sous le gouvernement Fillon. Ces permis sont conformes au code minier en vigueur. Le code minier avait alors été décrié se révélant inadapté aux menaces environnementales des activités minières ainsi qu’aux exigences des populations locales d’être associées au processus de décision publique en matière minière.
Il est vrai que les populations s’étaient senties dépossédées de cette question en étant mises devant le fait accompli. Il était inacceptable que le droit minier permette à une administration d’autoriser la conduite d’activités dangereuses pour l’environnement sans jamais consulter les populations.
La réforme du code minier refait surface
2016, pour la énième fois, la révision du code minier vient de refaire surface, tel un serpent de mer. Fin septembre, une proposition de loi parlementaire est déposée à l’Assemblée Nationale [n°4043] dans le plus grand silence médiatique.( 1)
On aurait pu penser que le groupe parlementaire, signataire de cette proposition de loi, aurait pu apprendre et tenir compte des nombreuses mobilisations citoyennes de ces cinq dernières années (Sivens, Notre Dames Des Landes, Roybon, Ferme des 1000 vaches, gaz et pétrole de schiste, gaz de couche, etc ).
Nous pensions que les autorités politiques en avaient tiré les conséquences et seraient plus attentives à la prise en considération des acteurs locaux et des communautés qui animent et font vivre les territoires.
Perpétuer un modèle industriel et énergétique du passé.
Ce projet de modification du code minier nous laisse un goût amer. Derrière cette jolie expression « proposition de loi portant adaptation du code minier au droit de l’environnement », nous voyons qu’il s’agit uniquement de perpétuer un modèle industriel et énergétique du passé. Cette proposition n’est pas simplement un toilettage ou une modernisation d’un instrument juridique, tel qu’on veut nous le faire croire. Elle consacre la volonté de relancer, en France, l’activité extractive et de répondre aux industriels qui demandent de simplifier les procédures de sorte que leurs activités puissent être garanties durant des décennies à venir.
Cette relance de l’activité minière (2), initiée par Arnaud Montebourg et poursuivie par Emmanuel Macron, respectivement, ex-ministre du redressement productif et ex-ministre de l’Économie, fait fi de tout débat démocratique et les procédures de consultations numériques ne servent qu’à cautionner soi-disant « une participation du public » alors que les décisions des autorités sont déjà acquises aux projets des industriels.
Mais pourquoi mettre autant de d’énergie à combattre des traités comme le TTIP et le CETA négociés entre grandes puissances occidentales ? Dans un avis publié le 19 octobre sur l’impact du TTIP sur les pays en développement, le Conseil Wallonie Bruxelles de la Coopération Internationale (CWBCI) répond à cette question.
CWBCI – Avis d’initiative sur l’impact du TTIP, CETA sur les pays en développement
La nouvelle génération de traités sur le commerce et l’investissement négociés par l’Union européenne d’une part et les Etats-Unis (TTIP) et le Canada (CETA) d’autre part auraient un impact négatif sur les pays en développement. C’est pourquoi le CWBCI recommande aux parlements et aux gouvernements de la Région wallonne, de la Région bruxelloise, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Communauté germanophone de ne pas les ratifier.
Un des principaux objectifs du TTIP consiste à adopter des normes transatlantiques communes en vue de les imposer ensuite au reste du monde [1]. Le message envoyé aux pays émergents est dès lors sans équivoque : « The West is against the Rest ». Ce faisant, le TTIP est censé forcer la Chine et les autres BRICS à accepter à terme un programme de libéralisation selon les termes initialement conclus avec les Etats-Unis ou, s’ils refusent, à les isoler sur la scène commerciale mondiale. Ce contournement du cadre multilatéral de l’OMC a pour effet d’exclure les pays en développement des négociations des règles du commerce mondial. En réaction, les BRICS ne manquent pas d’organiser leurs propres coalitions rivales en vue de contrer les visées hégémoniques occidentales, avec tout ce que cela implique en termes d’instabilité et d’insécurité mondiales [2]. Pourtant, la Chine et les autres pays émergents sont indispensables pour régler les grands enjeux mondiaux – commerciaux, monétaires, climatiques. La réponse aux enjeux mondiaux dans un monde multipolaire nécessite des accords multilatéraux que la logique géostratégique du TTIP risque de mettre à mal.
Les pays en développement, dont une part significative des revenus dépend des exportations vers l’UE et les États-Unis, perdraient d’importantes parts de marché. En effet, une étude produite par le Parlement européen établit que les partenaires commerciaux de l’UE et des États-Unis connaîtraient un recul économique significatif. En particulier, les pays en développement qui bénéficient pour la plupart d’accès préférentiels aux marchés européen et américain souffriraient d’une « érosion des préférences », puisque les exportations américaines et européennes verraient leur accès au marché transatlantique facilité [3]. D’autres études identifient un recul des exportations jusqu’à 34% pour la Thaïlande ou l’Indonésie [4] ou encore des pertes significatives pour les pays les moins avancés (PMA), essentiellement situés en Afrique [5]. Enfin, selon l’Institut IFO, des pays africains comme la Guinée ou le Botswana pourraient voir leurs revenus réels chuter de respectivement 7,4 et 4,1% [6].
Les études d’impact [7] du TTIP et du CETA [8] indiquent que ces traités entraîneraient des restructurations et une redistribution des actifs entre les différents types d’acteurs économiques. Le TTIP favoriserait ainsi les firmes transnationales plutôt que les PME, l’agro-business plutôt que l’agriculture familiale, les revenus du capital plutôt que ceux du travail et les pays riches plutôt que les pays pauvres. Dans ce contexte, les pays en développement, dont le niveau d’industrialisation est beaucoup moins élevé que dans les pays occidentaux, seraient immanquablement perdants – notamment les petits producteurs agricoles et les industries naissantes des pays en développement.
Les traités transatlantiques visent la reconnaissance mutuelle des normes, ce y compris environnementales, en vue d’abaisser les barrières non tarifaires considérées comme des obstacles au commerce et à l’investissement. Ce faisant, ces traités ont tendance à remettre en cause le principe de précaution [9] et à exacerber la course au moins-disant environnemental, en contradiction avec les objectifs de la déclaration de Paris de la COP21 sur le changement climatique [10]. Or les pays pauvres, notamment d’Afrique subsaharienne, sont les principales victimes des changements climatiques. La Banque mondiale [11] a ainsi prédit de vastes pénuries alimentaires dans les prochaines décennies. Alors que le réchauffement global a déjà atteint 0,9°C depuis le début de l’ère industrielle, le plafond fatidique des 2°C pourrait être atteint d’ici une génération. Des températures extrêmes pourraient affecter les récoltes de riz, de blé, de maïs et menacer la sécurité alimentaire des pays pauvres. En Afrique, à l’horizon 2030, la production agricole pourrait baisser de 10%, tandis que 40% des terres dédiées au maïs pourraient devenir inutilisables, ceci alors que la population est appelée à doubler d’ici 2050.
Le TTIP et le CETA prévoient une clause d’arbitrage qui permet aux firmes transnationales de porter plainte contre les Etats lorsque des régulations publiques réduisent les profits escomptés lors de l’adoption de ces traités. L’UE présente cette clause (Investment Court System) comme un modèle à généraliser dans les accords bilatéraux négociés avec les pays en développement. Présenté comme une alternative au mécanisme ISDS (Investor-to-State Dispute Settlement) présent dans des centaines d’accords bilatéraux, il ne le remet pourtant pas fondamentalement en cause [12]. Le problème fondamental est que la clause d’arbitrage contribue à favoriser les intérêts privés des firmes au détriment de l’intérêt général [13]. Pour des pays en développement dont les gouvernements cherchent à instaurer des politiques alternatives aux politiques contre-productives de leurs prédécesseurs, le coût des indemnisations peut se révéler très élevé : les 14 milliards de dollars revendiqués par les vingt-quatre cas d’arbitrage à l’encontre de l’Equateur représentent ainsi 41% du budget de l’Etat [14]. Selon la CNUCED, qui conseille aux pays en développement de ne plus adopter de tels traités et de réviser les clauses existant dans les traités en vigueur : « Ce n’est pas seulement la procédure de règlement des différends qu’il faut améliorer, c’est toute la logique qu’il faut modifier. (…) Le droit privé s’applique à des individus privés considérés comme égaux devant la loi, tandis qu’en droit public, ce qui prime est l’intérêt général défendu par des personnes publiques » [15]. C’est pourquoi plusieurs pays en développement (Inde, Afrique du Sud, Brésil) ont récemment proposé des modèles alternatifs pour les accords de commerce et d’investissement.
Le CETA introduit pour la première fois au niveau européen la libéralisation des services via une approche par « liste négative », qui implique que tous les services sont libéralisés sauf ceux explicitement protégés par les Etats membres – contrairement à la logique de « liste positive », notamment en vigueur à l’OMC, qui ne libéralise que les services explicitement engagés par les Etats. Or, comme le souligne Pascal Kerneis du European Services Forum : « La clause de la nation la plus favorisée (…) veut dire que si l’Union européenne, dans le cadre d’une négociation future, (…) décide d’ouvrir un secteur qui ne l’a pas été avec le Canada (…), le Canada va en bénéficier automatiquement » [16]. L’adoption de l’approche de liste négative cumulée à la clause de la nation la plus favorisée risque dès lors de favoriser à terme, si elle est généralisée, un mécanisme de libéralisation des services affectant les marges de manœuvre politiques des pays en développement.
Pour toutes ces raisons, et dans un souci de respect de la Cohérence des politiques en faveur du développement (CPD), le CWBCI recommande aux parlements et aux gouvernements de la Région wallonne, de la Région bruxelloise, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Communauté germanophone de ne pas ratifier cette nouvelle génération de traités.
[2] P. Defraigne, « Departing from TTIP and Going Plurilateral », Madriaga Paper, vol. 7, n°9, October 2014 ; A. Zacharie, N. Van Nuffel et M. Cermak, « Traité transatlantique (TTIP) : cartographie d’un partenariat controversé », Collection d’études Point Sud, n°13, juin 2015.
[3] R. Bendini, P. De Micco, « The expected impact of the TTIP on EU Member States and selected third countries », European Parliament, September 2014.
[4] T. Petersen, « Economic Consequences of a Transatlantic Free-Trade Agreement for Asia », Asia Policy Brief 2013/05, November 2013.
[5] J. Rollo et al., « Potential Effects of the Proposed Transatlantic Trade and Investment Partnership on Selected Developing Countries », University of Sussex, CARIS, July 2013.
[6] G. Felbermayr et al., « Mögliche Auswirkungen der Transatlantischen Handels – und Investitionspartnerschaft (TTIP) auf Entwicklungs – und Schwellenländer », IFO Institut, Januar 2015.
[7] J. Capaldo, « The Trans-Atlantic Trade and Investment Partnership : European Disintegration, Unemployment and Instability », Tufts University, Global Development and Environment Institute, Working Paper n° 14-03, October 2014 ; W. Raza, « Assessing the Trade Benefits of the Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) », Austrian Foundation for Development Research, October 2014 ; J. François (dir.), « Reducing Transatlantic Barriers to Trade and Investment », Centre for Policy Research, March 2013.
[8] P. Kohler and S. Storm, « CETA Without Blinders : How Cutting ‘Trade Costs and More’ Will Cause Unemployment, Inequality and Welfare Losses », GDAE Working Paper 16-03, September 2016.
[9] Selon Shaun Donnelly, ex-adjoint au représentant du commerce des Etats-Unis en Europe : « Le TTIP ne vaut la peine d’être conclu que s’il couvre l’aspect des règlementations, par exemple la suppression du principe de précaution ». Corporate Europe Observatory, « Regulation – None of our Business ? », 16 December 2013.
[10] Les Amis de la Terre, « Les négociations TAFTA et CETA utilisées pour affaiblir la législation climatique européenne », juillet 2014.
[11] World Bank, « Turn Down the Heat : Climate Extremes, Regional Impacts, and the Case for Resilience », June 2013.
[12] G. Van Harten, « Critical flaws in the European Commission’s proposals for foreign investor protection », Osgoode Hall Law School, 16 November 2015.
[13] Friends of the Earth Europe, « The TTIP of the Anti-Democratic Iceberg », October 2013.
[14] Alternatives Sud, « Obsolète, le clivage Nord-Sud ? », CETRI/Syllepse, 2016, p. 174.
[15] CNUCED, Rapport sur le commerce et le développement 2014. Gouvernance mondiale et marge d’action pour le développement, Nations unies, 2014, p. 162-63.
[16] Parlement wallon, Comité d’avis chargé des questions européennes, C.R.A.C. N°166 (2014-2015), 22 juin 2015, p. 8.
TAFTA et CETA sont mal en point. Mais les milieux d’affaire et leurs serviteurs à la Commission européenne et dans les gouvernements ont d’autres fers au feu, et tout d’abord le TiSA (Trade in Services Agreement).
Le Conseil européen du 18 octobre à Luxembourg a finalement renoncé à se prononcer sur le traité de libre-échange euro-canadien – le CETA.
Ce report ou cet abandon fait suite à la suspension des négociations de son grand frère euro-étasunien – le TAFTA. Les peuples, grossièrement écartés de ces négociations, ont donc remporté deux batailles contre la prise de pouvoir des multinationales, aidées par la Commission européenne et la plupart des gouvernements nationaux, le nôtre en premier. C’est donc une victoire de la démocratie, ce processus « qui sans cesse arrache aux gouvernements oligarchiques le monopole de la vie publique et à la richesse la toute-puissance sur les vies » comme le dit Jacques Rancière.
Ces deux projets de traités longuement préparés par les milieux d’affaire font partie d’une longue suite de traités de libre-échange qui sont en fait des traités d’allégeance aux multinationales ou des traités de liberté des affaires. Sans revenir sur les plus de 3000 traités bilatéraux, notons les grands traités multilatéraux : le traité nord-américain ALÉNA en vigueur depuis 1994, l’Organisation mondiale du commerce ou OMC depuis 1995, l’Accord multilatéral sur l’investissement ou Ami et la Zone de libre-échange des Amériques ou ZLÉA, tous deux abandonnés en 1998, puis l’Accord commercial anti-contrefaçon dit Acta abandonné en 2010, enfin l’Accord de partenariat transpacifique signé en février de cette année mais pas encore ratifié. Des 3 projets de traités euro-africains avec l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, seul ce dernier a été signé récemment bien que les négociations soient terminées depuis plus de 2 ans ; quant à la ratification…
Avec le report ou l’abandon des traités transatlantiques, on voit que la bataille est rude au niveau mondial entre les peuples et les oligarchies sous prétexte de commerce.
La prochaine bataille : faire capoter le projet d’Accord sur le commerce des services (ACS ou TiSA pour Trade in Services Agreement en anglais) dont les négociations ont débuté en février 2012 et pourraient se terminer en décembre de cette année.
Cinquante pays sont concernés dont l’Union européenne et les États-Unis, représentant les deux tiers du commerce mondial, en écartant soigneusement tous les grands pays émergents.
Objectif : ouvrir totalement les activités tertiaires à la concurrence internationale et empêcher toute intervention publique ; plus précisément :
programmer la fin des services publics par leur privatisation à terme,
mettre en place une institution, appelée « forum de coopération réglementaire », donnant un large pouvoir aux multinationales pour freiner les réglementations qui leurs déplaisent et pousser celles qui augmentent leurs bénéfices, et enfin donner aux multinationales étrangères l’accès exclusif à une ‘justice’ privée pour arbitrer leurs différends envers les États, en fait une pseudo-justice qui bafoue les principes fondamentaux d’un droit juste et équitable.
Et tout ceci pour quel bénéfice socio-économique ? Aucune étude d’impact prospective n’a été publiée, mais les études d’impact menées pour les autres grands traités de libre-échange montrent au plus des impacts positifs dérisoires, au pire des impacts très négatifs en termes d’emplois, de PIB, et de répartition des richesses.
Santé, environnement, climat, transports, droit du travail, culture, finances – qui dépendent largement des services – sont les cibles de cet Accord sur le commerce des services ou Tisa : dans tous ces domaines, les citoyens en pâtiront. Tous ? non, car l’infime minorité des actionnaires des multinationales verra ses revenus bondir et surtout son pouvoir encore s’étendre, au détriment de la démocratie.
Le secret des négociations est absolu et on comprend pourquoi au vu du contenu et des conséquence de ce traité. Le silence des médias sur l’un des plus importants traités de libre-échange en discussion est impressionnant, malgré les fuites dues à WikiLeaks. C’est aux citoyens d’agir : comme ils ont pu faire reculer l’AMI, la ZLÉA, l’ACTA et maintenant le TAFTA et le CETA,
c’est maintenant au TiSA qu’il nous faut nous attaquer jusqu’à son abandon.
La Commission poursuivie en justice sur la légalité des tribunaux d’arbitrage
L’accès aux documents européens reste difficile.
Exclusif. La Commission européenne devra justifier devant la justice le secret entourant son analyse de la légalité du système de règlement des différends entre investisseurs et États du TTIP et du CETA.
ClientEarth, une ONG de défense juridique de l’environnement, poursuit la Commission pour avoir refusé de révéler une opinion juridique sur le règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), une des parties les plus critiquées des traité commerciaux de l’UE.
L’ONG a requis l’accès au document en vertu des règles de transparence européennes, mais a reçu une version tellement censurée qu’il est impossible de lire l’analyse des juristes de la Commission. Une accusation gênante pour l’institution, qui se targue régulièrement d’être la plus transparente au monde, surtout comparé aux gouvernements nationaux.
Le RDIE, ou arbitrage, est une question particulièrement controversée. Les critiques des accords de libre-échange avec les États-Unis et le Canada estiment que le système envisagé permettrait à des multinationales superpuissantes de poursuivre les gouvernements devant la justice internationale, une possibilité qui menace directement la capacité des États à légiférer dans l’intérêt général.
Secret nécessaire
La Commission assure que le secret entourant la question est nécessaire afin de protéger les négociations en cours avec les États-Unis pour le partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP). Cette défense sera à présent évaluée par le tribunal général européen, à Luxembourg. Les États membres ont donné à l’exécutif européen le mandat de négocier des accords de libre-échange.
Outre le TTIP, un autre traité, le CETA, entre l’UE et le Canada, contient également un mécanisme de RDIE, et fait l’objet d’opposition au sein de certains parlements nationaux.
Le tribunal européen devra organiser une audience et décider d’octroyer ou non l’accès aux documents requis. En cas de défaite, la Commission sera contrainte de donner accès à l’opinion légale, ne pourra plus utiliser la même excuse pour censurer d’autres documents et devra payer les frais de justice de l’affaire.
La publication d’une analyse jugeant le RDIE incompatible avec le droit européen remettrait en question le TTIP. Une défaite devant le tribunal créerait également un précédent légal. La Commission pourra cependant faire appel du jugement devant la Cour de justice européenne, qui a refusé jusqu’ici de livrer son avis sur la légalité de la clause de RDIE.
Selon des fonctionnaires européens contactés par EurActiv, les accords de libre-échange entre le bloc européen et les pays hors UE n’auront pas pour conséquence l’interprétation ou l’application du droit européen par des tribunaux internationaux. Ces tribunaux se prononceront plutôt sur les textes des accords eux-mêmes.
« Les mécanismes de règlement des différends liés à l’investissement des accords de libre-échange entre l’UE et des pays tiers sont donc entièrement cohérents avec la législation européenne », a souligné un autre représentant de l’UE.
La divulgation des parties secrètes des tractations « révèlerait les considération légales sous-tendant les propositions de négociation de la Commission dans ses négociations sur le TTIP et d’autres accords », selon les documents obtenus auprès de la Commission par EurActiv.
« Cela affaiblirait la position de négociation de la Commission en donnant à ses partenaires un regard privilégié sur la stratégie de l’Union et sur ses marges de manœuvre », continue le document.
L’exécutif européen justifie actuellement la non-divulgation de certains textes grâce à des exceptions prévues pour les relations internationales, les conseils juridiques et les processus de prise de décision.
« Les documents expliquant le mécanisme ne sont pas de nature stratégique, parce qu’ils ne touchent pas aux techniques de négociation », assure cependant Laurens Ankersmit, avocat de ClientEarth. « La Commission est liée par les règles d’état de droit à tout moment, y compris lors des négociations. La divulgation des documents fixant des limites légales ne peut affaiblir sa position de négociation. »
« Publier des analyses légales et des réflexions sur la compatibilité d’une mesure avec le droit européen servirait à informer le public sur les risques juridiques des accords de libre-échange, et contribuerait donc au débat actuel sur un jugement de la Cour de justice européenne sur la légalité du RDIE », poursuit-il.
Les poursuites engagées par l’ONG sont fondée sur la Convention d’Aarhus, de l’ONU, qui stipule que les citoyens ont le droit de participer aux prises de décision liées à l’environnement et de recevoir des informations des autorités publiques.
Le RDIE est-il légal ?
L’ONG estime que le RDIE est un « outil juridique discriminatoire » qui crée un système légal alternatif et pourrait donc ne pas respecter la législation européenne. L’association allemande des juges et l’association européenne des juges ont également exprimé des doutes sérieux sur la légalité du mécanisme. En Belgique, le parlement wallon a appelé la Cour de justice européenne à se pencher sur la question et à livrer une opinion.
Preuve de l’inquiétude des Européens, une consultation publique sur le sujet a enregistré un nombre record de réponses et forcé la Commission à suspendre les discussions. L’exécutif a alors tenté de convaincre les eurodéputés et l’opinion publique en proposant un système de tribunaux publics. Cette alternative est également comprise dans les poursuites lancées par ClientEarth.
« Le public manque fondamentalement de confiance envers l’équité et l’impartialité du modèle de RDIE traditionnel » a affirmé la commissaire au commerce, Cecilia Malmström. La légalité du RDIE faisait également l’objet de discussions à la commission commerce du Parlement européen.
Laurens Ankersmit et Anaïs Berthier, de ClientEarth, ont été rejoints pour ce dossier par Onno Brouwer et Nicholas Frey, du cabinet Freshfields Bruckhaus Deringer, qui travaillent gratuitement le temps de cette affaire. Onno Brouwer a par ailleurs représenté l’eurodéputée Sophie in’t Veld lors d’une autre procédure d’accès à des documents qui a créé un précédent en limitant l’utilisation possible de l’exception liée aux relations internationales.
ClientEarth a pour sa part récemment poursuivit le gouvernement britannique pour non-respect des lois sur la pollution de l’air. La Cour suprême a donné raison à l’ONG. L’organisation s’est appuyée avec succès sur la Convention d’Aarhus pour affronter la Commission et l’Autorité européenne de sécurité des aliments.
NON ! les négociations du TAFTA ne sont pas abandonnées !
OUI ! Le CETA risque d’être approuvé le 18 octobre par nos gouvernants !
OUI! Ces accords sont la porte ouverte à l’exploitation du gaz de schiste en Europe! (lire ou relire Gaz de schiste: Comment l’accord Europe – États-Unis pourrait encourager l’utilisation de la fracturation hydraulique1234 et 5)
Ces accords de libre échange (TAFTA entre USA et UE, CETA entre Canada et UE) mettent en danger notre démocratie. Leurs enjeux sont fondamentaux :
abandon de la compétence des tribunaux au profit « d’arbitrages privés » pour régler les conflits entre « investisseurs » et États,
abaissement des barrières tarifaires, amplifiant la concurrence débridée, empêchant la relocalisation des activités, ruinant des milliers de paysans…
nivellement par le bas des normes protégeant l’alimentation, la santé publique, les droits sociaux, l’environnement …
privatisation croissante des services publics.
Le Secrétaire d’État au Commerce français a récemment demandé l’arrêt des négociations du TAFTA. Simple effet d’annonce ! C’est l’UE et la commission européenne qui doivent décider !
La plateforme «Stop TTIP» a organisé une grande manifestation, ce samedi matin, à Luxembourg-Ville pour dénoncer le traité de libre-échange transatlantique que l’UE négocie avec les États-Unis (TTIP ou TAFTA) et son équivalent en passe d’être signé avec le Canada (CETA). Entre 4 000 à 5 000 personnes ont défilé dans les rues de la capitale luxembourgeoise. Le Luxembourg compte 570 000 habitants !!!
Une manifestation qui intervient alors que les négociateurs américains et européens bouclaient vendredi un nouveau round de discussions sur le TTIP. Selon le négociateur en chef européen Ignacio Garcia-Bercero, cet accord pourrait permettre de «remodeler la mondialisation» en fixant des règles contraignantes sur l’environnement, le droit du travail et la protection des consommateurs. Pour les manifestants rassemblés dans la capitale ce samedi matin, la signature du TTIP et du CETA mettrait au contraire en danger les normes sociales, environnementales et sanitaires européennes. Le TTIP vise en effet à supprimer les barrières douanières et règlementaires entre l’Union européenne et les États-Unis.
Pour rappel, le CETA est sur le point d’être signé, tandis que les négociations, tenues secrètes, concernant le TTIP semblent dans l’impasse compte tenu de l’opposition d’une partie de la population européenne. La plateforme «Stop TTIP» a d’ailleurs peur que les multinationales américaines délocalisent leur siège au Canada pour obtenir tous les droits qui leur auraient été refusés par le TTIP.
Après plusieurs années de mobilisation des deux cotés de l’Atlantique, nous sommes parvenus à mettre de sérieux bâtons dans les roues du TAFTA, le projet d’accord qui vise à libéraliser les échanges commerciaux et les investissements entre les États-Unis et l’Union européenne.
Mais l’Union européenne s’apprête à signer un traité similaire avec le Canada : le CETA.
Celui-ci doit recevoir l’approbation des États membres le 18 octobre prochain. S’il est approuvé, il sera soumis à la ratification du Parlement européen dans les mois suivants.
Pour stopper le CETA, des mobilisations s’organisent dans toute l’Europe au cours de l’automne.
Des actions sont déjà prévues à Aix-en-Provence, Annecy, Bayonne, Boulogne-sur-Mer, La Rochelle, La-Roche-sur-Yon, Lyon, Montfort-en-Chalosse, Nancy, Rennes, Nantes ou Saint-Étienne, d’autres sont en cours de préparation.
À Paris une marche partira à 15 h 30 de la place Stalingrad pour rejoindre la place de la République. La marche sera organisée en 4 cortèges thématiques : agriculture & alimentation – climat – démocratie & solidarité internationale – emploi & services publics. Nous tiendrons une assemblée citoyenne place de la République et nous terminerons la soirée avec un Opéra joué par Orchestre debout.
Manifestation contre les accords transatlantiques, à Bruxelles
Les négociations commerciales se poursuivent, même si certains pays s’y opposent. Les élections américaines compromettent toutefois leur issue.
Malgré les tentatives de plusieurs pays de faire dérailler les négociations transatlantiques, les 28 ont au contraire confirmé leur volonté de finaliser l’accord avec le Canada, et de continuer les discussions avec les Etats-Unis, bien que les élections américaines risque de les compromettre.
La commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, a d’ailleurs reconnu lors d’une conférence de presse à Bratislava le 23 septembre que le calendrier prévu, qui consistait à conclure les négociations sous l’administration Obama, semblait « de plus en plus improbable ». Ce qui vide de facto les négociations de leur sens, les candidats à la Maison blanche ayant tous deux fait part de leur opposition à cet accord. Dans ce contexte, la demande de la France de suspendre les négociations n’est pas illogique. « Si les fonctionnaires veulent continuer à négocier dans le vide, libre à eux » a de son côté déclaré Matthias Fekl.
Lors des discussions en Slovaquie, l’Autriche et la France ont certes pu faire part à leurs homologues de leurs réticences, notamment en insistant sur le fait qu’il fallait modifier le mandat de négociations avec les Etats-Unis, pour y intégrer les objectifs climatiques, voire en changeant leur nom, devenu très impopulaire.
Le secrétaire d’Etat au commerce extérieur français, Matthias Fekl, assure que « dans le Conseil, pour la première fois, il y a une vraie prise de conscience des problèmes que posent ces négociations, des problèmes créées par l’absence de transparence, que j’ai toujours dénoncée, par l’attitude des Etats-Unis, qui n’ont fait aucun geste significatif depuis 2013 ».
Une négociation qui ne peut être suspendue qu’à l’unanimité
Mais la majorité des pays européens a confirmé sa volonté de continuer les discussions. Le quinzième cycle de négociations doit démarrer le 3 octobre à Washington, et si les discussions butent sur toute une série de dossiers, les plus optimistes s’appuient sur des avancées dans quelques domaines pour défendre l’opportunité de continuer les discussions.
La France avait demandé fin août que les négociations s’interrompent, faute de résultat et de concessions du côté américain.
Mais après quelques hésitations, la gauche allemande n’a pas soutenu cette position. Et la France se retrouve prise à son propre piège pour pouvoir modifier le mandat de négociation. En effet, lors de sa mise en place, la France avait insisté pour que la décision soit prise à l’unanimité, afin de faire passer ses vues sur l’exception culturelle, qui permet à toute la production culturelle d’être sorti du traité. Comme le traité européen ne prévoit pas de quorum nécessaire pour interrompre des négociations commerciales, les juristes estiment que, par défaut, c’est l’unanimité qui s’applique, comme pour la mise en place du mandat de négociation.
L’entrée en vigueur de l’accord avec le Canada en suspens
L’accord avec le Canada, désormais entré dans sa phase finale puisqu’il doit entrer en vigueur dès sa signature prévue fin octobre, reste contesté par les opposants qui craignent que les entreprises américaines ne profitent de ce « cheval de Troie » pour s’immiscer discrètement dans les échanges européens. En France, une mobilisation d’élus avait demandé, la semaine dernière, que l’accord ne soit pas appliqué immédiatement, mais après la ratification par les parlements nationaux. La Commission a refusé de réouvrir le dossier, qui traine déjà depuis 5 ans, mais promis d’ajouter des clarifications au document du traité, qui fait déjà 1600 pages, pour répondre aux inquiétudes des plus sceptiques. La signature officielle doit se faire fin octobre, en Europe, lors de la venue du Premier ministre canadien, Justin Trudeau.
Les ministres du Commerce des 28 se réunissent dans la capitale slovaque jeudi et vendredi prochain (22 -23 septembre).
La réunion intervient dans un contexte très difficile pour l’UE en général (crise des réfugiés, montée de l’extrême-droite, Brexit…) et notamment pour la politique commerciale des 28.
la perspective d’élections aux États-Unis début novembre, puis en Allemagne et en France au printemps 2017, handicapent l’avancée des négociations du TAFTA, l’accord en discussion entre l’UE et les USA. Mais ces difficultés procèdent également de divergences profondes quant aux attentes et aux choix de politique économique de part et d’autre de l’Atlantique.
Le CETA, déclaré conclu depuis août 2014, connaît beaucoup de difficultés dans sa phase finale. Alors que le Conseil des ministres des Affaires étrangères doit l’approuver le 18 octobre, plusieurs gouvernements se disent dans l’incapacité d’y apposer leur signature, et la critique de nombreux experts, des sociétés civiles et d’une partie significative de l’opinion publique européenne font trembler les gouvernements.
L’ambition de l’UE d’engager de nouvelles négociations commerciales avec le Mercosur, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, par exemple, se trouve menacée par la perspective d’un échec du TAFTA et du CETA. D’autant que le départ programmé du Royaume-Uni affaiblit l’attractivité, et donc la position, européenne.
Les accords commerciaux bilatéraux en cours de négociation ou de conclusion, en particulier les accords transatlantiques, figurent néanmoins parmi les priorités de la Présidence slovaque de l’UE.
L’ordre du jour
La soirée du jeudi 22 est dédiée à des activités protocolaires et festives, et la réunion se déroule réellement le 23.
08:45 – 09:10 Accueil par le Ministre de l’économie slovaque
09:15 – 10:30 I. Session plénière / TTIP – Ouverture par le ministre Peter Žiga (chef de délégation + 2 membres)
11:05 – 13:20 II. Session plénière
a) CETA
b) Modernisation des instruments de défense commerciale de l’UE
13:30 Photo de famille
13:45 – 15:10 Déjeuner de travail
Débat sur l’expiration de certaines dispositions du Protocole d’accès de la Chine à l’OMC
Remarques de conclusion
15:15 – 15:45 Conférence de presse
Peter Žiga et Cecilia Malmström
Attention : il s’agit d’une réunion INFORMELLE, qui n’est donc pas en mesure légale de voter sur l’un ou l’autre des dossiers.
Elle n’en a pas moins beaucoup d’importance pour le futur des accords transatlantiques et pour celui de la politique commerciale de l’Union européenne.
En effet la réunion vise à établir un inventaire exhaustif des positions des gouvernements de l’UE face aux trois dossiers, et notamment de mesurer la liste des difficultés techniques et politiques à résoudre pour permettre la signature du CETA le 27 octobre prochain lors du Sommet UE-Canada prévu à Bruxelles.
Dates clefs à venir :
23 septembre – débat CETA et TAFTA à la réunion informelle du conseil de l’UE. Bratislava. Matthias Fekl y représentera la France.
18 octobre – officialisation (ou non) de la décision prise le 23 septembre. Conseil de l’UE dans sa formation Affaires étrangères. Luxembourg.
27 octobre – Sommet EU-Canada. Bruxelles. Signature officielle du CETA (ou pas), en présence de Trudeau.
CETA : état des lieux et enjeux de la réunion de Bratislava
Rappel des faits
La négociation du CETA, démarrée en 2008 (et principalement conduite par les administrations canadienne et européenne précédentes), s’est achevée en septembre 2014.
S’en est suivi une longue phase d’atermoiement liée à l’installation de l’administration la nouvelle commissaire au commerce Cecilia Malmström, à la conduite de la consultation de la DG Commerce sur l’arbitrage d’investissement, puis à la campagne électorale canadienne. Dans le même temps la défiance croissante de l’opinion publique, l’intervention critique d’experts et d’élus et les mobilisations citoyennes dans toute l’Europe remettaient en cause les chances.d’acceptation du traité.
En novembre 2015, la Commission européenne a fait connaître sa proposition de réforme de l’arbitrage d’investissement, puis conduit des négociations avec la nouvelle administration canadienne afin d’en définir une version qui pourrait être intégrée au traité déjà conclu depuis un an et demi.
C’est pourquoi laversion finale du traité n’a finalement été publiée qu’en février 2016, avec un nouveau chapitre « Investissement ».
Une controverse très politique sur le statut légal du traité
Le 5 juillet dernier, la Commission réunie en collège des Commissaires s’est prononcée sur le statut légal du traité, au terme d’une controverse de plusieurs semaines de bataille de compétences entre États membres et Commission, au cours de laquelle plusieurs gouvernements (Allemagne, France, Autriche notamment) avaient fait savoir qu’ils refuseraient tout traité que leurs parlements nationaux ne pourraient ratifier in fine.
La Commission a donc déclaré le CETA « mixte », cédant par là aux demandes de la majorité des 28. Elle a néanmoins assorti sa décision d’une réserve : elle considère quant à elle le traité comme relevant de compétence exclusive de l’UE, et n’a concédé la mixité aux capitales des 28 qu’aux fins de garantir l’approbation et la mise en œuvre de l’accord.
Quel est l’enjeu de cette décision ?
un traité « mixte » exige l’accord des 28 à l’unanimité pour être approuvé. Il doit en outre être ratifié dans les États membres pour prendre sa pleine force juridique, et entrer en vigueur de manière définitive et complète. En France, les traités commerciaux exigent un vote du Parlement pour être ratifiés.
Un traité « de compétence exclusive » appelle la majorité qualifiée des 28 (vote à la majorité pondéré par la population par pays). Il n’exige aucune ratification nationale.
L’application provisoire du traité
Légalement, l’approbation du Conseil suffit pour initier la mise en application des parties d’un accord commercial de compétence exclusive de l’UE. La DG Commerce préfère cependant attendre la validation du Parlement européen pour engager l’application du traité. Si le traité est mixte, il ne s’agit que d’une application dite « provisoire » et parcellaire, qui ne concerne pas les dispositions de compétence nationale. L’application de ces dernières est déclenchée par la ratification nationale.
Le Conseil de l’UE se prononcera officiellement le 18 octobre prochain.
Contrairement à l’habitude, la DG Commerce propose de scinder le vote des États membres au Conseil en trois décisions :
sur la signature de l’accord : http://ec.europa.eu/transparency/regdoc/rep/1/2016/FR/1-2016-444-FR-F1-1.PDF Le Conseil confirme en approuvant cette décision qu’il autorise le président actuel du Conseil à signer au nom de l’UE. Attention ! L’accord étant mixte, tous les États membres signeront formellement le traité le jour de la cérémonie, c’est nécessaire pour lui donner une valeur légale. Or cela n’est pas reflété dans le présent texte, qui va donc probablement devoir être amendé.
sur l’application provisoire : ordinairement l’application provisoire des volets de compétences communautaires est traitée dans la décision sur la signature, et considérée comme presque automatique.
L’application provisoire n’est pas obligée par le droit européen toutefois, et le CETA ne la prévoit pas automatiquement (à la différence d’autres accords, par exemple l’accord en cours de finalisation avec le Vietnam), de telle sorte que les États membres peuvent la refuser, en théorie par un vote – à l’unanimité des 28 (27?) – demandant la modification du texte de la décision proposée par la DG Commerce.
La DG Commerce a senti que ce pouvait être un sujet contentieux au Conseil, à la fois sur le principe (l’application provisoire est-elle acceptable) et son périmètre (quelles sont les dispositions qui relèvent de la compétence de l’UE et qui peuvent donc être appliquées tout de suite).
La séparation des deux décision est donc une manœuvre tactique pour qu’un éventuel désaccord sur les modalités et contours de l’application provisoire n’entrave pas la signature du traité. Il restera de toute façon quelques mois pour régler ce problème, jusqu’à la ratification du Parlement européen.
Ce que cela implique :
le débat sur l’application provisoire (cf infra) est délié de celui sur l’approbation du traité par les gouvernements. Il n’aura pas d’effet sur l’agenda d’approbation et de signature.
Enjeux de la réunion de Bratislava
La réunion de Bratislava (23 septembre) doit fournir l’occasion de faire l’inventaire des problèmes qui doivent être réglés afin que tous les États membres puissent approuver le traité et apposer leur signature lors de la cérémonie officielle prévue le 27 octobre.
Or pour l’heure :
plusieurs gouvernements, dont la Belgique et l’Autriche, disent ne pas être en mesure d’approuver le traité. En Belgique, le Premier ministre fédéral doit préalablement recueillir l’assentiment de tous les gouvernements régionaux, et le parlement de Wallonie est opposé au CETA. En Autriche, le Chancelier social-démocrate a organisé une consultation interne à son parti, qui s’est soldée par une victoire écrasante du Non au CETA ; sous réserve d’un consensus au sein du gouvernement, c’est la position que portera Vienne le 18 octobre. D’autres pays, la Slovénie ou la Hongrie, se disent très réticents.
La Roumanie et la Bulgarie exigent d’Ottawa que leurs ressortissants soient – comme les 26 autres États membres – exemptés de l’obligation de visa pour entrer sur le territoire canadien. Ils n’accepteront le traité qu’à ces conditions.
Le débat interne au SPD allemand, conduit par le ministre de l’économie Sigmar Gabriel qui avait engagé son mandat dans le dossier, a certes conduit le parti à prononcer son soutien au CETA, mais il a également mobilisé l’opinion, et conduit les syndicats à s’engager. Ceux-ci, qui sont formellement membres du SPD, ont exigé de la Commissaire Malmström et la ministre Freeland qu’elles s’engagent à une déclaration d’interprétation complémentaire au traité, qui garantirait l’innocuité des dispositions sur l’investissement du traité, et renforcerait les engagements des parties dans les domaines sociaux et environnementaux. Le contenu et le statut précis d’une telle déclaration restent à clarifier d’ici le 18 octobre, l’épisode met néanmoins la DG Commerce en difficulté : alors qu’elle affirme refuser de rouvrir les négociations avec le Canada, l’inclusion de telles garanties dans des formulations juridiquement efficaces, telles que la notice interprétative ajoutée à l’ALENA en 2001 concernant le chapitre 11 sur la protection des investissements, ne peut intervenir sans une discussion de niveau politique.
Les modalités précises de mise en œuvre provisoire du traité restent à clarifier. Beaucoup de gouvernements, dont ceux des « grands » pays membres – France, Allemagne, Pologne par exemple – exigent l’exclusion du chapitre 8 (Investissement/ICS) du champ de l’application provisoire et cela fera probablement consensus. D’autres dispositions devraient être exclues également : procédures de sanction des infractions à la propriété intellectuelle (ch. 20), dispositions relatives aux services financiers (ch.13) par exemple. L’application des chapitres 22, 23 et 24 (Développement durable, commerce et emploi, commerce et environnement) serait à la discrétion des gouvernements. La réunion de Bratislava devrait permettre de préciser les proposition faites aux États membres en la matière, afin qu’ils se prononcent d’ici le 18.
Deux scenarii sont possibles :
les États membres approuvent le CETA le 18 octobre. Dans ce cas il est envoyé au Parlement européen et la procédure de ratification s’enclenche. Elle devrait intervenir début 2017.
La proposition de la Commission n’obtient pas l’unanimité du Conseil. Dans ce cas la cérémonie de signature du 27 octobre devra être ajournée. Reste à savoir si les États membres s’accorderont pour donner à la Commission mandat de rouvrir les négociations avec Ottawa sur les aspects controversés. Ce serait une situation sans précédent.
Les ratifications nationales
La DG Commerce de la Commission a saisi la Cour de Justice européenne d’une demande d’avis sur le statut légal de l’accord de commerce et d’investissement conclu en 2013-2014 entre l’UE et Singapour. Celui-ci, dont la logique et le type de dispositions sont similaires à celles du CETA, posait déjà la question « compétence exclusive/mixité ».
L’avis de la CJUE clarifiera cette question controversée depuis 2010 et le transfert de toutes les compétences « commerce » et « investissement » des États membres à l’UE : un accord de commerce et d’investissement qui comporte une quantité marginale de dispositions de compétence nationale (coopération dans le domaine de l’environnement, des transports ou de l’énergie par exemple) doit être considéré mixte et ainsi exiger une approbation des instances compétentes dans les 28 États membres ? Si oui, la ratification nationale conditionne-t-elle l’entrée en vigueur définitive de tout le traité, ou seulement de ces dispositions de compétence nationale ?
Cet avis devrait intervenir d’ici fin 2016, et il influencera très certainement le processus d’approbation du CETA. En effet la DG Commerce espère que l’avis lui sera favorable :
en plaçant l’accord UE-Singapour sous la compétence exclusive de l’UE,
en donnant une valeur suffisamment générale à cette appréciation pour qu’elle puisse s’appliquer au CETA.
Dans ces conditions, les ratifications nationales perdraient grandement en importance, voire pourraient être annulées.
TAFTA : quelle situation à la veille du 15ème cycle de négociations ?
Le traité en négociation entre l’UE et les États-Unis depuis juillet 2013 se trouve incontestablement dans le creux de la vague.
les élections américaines ont porté le commerce au cœur de la campagne électorale. Les deux principaux candidats Hillary Clinton et Donald Trump se sont tous deux – pour des raisons différentes – montrés très critiques quant au bilan de la politique commerciale américaine, notamment à l’égard de l’ALENA, et ont pris l’engagement de renoncer aux projets de traité transpacifique et transatlantique, entre autres.
L’opinion publique américaine est très attachée à des politiques dont le démantèlement est directement ciblé par les Européens dans la négociation du TAFTA, en particulier les programmes qui réservent une partie importante des marchés publics fédéraux aux entreprises américaines (Buy American Act, Buy America, Berry Amendment) – et même si une partie de es entreprises américaines sont en réalité des filiales locales de multinationales étrangères. Impossible pour Washington de céder aux exigences de l’UE, et notamment de la France, en pleine campagne électorale.
Si les négociations progressent dans un certain nombre de domaines techniques (convergence réglementaire sectorielle ou transversale, accès au marché dans l’agriculture et les services…), les points « durs » de la négociation n’ont pas véritablement été abordés : produits agrioles sensibles, marchés publics, indications géographiques, libéralisation des services financiers, énergie, notamment.
Le 15ème cycle de négociation prévu à Washington toute la semaine du 3 octobre devrait permettre de poursuivre les discussions techniques, mais il ne permettra en aucun cas le déblocage de ces dossiers complexes.
Du côté européen, la réunion de Bratislava sera l’occasion d’un bilan politique du processus de négociation, et d’un examen des perspectives.
La plupart des grands pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, Suède, République tchèque…) soutiennent les négociations et souhaitent qu’elles se poursuivent. D’autres, plus petits (Grèce, Slovénie, Autriche par exemple), sont très critiques mais dans l’incapacité politique de stopper le processus, même coalisés face à l’alliance des grands pays.
QUID de la France ?
Le Secrétaire d’État au commerce extérieur Matthias Fekl a annoncé le 30 août dernier la décision de la France d’appeler à la fin des négociations.
Il convient toutefois de mettre ces déclarations en perspective :
depuis plus d’un an, la France annonce régulièrement son intention de sortir des négociations sans que ces déclarations ne soient relayées par des actions concrètes à Bruxelles. Les comptes-rendus des Comités de politique commerciale expriment même la satisfaction française à l’égard de la conduite du dossier par Bruxelles.
Paris appelle à la fin des négociations dans l’objectif réel de les influencer, et de presser in fine Washington à des concessions.
Les conditions d’arrêt d’une négociation commerciale ne sont pas définies par les traités européens, et la France se trouve prise à son propre piège. En 2013, lors de l’élaboration et du vote du mandat de négociation par le Conseil, celle-ci avait imposé l’unanimité des 28 pour l’approuver, ce afin d’obtenir la garantie d’une « exception culturelle » (en réalité une exception partielle sur l’audiovisuel). A défaut de règle précise, la coutume appellerait aujourd’hui l’unanimité des 28 pour suspendre les négociations, en perspective ou non d’une redéfinition du mandat
En somme, la France n’a pas de solution juridique. La seule issue est politique : la France doit construire une alliance capable de faire basculer le Conseil, négocier politiquement une sortie des négociations contre des concessions dans d’autres dossiers brûlants à Bruxelles, voire s’imposer unilatéralement.
La réunion de Bratislava, même informelle, sera donc décisive à bien des égards pour le futur des accords transatlantiques et c’est même toute la crédibilité de la politique commerciale de l’UE, et de la Commission qui les conduit, qui semble liée au sort du TAFTA et du CETA.
Nombre de négociations sont en jeu, le TiSA (Accord plurilatéral sur la libéralisation des services) ou les accords en négociation avec le Mercosur, la Tunisie, la Birmanie et l’Indonésie, de même que les projets avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande notamment.
Amélie Canonne
AITEC - Association internationale des techniciens, experts et chercheurs
Publié : 22/09/2016| Auteur :Non merci|Classé dans :*.Accord UE/USA / TAFTA / TTIP|Commentaires fermés sur TTIP: Fekl s’en prend à l’extraterritorialité des lois américaines
AFP
L’Union européenne ne peut mener des négociations « sérieuses » avec les Etats-Unis sur un traité de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta) « tant que subsiste le caractère extraterritorial des lois américaines », a estimé le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Matthias Fekl dans un entretien aux Echos.
Paris, 22 sept 2016 (AFP) – L’Union européenne ne peut mener des négociations « sérieuses » avec les Etats-Unis sur un traité de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta) « tant que subsiste le caractère extraterritorial des lois américaines », a estimé le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Matthias Fekl dans un entretien aux Echos.
« Il n’est pas concevable (…) de négocier un partenariat commercial avec les Etats-Unis alors que parallèlement l’extraterritorialité de leur législation leur permet d’attaquer des entreprises françaises et européennes », a déclaré M. Fekl, qui doit demander vendredi, à la réunion des ministres du Commerce extérieur européens à Bratislava, l’arrêt des négociations sur le TTIP.
La justice américaine peut en effet rendre des décisions sur des faits qui n’ont pas eu lieu aux Etats-Unis, au motif que les opérations concernées sont libellées en dollars.
La banque française BNP Paribas s’est ainsi vue infliger en 2014 une amende de 8,9 milliards de dollars pour avoir effectué des opérations en dollars avec des pays faisant l’objet de sanctions économiques américaines.
M. Fekl a répété que les négociations n’avaient plus « le soutien politique de la France », tout en reconnaissant que Bruxelles avait le droit de les poursuivre.
« Nous souhaitons que ce mandat (de négociation, confié à la Commission européenne, ndlr) soit considéré comme caduc, il en faut un nouveau, transparent et public », a insisté M. Fekl. « Il faut négocier sur des sujets mutuellement bénéfiques ».
Il a par ailleurs critiqué la stratégie commerciale européenne et indiqué qu’il ferait prochainement des propositions en ce sens.
A la fin août, M. Fekl avait annoncé que la France demanderait en septembre à la Commission l’arrêt des négociations, à l’occasion de la réunion de Bratislava.
Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait répondu que Bruxelles poursuivrait ses négociations avec Washington.
« Etant donné le mandat » que les Etats-membres de l’UE ont accordé à la Commission, « nous continuerons de négocier avec les Etats-Unis », a-t-il assuré.
Négocié depuis mi-2013 par Washington et la Commission européenne, l’accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d’autre de l’Atlantique.
L’objectif est de créer la plus grande zone de libre-échange du monde, censée doper son activité économique.
Des milliers de personnes ont manifesté, ce mardi 20 septembre, contre le TTIP, dans les rues de Bruxelles. Reuters/Eric Vidal
Une dizaine de milliers de personnes a manifesté ce mardi 20 septembre à Bruxelles sous les fenêtres des institutions européennes pour dénoncer le traité de libre-échange transatlantique que l’UE négocie avec les Etats-Unis (TTIP).
Avec notre correspondant à Bruxelles,Pierre Benazet
Trois jours après les grandes manifestations anti-TTIP qui ont rassemblé entre 163 000 et 320 000 personnes dans sept villes allemandes, les Belges se sont mobilisés à leur tour. Six à quinze mille personnes ont manifesté à Bruxelles, ce qui, à l’échelle du pays, constitue un grand succès selon les organisateurs.
Armés de cornes de brume et de sifflets, et sous d’immenses lettres gonflables proclamant en rouge vif « stop TTIP », les manifestants ont bruyamment parcouru le quartier européen de Bruxelles, à l’appel des syndicats, des partis de gauche et des ONG. Ils affirment tous que ce rassemblement prouve que la mobilisation ne faiblit pas, même si un sondage récent donne plus de 59 % des Belges favorables au futur traité transatlantique pour l’investissement et le commerce.
Il reste que les manifestants de Bruxelles voient dans ce TTIP un tapis rouge déroulé aux actionnaires des multinationales américaines pour envahir le marché européen au détriment des classes moyennes européennes, des consommateurs et des agriculteurs.
Le CETA, l’accord économique et commercial global avec la Canada, était lui aussi pointé du doigt. Il est d’ailleurs sur la sellette en Belgique, puisque le parlement régional de Wallonie menace d’en empêcher la ratification.
BERLIN — Hundreds of thousands of people rallied across Germany and Austria on Saturday to urge their governments not to sign new agreements being negotiated for European Union trade deals with the United States and Canada.
The proposed deals have been bitterly contested since the European Union and Washington agreed in 2013 to try to form a new free-trade area with a market of more than 800 million people.
Beyond eliminating the remaining trade barriers and tariffs, one declared aim is ensuring that American and European consumer regulations — rather than the perceived lower standards in rising markets like China and India — become the standards worldwide.
Although Germany’s economy is heavily dependent on exports, opposition to the proposed pacts with the United States and Canada has swelled from the start, uniting a coalition of churches, trade unions, intellectuals and left-wing parties. That coalition called for Saturday’s protests in seven German cities.
The opposition effort poses problems in particular for Sigmar Gabriel, Germany’s vice chancellor and the leader of the German Social Democrats. He is battling to keep his party well above the 20 percent mark in opinion polls ahead of national elections in the fall of 2017.
In what appeared to be a tactical move, Mr. Gabriel hurriedly visited Canada this past week and agreed with the Canadians that their pact could still be amended once passed by European Union trade ministers next Friday and then ratified by national parliaments.
But Mr. Gabriel also recently said the talks with the Americans over the Trans-Atlantic Trade and Investment Partnership, or T.T.I.P., had virtually failed. The Socialist government in France, facing elections in the spring, swiftly followed suit, calling for an end to the negotiations.
By contrast, the German chancellor, Angela Merkel, said through her spokesman that the negotiations must continue.
A 15th round of talks is scheduled for October in the United States, and President Obama has continued to insist that a deal can be reached this year. Neither candidate to succeed Mr. Obama — Hillary Clinton or Donald J. Trump — has expressed support for the proposed trade pact.
Aware of the ticking clock, activists in Germany and Austria called Saturday’s demonstrations to push their case that both trade pacts are unfair and would force Europeans to accept what they see as lower American consumer standards.
The attacks on American practices have been so vigorous that proponents of a trade deal have often accused protesters of anti-Americanism, which they strongly deny.
Europeans have focused on genetically manipulated food produced in the United States and a desire to preserve the guaranteed quality of goods like Italian Parmesan, French Champagne and Black Forest ham by insisting that only products from those European regions can carry such labels.
Perhaps an even bigger point of contention is that the United States wants firm protections for investments by American companies in Europe, in case a member state fails to uphold the terms of the pact. Opponents of the pacts argue that such clauses could undermine the laws of European states by, in effect, providing legal protection for private companies even if they violate existing agreements on labor practices, for instance.
Organizers estimated that 320,000 people turned out in the German cities on Saturday, with at least 50,000 others expected in five cities across Austria. The Austrian lobby opposing a trade deal wants to hold a referendum on the issue and plans to collect the required 100,000 signatures in one week in January to force a popular vote barring the government from signing either deal or an earlier one regulating trans-Atlantic services.
German businesses have mounted a vigorous campaign favoring the trade pacts, particularly T.T.I.P. A typical recent brochure from the Atlantik-Brücke, one of the oldest trans-Atlantic groups here, described “extraordinary opportunities,” and said T.T.I.P could increase trans-Atlantic trade by 100 billion euros, or more than $110 billion, within 10 years for the European Union alone.
On Berlin’s Alexanderplatz, the center of the protests in the capital on Saturday, protesters sounded unconvinced.
Asked why she was there holding an anti-T.T.I.P. banner, Marina Dudek, a 52-year-old teacher, was clear: “I don’t like the way this is being negotiated. This is not being done in a transparent way — and if that is the case, it makes me suspicious.”
Ulrike Dettmann, 42, an urban planner, brought her 9-year-old son, Luka, to the protest. He was the one waving their banner, and he was the first to answer when asked why they were there.
“I don’t want to eat genetically manipulated food,” the boy said, citing an image that has become a favorite for the protesters — American chickens washed in chlorine. “Plants should grow as they always have, from ancient times.”
His mother said they had decided together to attend. “We both said that if everybody thought, ‘Oh, we’re just two people, we can’t make difference,’ then no one would go,” she said. “And so we came.”
Le secrétaire d’État chargé du commerce extérieur, Matthias Fekl, était l’invité de Jean Leymarie sur franceinfo vendredi 16 septembre. Il annonce que la France est prête à opposer son veto pour empêcher toute conclusion du très contesté traité Tafta.
Le secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur #MatthiasFekl a réaffirmé vendredi 16 septembre sur franceinfo l’opposition de la France au traité de libre-échange transatlantique (#Tafta ou #TTIP ), qui est en cours de discussion entre les États-Unis et l’Union européenne.
« La position de la France est parfaitement claire, a assuré Matthias Fekl au micro de Jean Leymarie. Je demanderai la fin de ces négociations. Nous sommes à ce stade assez seuls, mais il est possible que d’autres pays s’expriment de la même manière ».
Si douze pays membres de l’Union européenne ont fait savoir qu’ils étaient favorables au traité Tafta, Matthias Fekl note qu’ils ne forment pas une majorité et qu’ils comprennent notamment la Grande-Bretagne. « Nous opposerons notre droit de veto, promet-il. Les Américains défendent leurs intérêts, nous défendons les nôtres ».
Matthias Fekl appelle de ses vœux des #négociations démocratiques et transparentes, qui prennent en compte les questions sociales et environnementales.
Visionnez l’intégralité de l’interview de Matthias Fekl au micro de Jean Leymarie
Les négociations sur le Tafta (également appelé TTIP : le traité euro-américain visant à libéraliser le commerce et les investissements) sont dans l’ornière, et on ne voit plus guère ce qui pourrait les en sortir, sauf des concessions majeures que feraient les Etats-Unis. Pourtant, les tensions entre pro- et les anti-Tafta sont plus vives que jamais.
A Bratislava, vendredi, les 27 leaders ont soigneusement évité le sujet qui fâche, malgré le fait que la France ait constaté l’échec des pourparlers sans être contredit par l’Allemagne. Ce sont les ministres du Commerce qui ont été chargés d’en discuter lors d’une prochaine réunion, vendredi 23 septembre, dans la capitale slovaque.
Les pro-Tafta sont les gouvernements des pays européens les plus ouverts aux relations commerciales avec les Etats-Unis. Dans une lettre commune, les ministres du Commerce de douze pays de l’UE appellent la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, à faire son possible pour débloquer les « problèmes restants » avec Washington. Les signataires sont l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Suède, la Finlande, le Portugal, l’Irlande, la République Tchèque, le Danemark et les trois pays baltes.
Les ministres des 16 autres pays de l’Union, à commencer par la France et l’Allemagne, ne se sont pas joints à l’appel. En Allemagne comme en France, des débats internes au pouvoir ont lieu, plus ou moins feutrés.
A Berlin, la chancelière Angela Merkel est favorable aux pourparlers, mais elle est désormais très isolée. Le vice-chancelier SPD Sigmar Gabriel, par ailleurs ministre de l’Economie, a dit tout le mal qu’il pensait du projet de traité. Malgré la pluie, d’immenses manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs villes allemandes (Berlin, Munich, Hambourg…) pour protester contre le Tafta, mais aussi contre le traité euro-canadien, le Ceta, qui, lui, doit être signé en octobre.
Quid du « retrait du mandat de négociations » ?
En France, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce, Matthias Fekl, a annoncé en août que la France demanderait le retrait pur et simple du mandat de négociation accordé à la Commission. « La poursuite d’une mauvaise négociation ou la conclusion d’un mauvais accord serait préjudiciable à la qualité des relations transatlantiques pour des années. Il vaut mieux crever l’abcès. » déclarait-il à l’Obs à la fin du mois d’août.
Il est visiblement allé un peu trop vite en besogne. L’Elysée a certes exprimé ses réserves sur le Tafta, mais sans parler d’un « retrait du mandat de négociation ». Et d’ailleurs, le président, à Bratislava, n’a pas évoqué le sujet. L’exigence française d’un « retrait du mandat » n’est plus à l’ordre du jour. Pourquoi faire, explique-t-on, puisque politiquement, ce traité est mort ?
Dans son discours devant les ambassadeurs, le 30 août, François Hollande s’est borné à dresser un constat : « Ces discussions ne pourront pas aboutir à un accord d’ici la fin de l’année ».
« La France ne pourra pas approuver un accord qui aura été ainsi préparé, sans les bases indispensables pour une conclusion positive. La France préfère regarder les choses en face et ne pas cultiver une illusion qui serait celle de conclure un accord avant la fin du mandat du président des Etats-Unis. »
Matthias Fekl a démenti vendredi sur France info toute divergence avec l’Elysée, et lorsqu’il retrouvera ses collègue à Bratislava vendredi prochain, il demandera « l’arrêt » des négociations.
« Je porte cette ligne là, aucune autre. (…) Et si, mais rien aujourd’hui ne permet d’abonder dans ce sens , si une autre ligne devait être choisie, il va de soi que ce n’est pas moi qui la porterais. »
Nouveau round à New York
Un nouveau « round » de négociation entre Cecilia Malmström et l’américain Michael Froman doit se tenir en octobre à New York. Mais il est désormais clair que tant que le/la prochain(e) président(e) américain(e) n’occupera pas le bureau ovale (janvier 2017) les discussions seront gelées.
D’ailleurs, même la Commission européenne ne semble plus y croire : dans son discours sur l’Etat de l’Union, mercredi 14 septembre, le président de la Commission européenne s’est félicité de la signature prochaine du traité euro-canadien, mais n’a pas dit un mot sur le Tafta.
A Berlin, de 50.000 à 70.000 personnes se sont rassemblées contre le traité de libre-échange transatlantique (TTIP).
Photo : AFP
Selon les syndicats, 320 000 manifestants ont défilé samedi dans sept villes allemandes pour dénoncer le projet de traité de libre-échange transatlantique (TTIP) ainsi que leur opposition au Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada dont la signature finale est attendue à la fin du mois prochain.
Dans un pays où la population est largement hostile à ce traité en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’UE, les organisateurs des manifestations de samedi – une trentaine d’ONG, de syndicats et partis politiques – ont affirmé avoir mobilisé quelque 320 000 personnes. La police dans les 7 villes concernées par les défilés avançait pour sa part une estimation de 163.000 à 188.000 manifestants. A Berlin, de 50 000 à 70 000 personnes se sont rassemblées, malgré les fortes pluies qui se sont abattues en début de manifestation, à la mi-journée. La mobilisation a également été forte dans les deux autres principales villes du pays, Hambourg et Munich, moins importante à Francfort, Cologne, Stuttgart et Leipzig. Mille pancartes et drapeaux bariolées y étaient tenus à bout de bras, barrés de slogans comme « Démocratie au lieu du TTIP », « Non c’est non », ou encore « Partager plutôt que diviser ». Outre le TTIP, pour lequel un nouveau round de négociations vient d’être fixé à début octobre, les manifestants entendent exprimer leur opposition au Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada dont la signature finale est attendue à la fin du mois prochain.
Des négociations tenues dans le plus grand secret
Ces deux traités inquiètent de longue date de nombreux Allemands, alors que Mme Merkel n’a cessé d’insister sur les « chances de créations d’emploi » qui doivent en découler. « En Europe, il faut que ce soient les gens qui reviennent au premier plan (…) c’est pour ça qu’il faut stopper le TTIP », juge à Berlin Axel Kaiser, coordinateur d’une plateforme de petites et moyennes entreprises contre ce traité. « Nous nous battons pour des processus de décision démocratiques, pour que les principes de l’Etat de droit s’appliquent dans les accords commerciaux », estime un autre militant, Ulrich Schneider. Négocié depuis mi-2013 par le gouvernement américain et la Commission européenne, l’accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, également connu sous un autre acronyme anglais, Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d’autre de l’Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange. Ses détracteurs craignent, outre une remise en cause des normes sociales, sanitaires et environnementales européennes, la création d’un mécanisme d’arbitrage parallèle pour les investisseurs étrangers qui viendrait affaiblir le pouvoir des autorités publiques face aux grandes entreprises.
Les organisateurs des manifestations en Allemagne ne cessent également de dénoncer des négociations tenues dans le plus grand secret. « Nous avons besoin d’accords commerciaux meilleurs, (que) nous pouvons avoir si nous stoppons les mauvais accords (…) en nous battant pour une économie équitable », a dénoncé Jennifer Morgan, dirigeante de Greenpeace International. Soutenu par la chancelière Merkel, le TTIP divise aussi son gouvernement, le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel ayant vertement critiqué le traité au début du mois en assurant que le TTIP avait « de facto échoué ». Le SPD doit décider lundi lors d’un mini-congrès s’il approuve ou non le CETA, que le gouvernement juge être « un accord très réussi ». Selon un sondage de l’institut Ipsos, 52% des Allemands estiment que le libre-échange mène à un affaiblissement des normes sociales et permet l’importation de produits dommageables pour la santé.
Le 16 septembre prochain, les dirigeants européens se réunissent à Bratislava. Ils y aborderont les accords de libre-échange transatlantiques. La position de Geneviève Azam (économiste, conseillère scientifique d’Attac), Susan George (écrivaine, présidente d’honneur d’Attac) et Yannick Jadot (député européen, vice-président de la commission du commerce international au Parlement Européen).
Le 16 septembre prochain, les dirigeants européens se réunissent à Bratislava. Ils y aborderont les accords de libre-échange transatlantiques : celui en négociation avec les Etats-Unis (TAFTA) et celui avec le Canada (CETA) qu’ils s’apprêtent à parapher le 27 octobre prochain lors d’un sommet à Bruxelles. Le 22 septembre, ce sont les ministres du commerce qui s’y colleront. Or, depuis plusieurs mois, le Président de la République et son Secrétaire d’Etat au Commerce expriment des réserves sérieuses, quoique contradictoires, sur la négociation du TAFTA. Empruntant successivement au registre altermondialiste sur la protection de l’environnement, les services publics, la sécurité des aliments ou le modèle agricole, comme au registre libéral sur l’absence d’engagement américain en faveur d’une libéralisation de leurs marchés publics, Mathias Fekl l’a annoncé publiquement : il ira à Bratislava demander l’arrêt des négociations.
Toutefois, grâce à une étonnante pirouette politique, les mêmes nous expliquent que le CETA n’a rien à voir avec le TAFTA. Mieux, le CETA serait l’anti-TAFTA ! Il y aurait d’un côté les méchants Yankees et, de l’autre, les gentils Canadiens à l’accent si sympathique lorsqu’ils sont québécois et surtout lorsqu’ils acceptent l’ouverture complète de leurs marchés publics ! Certains pourraient y voir une posture tactique : le CETA est à l’agenda des prochaines semaines alors que les négociations du TAFTA sont embourbées aux Etats-Unis et en Europe pour de longs mois, au moins jusqu’aux élections de 2017. Mais ce qui est certain, c’est que ces déclarations ne résistent pas une seconde à l’analyse.
Le TAFTA et le CETA ne sont pas des accords de libre-échange. A l’exception de l’agriculture –heureusement !-, le commerce est déjà libre entre les deux continents. Ces négociations visent à harmoniser les règles et les normes qui encadrent nos économies et nos sociétés, à en limiter l’impact sur les échanges de marchandises, de services et d’investissement. Mais ce que certaines entreprises et gouvernements considèrent comme des « obstacles techniques au commerce » sont souvent des choix de société, construits démocratiquement -parfois de haute lutte-, qui touchent à la protection de l’environnement, de la santé, des salariés et des consommateurs, aux libertés et aux droits fondamentaux. Le cœur de ces négociations est de savoir qui définit la règle pour l’économie et le vivre-ensemble : les citoyens, les collectivités territoriales, l’Etat, les institutions fédérales ou les firmes multinationales ? La régulation se construit-elle sur l’intérêt général ou les intérêts privés ? Ce sont bien nos espaces démocratiques, nos espaces de souveraineté individuelle et collective qui sont en jeu.
C’est peu dire que les salariés n’en sortent pas gagnants. Selon les chercheurs de l’Université de Tufts aux Etats-Unis, le TAFTA détruirait 600 000 emplois en Europe, dont 130 000 en France, alors que le CETA en détruirait 200 000 en Europe, dont 45 000 en France. Les citoyennes et les citoyens des deux côtés de l’Atlantique ne sont pas mieux lotis.
Le CETA abîmerait la santé en renforçant les brevets des firmes pharmaceutiques européennes au détriment de la politique canadienne en faveur des médicaments génériques. Le coût des médicaments pourrait augmenter de plus de 10% pour les Canadiens. Le CETA attaquerait les services publics en bloquant l’émergence de nouveaux services ou le retour sous contrôle public de services mal gérés par le privé.
Le CETA mettrait en danger les élevages européens de bœuf et de porc en octroyant au Canada des quotas d’importations de viande. Certes, leurs animaux ne pourront pour le moment être nourris aux hormones mais ils sont particulièrement mal traités et bourrés d’antibiotiques. C’est en fait l’ensemble de notre réglementation environnementale et sanitaire qui serait menacé puisque le Canada et les Etats-Unis ne reconnaissent pas le principe de précaution.
Le CETA est aussi totalement contradictoire avec la lutte contre le dérèglement climatique. Conséquence immédiate de la conclusion de l’accord, la Commission européenne a accepté, sans pénalité environnementale, l’importation des carburants canadiens issus des très polluants sables bitumineux.
En libéralisant les marchés publics, il limite la capacité des Etats et des régions à utiliser ces derniers pour relocaliser une partie de l ‘économie, encourager les entreprises qui misent sur la durabilité, font vivre nos territoires, fournissent des emplois de qualité. Plutôt que de casser cette capacité publique d’intervention, l’UE devrait s‘inspirer des Etats-Unis et développer également un Buy European Act, qui protège les marchés publics, et énoncer un pacte en faveur des PME.
Enfin, le CETA en accordant aux firmes le droit d’attaquer les Etats et les régions lorsque leurs profits sont menacés par des mesures de protection de l’environnement, de la santé, des consommateurs ou des salariés, le CETA leur transfère des pans entiers de notre souveraineté juridique et démocratique. Un seul exemple démontre le formidable danger de ces tribunaux privés d’arbitrage : la firme canadienne TransCanada vient d’attaquer les Etats-Unis et demande 15 milliards de dollars de dédommagement aux contribuables américains. Motif : en amont de la COP21 à Paris, Barack Obama a bloqué le projet climaticide d’oléoduc Keystone XL permettant l’exportation des sables bitumineux et autres pétrole et gaz de schiste vers les raffineries et ports américains.
Le CETA exposerait donc nos systèmes législatifs et nos pouvoirs exécutifs à la menace permanente des firmes canadiennes et des dizaines de milliers de filiales des groupes américains ou européens installées au Canada, qui ont trop souvent fait de la rentabilité financière leur objectif ultime et du chantage à l’emploi une arme de dérégulation. Alors que les Européens demandent à leurs dirigeants de remettre la main sur l’économie, ce dispositif est une effroyable machine à construire du moins-disant réglementaire et de l’impuissance politique.
Les gouvernements tentent bien de nous vendre un partenariat moderne face aux grands défis. Rien pourtant dans l’agenda de négociation ne traite des urgences globales : dérèglement climatique, droits sociaux, souveraineté alimentaire, condition animale, biodiversité, supervision bancaire et financière, élimination des paradis fiscaux, parité dollar-euro…
Au contraire, le CETA et le TAFTA accélèrent les dérives, les injustices et les absurdités de la mondialisation et de l’institution de la compétition comme norme suprême des sociétés. Ils mettent en péril les sociétés et la planète. Déjà, les conséquences les plus visibles et les plus violentes de la globalisation -la remise en cause des systèmes sociaux, les délocalisations, les cyclones, sécheresses et inondations liés au dérèglement climatique, les épidémies et le terrorisme – interpellent chacune et chacun d’entre nous. Pire, l’extension du marché à tous les recoins de la planète et à toutes les sphères de la vie dépossède les citoyens, détruit les institutions communes, produit une opacité terrible des processus de décision, dilue les responsabilités, aboutit à une perte brutale de repères et accélère la crise écologique. Elle génère des fractures favorisant et amplifiant les replis et les fondamentalismes identitaires.
Cette mondialisation est à rebours du projet européen que nous défendons. Les majorités politiques actuelles ont transformé ce projet de civilisation en une petite mondialisation libérale, productiviste, technocratique et austéritaire, source de conflits et d’injustices. Elle participe des désordres du monde et expose plus ses habitants qu’elle ne les en protège. Si l’Europe ne devient pas un puissant levier de régulation politique et de soutien aux initiatives sociales et citoyennes qui répondent aux défis de notre temps, alors les nationalismes et les extrêmes droites gagneront partout en Europe. Nous refusons la dilution d’un projet européen humaniste, écologiste et solidaire dans une libre-circulation absolue des marchandises, des services et des investissements dont nous contrôlerions les dégâts sur les femmes, les hommes et la nature en érigeant des murs et des barbelés et en construisant des camps.
Nous sommes altermondialistes, et les mondes que nous souhaitons prennent en compte les limites de la planète et font prévaloir la logique des sociétés, des cultures et des droits sur celle des États et des puissances économiques et financières. Alors que trop de responsables politiques bombardent les citoyens d’appels à la peur et à la haine, nous défendons plus que jamais des sociétés ouvertes, fondées sur la coopération entre les humains et avec la nature au lieu de la compétition, capables de décider démocratiquement les normes et règles du vivre ensemble selon les principes de la solidarité, de la durabilité et de la justice internationale.
Pour toutes ces raisons, comme 2000 villes et régions d’Europe qui se sont déclarées zones hors TAFTA/CETA, comme 3,5 millions d’Européennes et d’Européens qui ont signé la pétition STOP TAFTA/CETA, nous demandons à François Hollande et Mathias Fekl d’être cohérents et d’annoncer à Bratislava, au nom de la France, leur refus de poursuivre les négociations TAFTA et de signer le CETA.
Le projet de traité de libre échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA) devrait être soumis à l’appr obation du Conseil européen du 18 octobre et, s’il était alors approuvé, soumis à la ratification du Parlement européen début 2017.
La mise en œuvre de ce traité aurait, comme vous le savez, des conséquences considérables : outre l’abaissement des barrières tarifaires en matière agricole qui aggravera la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysans, il entraînera l’abaissement généralisé des normes qui protègent Lire la suite »
Ce mardi 13 septembre, action de sensibilisation à l’entrée des gares
Pour stopper le TTIP et le CETA, navetteurs, vous pouvez agir !
Demain, les équipes 11.11.11 seront présentes aux entrées d’une quinzaine de gares en Wallonie et à Bruxelles pour mener une action de sensibilisation auprès des navetteurs. Ils seront invités à venir manifester lors du « STOP TTIP & CETA Day » le mardi 20 septembre, à 17H, à Bruxelles.
Un flyer sera distribué aux navetteurs afin de les appeler à rejoindre la grande mobilisation du 20 septembre.
Pourquoi la date du 20 septembre ?
Parce qu’il y a urgence. Le lendemain, le CETA pourrait être pré-approuvé par les Etats membres de l’Union au sein du Coreper, puis approuvé par les ministres européens du commerce réunis en Conseil le 22 septembre.
C’est quoi le Coreper ? C’est le Comité des représentants permanents des 28 Etats-membres auprès de l’Union européenne. Il prépare le Conseil.
Pourquoi faut-il se mobiliser ?
De plus en plus de voix s’élèvent contre le TTIP, le traité transatlantique entre l’Union Européenne et les Etats-Unis, comme récemment celle de François Hollande en France ou encore du ministre allemand de L’Economie, Sigmar Gabriel. Mais la vigilance s’impose. Même si le vent tourne, ces traités ne sont pas morts. Surtout, le « petit frère du TTIP », le CETA, le traité UE-Canada, moins médiatisé mais tout aussi problématique, pourrait déjà être signé fin octobre.
Et pourtant les problèmes sont légions. Ces traités donnent aux investisseurs privés des leviers importants pour influencer les lois en leur faveur, ils ouvrent de nouveaux pans du secteur des services aux personnes à la concurrence du privé, comme les mutuelles et menacent les réglementations alimentaires, la protection des travailleurs.
Des dangers compris par 4 parlements en Belgique qui se sont opposés à la signature du CETA. C’est pourquoi nous invitons les citoyens à défendre leurs droits et à rejoindre une large coalition de la société civile pour dire STOP au TTIP et au CETA, à Bruxelles, comme ailleurs en Europe, le 20 septembre. http://www.stopttip.be
Quand ? De 6h30 à 9h30 le mardi 13 septembre. Où ? Devant les gares de Bruxelles Centrale, Bruxelles Luxembourg, Ottignies, Braine-l’Alleud, Mons, Charleroi, Silly, Tournai, Liège-Guillemins, Libramont, Arlon, Marloie, Gembloux et Namur. CNCD 11 11 11
Grande manifestation à Stuttgart – Lieu : Place Arnulf-Klett (devant la gare centrale) 12 h.
Samedi 17 septembre, de grandes manifestations contre les accords commerciaux TAFTA et CETA, que l’Union Européenne veut mettre en œuvre, se dérouleront à Stuttgart et dans six autres villes allemandes (Berlin, Franfort-sur-le-Main, Hambourg, Cologne, Leipzig et Munich). Les négociations CETA, accord commercial entre l’UE et le Canada, sont terminées et l’UE veut le signer officiellement en octobre 2016.
CETA est et reste la copie conforme du TAFTA. Plus de 40.000 ( !) entreprises états-uniennes ont des filiales au Canada. Elles obtiendront grâce au CETA, des moyens juridiques exceptionnels grâce auxquels elles pourront amoindrir les droits des consommateurs et refuser d’appliquer les lois environnementales et sociales, pour « protéger » leurs profits. Si les gouvernements européens approuvent, l’Union européenne prévoit une « mise en oeuvre provisoire » du CETA même si l’accord n’est pas ratifié officiellement, c’est-à-dire si les Parlements nationaux ne l’ont pas approuvé. Ainsi, plus de 90% du contenu de l’accord serait mis en application sans l’accord des Parlements de chaque pays ! Les entreprises pourraient donc déjà saisir des tribunaux d’exception s’ils estiment que leurs profits pourraient être menacés.
Un large front d’organisations de la société civile – des syndicats jusqu’à l’Eglise, en passant par les associations environnementales et les organisations d’aide au développement – rejette les deux accords commerciaux envisagés et appelle à participer à des manifestations. Le but est, juste avant la date de la ratification officielle du CETA, d’exprimer l’importante opposition citoyenne et de faire ainsi pression sur les femmes et hommes politiques pour qu’ils n’approuvent pas cet accord CETA dans leur pays.
La date du 17 septembre en Allemagne est proche de celle du congrès du Parti social-démocrate (19 septembre) et des élections du parlement du Land de Berlin (18 septembre). Le SPD est – contrairement à la CDU – divisé sur ces deux accords commerciaux. Alors que beaucoup de militants de la base du SPD rejettent cet accord, la direction, et spécialement le ministre de l’Economie Gabriel, y était longtemps favorable. A présent, Gabriel change d’avis et affirme que TAFTA est un échec. Par contre, il veut sauver CETA et propose des réformes… pour un accord dont les négociations sont terminées !
Il s’agit donc avec cette manifestation, entre autres, de renforcer les forces au sein du SPD qui rejettent les accords. Une protestation de masse et bien argumentée par de nombreux groupes significatifs de notre société, peut être déterminant pour que le congrès du SPD se prononce contre ces accords et oblige le ministre SPD Gabriel à s’abstenir lors de la consultation du conseil des ministres de l’Union européenne. Cela signifierait la fin de ces accords.
Les manifestations du 17 septembre sont la suite décentralisée der la grande manifestation anti-TAFTA d’octobre 2015 à Berlin et ses 250.000 participants. Ce sont les mêmes organisations qui appellent à présent à ces manifestations décentralisées et simultanées dans sept villes. Une Coordination centrale de ces manifestations a été mise en place en Allemagne et elle travaille de concert avec les organisateurs dans les sept villes concernées.
A Stuttgart, un militant s’occupe en permanence de la coordination. Un site Internet a été activé sur lequel vous pouvez trouver toutes les informations utiles sur la manifestation et sa préparation : http://ttip-demo.de/bundesweiter-demo-tag/stuttgart/. « Campact », l’organisation en ligne de la campagne met à disposition de ceux qui sont intéressés, grâce à une Newsletter, les dernières informations et un argumentaire.
Les structures régionales et locales des organisations participantes impulsent la mobilisation. Dans de nombreuses villes, des Comités d’organisation ont été mis en place pour faire de l’affichage, de la distribution des appels à manifester ou publier des communiqués de presse.
Dans le Bade-Württemberg, les représentants(tes) de plus de 20 organisations préparent la manifestation. Ses initiateurs regroupés dans un Comité sont issus de l’alliance pour une politique commerciale responsable. Les participants à ce Comité sont, aux côtés du grand syndicat DGB qui redoute l’affaiblissement des conditions de travail telles que définies par les normes du BIT, les grandes organisations environnementales (BUND, Greenpeace, Amis de la Nature, NABU) qui craignent le recul des normes environnementales par TAFTA et CETA. Du Pain pour le Monde et Oxfam, qui sont toutes deux des organisations importantes engagées dans la coopération pour le développement, estiment qu’il y a danger dans la mise en cause des barrières commerciales entre l’Union Européenne et les USA, car ainsi les produits européens et états-uniens deviendront concurrentiels avec les produits des pays en développement qui risquent de perdre des parts de marchés en Europe et aux Etats-Unis. Pour le Bangladesh on estime que cela entraînera un recul de 2% du PIB à cause de TAFTA.
L’organisation « Plus de démocratie », co-organisatrice de la manifestation à Stuttgart, considèrent que l’application de TAFTA et CETA représente un danger pour la démocratie.
ATTAC-Allemagne aussi, redoute un recul massif de la démocratie, un démantèlement des services publics et de la protection de l’environnement. L’organisation paysanne ABL (Communauté de l’agriculture paysanne, membre de l’organisation internationale des petits exploitants « La Via campesina ») veut empêcher l’utilisation des techniques génétiques ainsi qu’une agriculture industrielle.
Les Eglises participent également à la protestation et revendiquent une politique commerciale mondiale juste et durable. L’évêque de l’église protestante du Land, représentant les Eglises protestante et catholique en Bade et dans le Württemberg, prendra la parole lors de la manifestation pour exposer les réflexions des Eglises.
Et en plus, apparaissent également des résistances dans le monde économique. Un des représentants du groupe de travail « KMU contre TAFTA.DE » prendra la parole lors de la manifestation : KMU représente les petites et moyennes entreprises, les 25.000 entrepreneurs rejettent le TAFTA (et le CETA) car avec ces accords, ce sont les grandes multinationales qui seront renforcées, empêchant les PME d’accéder aux marchés.
Ceux que nous ne souhaitons pas voir avec nous, c’est l’AfD, le nouveau parti de droite en Allemagne, qui est contre TAFTA et CETA pour des raisons nationalistes. Sa demande portant sur la manière avec laquelle il pouvait s’associer à la manifestation a été catégoriquement rejetée : « considérez-vous comme explicitement indésirables ».
Après le recul de quelques hommes politiques de premier plan (le ministre Gabriel, le président Hollande), certains pensent que TAFTA est mort. On ne peut affirmer cela avec certitude. Mais si le CETA est ratifié, nous aurons en Europe un TAFTA qui entre par une porte dérobée via le Canada. C’est pourquoi la résistance est si importante maintenant.
C’est pourquoi il est tellement important de participer à la manifestation contre le TAFTA-CETA. Rendez-vous à Stuttgart, le samedi 17 septembre à la Grande manifestation de Stuttgart – Lieu : Place Arnulf-Klett (devant la gare centrale) 12 h.
Les eurodéputés socialistes envisagent de remplacer leur alliance traditionnelle avec le Parti populaire européen, de centre droit, en se rapprochant des autres partis de gauche.
Un « caucus progressiste » a été lancé au Parlement européen. Celui-ci rassemble des eurodéputés de trois groupes politiques de gauche : la gauche unitaire européenne (GUE/NGL), les Socialistes et Démocrates (S&D) et l’Alliance libre européenne (Verts/ALE).
Le premier événement de cette collaboration, un débat intitulé « CETA, TTIP : les deux revers d’une même médaille ? », a eu lieu le 6 septembre. EurActiv y a abordé plusieurs élus pour leur parler de la possibilité de voir cette alliance devenir un jour la plus grande force politique du Parlement.
Il semblerait en effet que des discussions soient en cours avec le S&D sur la viabilité de leur coalition avec le PPE. Si tous les eurodéputés n’ont pas souhaité s’exprimer sur la question, certains socialistes estiment que ce virage à gauche est la seule chance de survie du S&D.
Cette formation politique est actuellement la deuxième plus grande du Parlement européen, après le Parti populaire européen (PPE), de centre-droit. Les deux groupes ont formé une coalition au début du dernier mandat, ce qui leur permet de se partager les postes clés de l’assemblée et du bras exécutif européen, la Commission. Ainsi, le président du Parlement, Martin Schultz, est du S&D, alors que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, est PPE.
Un programme de gauche
Pourtant, mis à part un programme politique de base et certains principes clés sur l’intégration européenne, les visions politiques des deux partis restent très différentes. Les politiques d’austérité et la crise des réfugiés ont encore approfondi les divisions entre le S&D et le PPE.
L’eurodéputé français Emmanuel Maurel (S&D) confirme que l’idée de former une nouvelle alliance a émergé dans le contexte des tensions sur ces deux sujets, qui définiront l’avenir de l’UE.
« Nous avons alors ressenti le besoin de créer un nouveau forum contre l’austérité et pour un nouveau modèle social », explique-t-il, ajoutant que le but de l’alliance serait de créer une « respiration » au Parlement et de donner plus d’espace au débat.
Face à une multiplication des crises, s’accrocher aux pratiques de la grande coalition serait le pire des choix pour la famille socialiste européenne, estime le Français. Emmanuel Maurel est très déçu par le vote du Brexit, auquel le Parlement ne croyait pas.
« En réalité, nous voulons mettre un terme à l’immobilisme d’un Parlement trop statique », indique-t-il, ajoutant que les socialistes européens devaient proposer un nouveau projet qui mobiliserait davantage les classes moyennes et ouvrières.
Hésitations socialistes
Emmanuel Maurel assure que Gianni Pittella, qui dirige le S&D est ouvert à l’idée. « Il entend ce que nous avons à dire. Il n’est pas indifférent du tout, ce qui est très important pour nous », indique-t-il. En ce qui concerne l’avenir du socialisme européen, il estime qu’« être un peu socialiste et un peu libéral ne mène nulle part ». « Nous devons changer de direction », conclut-il.
Certains eurodéputés ont cependant choisi de ne pas participer à l’alliance de gauche, parce qu’ils préfèrent suivre l’exemple de Martin Schulz, qui soutient toujours la coalition avec le PPE.
« Nombres de socialistes italiens, français et allemands sont néanmoins conscients que nous ne pouvons pas continuer comme ça, et que s’il y a un nouveau projet pour l’Europe, nous devons nous en emparer, avec ces élus qui partagent les mêmes idées que nous », affirme-t-il. « Il est évident qu’un grand nombre des députés GUE/NGL ou Verts ont les mêmes idées que nous. »
L’eurodéputé a par ailleurs exprimé son soutien le plus complet au gouvernement grec, mené par Syriza, et salué le courage de son Premier ministre, Alexis Tsipras. « Pour moi, il représente l’espoir de la gauche de demain », déclare-t-il. « Je ne veux pas interférer dans la politique grecque, mais en tant que socialiste européen, je veux pouvoir discuter avec Syriza, je veux travailler avec eux et je pense qu’il y a de la place pour ce parti dans notre groupe politique. »
Sergio Cofferati, eurodéputé italien du S&D, estime également que ce rapprochement de la gauche est une expérience importante.
« Il s’agit d’une tentative de rapprochement des différents points de vue des différents groupes. Je pense que cette expérience pourrait être transformée en une pratique de vote concrète au Parlement. Nous allons dans le même sens sur des tas de questions, mais il y a également des désaccords dans tous les groupes », explique-t-il, soulignant que le but ultime est de former un avis commun.
Pour lui, la culture de la gauche a changé ces dernières années. Il cite les exemples des parts émergents, comme Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne.
Les eurodéputés de l’Est freinent des quatre fers
Certains eurodéputés socialistes sont peu enclins à adopter un programme plus à gauche et s’opposent à tout « flirt » avec Syriza. Selon les sources d’EurActiv, cette réticence est particulièrement présente parmi les élus de l’Est, pour des raisons historiques.
« Ces eurodéputés ne sont pas d’accord avec un virage à gauche, parce qu’ils craignent une certaine déstabilisation », ajoute une source, sous couvert de l’anonymat. « En ce qui concerne le gouvernement hongrois, par exemple, certains socialistes d’Europe occidentale voudraient que l’UE adopte une attitude plus sévère, alors que la plupart des eurodéputés de l’Est estiment qu’il faut donner plus de liberté au gouvernement de centre droit, afin de ne pas encourager les gens à voter à l’extrême droite. »
Les bonnes relations entre Syriza et la Russie sont une autre source d’irritation pour les eurodéputés de l’Est. Pendant leur première année au pouvoir, des représentants de Syriza se sont en effet rendus en Russie et ont exploré les possibilités de coopération, notamment dans le domaine de l’énergie, malgré la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée.
Ces désaccords n’ont cependant pas empêché les eurodéputés socialistes d’adopter l’habitude de proposer des amendements avec les députés Verts ou de gauche, contrairement à l’esprit de la « grande coalition » officielle.
« Le PPE coopère avec les conservateurs et réformistes européens (CRE) et les socialistes sont donc obligés de compter sur les votes de la fraction la plus à gauche de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE). C’est particulièrement visible dans les commissions LIBE et TRAN », poursuivent des sources parlementaires.
Certains estiment que le gouvernement qui sera formé en Espagne aura un rôle clé à jouer dans l’avenir du S&D. Le blocage politique actuel mènera sans doute à une troisième élection depuis le début de l’année, et une possible alliance entre Podemos et les socialistes semble prendre forme. « Dans ce cas, nous devrons intégrer des membres du GUE/NGL », avertit une source socialiste.
Selon les informations obtenues par EurActiv, plusieurs eurodéputés socialistes ont déjà envoyé des lettres à la direction de la formation politique, appelant à une action immédiate afin de parer à davantage de pertes lors des prochaines élections européennes. Ces élus souhaitent se désolidariser à la fois du PPE et de la gauche radicale, même si cela entraine un blocage du Parlement.
Le S&D a peur d’une « pasokification »
Dimitris Papadimoulis, vice-président du Parlement européen et eurodéputé Syriza, a expliqué à EurActiv que le but de la nouvelle alliance était de formuler une alternative à une Union européenne en crise et de moins en moins populaire parmi les citoyens.
« Les forces politiques d’extrême droite montent en puissance et la chute de l’UE est leur priorité », fait-il remarquer, ajoutant qu’à ce jour une centaine d’eurodéputés, notamment issus des « franges progressives du S&D » avaient participé aux discussions communes.
De plus en plus de socialistes voient d’un mauvais œil l’alliance avec le PPE et craignent un scénario de « pasokification ». Le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) est le parti grec membre du S&D. C’est sous un Premier ministre de Pasok que les fraudes des statistiques budgétaires ont été exposées et que le premier programme de renflouement a été signé. Depuis, Pasok a vu sa popularité chuter. Selon les sondages, le parti sera à peine représenté dans le prochain parlement grec.
Même au sein du S&D, le parti grec a perdu en crédibilité. Selon un membre haut placé du S&D, Pasok est « complètement isolé » au sein de la formation politique, à cause de sa position « gênante » quant aux négociations du gouvernement avec ses créanciers.
« Les ‘socialistes de droite’ ont fait un compromis avec le régime actuel, dominé par la grande coalition, c’est là qu’est le problème : il n’y a pas d’opposition au sein du Parlement [européen] », estime Stelios Kouloglou, eurodéputé Syriza, qui soutient les propositions pré-élections d’Emmanuel Maurel. Cette alliance de la gauche européenne représente pour lui « les promesses faites par François Hollande, mais jamais tenues ».
Face aux pressions de certains membres de son groupe, Gianni Pittella avait fini par réagir en assurant que Pasok était un membre fondamental et irremplaçable de la famille socialiste européenne et que son dirigeant, Fofi Gennimata, avait grandement contribué à la gestion de la crise des réfugiés.
Aujourd’hui la Ville de Karnobat en Bulgarie est devenue la 2000è collectivité hors TAFTA et/ou CETA et rejoint ainsi le mouvement d’opposition à ces traités de libre-échange.
Dans toute l’Europe, des villes et des régions telles qu’Amsterdam, Cologne, Édimbourg, Grenoble, Barcelone, Milan, Vienne, Thessalonique entre autres, ont manifesté leur refus de voir ces traités être appliqués. Elles dénoncent le manque criant de transparence des négociations et demandent que les collectivités territoriales puissent y avoir une place aux côtés des États. En déclarant leurs communes, départements et régions hors CETA et TAFTA, les élus locaux affirment leur résolution à porter la voix des citoyens qui les ont élus auprès de la Commission européenne et de leurs gouvernements. Ces prises de positions matérialisent la volonté des élus locaux de défendre les citoyens de leur territoire et les institutions démocratiques comme des espaces de débat et de prise de décision en faveur de l’intérêt général. [1]
« 75 millions de citoyens européens vivent désormais dans une zone hors TAFTA et/ou CETA », déclare Amélie Canonne, Présidente de l’Aitec et une des animatrices du Collectif Stop TAFTA.« Il apparaît clairement que, partout à travers l’Europe, les citoyens et leurs élus locaux refusent catégoriquement ces traités injustes. Les gouvernements ne peuvent plus l’ignorer. »
S’ajoutant aux critiques exprimées par les élus locaux, ces dernières semaines les deux traités ont été remis en cause par des personnalités politiques majeures dans plusieurs pays d’Europe. Le Secrétaire d’État au Commerce Extérieur Matthias Fekl et le Vice-Chancelier allemand Sigmar Gabriel ont exprimé des réticences au sujet du TAFTA [2], le Chancelier autrichien Christian Kern a émis des inquiétudes au sujet du CETA et a demandé sa renégociation. [3] Malgré ces déclarations, Jean-Claude Juncker a confirmé la semaine dernière au G20 que la Commission européenne poursuivrait les négociations du TAFTA [4]. Des manifestions contre le CETA et le TAFTA auront lieu partout à travers l’Europe cet automne, dont le 15 Octobre en France.
S’inscrivant dans cet automne de mobilisation [5], les maires et élus locaux opposés au CETA et au TAFTA se réuniront à Bruxelles le 20 Octobre prochain lors d’un Sommet Citoyen sur le CETA.
*** Notes
[1] Près de 60 maires à travers l’Europe ont signé une déclaration conjointe appelant à la fin des négociations du TAFTA et à la non signature du CETA. Celle-ci note que le CETA « mettra en péril notre capacité à légiférer et à employer les fonds publics » et conclu que : « Pour toutes ces raisons, nous demandons que les négociations en cours sur le TTIP et le TISA soient suspendues et qu’un nouveau mandat soit construit, recueillant les demandes de tous ceux et toutes celles qui n’ont pas été consultés ou consultées. Nous appelons le Parlement européen, le Conseil européen et les gouvernements nationaux à ne pas ratifier le CETA. » Le texte complet est disponible ici : https://www.ttip-free-zones.eu/node/70 La carte des collectivités territoriales européenne hors CETA et TAFTA est disponible à cette adresse : https://www.ttip-free-zones.eu La liste des collectivités française peut également être consultée à cette adresse : https://www.collectifstoptafta.org/collectivites/
Alors que la France tente de sauver le CETA (l’accord UE-Canada) en torpillant momentanément le TAFTA/TTIP, l’AITEC et Corporate Europe Observatory, ainsi que 15 autres organisations européennes, rappellent les dangers de l’arbitrage d’investissement tel qu’il est proposé dans les deux traités.
En dépit de la “nouvelle” proposition de la Commission Européenne, le système de règlement des différends investisseur-État que rejette l’immense majorité des citoyen-ne-s (1) reste l’une des pierres angulaires du traité négocié entre l’UE et le Canada. Composés d’arbitres dont la rémunération est partiellement couverte par les parties au conflit, fondés sur un droit qui demeure à l’identique, réservés aux entreprises étrangères, qui peuvent dès lors choisir la justice qui leur sera appliquée,les tribunaux d’arbitrage donnent toujours des droits exceptionnels aux investisseurs étrangers, aux dépends de nos droits, de notre démocratie et des finances publiques.
Le rapport L’ISDS mort vivant : rebaptisée » ICS « , la Charte des pleins pouvoirs des entreprises refuse de mourir démontre les dangers de ces privilèges accordés aux investisseurs étrangers dans le CETA et le TAFTA/TTIP. Renommer ces tribunaux en « Système judiciaire des investissements, » visait sans aucun doute à créer l’illusion d’une véritable juridiction publique, dans l’espoir de calmer l’opposition grandissante . Pourtant le principe et les règles de l’ISDS demeurent. Avec le CETA, les investisseurs canadiens et les filiales des entreprises américaines au Canada pourront ainsi poursuivre l’Union Européenne ou l’un de ses États membres dans des tribunaux parallèles sous le prétexte que des décisions conçues pour protéger notre environnement et notre santé nuisent à leurs perspectives de profits.
Pour Amélie Canonne, de l’AITEC, « La proposition dite « ICS » tente de redonner une légitimité à un système discrédité par tous les observateurs, société civile, praticiens, experts du droit, élus locaux ou nationaux, PME… Mais l’analyse est sans appel : la seule évolution substantielle, la prétendue protection du droit à réguler des États, n’apporte aucune garantie réelle. Et les conflits d’intérêt vont demeurer légion puisqu’une part de la rémunération des arbitres restera à la charge des parties du différends, soit l’entreprise et l’État attaqué. »
Lora Verheecke de Corporate Europe Observatory confirme : « Comme un Zombie qui ressusciterait parmi les morts, les tribunaux d’arbitrage sont bien inscrits dans la politique commerciale de l’UE. Ils confèrent des privilèges extrêmes aux grandes entreprises, leur donnant le pouvoir de demander des milliards d’Euros de dommages de la poche des contribuables. Les attaques passées contre des lois d’intérêt général seront toujours et encore possible avec l’application du CETA et les nouvelles positions de l’UE dans les négociations du TAFTA/TTIP. »
DIPLOMATIE – La demande française d’interrompre les négociations, à laquelle s’ajoutent les critiques venues d’Allemagne, ne changent rien aux yeux de la Commission européenne.
Malgré les critiques émises par une partie des Etats européens, Bruxelles « continuera de négocier » avec les Etats-Unis le traité transatlantique de libre-échange (TTIP ou Tafta), a assuré dimanche son président Jean-Claude Juncker, en marge du G20 de Hangzhou. « Etant donné le mandat » que les Etats-membres de l’UE ont accordé à la Commission, « nous continuerons de négocier avec les Etats-Unis », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse, en dépit de la contestation manifestée au sein des gouvernements français et allemand.
« Lors du dernier Conseil européen en juin, j’ai demandé à l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement (des pays membres) s’ils voulaient que l’on poursuive les négociations. La réponse fut un oui » unanime, s’est agacé Jean-Claude Juncker. Pour lui, rien n’a changé et « il n’y a rien de neuf sous le soleil », a-t-il ajouté.
Des négociations de plus en plus critiquées. Cependant, la contestation semble s’intensifier parmi les gouvernements européens, en butte à une vive hostilité de l’opinion publique et en pleine montée des tentations protectionnistes à travers le globe. Dimanche dernier, le ministre social-démocrate allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, a estimé que les discussions avaient de facto échoué car les Européens ne devaient pas céder aux exigences des Etats-Unis. La chancelière conservatrice Angela Merkel continue néanmoins de défendre le projet.
En France, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a quant à lui indiqué que la France demanderait en septembre à la Commission, à l’occasion d’une réunion des ministres européens du Commerce, d’arrêter les négociations sur ce projet. Le président François Hollande ne s’est pas montré aussi catégorique, mais a rappelé mardi que la France ne voulait pas « cultiver l’illusion » d’un accord « avant la fin de l’année » et la fin du mandat de Barack Obama à la Maison Blanche.
Négocié depuis mi-2013 par Washington et la Commission européenne, l’accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, aussi connu sous l’acronyme Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d’autre de l’Atlantique. L’objectif est de créer la plus grande zone de libre-échange du monde, censée doper l’activité économique. « Nous allons continuer à négocier, d’autant que nous pensons que ces accords de libre-échange sont de la plus grande importance » pour dynamiser l’activité économique tout comme pour « lutter contre le chômage », a insisté Jean-Claude Juncker.
Publié : 03/09/2016| Auteur :Non merci|Classé dans :*.Accord UE/USA / TAFTA / TTIP|Commentaires fermés sur Hollande et Merkel veulent «une nouvelle impulsion» pour l’Europe à Bratislava
François Hollande et Angela Merkel ont plaidé vendredi, lors de rencontres entre chefs d’entreprises français et allemands, pour que le sommet post-Brexit des Vingt-Sept le 16 septembre à Bratislava soit l’occasion de donner «une nouvelle impulsion» à l’Europe, avec «un ordre du jour ambitieux».
Ces 25èmes rencontres entre grands patrons français et allemands, organisées chaque année à Evian, «arrivent à un moment particulièrement crucial pour l’Europe», a déclaré le président de la République, lors d’une déclaration conjointe avec la chancelière allemande.
«Avec le Brexit, avec également les montées des populismes et les contestations de l’idée même de l’Europe, une nouvelle impulsion est nécessaire pour l’Union. Et la France et l’Allemagne veulent y prendre pleinement leur place pour prendre leurs responsabilités», a-t-il aussi affirmé.
«A Bratislava, nous allons mettre l’accent entre autres sur le fait d’élaborer un ordre du jour ambitieux, ambitieux en matière d’économie», a renchéri Mme Merkel, faisant comme M. Hollande de la transition vers le numérique un des sujets importants.
«Nous devons également agir rapidement. Nous avons sur la table les propositions de la Commission et nous devons faire en sorte qu’elles soient mises en oeuvre rapidement. La France et l’Allemagne se montreront ambitieuses dans ce processus et feront tout pour favoriser le passage au numérique», a souligné la dirigeante allemande.
A deux jours du G20 qui s’ouvre dimanche à Hangzhou en Chine, M. Hollande et Mme Merkel ont également souligné le rôle de l’Europe pour favoriser la croissance et les échanges internationaux.
«En Chine nous aurons à faire en sorte que les pays les plus importants du monde puissent donner une impulsion à la croissance, à la régulation», à la «lutte contre un certain nombre de pratiques déloyales, à favoriser les échanges (…) Nous voulons que l’Europe puisse peser sur le destin du monde», a déclaré le chef de l’Etat.
Mme Merkel a également assuré que «les pays européens feront tout leur possible pour que des mesures favorables à la croissance soient mises en oeuvre, qu’on lutte contre le protectionnisme». «Nous avons besoin d’un commerce international, d’échanges internationaux qui fonctionnent bien», a-t-elle plaidé alors que Paris et Berlin ont récemment affiché des divergences sur le Traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis (TTIP).
Le Premier ministre Manuel Valls a demandé jeudi «un coup d’arrêt clair» dans les négociations pour ce traité. Le même jour, Mme Merkel plaidait de nouveau en faveur de cet accord de libre échange, contesté au sein même de son gouvernement.
François Hollande a pour sa part affirmé mardi qu’il n’y aurait pas d’accord entre l’UE et les États-Unis sur le traité transatlantique, avant la «fin de l’année» et «la fin du mandat» d’Obama.
Matthias Fekl et François Hollande ont annoncé vouloir « demander l’arrêt des négociations du Tafta ». Si elle doit être confirmée par des actes, cette bonne nouvelle, mérite examen : qu’exprime-t-elle ? Quel crédit faut-il lui apporter ? Signifie-t-elle la fin des négociations ? Que change-t-elle vraiment ? Et que devons-nous faire ?
Une victoire des mobilisations citoyennes
Rappelons-nous : c’est en catimini que le Conseil européen a confié un mandat de négociations à la Commission européenne le 14 juin 2013, des négociations à propos desquelles François Hollande affirmait vouloir « aller vite » pour éviter « une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ». Sans la détermination des nombreuses ONG, associations, syndicats et collectifs citoyens qui n’ont cessé d’exiger la transparence des négociations, d’en critiquer le contenu et de redoubler d’efforts pour informer la population, nul doute que ces négociations seraient restées opaques et inconnues du grand public – comme la très grande majorité des négociations d’accords commerciaux. Trois ans plus tard, l’opinion publique européenne, à commencer par la France et l’Allemagne, n’a sans doute jamais été aussi réservée sur le sujet. Au point qu’on ne compte plus les collectivités territoriales (dont les villes de Munich, Milan, Madrid, Barcelone, Vienne, Grenoble) à avoir exigé la fin des négociations. Une telle annonce, qui suit celle du vice-chancelier allemand ce dimanche 28 août, est le fruit de ces mobilisations citoyennes.
Quel crédit accorder à cette annonce ?
Au mois de mai, François Hollande avait déjà prononcé un cinglant désaveu vis-à-vis du Tafta : « à ce stade, la France dit non ». Des propos alors confirmés par Matthias Fekl, puis par Manuel Valls qui avait affirmé à la veille du Conseil européen du mois de juin qu’« il ne pouvait y avoir d’accord transatlantique ». Mais rien n’est venu. A l’occasion de ce même Conseil européen des 27 et 28 juin, Jean-Claude Juncker a déclaré avoir « demandé à tous les chefs de gouvernement si, oui ou non, la Commission devait poursuivre les négociations avec les Etats-Unis » : aucune réserve, critique ou demande d’arrêt des négociations n’a été prononcée. Ni par François Hollande, ni par aucun autre chef d’Etat ou de gouvernement.
Que faut-il alors penser de la nouvelle déclaration de Matthias Fekl ? A ce stade, ce n’est rien d’autre qu’une annonce de plus, sans effet immédiat : la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmstrom ne vient-elle d’ailleurs pas d’affirmer par tweet que les négociations continuaient, laissant entendre qu’un certain nombre de chapitres pourraient être finalisés d’ici la fin de l’année ? Matthias Fekl prévoit d’officialiser cette exigence française lors de la réunion des ministres du commerce extérieur à Bratislava, les 22 et 23 septembre, alors que le prochain Conseil européen formel, seul à même de prendre une décision ferme et définitive en la matière, est fixé aux 20 et 21 octobre. Soit après le 15ème « round » de négociations du Tafta qui est envisagé pour la première semaine d’octobre aux Etats-Unis.
La France peut-elle stopper les négociations toute seule ?
Ce sont les articles 207 et 218 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne qui fixent les conditions et modalités de négociation des accords de commerce et d’investissement : si les négociations sont menées par la Commission européenne, c’est bien le Conseil qui « autorise l’ouverture des négociations, arrête les directives de négociation, autorise la signature et conclut les accords ». Rien de précis ne statue sur le cas de figure où l’un des Etats-membres de l’UE souhaite « l’arrêt des négociations ». Néanmoins, comme le précise l’alinéa 8 de l’article 218, « le Conseil statue à la majorité qualifiée tout au long de la procédure ». Si François Hollande décidait d’aller jusqu’au bout et proposait au Conseil européen d’arrêter les négociations, encore lui faudrait-il trouver a minima une majorité (détail ici) et des alliés. A ce stade, la France ne peut donc bloquer seule la négociation du Tafta sur le plan légal. Néanmoins, Matthias Fekl n’est pas sérieux quand il affirme que « la Commission a parfaitement la possibilité de continuer à négocier jusqu’à la fin des temps, et personne ne peut s’y opposer ». Avec suffisamment d’alliés et de détermination pour mener réellement bataille à Bruxelles, y compris en instituant un rapport de force politique, François Hollande et Matthias Fekl peuvent réellement bloquer ces négociations : au lendemain du Brexit, il paraît improbable que la Commission s’échine à négocier le Tafta sans la France si ces représentants à Bruxelles sont déterminés à le bloquer. Mais en matière européenne, nous ne sommes jamais au bout de nos surprises.
Hollande et Fekl veulent stopper le Tafta au nom du libéralisme !
Regardons de plus près les arguments utilisés pour justifier l’arrêt des négociations. Au printemps dernier, François Hollande avait indiqué qu’il n’était pas « pour le libre-échange sans règle ». Le 10 mai, sur France Inter, Fekl avait été encore plus clair : « Après trente années de dérégulation néolibérale (…), il est temps de remettre des règles dans la mondialisation, il est temps que la puissance publique ait son mot à dire et que des choix démocratiques puissent être respectés. » Patatras. Les arguments avancés par Fekl ce 30 août pour justifier la décision française sont bien différents : « les américains ne donnent rien ou alors des miettes » a-t-il déclaré, se référant au refus américain d’offrir un meilleur accès à leurs marchés publics, qui sont protégés par différents dispositifs législatifs comme le « Small business Act » ou le « Buy American Act », qui réservent certaines commandes publiques, nationales ou fédérales, aux PME américaines.
Ce n’est donc pas au nom de la protection d’un éventuel modèle social et environnemental européen (et/ou français) que François Hollande et Matthias Fekl s’opposent au Tafta, mais parce que le gouvernement américain n’est pas assez libéral en matière de commerce transatlantique, refusant de libéraliser ses marchés publics. Matthias Fekl n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de « reprendre de plus tard sur de bonnes bases » les négociations d’un accord transatlantique. A aucun moment, Matthias Fekl n’a justifié l’abandon des négociations du Tafta en raison des risques pesant sur les services publics, le secteur agricole, les normes environnementales ou encore la lutte contre les dérèglements climatiques (lire le petit guide d’Attac sur le Tafta pour le détail de nos réserves et nos révélations sur la façon dont le Tafta sabote le climat).
Une annonce pour faciliter la ratification du Ceta ?
Cette posture qui semble manquer de cohérence ne doit pas surprendre. Entre mai 2009 et septembre 2014, l’UE et le Canada ont négocié le Ceta qui peut-être vu comme le petit frère du Tafta, ou mieux, sa préfiguration : 80 % des entreprises étasuniennes opérant en Europe pourraient par exemple avoir recours aux tribunaux d’arbitrage privés pour attaquer les États européens via leurs filiales canadiennes. Que ce soit du point de vue agricole, des services publics, des mécanismes protégeant les investisseurs privés ou encore de la protection de l’environnement, les réserves et critiques rendues publiques par les ONG, syndicats et associations sont en tout point comparables au Tafta (voir ici le petit guide d’Attac sur le Ceta). Pourtant, François Hollande et Matthias Fekl appellent à sa ratification rapide, considérant le Ceta comme « un bon accord ».
Dans les deux cas, il s’agit de projets d’accord de libre-échange pilotés par des lobbies industriels et financiers nord-américains et européens rétifs aux réglementations, et qui mettront à rude épreuve nos modes de vie, nos choix démocratiques et la capacité des États et des collectivités territoriales à protéger notre santé, notre environnement et nos droits (voir ce nouveau rapport qui montre comment le Ceta met à mal notre sécurité alimentaire). Il est légitime de se demander si l’annonce de Matthias Fekl sur le Tafta n’a pas pour fonction, tout en envoyant un message à un électorat de gauche très critique envers le Tafta, de faciliter la ratification du Ceta, qui doit être approuvé au Conseil européen le 18 octobre prochain, et au Parlement européen en janvier.
Stopper le Tafta pour inverser l’ordre des priorités
Comme l’illustrent les relatives incohérences des positions de François Hollande et du gouvernement français, il est important de rappeler quels sont les enjeux : faut-il libéraliser un peu plus le commerce et les investissements mondiaux en affaiblissant les réglementations en vigueur et en donnant plus de pouvoirs aux acteurs privés, ou bien faut-il mettre sur pied de nouvelles régulations mondiales, régionales et nationales pour juguler l’instabilité économique et financière, lutter efficacement contre la crise écologique et climatique, assurer la satisfaction des besoins essentiels de l’humanité, tarir les sources du terrorisme et des guerres sur la planète, etc ?
Nous ne manquons plus de rapports et d’éléments factuels montrant comment la libéralisation sans limite du commerce et de l’investissement contribuent à la crise multi-dimensionnelle que nous traversons. Il est donc temps d’inverser la tendance et de faire d’un certain nombre de sujets, notamment la transition écologique et sociale, des priorités face aux logiques de concurrence et de compétitivité qui nous conduisent dans l’impasse. Pour ce qui nous concerne, nous avions fait la proposition d’un mandat commercial européen alternatif lors de la précédente élection européenne. Ces propositions restent valables et d’une urgente actualité.
C’est en ce sens que les mobilisations prévues en Europe contre la ratification du Ceta et pour mettre fin aux négociations du Tafta, en Allemagne, en Autriche et au Royaume-Uni le 17 septembre, en Belgique le 20 septembre, en France le 15 octobre, sont d’une importance cruciale : c’est à nous, aux citoyens et à la société civile de nous mobiliser pour exiger que le climat, l’emploi et l’agriculture priment sur le business as usual. Et pour faire en sorte que les annonces soient transformées en actes.
Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France.
Auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, coll. Anthropocène. Octobre 2015
Pour Thomas Porcher, économiste et professeur associé à la Paris School of Business (PBS), la poursuite des négociations du traité de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne après l’opposition de la France et de l’Allemagne est clairement compromise.
Alors que le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a annoncé ce mardi 30 août, que la France demandait l’arrêt des négociations sur le Tafta, un porte-parole du représentant spécial américain au Commerce extérieur (USTR) Michael Froman, a indiqué que les Etats-Unis allaient continuer les négociations avec l’Europe.
Pour Thomas Porcher, économiste et professeur associé à la Paris School of Business, une poursuite des négociations en octobre serait catastrophique pour l’image de l’Union européenne.
Cette annonce est-elle si importante ?
Nous voyons que les plus grosses parties prenantes de ce traité freinent le processus. Aux Etats-Unis, le candidat républicain à l’élection présidentielle, Donald Trump, s’y opposait déjà fermement. Sa concurrente, Hillary Clinton, tient aujourd’hui une position mitigée. Elle déclare ne pas vouloir ratifier le traité parce qu’il ne présente pas tous les avantages pour l’économie américaine. Outre-Atlantique, le ministre de l’Economie allemand, Sigmar Gabriel, a lui aussi déclaré s’y opposer. Aujourd’hui, c’est au tour du secrétaire d’Etat au Commerce extérieur français, Matthias Fekl. Si les mots se concrétisent en actes, le mandat de négociations devrait donc s’arrêter, même si Bruxelles assure que les discussions avancent.
Quelles sont les raisons de cette prise de position ?
Depuis le début des négociations, les Américains refusent de céder, notamment sur les marchés publics américains. Ils veulent les réserver à leurs propres entreprises alors que les Européens étaient déjà prêts à céder sur beaucoup d’autres aspects. La forte mobilisation citoyenne en Allemagne, en France et aux Etats-Unis a également joué un rôle.
Il y a aussi le contexte électoral aux Etats-Unis, en Allemagne et en France…
Le calendrier électoral joue, en effet, contre le calendrier des négociations. C’est d’ailleurs par là que tout a commencé. S’il n’y avait pas eu la présidentielle américaine, les négociations autour du Tafta auraient continué tranquillement, malgré les mobilisations citoyennes en Europe et aux Etats-Unis. Le fait que Donald Trump a commencé à s’y opposer très fermement a obligé Hillary Clinton à infléchir. François Hollande a lui-même opté pour cette position mitigée un an avant l’élection présidentielle. Le Tafta est finalement un dossier très chaud, que les politiques ne souhaitent pas mettre sur la table publique en période d’élections.
Quelles vont être les conséquences d’une telle annonce ?
Après le Brexit, qui a engendré une défiance des populations envers l’UE, les gouvernements européens ont annoncé vouloir donner un nouvel élan, beaucoup plus démocratique, à l’Europe. Au vu des déclarations actuelles, cela serait un très mauvais signal de poursuivre les négociations en octobre. Il s’agirait d’une preuve supplémentaire du déni démocratique de la bureaucratie européenne, ce qui serait catastrophique pour l’image de l’Union.
Quid du Ceta, l’accord de libre échange entre le Canada et l’UE ?
Le Ceta est clairement le petit frère du Tafta. Il fait aussi l’objet de nombreuses critiques car il ne prend pas en compte les contraintes climatiques. Pour autant, il a plus de chance d’être adopté, car contrairement au Tafta, nous n’en sommes plus, avec le Ceta, au stade des négociations. Il doit prochainement être ratifié par les parlements nationaux.
Par Estelle Pattée — 30 août 2016 / http://www.liberation.fr/
Faut-il prendre M. Fekl au sérieux et considérer le TAFTA mort et enterré ? En annonçant ce matin que la France va demander l’arrêt des négociations avec les États-Unis sur le TTIP, le secrétaire d’État français au commerce renforce les déclarations du vice-chancelier Allemand Sigmar Gabriel, qui affirmait le 28 août que les négociations du traité UE-USA avaient « de facto échoué ». Les déclarations de M. Fekl marquent une potentielle victoire des mobilisations citoyennes partout en Europe, qui dénoncent depuis trois ans les dangers du traité. Elles sont aussi un aveu d’échec de la part de la France et de l’Allemagne qui ont soutenu le projet de traité jusqu’à présent, même si M. Fekl tente aujourd’hui de capitaliser sur ce fiasco, et d’en extraire les bénéfices politiques en passant pour le gouvernement qui aura fait barrage au TAFTA.
Mais pour se concrétiser et entériner l’enterrement définitif du projet de traité, les déclarations françaises devront être suivies d’une décision formelle des 28 et de la Commission européenne. Or, en juin dernier, l’ensemble des chefs d’États européens avait confirmé le mandat de négociation du TAFTA face à Jean-Claude Junker lors du sommet des chefs d’État de l’UE. Ce mandat de négociation, qui vise exclusivement l’accroissement du commerce et de l’investissement, sans considération sociale ou environnementale, est donc toujours valide. Pour Nicolas Roux, des Amis de la Terre, « la France doit aller au-delà des simples déclarations et passer aux actes. Rien n’empêche que les négociations reprennent lorsque la configuration politique en Europe et aux États-Unis sera plus favorable, par exemple après la mise en place de nouveaux gouvernements suite aux élections. »
De plus, le secrétaire d’État érige le CETA (ou AECG), accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, en modèle et le présente comme un « anti-TAFTA ». Amélie Canonne, de l’AITEC, décrypte : « sans aucun doute M. Fekl a compris qu’il fallait, à court terme, sacrifier le TAFTA pour sauver le CETA. En le dissociant du traité UE-USA et en fustigeant le TAFTA devant l’opinion, la France entend donner au traité UE-Canada les chances maximales d’approbation le 18 octobre prochain au Conseil, puis de ratification en janvier prochain au Parlement européen. » Les principaux dangers du TAFTA se retrouvent pourtant bel et bien dans le CETA : mise en place d’une cour d’arbitrage privée qui permettra aux multinationales canadiennes (et à la majorité des multinationales américaines possédant des filiales au Canada) d’attaquer les États européens pour toute politique publique mettant en cause la rentabilité de leur investissement ; suppression des tarifs douaniers agricoles et abaissement des normes environnementales européennes ; privatisation croissante des services publics ; etc.
Si M. Fekl se voulait cohérent, il rejetterait donc les deux, sans distinction, et dès maintenant. Mais pour l’heure les deux accords transatlantiques restent sur la table à Bruxelles, et l’un d’entre eux peut même compter sur le soutien complet du gouvernement français. Il faudra davantage que des déclarations unilatérales pour désarmer la résistance aux traités, en France comme en Europe. Ainsi, dans de nombreux pays européens, les sociétés civiles appellent à se mobiliser pour dire non au CETA dans les prochaines semaines, dont en France, le 15 octobre prochain.
L’annonce a été faite ce mardi 30 août sur l’antenne de RMC par Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur.
AFP ERIC PIERMONT
Ce mardi 30 août au matin, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl a annoncé que « la France demande l’arrêt des négociations » entre l’Europe et les Etats-Unis sur le traité de libre-échange transatlantique.
« Il n’y a plus de soutien politique de la France à ces négociations » et « la France demande l’arrêt de ces négociations ». Pour les observateurs européens, l’annonce faite ce mardi 30 août sur l’antenne de RMC par Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, n’a été qu’une demi-surprise.
Mais c’est désormais officiel. En septembre prochain, le gouvernement français demandera à la commission européenne d’arrêter les négociations sur le projet de traité de libre-échange entre Européens et Américains, le fameux TAFTA.
Une prise de position symbolique ?
En apparence, cette décision pourrait paraître anecdotique puisque la France ne participe pas directement aux débats. A la table des négociations, c’est l’Union Européenne par la voix de ses diplomates qui bataille pour l’ensemble des pays membres. Sauf que cette prise de position de la France pourrait faire tache d’huile, l’Europe n’ayant pas vraiment convaincu de sa capacité à défendre les intérêts européens.
Qu’est-ce que le TAFTA ?
Pour rappel, les négociations autour d’un traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) ont débuté en juillet 2013 avec l’objectif d’abaisser les droits de douane et de permettre l’arrivée de produits importés sur les marchés européens et américains. Sur le papier, certaines études annoncent des retombées financières plus qu’alléchantes. 120 milliards d’euros supplémentaires pour l’économie européenne, soit 545 euros de plus en moyenne dans le porte-monnaie de chaque européen, mais aussi 0,5% de croissance supplémentaire pour la France, 1,5% à 2% de hausse des salaires, 121 000 emplois créés…
Choc des cultures et craintes européennes
Sauf que les négociations ne cessent de s’enliser. En cause, une position américaine jugée trop agressive par les Européens qui reprochent à leurs homologues de ne rien lâcher sur des points clés du dossier. En Europe, et notamment en France, de nombreuses associations de consommateurs se sont aussi inquiétées du manque de contrôle des produits américains qui pourraient bientôt arriver sur nos étals, mais aussi des normes écologiques ou sanitaires.
Ajoutez à cela des politiques nationaux tenus totalement à l’écart des négociations – les parlementaires n’ont pas accès à la totalité du dossier – et vous obtenez un traité dont la signature semble encore très lointaine.
Publié : 29/08/2016| Auteur :Non merci|Classé dans :*.Accord UE/USA / TAFTA / TTIP, Vu d'Allemagne|Commentaires fermés sur Pour Sigmar Gabriel (Vice-chancelier d’Allemagne), l’accord TAFTAa « pratiquement échoué »
Il assure dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand et ministre de l’économie, a mis les pieds dans le plat en affirmant, dimanche 28 août, à la télévision allemande ZDF, que les négociations entre l’UE et les Etats-Unis sur le traité transatlantique (le fameux TTIP ou Tafta) « ont pratiquement échoué, même si personne ne l’admet vraiment ».
Pour le leader social-démocrate, après 14 rounds de négociations (elles ont commencé mi-2013), « les deux parties n’ont même pas réussi à s’entendre sur un seul point des 27 chapitres en discussion ». M. Gabriel a filé la comparaison avec l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada, conclu en septembre 2014 (mais toujours pas ratifié), qui serait « plus juste » et qui rendrait « furieux » Washington.
Ces propos contrastent fortement avec les prises de position de la chancelière Angela Merkel, qui fut à l’origine, côté européen, du lancement des discussions avec les Américains, et qui depuis, n’a cessé de soutenir le Tafta, bien qu’il soit de moins en moins populaire.
Thème négatif de la campagne américaine
Il est vrai que les chances de conclure entre la Commission européenne (qui négocie au nom des 28 Etats membres) et l’administration Obama sont désormais quasi nulles, à moins de trois mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Le 14e round de négociations, en juillet dernier, n’a pas permis d’avancer sur les points les plus durs de la discussion : l’accès aux marchés publics américains, que réclament les Européens, et aux marchés agricoles européens, que convoitent les Américains, mais que Bruxelles refuse de fragiliser en les ouvrant davantage à la concurrence.
Un 15e round est d’ores et déjà prévu, aux Etats-Unis, pendant la première semaine d’octobre. Mais les accords de libre-échange sont devenus un des thèmes négatifs de la campagne américaine. « Trump mise tout sur le protectionnisme, et pour Clinton, c’est beaucoup trop risqué, vu l’état de l’opinion publique, de soutenir ces traités », relève Charles de Marcilly, de la fondation Robert Schuman.
La chancelière Merkel avait tenté, au printemps dernier, de conclure un accord polotique partiel avant le départ d’Obama. Mais elle n’a pas été suivie, le président Hollande ayant dit « non, à ce stade des négociations » à un accord avec Washington. « Les propos du vice-chancelier rejoignent parfaitement mes déclarations avant l’été. Mais nous savons aussi qu’il y a un débat très dur dans la grande coalition [SPD et CDU de Merkel] et que la chancelière est sur une autre ligne que nous », a déclaré au Monde Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au commerce extérieur, dimanche.
Arrière-pensées politiques
A Bruxelles, si personne ne se fait trop d’illusions, les équipes de la Commission estiment néanmoins que « le Tafta n’est pas mort », selon une source diplomatique européenne. Elles parient sur le fait que les discussions pourraient reprendre quelques mois après l’installation d’Hillary Clinton à la Maison Blanche, si c’est elle qui l’emporte.
Les propos de Sigmar Gabriel ne sont certainement pas dénués d’arrière-pensées politiques, à un an des élections allemandes, et alors que le SPD, très affaibli, s’apprête à se réunir en congrès (le 19 septembre) précisément autour du thème du Tafta. Dénoncer le traité est un bon moyen de s’adresser à son aile gauche. C’est en Allemagne que l’opposition de la société civile au traité transatlantique est la plus vive dans l’UE.
A la fin du printemps, si Français Hollande a pris la parole contre le Tafta, c’est aussi pour donner des gages à la gauche du PS, estime-t-on à Bruxelles. De fait, quelques semaines plus tard, lors d’un sommet européen, le président français a finalement accepté de renouveler le mandat de négociation de la Commission – comme les 27 autres dirigeants de l’Union.
Source —> LE MONDE / Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Bientôt des champs de maïs transgéniques en Suisse aussi ?
Avec le TTIP, les pays européens pourraient être contraints d’adopter les standards américains.
Les négociations pour la conclusion d’un Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) entrent dans une phase décisive. L’accord suscite des protestations sans précédent en Europe mais également en Suisse, un pays qui ne participe pourtant pas aux négociations.
En règle générale, les grands traités internationaux sont conçus dans le but de régler des problèmes et d’atténuer les craintes qui y sont liées. C’est le cas par exemple des accords sur le désarmement ou le changement climatique. Le TTIP, qui devrait être conclu d’ici la fin de l’année, provoque un effet diamétralement opposé.
Depuis le début des négociations, plus de 500 organisations issues de la société civile, des partis politiques et des syndicats ont adhéré à une campagne d’actions et de manifestations contre le traité au niveau européen. La manifestation la plus importante a réuni plus de 150’000 personnes au mois d’octobre 2015 à Berlin. L’Initiative européenne contre le TTIP, lancée par cette coalition sans précédent, a récolté plus de 3,2 millions de signatures en l’espace d’un an. Une coalition semblable a vu le jour en juin en Suisse, en dépit du fait que la Confédération n’est pas directement touchée par cet accord.
Le TTIP, quésaco?
En négociations depuis 2013, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) a pour objectif de réduire ou d’éliminer les droits de douane, de réduire la charge administrative pour les entreprises exportatrices et de définir des règles communes afin de faciliter le commerce et les investissements.
L’accord de libre-échange entre l’UE et le Etats-Unis devrait aider à stimuler la croissance économique, créer des emplois, faire baisser les prix des biens et services, offrir un plus grand choix de produits aux consommateurs et influencer les règles du commerce mondial.
Le traité est divisé en trois parties: les mesures destinées à ouvrir les marchés respectifs, la coopération entre les autorités pour fixer de nouvelles réglementations et les nouvelles normes communes.
Les gouvernements et les négociateurs assurent pourtant que le TTIP aura un effet bénéfique sur la croissance et l’emploi. Et pas seulement aux Etats-Unis et au sein de l’UE: c’est toute l’économie mondiale qui devrait à leurs yeux en profiter. Le traité commercial vise en effet à réduire les barrières douanières, la bureaucratie et les restrictions aux investissements, qui entravent les exportations et les échanges entre ces deux zones économiques qui génèrent près de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial.
Négociations secrètes
Les craintes s’expliquent principalement par le secret qui entoure l’accord. Les négociations ont été menées derrière des portes closes, sans même que ne soient révélés le mandat des négociateurs et la composition des délégations respectives. Pourtant, les enjeux dépassent les simples questions économiques. Le TTIP aura un impact énorme sur près de 800 millions de personnes des deux côtés de l’Atlantique. Des domaines aussi importants que la protection des consommateurs, la santé, la protection de l’environnement, les services publics ou encore le droit du travail figurent au cœur des négociations.
«Il est inadmissible que les parlements des pays de l’UE soient exclus du processus de négociation d’un traité de cette ampleur», souligne ainsi Harald Ebner, un député écologiste allemand que swissinfo.ch a rencontré lors d’une récente visite en Suisse. Les parlementaires allemands ont été les premiers à réclamer et à obtenir le droit de pouvoir au minimum consulter les documents des négociations. «Aujourd’hui encore, nous n’avons accès à ces textes juridiques extrêmement complexes, rédigés en anglais sur des centaines de pages, que dans une salle de lecture spéciale où les smartphones sont interdits. Nous avons par ailleurs l’interdiction d’en faire connaître le contenu à l’opinion publique», explique Harald Ebner.
A la suite de la vague de protestations, la Commission européenne a fait il y a deux ans un petit pas vers plus de transparence, en présentant sur son site Internet des fiches d’information et des synthèses sur les thématiques traitées. Reste que le contenu des négociations n’est apparu à la lumière du jour qu’au mois de mai de cette année, lorsque Greenpeace a publié 240 pages de documents secrets relatifs à cet accord. Selon l’organisation de défense de l’environnement, les «TTIP-leaks» montrent clairement que les grandes sociétés transnationales sont associées à un certain nombre de décisions importantes, alors même que la société civile est exclue des négociations.
Normes américaines en Europe?
En Europe, les principales réserves concernent l’harmonisation des normes sur les biens et services, qui a pour but d’éliminer les obstacles au libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis. Malgré les assurances de la Commission européenne et de plusieurs pays, dont l’Allemagne et la France, les opposants au TTIP craignent que ces normes européennes n’affaiblissent les standards européens – généralement plus élevés que ceux des Etats-Unis -, en particulier dans les domaines de l’alimentation, de la protection des consommateurs ou de l’environnement. Du côté des opposants, on brandit déjà le spectre de poulets traités au chlore, de viande aux hormones, d’organismes génétiquement modifiées, de pesticides ou encore de fracturation hydraulique (fracking).
Des préoccupations qui sont également partagées en Suisse. Le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, a déjà annoncé que le gouvernement se préparait à s’associer rapidement au TTIP, de telle sorte que les entreprises helvétiques ne soient pas exclues de cette grande zone de libre-échange. Les règles du TTIP toucheraient ainsi de plein fouet les consommateurs suisses.
Les pays avec lesquels la Suisse a conclu un accord de libre-échange.
(swissinfo.ch)
«Les Etats-Unis ont un grand intérêt à imposer leurs normes et leurs produits agro-alimentaires. Ces craintes sont donc fondées», estime Sara Stalder, directrice de la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS). A ses yeux, un ajustement aux standards américains aurait toutefois un impact bien plus grand sur les consommateurs des autres pays européens, étant donné que la législation suisse est moins sévère que celle de l’UE. «Par exemple, la viande traitée aux hormones – une méthode largement employée aux Etats-Unis – est autorisée en Suisse, alors même qu’elle est interdite au sein de l’UE».
Pas seulement le TTIP
Deux autres traités suscitent depuis des années des oppositions dans les pays concernés.
L’Accord économique et commercial global (AECG) entre l’UE et le Canada, qui a pour but d’éliminer les droits de douane, faciliter l’accès aux marchés publics et ouvrir le marché aux services et aux investissements. Ce traité, déjà conclu, doit maintenant être ratifié par les Etats concernés.
L’Accord sur le commerce des services (TiSA), négocié par une cinquantaine de pays, parmi lesquels la Suisse, l’UE et les Etats-Unis, en marge de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cet accord vise à libéraliser le commerce des services, notamment financiers, et prévoit la privatisation de différents services gérés jusqu’à maintenant par le secteur public.
Menaces sur le secteur agricole
«Nous sommes en faveur du libre-échange avec l’UE et les Etats-Unis puisque nous dépendons clairement de nos deux plus grands partenaires économiques. Mais on ne peut pas mettre au même niveau des produits agro-alimentaires et des composants automobiles ou des appareils électriques. Notre alimentation est liée à notre santé, au bien-être des animaux, à l’environnement, aux ressources disponibles. Nous demandons donc que ces produits soient exclus d’un nouvel accord», affirme de son côté Maya Graf, députée du Parti écologiste suisse, qui fait partie de la coalition anti-TTIP.
L’adhésion de la Suisse au TTIP inquiète également les paysans écologistes, qui craignent de voir le marché suisse envahi par des produits agro-alimentaires américains bon marché. Il y a dix ans, c’est précisément en raison de la pression du secteur agricole que le gouvernement avait été contraint d’abandonner les négociations alors en cours avec les Etats-Unis pour la conclusion d’un accord de libre-échange.
«Nous sommes clairement inquiets car nous ne boxons pas dans la même catégorie que les Etats-Unis. Notre agriculture ne peut pas rivaliser avec les grandes exploitations américaines à plus de mille bovins. L’accord conclu en 2013 avec la Chine démontre toutefois qu’il est possible de signer des accords de libre-échange prévoyant des taxes dissuasives à partir de contingents déterminés de produits agricoles importés», affirme Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans.
Accord fondamental
Les milieux économiques nourrissent quant à eux des craintes bien différentes. Ils redoutent que les entreprises helvétiques ne soient considérablement pénalisées si la Suisse ne réussissait pas à s’associer rapidement au TTIP. «Cet accord est d’une importance cruciale pour notre économie, en particulier pour le secteur industriel, qui doit déjà faire face au franc fort et à des coûts de production très élevés. A cela s’ajoutent également des désavantages douaniers à l’exportation. Les entreprises suisses rencontrent de grandes difficultés par rapport à leurs concurrents allemands par exemple», explique Stefan Vannoni, économiste en chef adjoint chez economiesuisse.
L’UE et les Etats-Unis absorbent trois-quarts des exportations suisses, rappelle l’expert, pour qui le secteur agricole devra tôt ou tard s’ouvrir au marché.
«Notre marché est trop petit et nous sommes donc forcés de devenir compétitifs au niveau international. Malgré un environnement difficile, l’industrie a accepté ce défi et a réussi à devenir concurrentielle sans exiger des mesures protectionnistes et l’aide de l’Etat. Le secteur agricole doit lui aussi apprendre à devenir compétitif, en s’adaptant au marché et en se concentrant encore davantage sur des produits de niche et de plus haute valeur ajoutée», souligne Stefan Vannoni.
La cour d’arbitrage du TTIP incompatible avec les droits de l’homme
par Cécile Barbière
La nouvelle mouture du règlement des différends entre investisseurs et État n’est pas plus compatible avec les droits humains que la précédente, selon un expert de l’ONU.
Le règlement privé ou semi-privé des différends entre les investisseurs et les États ne rend pas service à la démocratie, à l’état de droit et aux droits de l’homme, a affirmé un expert de l’ONU, Alfred de Zayas.
Auditionné par la commission des affaires légales et des droits de l’homme du Conseil de l’Europe le 19 avril, Lire la suite »
Traduction par l’European Water Movement du résumé d’une étude par le stadtwerke de Karlsruhe
Note: ce résumé concerne les impacts potentiels des accords sur le commerce et les investissements en préparation à l’UE, soit l’Accord économique et commercial global (plus connu sous l’acronyme anglais CETA), le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (plus connu sous l’acronyme anglais TTIP) et l’Accord sur le commerce des services (plus connu sous l’acronyme anglais TiSA) sur les services publics d’approvisionnement en eau. Il présente les résultats d’une étude sur les dispositions prises dans ces accords pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’élimination des eaux usées. L’étude est basée sur des documents officiels publiés par la Commission européenne, de même que sur une enquête approfondie menée en continu depuis 2013. L’étude est complétée par cinq pages sur les éléments techniques de base avec des aides pour la lecture des textes et des annexes des accords. Pendant l’étude, des échanges étroits et permanents ont eu lieu avec des experts académiques et institutionnels, dont le BDEW, Association allemande des industries de l’énergie et de l’eau. Notre résumé se focalise entièrement sur l’approvisionnement en eau, laissant de côté l’assainissement et l’élimination des eaux usées. On trouve l’explication des termes techniques dans l’étude, qui du fait de sa longueur n’est disponible qu’en allemand sur le site web du stadtwerke de Karlsruhe. Ce qui suit représente le point de vue du stadtwerke et des erreurs ne peuvent pas être exclues. Le but du résumé est de contribuer à un débat objectif et d’améliorer la compréhension des accords en matière d’approvisionnement en eau. Pour ce qui est de l’accord TiSA, aucune conclusion ne peut être tirée, aucune information n’étant actuellement disponible. L’utilisation à des fins non commerciales de ce résumé est autorisée pour autant que la source soit citée et une copie envoyée au stadtwerke de Karlsruhe.
0. Contexte
Le texte définitif du CETA, accord sur le libre-échange et les investissements entre l’Union Européenne et le Canada a été publié le 29 février 2016. On estime que le vote du Conseil européen et ensuite du Parlement européen sur cet accord aura lieu en automne 2016. Le TTIP, accord sur le libre-échange et les investissements entre l’UE et les Etats-Unis, est en cours de négociation, de même que le TiSA, accord plurilatéral sur les services, négocié par les 23 membres de l’OMC, l’UE étant l’un d’entre eux.
Dans ces accords, les négociations concernant les services sont basées sur l’AGCS de 1994. En ce qui concerne la passation des marchés publics, les accords sont basés respectivement sur la législation européenne sur les marchés publics, modifiée en 2013/2014 et l’accord plurilatéral de l’OMC « Accord sur les marchés publics » (AGP, 2012). Pour protéger absolument l’approvisionnement en eau des accords en cours de préparation, il faudrait qu’aucun nouvel engagement ne soit pris. L’UE a déclaré que l’approvisionnement en eau n’était pas concerné par les négociations TTIP (information uniquement disponible en allemand).
Le 8 septembre 2015, le Parlement européen a approuvé une résolution qui inclut également les revendications de la très réussie Initiative Citoyenne Européenne Right2Water (No. 22), qui : « […] en appelle à la Commission européenne pour qu’elle exclue définitivement l’approvisionnement de l’eau, l’assainissement et l’élimination des eaux usées des règlements sur les marchés internes et de tout accord commercial, […] ».
Egalement en 2013, l’Initiative Citoyenne Européenne Right2Water a entraîné l’exclusion de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’élimination des eaux usées de la directive européenne sur les concessions. En tant qu’opérateur d’eau potentiellement concerné, le stadtwerke de Karlsruhe s’est prononcé avec vigueur pour cette exclusion, qui néanmoins reste sujette à révision par la Commission européenne jusqu’au 18 avril 2019.
1. Protection des investissements dans le cadre du CETA: un désavantage pour le stadtwerke de Karlsruhe
En Allemagne, l’eau est considérée comme un bien commun parce que la Loi sur la ressource en eau (Wasserhaushaltsgesetz, WHG) définit une « interdiction sauf autorisation » d’utilisation de cette ressource. De ce fait, tout prélèvement ou utilisation d’eau exige un permis (« Droit d’eau ») qu’il faut demander aux autorités en charge du secteur dans le cadre d’une procédure d’autorisation. Dans cette procédure, les autorités ont un pouvoir juridique discrétionnaire. Pour chaque permis, elles peuvent imposer des limites de durée, des limites de volume, des contraintes et, dans certaines circonstances, le refuser ; elles peuvent également annuler des permis accordés dans le passé. L’approvisionnement en eau au service du public a un statut privilégié dans ce contexte car il fait partie du « Daseinsvorsorge » allemand (missions d’intérêt public / services d’intérêt (économique) généraux, voir WHG, chapitres 2 and 3).
Dans le CETA, les droits d’eau sont généralement traités comme des « investissements » (p. 39 : « concession ») et bénéficieraient de ce fait de la protection des investissements prévue par l’accord. La protection des investissements prévue par le CETA donne des droits supplémentaires aux investisseurs étrangers[1] (à savoir les investisseurs canadiens ou des investisseurs multinationaux ayant des succursales au Canada) et non aux investisseurs qui opèrent au niveau local, comme le stadtwerke de Karlsruhe. Par rapport à la législation allemande, ceci amènerait également une extension de la protection de la propriété pour les investisseurs étrangers et permettrait l’inclusion de futurs manques à gagner ce qui, en général, pourrait permettre d’allouer des montants compensatoires plus élevés en cas « d’expropriation ».
Indépendamment de quelques restrictions[2] il n’y a aucune bonne raison de supposer que ces droits supplémentaires ne risquent pas d’avoir des répercussions sur le pouvoir discrétionnaire des autorités responsables de l’eau et sur la procédure pour accorder des droits d’eau. Un exemple d’un différend touchant à l’investissement et concernant la procédure d’attribution de droits d’eau est le cas Vattenfall contre l’Allemagne (2009-2011, montant réclamé EUR 1.4 milliards). Le différend portait sur des contraintes associées au droit d’eau et était basé sur des standards de protection des investissements comparables du Traité sur les énergies (pp. 36-39). Il en a résulté un règlement en faveur de Vattenfall (voir le documentaire de la TV allemande « Die Story im Ersten: les entreprises de plaignent – nous payons », du 19 octobre 2015, 31 min, en allemand seulement). On trouve également des standards de protection comparables dans l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) qui ont débouché sur le paiement compensatoire le plus élevé à ce jour, également concernant un droit d’eau (AbitibiBowater vs. Canada, 2010, CAN $130 millions). Par cette porte dérobée, le CETA pourrait introduire en Allemagne une nouvelle direction vers des ressources en eau étant de facto dans des mains et des structures privées au lieu d’être un bien public.
Du point de vue du stadtwerke de Karlsruhe en tant qu’opérateur public d’eau, ces privilèges accordés aux investisseurs étrangers ne vont pas d’emblée affecter ses propres intérêts. Néanmoins, la situation pourrait changer aussitôt qu’un investisseur commercial étranger déjà implanté commencerait à entrer en compétition pour une source d’eau souterraine spécifique déjà exploitée par le stadtwerke – un scénario des plus réalistes. Il existe bien d’autres scénarios sur les effets néfastes pour le stadtwerke de Karlsruhe de ces privilèges accordés aux investisseurs étrangers. Par exemple, la désignation de zones de protection de captage d’eau, la procédure de protection est aujourd’hui déjà un sujet délicat, avec plus de zones de protection abolies que de zones créées. Le stadtwerke de Karlsruhe ne peut pas espérer que la désignation de zones de protection puisse continuer à être applicable dans les mêmes conditions si un investisseur étranger trouvait moins rentables ses propres investissements dans cette zone et amorçait une procédure de litige.
De plus, le stadtwerke de Karlsruhe doit suivre le droit des marchés européen pour ses propres activités d’approvisionnement. Les soumissionnaires écartés peuvent avoir recours à des solutions juridiques, dont la réclamation de compensations. La protection des investissements du CETA leur permettrait d’invoquer les règles supplémentaires de protection des investissements. Les décisions du stadtwerke de Karlsruhe seraient de ce fait menacées par de nouvelles formes de recours en justice.
L’élargissement de la protection des investissements pour les seuls investisseurs étrangers par le CETA entrainerait des désavantages potentiellement importants pour le stadtwerke de Karlsruhe en tant qu’opérateur d’eau. Il n’y a aucune nécessité d’introduire ces droits supplémentaires (voir la déclaration de l’Association européenne des magistrats du 9 novembre 2015 sur le système de règlement des conflits sur l’investissement du TTIP, qui a également été inclu dans le CETA).
Enfin, la protection des investissements dans le CETA pourrait avoir des implications pour les processus de remunicipalisation et les rendre plus difficiles. Pour le TTIP, l’UE a publié une offre pour la protection des investissements le 12 novembre 2015 qui est pour une large part comparable aux provisions pour investissements du CETA.
2. Protection insuffisante de l’approvisionnement en eau dans le TTIP et le CETA
Dans son offre au TTIP pour les services et les investissements du 31 juillet 2015, l’UE a placé l’approvisionnement en eau dans la liste positive pour l’accès au marché des services transfrontaliers (annexe III/ liste positive, planification dans le secteur des services de l’énergie, « D. Collection, purification et distribution de l’eau (ISIC rev 3.1: 410) », p. 126). Bien que cela ne permette pas la présence commerciale d’entreprises étrangères à l’intérieur de l’UE (à savoir des entreprises états-uniennes ou des multinationales ayant des succursales aux Etats-Unis), cela crée de nouveaux engagements concernant l’approvisionnement en eau par comparaison avec l’AGCS (Accord global sur le commerce et les services) de 1994.
Par ailleurs, l’approvisionnement en eau est placé deux fois dans l’annexe II aussi bien dans la rubrique « services liés à l’environnement » (p. 87) que dans la rubrique « services liés à l’énergie » (p. 111) – associé avec différents engagements: il manque des réserves dans la programmation « services liés à l’énergie » pour la « clause de la nation la plus favorisée », les « exigences de performance » et « cadres supérieurs et conseils d’administration ». De plus, aucune réserve n’est émise pour les standards de protection des investissements « traitement juste et équitable » et « expropriation » (voir No. 1 ci-dessus).
Seules des listes négatives sont prévues dans le CETA, ce qui représente avant tout une obligation de libéralisation générale. Pour ce qui est de l’approvisionnement en eau, il y a une réserve pour l’accès au marché et le traitement national (p. 1297) mais toujours pas de réserve pour la clause de « nation la plus favorisée » et la protection des investissements. Ceci est démontré dans une étude sur le CETA menée par l’Etat fédéral de Baden-Württemberg sur les implications du CETA sur le droit de réglementer des états fédéraux et des autorités locales (Prof. Nettesheim, 8 janvier 2016, p. 27, seulement en allemand). Les mesures existantes de protection des réseaux publics de distribution d’eau à différents niveaux de gouvernance doivent également être programmées dans l’annexe I du CETA, mais cela n’est fait, ni dans la Directive Cadre sur l’Eau de l’UE, ni dans la législation de l’UE sur les ressources en eau, ni dans cette même législation au niveau des états fédéraux allemands.
3. Incertitude en ce qui concerne l’attribution de concessions
Dans la majorité des grandes villes allemandes, comme à Karlsruhe, les réseaux publics de distribution d’eau sont confiés à des entreprises municipales par l’attribution de concessions de services. Lorsque ces entreprises municipales n’appartiennent pas entièrement à ces communes, mais sont uniquement contrôlées par elles, on peut actuellement se trouver devant une grande incertitude juridique. La directive européenne sur les concessions (2013, voir No 0 ci-dessus) tendait à accroître cette incertitude juridique au détriment des communes, mais après les fortes protestations des communes allemandes et de la population, l’eau a été exclue du champ d’application de cette directive européenne sur les concessions. Toutefois, la Commission européenne est appelée à reconsidérer cette exclusion et à donner son avis jusqu’au 18 avril 2019. Il faut examiner attentivement si les accords sur le libre-échange et les investissements actuellement en préparation vont à nouveau accroître cette incertitude juridique au détriment de l’autonomie des communes, du principe de subsidiarité et des opérateurs d’eau contrôlés par les communes. Ceci pourrait principalement être la conséquence de règles inscrits dans les chapitres sur les marchés publics[3] du CETA et du TTIP. Dans son étude « Impact des accords de libre-échange sur l’autonomie des autorités locales – L’approvisionnement en eau potable par des services municipaux en Allemagne comme étude de cas » (pp. 351-370, in: Krajewski, 2015) Britta Kynast soulève la possibilité que des règles détaillées sur l’attribution de concessions de services dans le chapitre du TTIP sur les marchés publics risqueraient de devoir être appliquées même si une réserve correspondante existait dans le chapitre sur les services et les investissements.
Il n’existe pas d’exception distincte dans le CETA pour les concessions de services de l’UE dans son chapitre sur les marchés publics[4] alors qu’il y en a une du côté canadien (note 1.(g), p. 413, voir aussi pdf-page 36 d’une étude autrichienne sur le CETA de juillet 2015, seulement en allemand). L’UE se montre prête à aller ensuite plus loin que cela (note 3, p. 506): « Si la révision actuelle de la législation sur les marchés publics devait résulter en un élargissement du champ d’application des services et des concessions de services couverts par cette législation, l’UE est prête à entrer en négociations avec le Canada pour étendre la couverture mutuelle des services et des concessions de services de ce Chapitre. » Cependant, dans le programme d’accès aux marchés des services de l’UE dans le chapitre « marchés publics », un listing positif exhaustif est utilisé qui ne comprend pas les services d’approvisionnement en eau. Par conséquent, il est peu probable que les concessions de services pour l’approvisionnement en eau soient couvertes par les marchés publics du CETA – du moins aussi longtemps qu’il existe une exclusion pour l’approvisionnement en eau dans la directive européenne sur les concessions.
Pendant les négociations en cours sur le TTIP, la volonté de l’UE d’inclure les concessions de services est apparue de manière répétée. Lors du 6ème round, on a parlé de concessions et de PPP (Partenariat Privé Public), Lors du 9ème round, il était question de concessions de services. Lors du 12ème round en février 2016, un échange d’offres d’accès aux marchés a été proposé pour les marchés publics, et depuis un texte définitif est en préparation. L’offre de l’UE sur les marchés publics n’a pas encore été publiée. Il est indispensable, en particulier pour les opérateurs d’eau contrôlés par les communes, de suivre d’aussi près que possible les négociations du TTIP dans le domaine des marchés publics. C’est aussi ce que recommande le Prof. Krajewski dans son étude pour l’association allemande des entreprises municipales (VKU, 18 novembre 2013, dernier point du résumé final, seulement en allemand).
De nouvelles raisons d’inquiétude ont vu le jour après un discours du Ministre des affaires économiques allemand au parlement allemand remettant en question l’autonomie communale en matière d’approvisionnement en eau (27 novembre 2014, pp. 6622-6625, seulement en allemand).
4. Protection insuffisante du principe de précaution de l’UE
En mars 2015, l’Agence fédérale allemande pour l’environnement a publié l’explication suivante au sujet du principe de précaution de l’UE, dans une prise de position intitulée « La protection de l’environnement et le TTIP » (pp. 4-5) :
Il existe de nombreuses zones dans le domaine de la protection de l’environnement sur lesquelles les normes de l’UE et des Etats-Unis diffèrent. Dans certains secteurs, les normes des Etats-Unis sont plus exigeantes, par exemple en matière d’efficacité énergétique pour les moteurs électriques, certaines normes sur la qualité de l’air et les normes d’émissions qui s’y rattachent. Dans beaucoup d’autres domaines, cependant, les normes de l’UE sont plus exigeantes, comme le démontrent les exemples suivants :
Pesticides et biocides: contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, aussi bien les substances persistantes, bio-accumulatives et toxiques (PBT) que carcinogènes, mutagènes et tératogènes (CMT) ne sont plus autorisées dans l’UE ; […]
L’application de normes différentes est souvent due à une manière fondamentalement différente d’aborder les risques pour l’environnement et la santé. Dans l’UE, la réglementation des risques est basée sur le principe de précaution, qui demande qu’on démontre pour chaque substance qu’elle ne présente aucun danger avant qu’elle puisse être approuvée. Aux Etats-Unis, l’approche est exactement à l’opposé: selon le principe « basé sur le risque », l’utilisation d’une substance est autorisée tant qu’un danger considérable n’a pas été détecté. Il en résulte qu’un nombre important de matériaux et de substances sont interdits dans l’UE alors qu’ils sont autorisés aux Etats-Unis. Ceci ne concerne pas seulement l’approbation de produits chimiques, de pesticides et de biocides faisant l’objet du règlement REACH de l’UE sur les produits chimiques, mais également, par exemple, l’établissement de limites d’émissions maximales pour les industries et les usines de traitement des déchets.
Ainsi, le pesticide atrazine est interdit dans l’UE, mais toujours en vente aux Etats-Unis (en 2013, 33 millions de kilos ont été utilisés dans l’agriculture aux Etats-Unis[5]). Dans de nombreuses usines de potabilisation en Allemagne, l’élimination de l’atrazine est une opération coûteuse. Au Canada également, le principe de précaution n’a pas la même portée que dans l’UE ou en Allemagne. S’assurer que le principe de précaution soit pris en compte par le CETA et le TTIP représente donc un défi majeur. Dans la perspective d’une protection des ressources en eau progressiste, le renforcement du principe de précaution comme principe directeur pour l’avenir est d’une importance capitale.
Karlsruhe, le 1er juin 2016.
[1] Alors que le « traitement local » standard en matière d’investissements du CETA garantit déjà aux investisseurs étrangers des droits équivalents à ceux des investisseurs locaux (art. 8.6, p. 45) le nouvel accord CETA irait bien au-delà de ces standards et en attribuerait deux de plus aux investisseurs étrangers: le standard de « traitement juste et équitable » (art. 8.10, p. 47 et la protection contre les expropriations (directes ou « indirectes ) (art. 8.12, pp. 48-49 avec annexe 8-A à la p. 331) (voir Krajewski | Hoffmann, 2016, p. 5 et pp. 11-12,seulement en allemand).Il n’y a pas de protection dans le CETA pour l’approvisionnement en eau concernant ces deux standards supplémentaires de protection des investissements.
[2] Art. 1.9, chapitre 1, « dispositions initiales » concernant les « Droits et obligations en matière d’eau » (p. 8); art. 8.9, protections des investissements (pp. 46-47); annexe 8-A no. 3 concernant les expropriation (p. 331).
[3] Appelés « Government Procurement », marchés gouvernementaux, dans le CETA
[4] Chapitre 19, pp. 127-149, et annexe 19-1 à annexe 19-8 « Agenda pour l’accès aux marchés de l’UE », pp. 429-515
Le premier round – du 11-15 Juillet – a pris fin en beauté (et avec une cérémonie de remise des prix) puisque plus de 20 actions différentes ont eu lieu dans le cadre de TTIP Game Over.
Alors que les gouvernements insistent tellement à détruire nos droits sociaux et environnementaux avec des accords de libre-échange comme le TTIP, le CETA et le TISA, nous n’avons pas d’autre choix que de passer à l’action!
L’objectif de la semaine était de PERTURBER LES NÉGOCIATIONS DU TTIP EN FAISANT DU BRUIT pour faire entendre nos voix. En passant par un concert de poêles et de casseroles aux groupes de samba – avec une pincée de blocus tous azimuts – les pourparlers d’une semaine ont été constamment perturbés (voir le site). 1 – 0 pour TTIP Game Over!
Mais ceci n’était qu’un round d’échauffement!
Le prochain round aura lieu fin Octobre/ début Novembre (à finaliser la semaine prochaine), et visera les principaux acteurs derrière cette nouvelle génération d’accords de libre-échange toxiques. Nous ciblerons les lobbies des multinationales, les gouvernements qui les soutiennent et leur cheerleader favorite, la Commission Européenne.
Mais avant ça: formations à l’action à Bruxelles en Septembre
(Organisé par TTIP Game Over, Friends of the Earth Europe, Agir pour la Paix, Vredesactie, Quinoa)
Formation à l’action TTIP Game Over de 2 jours: 10-11 Septembre, un point d’infos sur le TTIP et le CETA et où en sont les négociations, formation à l’action directe, speed dating (formation de groupes affinitaires), briefing légal, préparation d’actions directes, ateliers d’outillage à l’action, échanges de savoir-faire.
Formation pour formateurs de 4 jours: 9 (soir)- 12 (après-midi) Septembre, la formation pour formateurs vous donnera tout ce qu’il vous faut pour mobiliser les gens et organiser des formations à l’action de retour chez vous.
Les deux formations sont importantes pour que des gens de toute l’Europe puisse venir à Bruxelles en automne pour le second round, ou pour participer à TTIP Game Over de là où vous êtes.
** Si vous voulez que TTIP Game Over vienne et aide pour une formation là où vous êtes, prenez contact **
Si vous voulez du matériel de propagande – flyers, autocollants, affiches – envoyez-nous un email: ttipgameover@riseup.net
Mobilisation nationale contre le TTIP et le CETA:
TTIP Game Over fait également partie de la plateforme de StopTTIP.be, aux côtés de nombreux autres groupes et organisations qui travaillent pour arrêter le CETA et le TTIP. Les gouvernements européens veulent approuver l’accord EU-Canada (CETA) le 22 Septembre, la plateforme StopTTIP.be organise donc une manifestation nationale l’après-midi / le soir du 20 Septembre à Bruxelles. Pour plus d’infos: http://www.stopttip.be
En l’an 2026, Alan ne veut plus sortir de chez lui depuis des mois, en proie à une trop grande peur du monde extérieur. Il vit seul sous l’influence d’une mère qui l’aime, mais qui le manipule. Un beau jour, il rencontre Shana, une militante qui entend bien déranger le 10e anniversaire de la signature du traité de libre-échange transatlantique (TAFTA).
En l’an 2026, Alan ne veut plus sortir de chez lui depuis des mois, en proie à une trop grande peur du monde extérieur. Il vit seul sous l’influence d’une mère qui l’aime, mais qui le manipule. Un beau jour, il rencontre Shana, une militante qui entend bien déranger le 10e anniversaire de la signature du traité de libre-échange transatlantique (TAFTA).